Le Boiseleur
Joli conte social et sociétal, Le Boiseleur, série scénarisée par Hubert et dessinée par Gaëlle Hersent, s’adresse à tous les amoureux de la nature et de l’esprit.
Environnement et écologie Hubert La BD au féminin Sculpture Soleil
En ces temps fort lointains habitait dans la ville de Solidor Illian, jeune apprenti sculpteur. Son habileté ravissait l’impitoyable Maître Koppel, délesté ainsi de la plupart des tâches de sculpture. Les habitants de Solidor avaient développé une passion pour les oiseaux exotiques, et chaque maison comportait au moins une cage en bois, avec au moins un oiseau. Les écouter enchantait Illian. Un soir, tandis qu’il fignolait un petit rossignol sculpté dans un rebut de bois, Maître Koppel surgit, furieux, avant d’être apaisé par sa fille, émerveillée par la sculpture. Une sculpture dont ils étaient, à cet instant, loin d’imaginer les répercussions sur toute la ville... Oscillant avec art entre diverses tonalités, ce récit explore l’inhumanité des systèmes et l’humanité des êtres, en offrant notamment une réflexion autour de la relation maître apprenti, de l’écologie, ou encore de la société de consommation.
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Date de parution | 19 Octobre 2019 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Une des dernières séries publiée par Hubert, qui décèdera avant la publication du deuxième volume, hélas ... Je ne sais pas si la série s'est arrêtée au tome 2 alors faute de scénariste ou si elle était prévue ainsi, mais elle est, en l'état, complète dans son histoire et son propos. Et pour ce qui me concerne, je la trouve franchement très agréable ! L'histoire est assez simple sur un jeune homme qui a un don pour la sculpture. L'histoire se développe vraiment autour de l'art et de la façon dont celui-ci se développe. Nous aurons droit à la phase d'initiation, l'apprentissage, les questionnements sur ce qu'il contient en essence, les concurrences ... L'histoire développe plusieurs choses au sujet de l'art, mais c'est aussi et surtout une histoire d'accomplissement personnel : un jeune homme dans un monde qu'il découvre petit à petit, en bien comme en mal, jusqu'à trouver sa place dans celui-ci. Et à ce niveau, je trouve la fin très jolie. C'est simple, sans grande parole, mais tout est dit. Le dessin est joli et convient très bien à ce genre d'histoire. Les contrastes entre les deux villes mais aussi avec la campagne sont bien retranscrits et la question de l'art qui émerveille est rendu compréhensible par une astuce bienvenue. Sous des aspects de petit conte simple, c'est encore une fois les thèmes cher à Hubert qui sont remis en branle (amour, place des femmes, l'art, le pouvoir ...). C'est plaisant à lire, pas le meilleur de l'auteur mais je le trouve bon.
Tome 1: La découverte de l'ouvrage avec l'immersion dans le "monde d'illian" m'a franchement séduit. Une grande sensibilité émane du personnage principal et c'est un réel plaisir de suivre le génie de ses créations. 4/5 Tome 2: Toujours le même engouement pour suivre les aventures de notre héros confronté à de nouveaux "maux". Malgré l'ambiance plus sombre, la note d'espoir et d'humanité est formidable dans ce deuxième tome. 4,5/5 Note pour la série: 4,25/5
Tome 1 - Les Mains d'Illian Le joli néologisme du titre reflète à merveille ce conte où il est question d’oiseaux sculptés dans le bois. On connaissait le talent de conteur de Hubert, scénariste prolifique dont on ne citera que la fabuleuse saga gothique des « Ogres-Dieux ». Son talent, il le met cette fois au service de Gaëlle Hersant, dessinatrice remarquée en 2015 pour sa biographie sur Marie-Angélique Leblanc, Sauvage (Delcourt). « Le Boiseleur » possède tous les attraits des contes de notre enfance, ne serait-ce que parce qu’il emprunte à la magie de « Pinocchio », Illian évoquant de loin le personnage de Geppetto. Le livre bénéficie par ailleurs d’une narration simple avec des thématiques très contemporaines. Sans vouloir interpréter à outrance les propos de l’auteur, le jeune ouvrier Illian ne symbolise-t-il pas d’une certaine manière tous les enfants des pays pauvres exploités pour la fabrication des jouets à destination des Occidentaux ? Le même Illian qui ose faire la cour à la fille de son patron, n’enfreint-il pas les règles implicites voulues par les classes dirigeantes, consistant à maintenir les couches populaires dans leurs conditions misérables, à les empêcher de s’élever au dessus du plafond de verre séparant les dominants des dominés ?… Le don du jeune garçon pour sculpter les oiseaux est à ce titre on ne peut plus symbolique… Cette thématique sociale vieille comme le monde se double d’une autre, plus sociétale, qui aurait à voir avec nos comportements consuméristes aux effets pervers. Ici, c’est le don extraordinaire d’Illian qui, à cause du panurgisme des habitants de Solidor, va devenir une malédiction, entraînant la disparition des vrais oiseaux de l’île, et avec eux leurs chants… Le bel univers graphique de Gaëlle Hersent est loin d’être étranger au charme très particulier de ce récit. Comme si les oiseaux l’avaient inspirée, son trait semble se déployer à la manière du long plumage de ces merveilleuses créatures, pour la plupart exotiques, si bien qu’on aurait presque la sensation de les entendre agiter leurs ailes ou jaser leurs trilles harmonieuses. Des chants d’oiseaux qui persistent dans votre tête et vos oreilles longtemps après avoir refermé le livre… Il y a décidément de la magie dans ce « Boiseleur »… Non dénué d’un certain humour, le premier tome de ce diptyque se referme sur une note inattendue pleine de poésie, suggérant d’autres belles séquences à venir. Publiée dans la collection « Métamorphose », l’ouvrage bénéficie, faut-il le préciser, d’une magnifique présentation. Tome 2 - L'Esprit d'atelier Alors que la première partie était centrée sur l’activité sur bois de notre jeune héros Illian, « L’Esprit d’atelier » nous fait pénétrer dans le monde de la sculpture sur pierre, ce qui renouvelle de façon originale ce conte plein de magie. Le grand mérite de l’histoire est de nous faire aborder la sculpture sous l’angle du merveilleux tout en initiant les plus béotiens d’entre nous (dont je fais partie) au « plus mystérieux des arts ». Illian lui-même, coutumier de la sculpture sur bois, réalise que travailler la pierre, ce n’est pas du tout la même limonade ! S’il a su faire preuve de son talent avec ses oiseaux en bois, le pauvre garçon est désormais totalement déboussolé, avouant ne rien piper aux principes de façonnage de ce matériau. Le bois, c’est tendre, mais le caillou, c’est pas chou ! L’identification au jeune artiste sera d’autant plus aisée pour les « cancres » en la matière… Mettre en images un tel sujet n’était pas à la portée de n’importe quel dessinateur. Gaëlle Hersent se montre largement à la hauteur, très à l’aise pour représenter les formes, le mouvement et les courbes de la statuaire. Son crayon virevolte au rythme du ciseau, et certaines planches nous laissent admiratif, avec cette sensation de nous être appropriés les bases d’un art fascinant. Après ça, forcément, on ne regardera plus tout à fait les statues de la même façon… En revanche, si la colorisation est sobre, on pourra regretter, même si ça ne gâche pas l’ensemble, cette propension à utiliser les mêmes tonalités, qui voient principalement le marron converser avec le beige, l’orange ou un bleu tirant vers le gris, ce qui confère à l’ensemble une certaine monotonie. Comme pour chacune de ses œuvres, Hubert n’a pas oublié d’être « inclusif », sans ostentation toutefois, en intégrant à l’histoire des personnages d’origine ethnique diverses et en faisant des femmes autre chose que les faire-valoir de la gent mâle. Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est le contenu philosophique de ce conte, dans lequel les artistes « officiels », les vaniteux, qui sont souvent les mêmes, en prennent pour leur grade. L’arrogance et l’esbroufe, c’est pas le genre de la maison Hubert ! Quant au twist final qui vient ponctuer la compétition finale entre les deux ateliers desquels le timide Illian est l’un des représentants — avec un enjeu terrible, la mise au ban de l’atelier perdant ! —, il nous invite peut-être juste à être nous-mêmes, en évitant le « côté obscur » induit par un ego surdimensionné aux effets potentiellement dévastateurs… Et pour les plus romantiques d’entre nous, les auteurs n’ont bien sûr pas oublié la discrète « love story » entre Illian et Flora, sa dulcinée restée au pays qu’il croyait perdue à jamais. Mais les auteurs nous évitent le « Ils-furent-heureux-et-eurent-beaucoup-d ’enfants » en privilégiant une fin plus subtile… Avec pour seule conclusion : en art comme en amour, c’est toujours la pureté des sentiments qui prime…. Et pour le second, pas besoin de ciseau, de gouge ou de rabot…
3.5 J'espère que Hubert a pu écrire la fin de cette série avant de nous quitter trop tôt parce j'ai bien envie de savoir comment cela va finir ! On peu reprocher un scénario avec des personnages stéréotypés: le gentil apprenti qui se fait exploiter par son patron, le patron bien méchant et sa fille qui est gentille avec l'apprenti et dont on devine qu'elle est amoureuse de lui. Il manquerait plus que le paternel la fiance à un jeune riche bien méchant qui va la forcer à vivre une vie très traditionnel et on a le tableau complet je pense. Et ben le manque d'originalité par moment ne m'a pas dérangé parce que le récit est plutôt captivant. La poésie de l'œuvre m'a touché et j'ai trouvé le personnage principal attachant. Le dessin est bon et la narration est fluide. J'aurais bien aimé savoir ce qui se passe ensuite, prions qu'on va le savoir un jour !
Malheureux hasard, j’ai emprunté cette bd le matin-même du jour où on apprenait la mort du scénariste Hubert, parti à seulement 49 ans. Malgré un sentiment mi-figue mi-raisin concernant la seule oeuvre que j’avais lue de lui, “Les Ogres-Dieux”, je me suis laissé tenter par cette bd qui est appétissante : il s’agit d’un bel objet, qui donne envie d’être lu. Nous voici plongé dans un univers enchanteur plein d'oiseaux, et le jeune Ilian, le boiseleur donc, en est un admirateur acharné. Il va commencer à les sculpter dans le bois, et par la même lancer une mode qui va détourner les habitants des vrais oiseaux. J’ai trouvé le scénario un peu simpliste, cousu de fil blanc et pas très réaliste. Certes, c’est un conte, et c’est narré comme tel. Mais je trouve que les évènements s'enchaînent trop vite, et tournent tous quasi exclusivement autour du héros. Du coup, ça perd un peu en crédibilité, et la critique des “modes”, et des modes de consommation, manque à mon sens de finesse, comme l’ensemble. Personnellement, je conseillerai plus cette lecture à des enfants ou des jeunes ados. Reste que l’ensemble est plutôt agréable à lire, on ne s’ennuie pas pendant la lecture. Et le dessin vient rehausser l’ensemble. C’est du très beau boulot graphiquement parlant, les oiseaux sont très jolis et j’ai beaucoup aimé la façon dont leur chant était représenté. Je trouve que ce style sied à merveille pour les décors et les animaux, un peu moins pour les personnages humains, qui ont un côté un peu dur, notamment lorsqu’ils sont représentés de profil. Ça reste un bel objet graphique, qu’il est agréable de tenir entre les mains. La taille de l’album et le découpage font vraiment très ambiance conte, ce qui était le but recherché. Au final je ne regrette pas ma lecture, mais je n’ai pas non plus totalement été happé dans cet univers.
En lisant cette belle œuvre, on ne peut que regretter le récent départ d'Hubert vers d'autres cieux. C'est tout simplement magnifique, autant sur le fond que sur la forme. Beauté du trait et intelligence du scénario sont réunies pour notre plus grand plaisir de lecture. C'est assez rare pour le souligner. On est en effet entraîné dans la ville de Solidor où un jeune apprenti, Illian, est exploité par son vieux patron qui lui a appris le métier de sculpteur. Il fait de magnifiques cages en bois avant de réaliser des oiseaux. Il faut dire que dans cette ville chaque habitant a succombé à la mode de ces volatiles. C'est une belle fable sur le consumérisme qui ronge nos sociétés. La surexploitation a également des conséquences comme s'en rendra compte notre jeune héros qui aimait le chant des oiseaux. Rien n'est fait pour durer dans un monde éphémère. A la fin du premier tome de ce diptyque, on ne peut que regretter que cette aventure ne se poursuivra sans doute pas, à moins d'une relève miraculeuse ou de travaux préparatoires déjà avancés. Le niveau restera t-il le même ? En tous les cas, une œuvre d'un charme et d'une profondeur sans doute inégalés. Merci Hubert !
Cet album peut être lu comme un one-shot (je me demande d’ailleurs ce que les auteurs vont bien pouvoir raconter dans la seconde partie). Le récit, sur le fond, est très classique : un pauvre petit apprenti est exploité par son patron et secrètement amoureux de la fille de celui-ci (qui semble elle aussi éprouver des sentiments pour lui). L’aspect le plus novateur du scénario se situe au niveau de la fable sur le consumérisme, les phénomènes de modes et leurs conséquences. C’est de ce point de vue très bien vu. L’univers, avec ces oiseaux en cage, est lui aussi original. Le dessin est très agréable. La mise en page multiplie les grandes cases et le récitatif est très présent mais c’est vraiment agréable à lire. Résultat : un album qui se lit vite malgré sa grosse pagination. Malgré des personnages très prévisibles dans leurs réactions, je suis curieux de lire la suite de ce diptyque.
Le 4ème de couverture de ce splendide ouvrage parle à juste titre "d'un conte doux-amer sur l'art, la nature et le consumérisme." On ne saurait ainsi mieux résumer cette jolie histoire racontant le quotidien d'un jeune apprenti sculpteur, Ilian aux mains de son tyrannique maître l'exploitant sans vergogne pour créer de magnifiques cages d'oiseaux. Solidor est une ville commerçante en bord de mer dans des époques reculées et ressemblant fortement à la région paradisiaque du lac de Côme en Italie. Les plus nobles de ses habitants se pressent pour mettre en cage tout oiseau exotique. Lorsqu'Illian va sculpter un oiseau de bois plus vrai que nature, toute l'économie de Solidor va en être bouleversée... En effet, chaque habitant va relâcher les oiseaux pour les remplacer par les sculptures en bois du jeune prodige et Solidor va devenir bien triste en préférant de vulgaires reptiles pour animaux de compagnie. Si l'histoire parait volontairement désuète, il faut louer le talent de Hubert pour insuffler la poésie et la grâce nécessaire à cette histoire somme toute banale. Le Boiseleur dégage toute la noirceur de Beauté ou de Les Ogres-Dieux pour une ambiance aussi désinvolte qu'agréable. Et un talent en entraînant un autre, ce Boiseleur ne serait sans doute rien sans le talent hallucinant de l'autrice Gaëlle Hersent. La voir créer de splendides et nombreuses doubles pages richement détaillées confère un charme immédiat et permanent à l'ensemble de cet ouvrage. La ville de Solidor purement fictive n'a jamais semblé être aussi vivante. Le grand format inhabituel régale les rétines. Avec une portée discrète mais bien présente sur l'art, la nature et le consumérisme comme annoncé et une véritable prouesse graphique, le duo emporte l'adhésion avec un récit certes classique mais dont il nous tarde de lire la fin dans le second et ultime opus. Un joli coup de coeur qui mériterait amplement d'être offert pour toute personne sensible de votre entourage.
Illian est apprenti dans une boutique de sculpture sur bois. Il vit à Solidor où les oiseaux sont rois et il travaille chaque jour plus durement pour pouvoir acquérir un oiseau, un vrai. C'est par le plus grand des hasards que malgré lui il va détruire l'équilibre de la ville et le rapport qu'entretiennent les Solidoriens avec les oiseaux. Le Boiseleur tome 1 est une belle et douce fable sur la nature, nos espérances, nos gâchis, nos erreurs, nos peurs et nos émotions. C'est traité de manière très douce et le trait de Gaëlle Hersent et les mots de Hubert donnent un ton très poétique à l'ambiance qui se dégage de ce premier album. Série qui sera un diptyque et qui est publiée chez Soleil dans leur collection Métamorphose. Le format est plus grand qu'un album Franco/Belge de base qui met bien en évidence toute la splendeur du rendu des illustrations d'intérieur et pour ne rien gâcher le travail de fab de la couverture est somptueux. Il y a beaucoup de pleines pages et l'histoire est racontée par le biais d'une voix off qui n'est autre que celle d'Illian, le personnage principal. L'album se lit assez lentement et ses 96 pages s'enchaînent magnifiquement bien et cela justifie assez bien son prix de 19,99 euros. Le récit captive, fait réfléchir, enchante et le dessin de Hersent conquiert le lecteur. Une belle réussite pour un conte social et qui ravira de plus les amoureux des oiseaux.
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