Barrio
Après avoir décrit par le menu son enfance particulièrement joyeuse passée dans un internat, Carlos Giménez nous emmène dans son "barrio", à savoir son quartier de Madrid. Tout au long des quatre albums (dont trois parus seulement dans l'intégrale pour le public français), Giménez nous plonge dans l'Espagne Franquiste des années 50.
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Auteurs espagnols Autobiographie Espagne Fluide Glacial, le best-of Madrid Magazine Fluide Glacial
Des anecdotes de la vie quotidienne, dans les rues de Madrid, où règnent la famine, la pauvreté - on vous avait prévenu que ça allait rigoler sec - conséquences directes de la dictature de Franco et de l'embargo imposé par les pays voisins. La violence quotidienne, des situations familiales difficiles, la peur au ventre de la population face à la Garde Civile et, au milieu de tout cela, une bande de gamins qui tentent malgré tout, de se distraire, tout en étant obligés de participer à la vie active, dès l'âge de douze ans. Barrio est la suite de Paracuellos.
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Date de parution | Novembre 1980 |
Statut histoire | Série terminée (Les tomes 2, 3 et 4 sont parus uniquement dans l'intégrale) 1 tome paru |
Les avis
Etonnante mais très bonne BD. Etonnante par son ton, simple et amusant, dans un style d'histoires correspondant à la chronique ordinaire, la vie de quartier. Mais ce ton banal, quotidien, est entrecoupé d'une violence incroyable, celle de la dictature franquiste, de souvenirs d'une guerre civile. Et pourtant, le tout est bel et bien une "simple" BD sur la vie quotidienne. L'intégrale est un beau pavé qui vaut le détour. J'ai dévoré littéralement les pages, avec ses petites histoires toujours croquées comme des chroniques quotidiennes qu'un blog-bd aurait adoré, mais mâtinées de la noirceur d'une vie sous la dictature, les flics violents qui peuvent arrêter n'importe qui, les violences de rues et le poids de la religion, de la morale. L'ombre de la guerre plane dans beaucoup d'histoires : disparus, traumatisés, déçus … C'est une société étrange que cette Espagne des années 50. Mais si l'ensemble se tient aussi bien, c'est que Giménez croque l'ensemble avec un ton neutre. L'histoire d'une mère qui meurt de la tuberculose aura le même dessin, le même ton et la même représentation que les querelles d'enfants ou les premiers chagrins d'amour. Ce qui donne un ton tragi-comique à chaque histoire dont on ne peut deviner l'orientation et la chute. Il y a des histoires glaçantes, des histoires touchantes, des histoires amusantes, beaucoup de naïveté aussi dans les yeux d'enfants qui ne comprennent pas le monde qui les entoure. Giménez croque le tout avec un dessin qui n'est pas sans me rappeler Will Eisner, qui faisait aussi des chroniques ordinaires, et qui fait très esprit Fluide glacial. Le dessin est net, sans fioritures et croque la rue dans ses détails qui lui donnent une consistance. C'est les déchets, les graffitis, les passants qui font vivre cette rue de Madrid. J'ajouterais que les cases présentant des métiers de la rue de cette époque ajoutent au charme de l'ensemble. C'est le genre de BD que j'adore car elle permets d'appréhender la vie quotidienne sous une dictature. Ce n'est pas une peur constante, un tourment de tout les instants. La vie est banale, quotidienne, remplie de détails déjà vu mille fois dans d'autres vies. Et puis quelques notes, de ci, de là, qui apparaissent : une arrestation arbitraire, des scènes pathétique, quelques conversations indiquant que tout n'est pas si simple. Mais ce qui se dégage de cette BD, c'est finalement une compilation d'histoire d'enfance, la vie du quartier, les gueules de cette époque. Très sympa à lire et éclairant sur cette époque de l'Espagne. Je ne peux que conseiller la lecture !
Une autre oeuvre autobiographique de Carlos Gimenez qui raconte la vie sous le régime de Franco. Si le personnage qui représente l'auteur est très présent dans le premier tome, il va s'effacer petit à petit et la série va porter sur les anecdotes du quartier où a vécu l'auteur lorsqu'il était jeune. Le premier tome a effectivement été fait une trentaine d'années avant, et disons que c'est très intéressant de voir l'évolution de l'auteur au niveau du dessin et de la narration. Ce premier tome n'est pas mauvais, mais la suite est plus dynamique. Le problème est que l'auteur pensait qu'il n'allait faire qu'un tome donc du coup il l'a condensé et les cases sont plus petites et il y a plus de textes. J'ai eu l'impression que ça m'a pris plus de temps de lire ce premier tome que tout le reste. L'univers décrit par l'auteur est très glauque. C'est le monde ouvrier pauvre espagnol sous le régime de Franco, donc ce n'était vraiment pas gai tous les jours. J'espère que certaines anecdotes sont exagérées ou mélangées à de la fiction parce qu'elles décrivent des situations absolument horribles ! Le dessin de Gimenez est excellent et il sait comment raconter la vie quotidienne de manière captivante. Il faut dire que la vie sous une dictature est très différente que ma petite vie normale et il met souvent en avant des personnages souvent excentriques. C'est à lire du moment qu'on est capable d'endurer la souffrance des pauvres gens dans un régime dictatorial. À ne pas lire si on fait une dépression !
Carlos Gimenez a créé avec ses différentes séries toute une fresque historique de l'Espagne allant de la Guerre Civile dans Les Temps Mauvais aux années 70 dans Pepe, en se basant sur ses propres souvenirs et les anecdotes qu'il a recueillies de ses proches et d'autres. Dans Paracuellos, il racontait son enfance tragique dans les internats franquistes des années 1940. Barrio se déroule juste après, dans les années 50, au moment où il sort de l'internat et peut vivre à nouveau avec sa mère dans son quartier ouvrier de Madrid. Avec lui, nous allons découvrir la vie dans ce quartier et son passage de l'enfance à l'adolescence. La série comprend 4 tomes mais le premier est bien différent des 3 suivants. En effet, une trentaine d'années sépare leurs créations. Le tome 1 a été réalisé dans les années 70, avant même les 2 premiers tomes de Paracuellos. Et comme pour cette dernière série sur laquelle Gimenez était revenue près de 20 ans plus tard pour créer de nouveaux tomes, il est revenu sur Barrio ensuite pour prolonger la série dans les années 2000. Le tome 1 raconte véritablement l'enfance de l'auteur par le biais d'un alter-ego au nom très proche, Carlines Garcia-Garcia. Il narre sa sortie de l'internat, son premier repas avec sa mère retrouvée, le travail dans un atelier de décoration d'objets d'arts qu'il doit trouver dès douze ans pour apporter un peu d'argent au foyer, sa découverte des rues de son quartier et des enfants qui y passent tous leurs temps de loisir. La narration est dense, avec de petites cases et une bonne dose de texte. On sent que l'auteur avait beaucoup de choses à raconter mais il le fait toujours avec subtilité et avec son ton étonnant qui nous fait partager des choses parfois dramatiques et cruelles mais avec toujours un fond de légèreté et de cynisme, comme un petit rire jaune qui dénonce l'absurdité de la tragédie que certains vivaient quand il était jeune. Les 3 tomes suivants ont été réalisés bien plus tard et l'auteur avait grandement gagné en maîtrise technique entre temps. Son trait s'est modernisé, sa mise en page est bien plus aérée, sa narration plus dynamique et vivante. Et cette fois, il ne raconte plus seulement sa propre enfance mais aussi de nombreuses anecdotes de son quartier et des gens qui y ont vécu. Il donne véritablement vie au Madrid de l'époque, comme un tableau picaresque en présentant une foule d'éléments qui sont autant de repères et de souvenirs pour se forger un portrait global de ceux qui peuplaient et de la vie à l'époque. Outre la pauvreté du pays et du monde ouvrier espagnol au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, c'est aussi l'omniprésence en toile de fond de la dictature franquiste et des vestiges de la Guerre Civile qui forge les bases de la vie de ce quartier dans lequel il va devenir adolescent. Et toujours cette subtilité dans la mise en scène, ce ton réservé, sans jugement, qui transmet aux lecteurs des scènes pleines d'émotion, de petites joies et de grande tristesse avec un regard bienveillant et presque un sourire pincé. Cela m'a plusieurs fois rappelé l'oeuvre de Will Eisner quand il dépeignait la ville de New York de son enfance et du début du 20e siècle par exemple dans New York trilogie (Big City). Au-delà de l'aspect instructif, c'est à la fois drôle et touchant, mais surtout touchant.
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