Spirou à Berlin
Flix, auteur allemand, s'empare des personnages de Spirou et Fantasio pour les emmener à l'aventure à Berlin à l'époque du Rideau de Fer.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Allemagne Auteurs allemands Berlin L'univers de Spirou et Fantasio Les Roux !
En 1989, à Bruxelles, il faut croire qu'il ne se passe pas assez de choses pour remplir les unes des journaux. En tout cas, Fantasio est incapable de trouver "LE" scoop dont son rédac-chef a désespérément besoin. Alors quand il apprend que le comte de Champignac est invité à un congrès de mycologie se déroulant à Berlin-Est, il le prend comme une merveilleuse opportunité de raconter le rapprochement des peuples. Mais le comte ne le voit pas de cet oeil et refuse tout net d'y participer. Après avoir ruminé quelque temps sa déception, Fantasio décide de retourner convaincre ce scientifique aussi génial que buté... qui semble avoir disparu en plein milieu de la nuit. Spirou et son compère comprennent rapidement qu'il a été embarqué malgré lui en RDA et vont se mettre sur sa piste. Mais traverser la frontière la plus protégée d'Europe ne va pas être facile. La Stasi, police politique de la dictature communiste, veille au grain. Et l'ombre d'un vieil ennemi plane sur Berlin coupée en deux.
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Date de parution | 18 Octobre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cet album paru 30 ans, presque jour pour jour, aprés la chute du mur de Berlin peut être lu comme un double ( ou triple ?) hommage. Hommage aux manifestants Berlinois qui ont su faire tomber sans violence un régime policier bien organisé. Hommage aux créateurs de la série et à l'éditeur qui permettent à Flix de donner libre court à son talent sur une série phare de la BD franco-belge. Il y a tellement de séries figées avec des héros qui ne changent jamais en plusieurs dizaines d'années que cela en devient un brin conformiste et ennuyeux. Spirou est une exception dans ce monde et je trouve cela bienvenu. Dans un monde à l'ambiance de QRN avec un appareil à la Zorglub, des singes cousins des Brothers et une poignée de main à la Tome et Janry dans" la Vallée des Bannis", Flix n'oublie pas à qui il doit sa création. Pour autant cela ne l'empêche pas d'imprimer sa marque et son style pour cet album. Le graphisme est un peu désorientant mais c'est justement ça que je trouve bien, cela empêche une sorte de sclérose des héros ( et du lecteur). On s'y fait vite car le trait de Flix est très vivant avec ces visages très humoristiques remplis d'expressions amusantes. Il fallait une bonne dose d'humour pour reproduire une structure comme la Stasi sans tomber dans l'excessif ni le réalisme froid qui nous sortiraient de l'esprit de la série. La fin de l'aventure est assez traditionnelle et rappelle les films d'espionnages des années 70 où ce passage à l'Ouest était toujours un moment crucial et dramatique. C'est aussi un hommage à tous ceux qui ont perdu la vie en tentant ce passage. Une bonne lecture divertissante et agréable.
Voici un récit aventureux qui fait la part belle à l’action au détriment d’une trame qui aurait sans doute mérité davantage d’assise. On revient donc en quelques sortes aux fondements de la série où les histoires de notre groom permettaient avant tout au lecteur de s’évader dans des aventures rocambolesques. J’ai bien apprécié ce mélange action/humour ancré dans un contexte historique fort (et récent) qu’est la chute du mur de Berlin. Le travail de Flix est net. Il reprend des personnages phares de la série (Spirou, Fantasio, Spip, Champignac, Zantafio) en poussant la caricature sans pour autant dénaturer leur nature. Le récit part sur les chapeaux de roue. On a parfois du mal à suivre tellement l’action prend le pas sur le reste. La première partie est entraînante, la seconde fait du sur-place et le final est un peu expédié. Mais l’ensemble se laisse lire sans déplaisir. Finalement, Spirou est probablement une des rares séries qui forment un laboratoire où les auteurs peuvent expérimenter des voies diamétralement opposées -tant sur le plan graphique que narratif- sans que cela ne choque.
Bon ben je rejoins l'avis général des autres posteurs sur ce one-shot. Grand amateur de Spirou, je suis toujours curieux de voir ce qu'un auteur qui n'a jamais touché à ce personnage peut faire avec son univers. Cet album m'intéressait un peu vu que j'ai pas lu beaucoup d'auteurs allemands et je pensais que c'était une bonne occasion de mieux découvrir la BD de ce pays. La première moitié est pas mal même s'il faut s'habituer au style de dessin qui est radicalement différent du style habituel de Spirou. L'humour fonctionne bien et le coté historique du récit est intéressant. Malheureusement, la seconde partie du récit tombe dans de l'action pure. Le rythme part à cent à l'heure et en refermant l'album j'ai eu la même impression qu'avec plusieurs albums de Spirou parus depuis que Tome et Janry ont remplacé Fournier: le récit est sympa, mais il y a tellement d'action, qu'au final le scénario me parait léger et manquer de profondeur. Je n'ai pas trop aimé le traitement du personnage de Zantafio (c'est pas un spoiler, sa présence est indiquée sur la quatrième de couverture) qui dans la seconde partie devient un peu trop comique à mon goût, alors que pour moi c'est un personnage sérieux. On dirait presque par moment qu'il est Zorglub. Un autre album de Spirou qui se laisse lire, en somme.
Je rejoins en grande partie Ro pour mon avis concernant cet album, qui m’a fait découvrir cet auteur allemand. Flix réussit ici le pari de « revisiter » quelques personnages incontournables de la BD franco-belge, et de le faire en soutenant la comparaison avec pas mal de ses devanciers. En effet, s’il m’a fallu un peu de temps pour me faire à son dessin – tout du moins aux traits qu’il donne à Spirou, Fantasio (et surtout Champignac en fait !), j’ai trouvé que c’était très bien fichu. Et qu’il avait aussi réussi à trouver un ton à la fois fidèle à l’univers dans lequel il s’immisce, mais aussi s’écartant d’une bête redite ou d’un simple développement flemmard de choses déjà lues. Par ailleurs, Flix réussit aussi à très bien rendre le Berlin des années 1980, le centre d’interrogatoire de la Stasi (ce sérieux étant comme de bien entendu contre balancé par l’humour – voir le directeur de l’hôtel par exemple, qui surjoue l’indic de la Stasi), ce qui fait que l’aventure et l’humour – ingrédients classiques des bonnes histoires de Spirou et Fantasio – se trouvent habilement mêlés à un décor historique crédible et réaliste. Comme Ro toutefois, je trouve la dernière partie de l’album un peu moins réussie, peut-être un manque d’idées. En tout cas ça tombe un peu dans la facilité, même si c'est très rythmé. Reste que cette version teutonne des aventures du groom (en chaussettes/Birkenstock parfois !) et son copain excité devrait intéresser tous les fans de cet univers.
Je suis tombé un peu par hasard sur cet album, dont je n'avais absolument pas entendu parler. Grand amateur de la série-mère, et un peu complétiste, je me suis décidé à l'acquérir après avoir feuilleté l'intérieur, car la couverture ne m'avait pas attiré plus que cela. Et en fait je suis assez d'accord avec Ro : la première moitié de l'album, malgré quelques réticences non au niveau du dessin en lui-même, mais du look des personnages principaux, me semblait plutôt intéressante, entre mise en place plutôt habile, contexte géopolitique assez cohérent et personnages bien caractérisés. J'ai été interrompu dans ma lecture à l'approche de la moitié, et quand j'ai repris, au fil des pages le rythme s'est accéléré. Jusqu'à devenir un brin frénétique dans cette course-poursuite à Berlin, que l'on voit trop peu à mon goût finalement... C'est simple, si le début m'a fait penser à du Franquin "de base", la suite m'a fait penser aux albums du duo Morvan/Munuera, qui œuvrait sur la série principale il y a une dizaine d'années. Une balance parfois bancale, même si l'esprit global de la série me semble respecté, et que le final est carrément sympathique. Il faut passer outre le dessin un peu particulier, et on passe globalement un bon moment de lecture.
Malgré 2 albums au succès discret parus en France, Flix est un auteur allemand quasiment inconnu du public français à ma connaissance. Aussi, savoir qu'il a publié en 2018 une aventure de Spirou spécifiquement pour le public allemand et d'apprendre que Dupuis allait finalement l'éditer également pour le public francophone, ça ne me parlait pas plus que ça. D'autant qu'au vu de la couverture, le dessin me paraissait peu engageant. Pourtant, très rapidement, j'ai trouvé cet album bien sympathique. Il faut un petit temps d'adaptation au dessin. Le style de représentation des visages des personnages se rapproche un peu des comic strips et les têtes de Spirou et de Fantasio diffèrent trop des standards graphiques de ces deux personnages pour ne pas grincer un peu des dents en première lecture. Pourtant contrairement à la couverture que je trouvais trop simple et épurée, les planches elles-mêmes sont finalement plus travaillées et les décors et mises en scène tout à fait à la hauteur de la qualité qu'on peut espérer d'un album classique de la série. Le travail sur les couleurs et les éclairages est également très appréciable, loin du gris uniforme que la couverture, encore une fois, et les clichés sur Berlin Est laissaient augurer. J'ai été véritablement enthousiasmé par la première moitié de cet album. J'étais fortement amusé de voir la germanisation de l'univers de Spirou. En effet, même s'il est régulièrement rappelé qu'il est belge, les architectures de Champignac et de son château font ici nettement plus allemandes que dans l'oeuvre originale. Et je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler en voyant Spirou équipé de chaussettes sous ses sandales à la manière des touristes allemands. L'intrigue se met rapidement et très efficacement en place. Elle rappellera immanquablement par plusieurs aspects celle de QRN sur Bretzelburg auquel l'auteur fait plusieurs clins d’œil. Nous sommes en effet plongés dans le Berlin Est de l'époque de la RDA et de la Stasi pour une vision conforme à la réalité historique et en même temps sortant des clichés grisâtres et moroses. On y voit en effet une Allemagne de l'Est colorée et ensoleillée, où la dictature se cache un peu plus sournoisement que dans les stéréotypes de cinéma, par le biais d'une surveillance discrète mais permanente de tous les habitants. L'humour est également bien présent, avec une foule de références aux éléments les plus célèbres de l'univers de Spirou, à commencer par Zorglub et ses véhicules volants loufoques. S'y ajoutent aussi pas mal de clins d’œil au décor allemand, avec une bonne dose d'auto-dérision, qui passent très bien pour des lecteurs ne connaissant pas particulièrement le pays. Ce n'est pas un album fait par un allemand pour d'autres allemands seulement. Bref, jusqu'à la moitié de l'album, j'avais le sentiment d'avoir là l'une des plus sympathiques adaptations de l'univers de Spirou et Fantasio. J'ai été un peu moins charmé par la seconde partie qui plonge davantage dans l'action et les péripéties mouvementées. On retombe à ce moment là dans quelque chose de plus basique, plus convenu, à la manière d'une course-poursuite n'ayant plus comme spécificité que d'aligner quelques décors Berlinois mais sans la même finesse d'humour et de mise en scène que la première partie. La conclusion du récit tombe un petit peu à plat en outre, avec une résolution en demi-teinte, trop facile d'une part, et aussi un peu vaine d'autre part. Une scène notamment joue artificiellement la carte de l'émotion et de la tristesse, pour être finalement sabordée deux pages plus loin par l'annonce que de toute manière le mur de Berlin allait tomber très peu de temps après. Quoiqu'il en soit, ça reste un bon cru parmi ces albums des aventures de Spirou imaginés par d'autres auteurs. Ne vous laissez donc pas décourager par cette couverture qui, personnellement, m'avait refroidi : l'intérieur est bien plus attrayant, bien fichu et à même de satisfaire les amateurs les plus exigeants.
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