Préférence système
Grand prix de la critique ACBD 2020 « Chaque homme dans sa vie assiste à la fin d'un monde. »
Anticipation Ecole Estienne Paris Gobelins, l'École de l'Image Grands prix de la Critique ACBD Les intelligences artificielles (I.A.) Robots
En 2120, le data est devenu si volumineux qu'il faut commencer à effacer des données. Toute archive frappée d'un visa d'élimination par le corps des Prophètes, chargé d'opérer les choix cruciaux, doit être supprimée. Yves, archiviste humaniste du Bureau des Essentiels, ne peut s'y résoudre. Pour les sauver de l'oubli, il sauvegarde clandestinement certaines données, plus poétiques que politiques, et les rapporte chez lui pour les stocker dans la mémoire de Mikki, son robot domestique. Une infraction grave à l'éthique de sa profession. Cependant, au Bureau des Essentiels, des fuites ont été décelées et une vaste enquête est lancée parmi le personnel.
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Date de parution | 03 Octobre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Comme beaucoup d'autres avis, je ressors de ma lecture avec un léger gout d'inachevé. C'est dommage, car d'un autre côté la BD a un potentiel clairement sous-exploité qui donnerait envie de lire plus. Je ne suis pas très fan du dessin, qui est un peu trop lisse et dont les couleurs très franches ne me plaisent pas. D'ailleurs c'est un style de dessin que j'ai déjà peu aimé dans d'autres productions, donc c'est réellement une limite pour moi. Ce dessin, je n'aime pas ! Ce qui ne l'empêche pas d'être assez bon dans son style, bien que j'ai quelques réserves sur sa compatibilité avec le style de science-fiction. Niveau histoire, effectivement, on sent quelques influences d'auteurs de SF, comme Bradburry avec son célèbre Farenheit 451. Mais j'aime voir quelques autres œuvres qui auraient inspirées également cette BD, comme du Asimov. Bref, l'auteur aime le genre et cite quelques uns des chefs-d’œuvre en filigrane, ce qui n'est pas pour me déplaire. Le souci, c'est que les deux parties de l’œuvre, bien que se répondant, ne sont pas si logique que ça dans l'enchainement. Je vois l'idée qu'il a poursuivit en les collant l'une à l'autre, mais je trouve qu'on sent assez mal la critique. Surtout que l'auteur semble opposer une ville déshumanisé avec une nature belle et enchanteresse. Dans l'intention, c'est louable, mais alors la façon de faire est trop manichéenne à mon gout. Il manque aussi un peu de profondeurs sur certaines idées, comme les œuvres essentielles ou intemporelles : lesquelles, sur quelles bases, pour qui ? Bref, c'est trop peu, et la fin de la BD laisse trop de portes ouvertes. C'est dommage, je le répète, la BD exploitait plusieurs idées qui me semblaient vraiment bonnes. Pour des thématiques pareils, je pense que j'aurais apprécié plus de matières. Il reste une BD agréable, dont la mise en page souffre aussi un peu. Les pages qui représentent la nature dans laquelle se déroule la deuxième partie auraient gagnées à être en pleine pages. Le dessin est un peu trop cantonné au style gaufrier et c'est dommage. Bref, une BD qui a du gros potentiel mais dont j'ai trouvé les limites un peu trop nettes. C'est, en tout cas, un auteur que je suivrais dans ses prochaines BD !
A la vue de ses extraits et de son résumé, j'avais aussitôt été attiré vers cette BD qui brasse des thèmes de science-fiction, d'anticipation et de robotique qui me plaisent. Et le graphisme clair et élégant allait dans le même sens d'une SF classe et sérieuse, fourmillant probablement de bonnes idées. De bonnes idées, j'en ai trouvées ici. Il y a forcément un peu de Fahrenheit 451 dans ce récit d'un futur où, pour faire de la place dans la mémoire des systèmes informatiques, on est obligés de condamner à la destruction irrémédiable des œuvres artistiques et historiques majeures au profit de vidéos internet minables et n'ayant comme qualité que d'être davantage populaire à un moment précis. Il y a aussi un peu d'Isaac Asimov dans ce robot nounou, compagnon fidèle des humains mais aussi mère-porteuse de leur enfant à naître. Mais même si j'y ai retrouvé des thèmes déjà brassés par des auteurs célèbres, j'ai aimé cette combinaison et cette vision d'un futur pas si lointain où l'Histoire de l'homme se fait peu à peu détruire sous le flot des Données qu'il crée lui-même. Pourtant, j'ai un peu tiqué sur la crédibilité du concept de base du récit : en effet, admettons qu'un jour la société humaine estime vraiment dispensables les chefs d'oeuvre d'art du passé, comment imaginer qu'elle estime nécessaire d'effacer les quelques pauvres octets que leur mémoire représente : les Giga-octets d'un film tiennent dès aujourd'hui sur un support moins grand qu'un ongle, et le texte d'un poème ne représenterait à peine que quelques octets, ; les conserver ne coûte littéralement rien aujourd'hui, alors dans un futur plus avancé technologiquement, je ne comprends pas la logique de leur destruction. Et encore moins en quoi il serait illégal de conserver des œuvres condamnées à l'effacement. Mais bon, passons... Même si son rythme est assez lent, j'ai surtout apprécié la première moitié de l'album, celle se déroulant vraiment dans ce futur d'anticipation. J'ai apprécié de le découvrir, de voir ce qui n'avait pas changé par rapport à aujourd'hui et ce qui avait fondamentalement changé. Hormis mes reproches ci-dessus, le reste est plutôt crédible et j'aime bien quand de l'anticipation tient la route. Le récit prend un virage radical en milieu d'album et même si j'ai trouvé la seconde partie logique, elle m'a moins captivé. Et là encore, j'ai un peu tiqué sur la manière d'agir de la société et du robot qu'elle envoie envers la personne humaine. Là aussi, j'ai eu un peu de mal à y croire. Et la fin m'a aussi laissé un goût d'inachevé : OK, les personnages sont arrivés là... et maintenant quoi ? Bref, j'ai ressenti un léger sentiment d'insatisfaction sur certains éléments du récit, que ce soit sur la crédibilité du concept de base qui sous-tend l'intrigue et sur sa conclusion, mais j'ai tout de même suffisamment apprécié le reste pour trouver cet album bon.
J'avais pas mal entendu parler de cet album - en bien généralement, et les sujets qu'il aborde sont a priori intéressants. A savoir la sauvegarde d'une mémoire collective, que doit-on considérer comme "patrimonial" ? Question qui va peut-être devenir d'actualité à l'heure où les fichiers informatiques se multiplient, prennent de plus en plus de "place" - et consomment de plus en plus d'énergie pour se développer. Mais aussi ce que l'on est prêt à céder aux robots en matières décisionnelle, les rapports homme/robot, etc. A cela s'ajoute une immersion dans une société dictatoriale, voire totalitaire, où tout le monde est surveillé, personne de devant dévier et conserver illégalement ce que le système a décidé d'éradiquer (que ce soient des chansons, des films, etc.). Yvan, archiviste justement en charge de la destruction des "dossiers superflus", devient le grain de sable dans le rouage, lui qui clandestinement, sauvegarde certains fichiers (en particulier le film "2001 l'odyssée de l'espace"). Bref, un sujet intéressant, mais le traitement d'Ugo Bienvenu est moins captivant. D'abord parce que l'histoire en elle-même se déroule sur un rythme lent, poussif - que ce soit la première partie, autour du couple d'Yvan, sorte de bobos parisiens du futur, ou dans la seconde, à la cambrousse, avec le robot Mikki et la fille d'Yvan. Cette lenteur s'ajoute à un dessin classique (et plutôt bon techniquement), mais très statique, avec un choix de couleurs (pour les personnages parfois, mais aussi pour les décors) pas très heureux: ceci renforce le côté froid de l'ensemble. Accessoirement, l'auteur voulant nous montrer que cette société froide, totalitaire n'est pas éloignée de la nôtre, il situe son intrigue dans un futur très proche (le héros dit un moment "Tu te rends compte que quand mon père était enfant dans cette maison, il n'y avait pas encore de smartphone", ce qui situerait l'intrigue au milieu du XXIème siècle). Or, même si le cadre urbain et rural est tout à fait reconnaissable, les changements techniques (véhicules, robotisation - certains robots servant entre autre de "mère porteuse" pour les humains) sont à mon sens complètement impossibles en un si court laps de temps. Au final, j'ai l'impression qu'Ugo Bienvenu, sur un matériau intéressant - même si déjà vu (un peu de Fahrenheit 451, un peu de "1984"), n'a pas su développer une histoire crédible et intéressante. Son traitement manque de dynamisme, et son traitement froid m'ont déçu. L'album se laisse lire, mais j'en attendais davantage.
Quelqu'un aurait-il imaginer un jour associer un récit d'anticipation avec une chanson de Céline Dion ? Et bien il est temps ou non de s'en réjouir car Ugo Bienvenu l'a fait avec son dernier roman graphique. Préférence Système est un gros pavé de plus de 150 pages rappelant à bien des égards ce que Bradbury dénonçait dans Fahrenheit 451 : la mémoire et la sauvegarde du passé et ses limites. Ici ce ne sont plus des pompiers qui doivent brûler les livres mais des fonctionnaires administratifs dans un futur proche soumettant des œuvres numériques au même sort. Il sera question ici de la sauvegarde ou pas d'un célèbre film de Stanley Kubrick "2001, l'Odyssée de l'espace" qui mettait en scène une intelligence artificielle déviante : Hal 9000. Hal 9000 est devenu ici un robot ménager multitâche prenant même à son compte la gestation d'un fœtus en remplacement du travail maternel au sein d'un couple en dérive. Son propriétaire, Yves, transgresse la loi pour sauvegarder le patrimoine culturel promu à une destruction définitive et va devoir prendre les devants pour sa famille. Inutile d'en dire davantage, si le sujet pouvait sembler passionnant malgré une certaine redite dans les œuvres citées, il n'y a pas grand chose d'intéressant dans le travail d'Ugo Bienvenu à mes yeux. Le graphisme a beau être travaillé et volontairement froid et distant, le style graphique fait l'objet d'un repoussoir. Dans un style réaliste proche des romans photos et accompagné d'une palette de couleurs atroce, l'histoire se laisse volontairement suivre dans ce quotidien bobo parisien futuriste puis bascule dans une seconde partie bien moins bavarde et un poil plus champêtre. Au final on se dit "tout ça pour ça" et ce ne sont pas les récompenses que je ne conteste en aucun point qui me feront changer d'avis. Il y avait matière à développer et en dire davantage selon moi mais Ugo Bienvenu a préféré jouer sur l'ambiance anxiogène. C'est son choix et comme le récit se laisse malgré tout bien lire, je peux comprendre l'engouement d'autres lecteurs et retourner lire S.O.S. Bonheur en tous points bien plus réussi.
C’est sûr, cette bande dessinée, retenue dans la sélection angoumoisine et lauréate du prix ACBD 2020 comporte quelques atouts, notamment par ses thématiques choisies : l’intelligence artificielle, la mémoire, la transmission et le révisionnisme culturel à travers la question du stockage des données. Thriller d’anticipation dans la forme, « Préférence Système » nous amène à nous interroger sur l’abondance d’informations, qui à l’ère d’internet, devient un sujet majeur. Des informations en tout genre, de la plus futile à la plus consistante d’un point de vue intellectuel, et qui, à travers la moulinette digitale, se transforment en « data » indigeste, en milliards de pages de données absconses et indifférenciées, qui ne seront plus à la portée de notre pauvre cerveau humain mais uniquement accessibles aux intelligences artificielles d’un futur proche, nous dit-on… Un grand vertige, et une perspective quelque peu angoissante pour la curiosité naturelle de tout Homme aspirant à une connaissance exhaustive des trésors culturels et scientifiques de l’humanité, et peut-être aussi pour notre humanité même… A l’intérieur de ce récit, vient se greffer une autre problématique : le stockage des données n’est peut-être pas extensible indéfiniment et nécessitera à moment donné de procéder à un tri en éliminant les « indésirables », qui prennent de la place dans les mémoires informatiques sans être jamais consultées. Que devra-t-on conserver, que devra-t-on jeter, et surtout qui va en décider ? Dans l’ouvrage d’Ugo Bienvenu, le point d’accroche est le film culte de Stanley Kubrick, « 2001, Odyssée de l’espace », que les autorités ont décidé de supprimer à tout jamais de la mémoire collective de stockage. Pour une raison évidemment fallacieuse, car selon les directives officielles, les films de vacances de Monsieur Duchmoll auraient un taux de vues bien supérieur, correspondant ainsi aux « quotas exigés ». C’est donc un robot qui sera chargé de conserver clandestinement l’œuvre monumentale, à l’initiative d’un employé du centre de stockage. Celui-ci, grand admirateur du film, va ainsi mettre sa vie en danger en uploadant plusieurs fichiers, dont « 2001 », dans la mémoire interne de son androïde domestique. En effet, un tel acte est considéré comme un grave délit selon la loi en vigueur. Le robot, lui-même porteur de l’enfant du couple, sera chargé de protéger à la fois la progéniture et les précieuses données, au cas où les choses devraient mal tourner… L’histoire est plutôt prenante, avec un rythme allant crescendo mais aussi quelque jolis moments de poésie, et une certaine complicité qui transparaît entre la jeune orpheline et son cyber-précepteur, lui-même apparaissant très humain derrière ses diodes rouges. Tiens, ça ne vous rappelle rien ? La référence à peine voilée à Hal, l’IA de 2001, n’est d’ailleurs pas la seule dans le livre, Bienvenu insérant à plusieurs reprises des citations d’œuvres, notamment de Rimbaud et d’Alfred de Musset, ou encore, pourquoi pas, du chanteur de variétés JJ Goldman et de « La Petite Sirène ». Si l’on décide de voir le verre à moitie plein, « Préférence Système » est un one-shot recommandable, pour peu que l’on fasse abstraction de cette vague impression de déjà vu que l’on ressent à la lecture de l’ouvrage. Pourtant, ce n’est pas tant le fait que l’on ne peut s’empêcher de penser à « 1984 » ou encore au « Meilleur des mondes », des références tout à fait louables, qui font tiquer. La faille serait plutôt à chercher au niveau de la crédibilité. Ugo Bienvenu aurait peut-être pu creuser davantage sa narration. En s’attachant au fond, il semble avoir négligé la forme et le contexte, notamment politique, de ce récit d’anticipation, faisant qu’on a du mal à croire que cela puisse se dérouler dans une France très proche temporellement. Un peu comme si on nous disait : en 2025, chaque foyer aura son propre robot domestique qui servira de matrice à ses progénitures. La religion aura fait un retour en force, le pouvoir sera totalitaire, et si par malheur vous enfreignez la loi en piratant des données interdites, vous serez désintégré aussi sec par les services secrets... Difficile de souscrire à cette vision clichetonnante et à vrai dire pas très crédible, faisant totalement l’impasse sur la question environnementale. De plus, le dessin, malgré ses qualités et ses trouvailles, reste conventionnel et un peu froid, concourant peut-être à l’absence d’émotion qui imprègne l’histoire. Passionnante d’un point de philosophique, superficielle dans son élaboration. Tel est le hiatus qui caractérise cette œuvre où domine un sentiment d’inachevé.
Dans un futur proche, le big data se multiplie. Où doit-on ranger et classifier toutes ces données numériques ? Y'aura-t-il assez de place pour que tout le monde puisse ajouter des photos sur les réseaux sociaux, conserver des oeuvres culturelles ou artistiques ? Comment faire ? Que faut-il sacrifier pour que tout le monde puisse faire son show sur le net ? Hum vaste question et Hugo Bienvenue essaie d'y répondre et de donner une alerte avec son Préférence système. Un couple, un robot enceint, une fuite, la mort, une enfant ! Une enfant qui va vivre, durant un temps, en compagnie de Mikki le robot qui lui a donné la vie. Un robot mère porteuse et une famille disparue car le père a voulu sauver des données qui devaient être supprimées du big data car peu utilisées (par exemple tout ce qui concerne 2021, l'Odyssée de l'espace ou des poèmes). Alors je l'ai lu d’une traite durant mes vacances. 162 planches. C’était épique ! Le Big data is watching you! Les dérives du numérique qui font perdre le sens du réel et de ce qui est finalement important. C'est vraiment très bien, rien à dire. Le style graphique et la colorisation sont fabuleux. On voit la maîtrise de cet auteur, la perfection, et l'édition de Denoël graphics ne gâche rien car elle est vraiment belle. En revanche, tout va trop vite ! Et le style graphique hyper froid me fait penser que le sens de cette BD, qui met en garde contre les dérives du tout numérique, perd en émotion. J'aurai bien aimé que la relation du robot Mikki avec le couple, ou celle avec la petite Isi, soit un plus développée. Mais c'est très intéressant et intense. Je suis partagée car doit-on toujours ressentir de l'émotion dans une histoire ? Pour moi oui c'est important mais en y réfléchissant le rendu graphique va très bien avec l’histoire contée ! Puis les décors ou certains appareils ou costumes inventés par Hugo Bienvenue sont totalement géniaux. Les 'agents' qui doivent contrôler si les données de telles ou telles choses doivent être supprimées ou pas portent sur la tête des espèces de cônes ultra SF et complètement fous. Il y a beaucoup de clins d'oeil et d'inspirations via d'autres oeuvres très connues dans Préférence Système également. On ressent l'amour de la culture, du cinéma ou de la littérature, que possède l'auteur. Enfin, je vous conseille de vous faire votre propre idée car malgré tout j'y réfléchis beaucoup à cette bd. Elle a des articles dithyrambiques un peu partout sur le net, ainsi que via d’autres supports médias.
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