Lino Ventura et l'oeil de verre
Interview imaginaire du célèbre acteur français.
Biographies Road movie
Première scène : un type en pardessus et chapeau mou, binoclard et dépenaillé essaye d'entamer une interview avec Lino Ventura, valise à la main, sortant de son hôtel. C'est le début d'un road movie où l'acteur parcourt la France avec sa valise, faussant compagnie aussi souvent que possible à ce réalisateur raté qui le poursuit.
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Date de parution | 01 Avril 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Lino Ventura est un de mes acteurs préférés depuis que j'ai quitté un univers exclusivement Disney. J'aime à la fois l'acteur et aussi l'homme dans son côté "brut de fonderie" du gros dur au cœur tendre. J'ai été un peu déçu par la série qui manque un peu de souffle à mes yeux. Arnaud Le Gouëfflec reprend le modèle ultra classique de l'interview pour éclairer différents aspects de la vie et de la carrière de Lino. En premier lieu, le personnage du journaliste/enquêteur est un peu faible et assez loin du Jacques Brel de "L'emmerdeur" dont j'ai cru reconnaître le schéma. Ensuite j'ai senti le scénario hésitant entre le côté perso et le côté acteur. Cela donne une suite d'anecdotes que j'ai lues avec intérêt mais il manque de la fluidité et du lien pour que le récit soit plus touchant. Je trouve que les auteurs passent trop vite sur des passages clés comme ses liens avec Giovanni ou son implication dans "Perce-neige" à une époque où le handicap était surtout caché. Le graphisme de Stéphane Oiry fait le travail même si je trouve que le visage de Lino n'est pas toujours constant au fil des cases. De plus je trouve que l'auteur abuse des mimiques incontournables du Lino acteur. Pour finir je n'ai pas été séduit par cette mise en couleur avec un fond jaunâtre ou rosâtre. Toutefois malgré ces réserves j'ai pris du plaisir à retrouver cet homme que j'apprécie beaucoup.
Biopic fidèle. Comment se lancer dans la biographie en BD sans tomber dans le scolaire ou le dithyrambique ? Pas facile ! Ici le biais choisi est d'imaginer un réalisateur un peu loser qui colle aux basques du grand Lino pour lui extorquer des révélations à faire figurer dans son film. Cela marche bien pour des gens comme moi qui gardent une certaine affection pour ce personnage de film du dimanche soir, qui ne recule pas devant l'uppercut, et sait manier le pétard à l'occasion pour défendre la veuve et l'orphelin. Évidement, à l'heure de me-too, le lustre est un peu terni. Combien de femmes ont du se faire tabasser par un franchouillard aviné s'imaginant cogner sur Blier ? Bref si on fait abstraction de la tendance du cinéma de cette époque à propager un sexisme patriarcal et bien sapé, on peut aussi lui reconnaître de bons moments de rigolade, servis par les dialogues d'Audiard, des ressorts de situation efficaces et une grande maîtrise du pince-sans-rire. Le tragique et le comique ne sont que l'envers et l'endroit d'une même feuille de papier. Laissons le fond pour parler de la BD elle-même. Scénario assez bien construit, scènes déjà vues au cinéma, dialogues d'époque, flash-back en forme de court métrages ou de revues enfantines. C'est pro mais un peu convenu. Tout repose sur le ressort usé du faire valoir pitoyable, chapeau mou et imperméable assortis dans le gris sale, perdant ses lunettes, sortant son critérium à court de mines, ou son dictaphone enrayé.... Mais c'est un biopic-road-movie, donc c'est fatalement répétitif...Il faut s'y faire ! Pour le dessin, il matche bien avec le personnage. Couleurs sobres mais pas ternes, trames grenues en guise d'ombre, traits charnus. Moi, le visage baissé de Lino, paupières mi-closes, cils endormis, presque féminins, réfléchissant à la phrase qui clouera le bec à son interlocuteur, ça m'émeut...
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