Fela back to Lagos
Dans la mégalopole tentaculaire de Lagos, au Nigéria, Adedola est ce que l’on appelle un « Area Boy » : ces petits voyous des quartiers pauvres prêts à vous trouer la peau pour quelques dollars américains. Son quotidien ultra-violent ne connait de répit que lorsqu’il rend visite à son grand-père, avec qui il partage son amour pour la musique de Fela Kuti, le chantre de l’Afro Beat.
Afrique Noire Auteurs italiens Musique Vaudou
Ensemble, ils discutent pendant des heures de la vie du « Black President » et son combat, aussi bien musical que politique, pour le destin du peuple nigérian et africain. Mais le jour où son grand-père meurt, Adedola bascule dans une spirale autodestructrice. On le prétend possédé, prêt à être exorcisé par un pasteur dans l’une de ces cérémonies où l’on fait ingurgiter de l’acide aux jeunes pour les purifier… Atrocement brûlé, Adedola est finalement laissé pour mort dans l’une des immenses décharges de la ville. Mais dans les limbes, il entend retentir le saxophone de son idole… Visité par l’esprit de Fela, Adedola retrouvera la vie, mais pas comme un Zombie : prêt à reprendre la lutte là où son maître l’a laissée ! À travers ce thriller urbain et mystique dans la Lagos de nos jours, Loulou Dédola trouve le ton juste pour évoquer la vie de l’une des figures les plus importantes du continent africain autant que l’un des plus grands musiciens du XXe siècle : Fela Kuti. Entre cérémonies vaudous, corruption politique et criminalité, une plongée vertigineuse dans l’une des villes les plus fascinantes du monde, rythmée par la transe lancinante de l’Afro Beat.
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Date de parution | 02 Mai 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai bien aimé la lecture de cette série sur Lagos. Il faut dire que j'ai vécu deux ans au Nigéria et que cela fait plaisir de trouver un scénariste français qui s'intéresse à ce pays qui est pourtant un géant. Pour rappel le Nigéria sera probablement le deuxième pays le plus peuplé au monde dans 30 ans devant la Chine si l'on en croit les courbes des démographes. Le scénario est un composite des thèmes favoris de l'auteur : la musique à travers Fela, l'esprit africain avec ses croyances mais aussi ce "far west" moderne où richesse extrême (le pétrole) côtoie criminalité et faux pasteurs qui profitent d'une nombreuse population encore très sous instruite et pauvre. Fela n'est qu'un prétexte pour introduire une vision de la réalité moderne du pays. J'ai vécu en pays Haoussa du nord qui est différent des Yoruba du sud mais j'ai bien retrouvé l'ambiance du pays qui m'a profondemment marqué. Bien sûr quand j'y étais Eko Atlantic n'existait pas. Il faut se rendre compte de l'image que cela est pour l'Afrique subsaharienne dans son estime personnelle de savoir que des frères peuvent construire de tels complexes. Une grande partie des nombreuses séries tv nigérianes se passent là. Le dénouement montre que l'on est entre rêve et réalité un peu comme le futur du Nigéria et par extension le futur d'une grande partie de l'Afrique voire de l'Europe qui ne peut pas ignorer un tel voisin. Je trouve que le graphisme de Luca Ferrara rend très bien l'atmosphère pluri directionnelle de l'histoire. Dans une construction assez Comics il y a des passages très flashy et déjanté sur Fela et sur la mythologie nigériane. Le trait devient plus réaliste dans l'intrigue policière avec un côté très dynamique qui donne beaucoup de rythme au récit. Une lecture atypique que j'ai beaucoup appréciée.
Contrairement à Ro, je connaissais un peu Fela, sa musique et le personnage (pas en profondeur, mais un peu). Mais je le rejoins sur bien des points de son avis. Je n’ai en effet pas vraiment accroché à cet album, que j’ai fini sans enthousiasme, en me forçant un peu, ce qui est mauvais signe. D’abord « l’intrigue » n’est pas franchement claire, certains passages m’ont échappé – au début autour de Fela lui-même, et ensuite lorsque l’histoire s’emballe autour d’une intrigue plus policière. Surtout, contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, Fela n’est pas forcément au centre de l’album, et on n’en apprend pas beaucoup sur lui – ou alors c’est beaucoup trop fouillis pour que le lecteur arrive à suivre. Par ailleurs, si je veux bien reconnaître comme Ro des qualités au dessin, je ne l’ai moi pas vraiment aimé. Je ne le trouve déjà pas beau lorsque certaines couleurs pétantes, quasi psychédéliques – l’éloignent de ce qui aurait dû (selon moi en tout cas) être plus en raccord avec l’image que je me fais du Nigéria, avec des couleurs plus chaudes, et plus « naturelles ». Et certains passages sont aussi difficilement lisibles (ce qui renforce les difficultés rencontrées avec la narration). Au sortir de cette lecture, je reste frustré. Car Fela, la dictature nigériane de cette époque, la ville de Lagos et ses « go slow », sa violence et son exubérance, tous ces sujets qui auraient pu m’intéresser, souffrent ici d’un traitement qui les dessert clairement.
Connaissez-vous Fela Kuti ? Moi je ne le connaissais pas, et ce n'est même que ce matin que j'ai eu confirmation que c'était un personnage réel. C'était donc un musicien Nigérian mort en 1997, considéré comme l'inventeur de l’afrobeat, fusion des éléments afro-américains du funk, du jazz, de la musique d'Afrique occidentale, et aussi homme politique dans son pays. Mais sans savoir cela, en lisant la BD, je me demandais juste qui était ce saxophoniste illuminé mis en scène dans cette BD, sorte de gourou de toute la population des ghettos de Lagos et opposant politique visiblement notoire. Honnêtement, sans connaître le contexte et l'homme en question, un lecteur néophyte sera assez perdu dans la lecture de cet ouvrage. Car le fameux Fela est introduit directement dans l'action, sans aucune présentation ni mise en perspective. Et la mise en scène est très mystique avec l'homme présenté comme un guide spirituel à l'esprit capable de rivaliser avec les dieux vaudous. Mais l'intrigue ne s'attache pas uniquement à lui. On y suit aussi un jeune du ghetto de Lagos qui se rebelle contre son environnement ultra-violent à la tête de sa petite bande de voyous et voleurs. Ce dernier est rattaché au fameux Fela Kuti par son grand-père qui possède le saxophone de celui-ci et aussi car, quand il ne passe pas son temps à voler et à se battre, le jeune homme joue lui-même plutôt bien de la musique. Quand il va s'attirer des ennuis et se faire tuer par le caïd corrompu local, l'esprit de Fela va revenir d'entre les morts pour le ressusciter et lui permettre de continuer la lutte... la lutte contre la corruption et pour un Nigéria plus heureux grâce à la puissance de la musique et des esprits, à priori, même si ce n'est pas très clair. Le récit est très fouillis, avec un rythme haché et difficile à suivre. Déjà que le contexte et les personnages sont difficiles à appréhender, se retrouver ensuite plongé dans cette action embrouillée et très souvent illuminée, c'est un peu pénible et pas très engageant. Sincèrement, je n'ai pas accroché du tout à l'histoire à laquelle je n'ai jamais réussi à adhérer. C'est dommage car c'était intéressant de mettre en scène le Nigéria de la fin des années 1990, son univers ultra-corrompu et violent, où les gens se font tuer pour un rien. Et ça aurait pu être intéressant de faire découvrir ce musicien Fela Kuti à ceux qui comme moi ne le connaissaient pas. Et aussi parce que le dessin n'est pas mauvais du tout. Mais en l'état, j'ai trouvé l'album assez illisible et hermétique, et surtout incapable de captiver ou de toucher un lecteur qui découvre tout ça sans être déjà complètement plongé dans l'ambiance que les auteurs semblent avoir eux-mêmes ressentie avant d'entamer leur création.
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