Senso
La rencontre improbable de deux êtres en quête de l'âme sœur dans un parc merveilleux qui mettra tous vos SENS en éveil… Une parfaite définition de la Dolce Vita.
Italie Les prix lecteurs BDTheque 2019 Mirages One-shots, le best-of
Un homme, une femme, un parc, une nuit italienne qui n’en finit pas… L’élégance unique de son dessin et son art de la mise en scène prouvent une fois encore qu’Alfred est un auteur à part. Il n’était pas convié. Elle ne voulait pas venir. Les voilà pourtant réunis à cette fête de mariage, dans un vieil hôtel du sud de l’Italie, entouré d’un parc immense. Leur rencontre, inattendue, est celle de deux personnages un peu à la dérive au milieu d’une fête qui ne les concerne pas. Germano et Elena s’accrochent alors l’un à l’autre et se laissent guider par leur désir mutuel de donner, le temps d’une nuit, un sens à leur vie.
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Date de parution | 23 Octobre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je suis totalement client de ce genre d'histoire, c'est ma came sans aucun doute. Je suis surtout client de la façon dont l'histoire développe par petites touches son propos, la façon dont Alfred dépouille progressivement son personnage de tout les artifices au cours d'une journée qui ne semble pas en finir jusqu'au stade où celui-ci se retrouve devant les réalités de sa vie. Le récit embarque tout en douceur, partant d'un homme avec un train en retard, puis progressivement tout s'empile pour lui faire passer une mauvaise journée. Un mariage, une chambre non retenue, une erreur de date, la perte de son bagage … Jusqu'à ce que, dépouillé de tout, il se retrouve embarqué de force dans le mariage, fait une rencontre et accepte de se laisser aller, un peu. L'histoire brasse de nombreux thèmes, que ce soit sur la vieillesse, la famille, le travail, mais présente aussi divers personnages que j'ai bien aimé. Nerveux ou déprimés, violents ou emmerdeurs, ils sont présentés différemment au fur et à mesure du récit, dévoilant ce qu'ils ont plus en profondeur alors que la nuit s'étend. J'ai beaucoup aimé cette sensibilité, cette retenue dans l'histoire. Rien n'est clairement dit, c'est laissé à la compréhension du lecteur. Jamais cryptique mais jamais explicite dans son propos, l'histoire se finit sur une note très touchante, comme l'a souligné Alix, sur la question de sa place dans la vie de sa fille. Le résultat est brillant, à mon sens, surtout lorsque j'ai vu avec un grand sourire les dernières pages et qui est ce fameux couple. C'est le genre de choses que j'apprécie de lire parce qu'il y a plus que ce qui est dit et qu'il y a surtout une très jolie chose, une sorte de poésie de l'ensemble qui se déroule sous nos yeux. J'ai lu pas mal de BD d'Alfred, et je dois bien dire que je suis de plus en plus émerveillé par la qualité des histoires qu'il nous donne. La tonalité est bien souvent différente, mais ici le ton résolument poétique et onirique s'accorde avec la forme, donnant une lecture simple mais juste, qui résonne chez moi comme elle doit résonner chez une personne plus âgée, avec des raisons sans doute différentes. La BD est une réussite totale. Je suis sous le charme.
Alfred est pour moi un dessinateur hors pair. Là encore, c'est véritablement magnifique dans son aspect graphique. J'aime beaucoup le trait de son dessin. Il y a de la couleur qui égaye la lecture. Certaines pages contemplatives sont bien mises en valeur pour nous montrer toute la beauté de ce vieil hôtel italien au milieu de ces étranges statues. Tout comme son Come Prima, fauve d'or à Angoulême et prix du meilleur album 2014, je n'ai pas été convaincu par le fond, n'étant pas vraiment en phase avec son principal protagoniste, Germano. Cela fait un peu comme ces comédies romantiques où le héros débarque au beau milieu d'un mariage où il n'était pas invité, et où il va faire des rencontres bonnes ou mauvaises avec un taureau protecteur... Une tranche de vie dans la moiteur du climat de la Toscane où l'on passe tout de même un agréable moment pour passer le temps. On l'oubliera assez vite une fois la lecture terminée. Bref, j'ai ressenti une certaine fugacité. Néanmoins, cela reste une oeuvre d'une exceptionnelle qualité graphique où la séduction peut s'opérer facilement.
Cette histoire m’a beaucoup touché, voire boulversé sur la fin. Les thématiques sont multiples... il s’agit bien entendu avant tout d’une rencontre amoureuse entre deux personnages un peu perdus, de ce moment merveilleux et tellement bref où les âmes fusionnes et les cœurs s’emballent. Mais il y a aussi ce parc gigantesque et magnifiquement mis en image, véritable personnage à part entière, qui infuse cette histoire d’un onirisme et d’une poésie qui font chaud au cœur. Il est question, enfin, de paternité plus ou moins réussie, des doutes et des regrets engendrés. L’exposition de sa fille représentant des photos de moments de sa vie, et la réalisation pour Germano qu’il n’y apparaît presque pas, a failli me faire lâcher une larme (ou deux). Une chouette promenade nocturne, aux thèmes très humains, et remplie de poésie. Un coup de cœur.
« Senso », c'est notre rencontre avec Germano, rêveur maladroit et poète totalement inadapté au monde qui l'entoure et qui va beaucoup trop vite pour lui. « Senso », c'est la découverte d'Elena, une femme pétillante et ouverte, qui croque la vie à pleines dents. « Senso », c'est l'histoire d'une belle rencontre que rien ne laissait deviner et qui n'aurait jamais dû avoir lieu. « Senso », c'est une nuit sans fin mais tellement belle, où un homme et une femme vont se découvrir et s'aimer. « Senso », c'est la dolce vita, la douceur de vivre à l'italienne. « Senso », c'est l'amour, tout simplement. « Senso », c'est un vieil hôtel prestigieux et son jardin immense et hors du temps. « Senso », c'est une leçon de vie, une sorte de piqûre de rappel, à celles et ceux qui n'y croient plus, qu'une belle rencontre peut arriver n'importe quand et surtout quand on ne l'attend pas. « Senso », c'est ma belle découverte d'Alfred et de la souplesse de sa plume et de son crayon. « Senso », c'est un magnifique album qui m'a touché, comme si je devais le lire à ce moment précis de ma vie. « Senso », c'est... merci...
C'est avec cet album que je découvre tout le talent d'Alfred et toute la sensibilité qui s'en dégage. Car avec cet album on sent que l'accent mis grâce à son titre sur la sensibilité, à la sensualité ou encore au ressenti (dans les deux sens du terme) a toute son importance. Si Alfred semble y avoir mis beaucoup de lui tout en extrapolant (je vous renvoie à la très bonne interview de l'auteur par Blue Boy que j'ai lue après ma lecture), j'ai tout de suite été conquis par l'ambiance qui se dégage au fil des pages. Cette légèreté, cette nonchalance qui émane de Germano, sa maladresse également, vont petit à petit se fondre et se diluer dans ce parc immense qui jouxte la demeure où il réside et où se tient un mariage d'une vieille connaissance. Si le marié est tout l'opposé de notre Germano, ce sera l'excuse parfaite pour fuir ces festivités grâce à la rencontre impromptue d'Elena... A partir de là le parc prend comme vie et va se révéler autant le témoin que le complice de notre couple d'un soir (seulement ?) et nous proposer un voyage immobile dans cet espace clos mais incommensurable. Chacun cherche sa place, un sens aussi à ce qui leur tombe dessus et en filigrane à sa propre existence. Tout cela se fait en douceur, sans forcer le récit, plutôt comme quelque chose qu'on laisserait partir au gré d'un courant lent mais certain, en s’appuyant sur un dessin et une colorisation maitrisés. C'est envoutant et plaisant, tout en ambiances. C'est la magie d'une nuit unique qu'on ne vit qu'une fois dans sa vie mais qui semble durer une éternité...
On ne peut s’empêcher de penser à Come Prima à la lecture de ce nouvel opus d’Alfred, le premier point commun étant évidemment l’Italie. Mais là où le premier était un « road-novel », le second reste limité géographiquement à un seul lieu, le voyage ayant plus à voir avec l’onirisme... De même, l’auteur s’est une nouvelle fois occupé de la narration, ce qui lui avait très bien réussi en 2014 puisqu’il avait décroché le fauve d’or à Angoulême pour sa ballade italienne… La particularité de cette histoire est de débuter comme une comédie à l’italienne pour évoluer vers quelque chose de beaucoup plus intimiste, dans une sorte de contraste entre le jour et la nuit. Pour Germano, principal protagoniste, l’histoire commence dans une gare bruyante sous une chaleur étouffante pour se poursuivre dans ce palace un peu vétuste perdu dans la campagne et entouré d’un immense parc, où se déroule une fête de mariage, puis glisser peu à peu vers la sérénité nocturne, le moment où les masques tombent et les âmes se révèlent… Et quand ces âmes esseulées, celles de Germano et Elena, se rencontrent après s’être cherché tout un après-midi avec maladresse, et une certaine drôlerie – en grande partie à cause du côté lunaire et timide de Germano, qui par ailleurs s’est trompé d’une semaine sur la date ! -, le récit va bifurquer vers une dimension tout autre, celle d’un onirisme facilité par la tombée de la nuit et la présence même de ce parc magnifique et intemporel qui semble avancer « à mesure qu’on s’y promène ». Les deux amants d’un soir vont vivre une aventure extraordinaire et poétique, un voyage immobile entre rêve et réalité qui les arrachera pendant quelques heures — voire plus si affinités — à la pesanteur du quotidien et des angoisses existentielles… Et si l’histoire est belle, le dessin d’Alfred vient la magnifier dans ce qui ressemble à une déclaration d’amour à la vie et, dans une autre mesure, à l’Italie, seconde patrie de l’auteur par ses origines paternelles. Pour ce qui est des personnages, on retrouve sa patte habituelle, fluide et stylisée, tandis que les paysages, tout particulièrement ceux représentant le parc et l’hôtel, se laissent admirer comme de véritables tableaux, sur une page entière ou deux. La douce atmosphère méditerranéenne assaille le regard autant que l’esprit dans un festival de couleurs et de sensations. Quel émerveillement que de contempler ces cyprès dominant les ruines du parc sous la voûte étoilée ! « Senso » est donc une belle réussite, et son titre italien en synthétise parfaitement le contenu. Le mot « Senso » veut dire tout à la fois « sens » et « sensation », deux termes qui reflètent bien cette comédie existentielle, sans parler de sa sonorité très SENSuelle… Il est de ces moments magiques dont il serait dommage de se priver. Tel un oasis de douceur, une pause bienvenue dans la course contre la montre de nos vies modernes, le roman d'Alfred nous suggère qu’une autre voie possible…
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