Torpedo 1972
Le plus impitoyable mafieux de la BD est de retour ! Dans les années 1930, Lucas Torelli, dit « Torpedo », était une légende des faubourgs de New-York. Un sicilien âpre à la cogne et détendu de la gâchette qui a su ne se faire que des amis – les autres ne sont plus là pour en parler. Près de quarante ans plus tard, la Grande Pomme a pas mal changé. Torpedo, pas tellement. Et alors qu’un petit scribouillard s’apprête à écrire un article sur la famille Caputo, les démons du passé de Torpedo refont surface. En même temps que ses sales vieilles habitudes…
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Auteurs argentins Auteurs espagnols Gangsters New York
Le personnage légendaire créé par Enrique Sanchez Abuli est de retour après trois décennies d’absence sans nouvelles histoires ! Cet événement s’accompagne d’un renouveau graphique puisque c’est l’Argentin Eduardo Risso (Je suis un vampire, 100 Bullets) qui relève avec brio le défi de succéder à Jordi Bernet ; mais également narratif : exit les faubourgs obscurs des années trente, bienvenue dans la New-York illuminée des années disco ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le passage du temps a laissé quelques traces sur le visage de notre gangster… mais surtout pas mal sur son âme.
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Date de parution | 02 Mai 2019 |
Statut histoire | Une histoire par tome 1 tome paru |
Les avis
J'ai emprunté cet album avec circonspection car ce genre cynique dans la violence n'est pas du tout mon truc. Mais là je tombe des nues quand je lis que la réaction de Torpedo est "marrante" ou "drôle". Etablir un scénario ayant comme élément fondateur le viol d'une journaliste-photographe pour faire rire LE public, punaise, j'ai l'impression de revenir des décennies en arrière !!! Non le viol n'est pas quelque chose qui engendre le rire ou alors je ne vis pas dans le même monde que les auteurs, moi c'est le monde réel et ma tolérance à l'humour vaseux et nauséabond tombe à zéro dans cette situation. Car on peut même y retrouver une vieille idée ringarde qu'une femme qui s'habille de manière sexy peut être violée sans conséquence puisque l'auteur du crime est "super rigolo" dans son humour déjanté. C'est accompagné de violence gratuite en tout genre. Pour moi c'est poubelle illico tellement je déteste.
J’avais beaucoup aimé la série d’origine, que ce soit les scénarios d’Abuli ou le dessin de Bernet. Sans doute l’une des meilleures séries de polar noir, alliant action et bons mots (l’humour accompagne bien ce récit noir), avec des personnages charismatiques. J’étais curieux – et un chouia circonspect – de découvrir ce qu’Abuli avait pu faire, en situant son héros plus que vieillissant plusieurs décennies après nous l’avoir installé au cœur des années 1930. Eh bien le fait est que j’ai trouvé excellent cet album. Torpedo est toujours vaillant. Il se méfie de ses amis, mais il n’en a plus (à part son sempiternel « second » Rascal). Quant à ses ennemis, il les a tous enterrés. Et ceux qui font les malins, croyant que c’est un vieux schnock, vont aussi creuser leur tombe (et Torpedo va les aider à y tomber). Pas de fioritures dans cette histoire, le scénario est aussi sec que Torpedo, ça va droit au but, les coups, les balles fusent, comme les bons mots, tout fonctionne très bien ! Bernet n’est plus au dessin. Mais Risso s’en sort ici très bien. Son trait est très différent de Bernet, plus dans la lignée de celui de Brüno. Mais son Noir et Blanc très tranché est très complémentaire de l’ambiance développée par Abuli (et je trouve son dessin meilleur que sur pas mal d’autre séries qu'il a illustrées). Bref, un album de genre qui remplit parfaitement ses objectifs. Un polar rythmé, et une revisite d’un personnage haut en couleurs, toujours aussi misanthrope et asocial, un pète-sec à qui il ne faut pas chercher des noises !
Je commence ma découverte de Torpedo par cet album se situant en 1972, soit quarante ans après la série mère. Un prologue en début d'album retrace une petite biographie de notre gangster, des années 1930 à 1972. Le décor est planté. Forcément notre coupe-jarret a pris quelques rides, parkinson fait trembloter sa main gauche et une petite surcharge pondérale n'en font plus un tueur sanguinaire. Mais il faut se méfier de l'eau qui dort. D'ailleurs, malgré son grand âge, il n'aura pas besoin de la fameuse pilule bleue. Son acolyte, Rascal, est toujours présent après toutes ces années, avec un penchant pour le bourbon. Une sacrée paire de truands. Abuli décrit un monde sombre et décalé où le cynisme, la violence et l'humour noir seront de la partie. Ce n'est pas l'intrigue du siècle, mais elle est rondement menée. Une narration maîtrisée qui va droit au but et elle ne fait pas dans la dentelle. Un personnage central, qui ne laisse pas indifférent, il a un caractère de merde, il n'est pas tendre avec la gente féminine (un euphémisme) et il a la gâchette facile. Pourtant, je me suis pris d'une certaine affection pour ce triste sir. Je vais faire le même reproche que ci-dessous, c'est trop court (46 planches). J'aime beaucoup le dessin de Risso, il est percutant et efficace, avec des arrières plans minimalistes et une mise en page cinématographique. Un style qui se rapproche du comics. Un polar qui décoiffe (avec ou sans borsalino). Je recommande chaudement.
Lorsque « Torpedo 1972 » a été posté, ma curiosité a été immédiatement piquée. Ma faiblesse a fait le reste en me conduisant chez mon libraire. Un an plus tard, je viens d’achever ma lecture et… QUELLE CLAQUE ! J’ai pris la torpille droit dans le citron ! L’album débute sur une introduction qui permet au lecteur profane, comme moi, de faire connaissance avec Lucas Torelli, dit Torpedo. On comprend ce qu’il était et ce qu’il est devenu, s’épargnant ainsi un prologue rébarbatif pour les connaisseurs et des planches inutiles. On entre donc directement dans le vif du sujet, c’est le moins que l’on puisse dire. Autant être clair, cette histoire n’est pas à mettre entre toutes les mains. Violence, langage fleuri et sexe explosent à chaque page. Torpedo, ancienne gloire du grand banditisme, a claqué sa fortune en vivant comme un roi. Ne lui reste plus que son passé, sa réputation, son expérience, son caractère de merde, son fidèle second, Rascal, quelques billets (encore que…), et une santé sur le déclin, conséquence probable d’une vie de bâton de chaise. Un journaliste peu scrupuleux et sa plantureuse blonde vont réveiller la bête en s’intéressant à la mort d’un mafieux, père des frères Caputo. « Torpedo 1972 » est un polar noir et violent, mais pas seulement. Plusieurs passages sont très drôles. C’est un peu comme si Tarantino avait fait équipe avec l’équipe du film « Red » tiré du comics éponyme, ou si Joe Pesci était devenu un sombre bad ass. Le tout est bien rythmé et tient le lecteur en haleine. L’équilibre entre la noirceur et l’humour est savamment dosé. S’ajoute à cela un petit twist final bien trouvé. Le dessin me rappelle énormément Far South, au point que je me suis demandé si le dessinateur était le même. C’est sombre, avec une touche flashy très 70’s, cohérente avec le New York de l’époque. Les couleurs, pouvant paraître un peu faciles de prime abord, se révèlent finalement judicieuses et soulignent idéalement le dessin et le scénario. Elles varient également au gré du récit. J'ai donc été conforté dans mon choix d’acquérir l’album en couleur. La mise en scène est très cinématographique, à juste titre. J’ai énormément apprécié les variations de découpages lors de certaines scènes, en particulier celle du viol qui reste pour moi le passage le plus réussi, le plus marquant et finalement celui qui résume le mieux cet album irrévérencieux, drôle et violent à la fois. Je pensais pouvoir apprécier « Torpedo 1972 ». Tel n’a pas été le cas… j’ai adoré ! J’avoue que je balance entre l’envie de lire une suite et le souhait que ce bel album reste unique et magnifique. Sans hésitation mon coup de cœur du moment !
Les Spaghetti Brothers de Mandrafina et Trillo ont eu droit à un génial épilogue censé se dérouler quelques années plus tard avec les Vieilles Canailles. Aujourd'hui Torpedo 1936 a droit également à un traitement équivalent avec la présente série censée se dérouler en 1972, année cinéma du "Godfather" de Coppola. Petit rappel : Torpedo c'est ce mafieux de seconde zone à l'enfance bien barrée et qui sait autant se servir de son feu que de sa queue. Affublé de son fidèle martyr euh lieutenant Rascal, Abuli nous avait copieusement régalé de ces aventures souvent courtes et gorgées d'humour très noir sous le crayon habile de Toth puis de Bernet. On retrouve donc la même fine équipe exactement 36 ans plus tard dans un New York psychédélique. Luca Torelli a claqué tout son fric et vit toujours dans un studio minable. Toujours habillé de son costard en soie, il souffre de la maladie de Parkinson mais semble toujours aussi alerte. Rascal est un poivrot sans cerveau qui leur prépare de somptueux pigeons ..... ramassés à Central Park. Un journaliste et sa plantureuse petite amie vont essayer de la leur jouer "à l'envers". La réaction de Torpedo risque d'être aussi cinglante que marrante ! C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai retrouvé le petit plaisir coupable de mes 20 ans. Torpedo grabataire n'a rien perdu de sa verve légendaire. Véritable ordure pisse-froid, il est devenu une véritable légende pour ses ennemis qu'il a tous entraînés au cimetière et ses amis ben euh il n'en a guère. Peu de chance également d'être déçu avec Eduardo Risso dont le style se prête admirablement bien pour cette comédie très noire. Si les héros sont fatigués, tirent un peu moins vite leurs cibles ou leurs conquêtes, on rit toujours autant de bon cœur à toutes ces conneries parfois encore un peu trash. La seule déception c'est que les années passent mais que le style ne se renouvelle guère passés les quelques gags liés à l'âge de nos protagonistes. Torpedo 1972 se lit vite, très vite, bien trop vite mais c'était déjà le cas de la série d'origine. Reste à savoir si l'histoire s'en tiendra à ce seul tome comme un ultime au revoir ou si, succès et viagra aidant, nous retrouverons Les Vieux Fourneaux version Sicile sanglante dans de nouvelles aventures. Je risque d'être encore de la partie au vu des nombreux fous rires de cette courte rencontre.
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