Lone Sloane - Babel
Le retour de Lone Sloane avec de nouveaux auteurs adoubés par le maitre lui même Philippe Druillet.
Spin-off
Tout débute par l'anéantissement d'une planète par Shaan, ce dernier a ressurgi après que Sloane l'ai vaincu grâce à l'écume, une sorte de matière destructrice. L'ancien empereur veut se venger et met aux trousses de Sloane une espèce de monstre mi métal, mi organique. Sloane accompagné de Dame Légende et d'anciens compagnons devra se rendre sur la planète Babel (planète mémoire), afin de contrer les ambitions de Shaan.
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Date de parution | 08 Janvier 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Babel n'est pas un mythe, c'est une escroquerie. - Ce tome contient une histoire complète qui peut être lue indépendamment de toute autre. Une connaissance superficielle des aventures de Lone Sloane permet de mieux apprécier certaines références Elle a été initialement publiée en 2019, écrite par Xavier Cazaux-Zago et mise en images par Dimitri Avramoglou, sur la base d'une idée de Serge Lehman. Elle comprend 78 pages de bandes dessinées Le tome s'ouvre avec une introduction d'une page de Philippe Druillet indiquant que son personnage est devenu autonome et qu'il est favorable à ce qu'il soit repris par des auteurs plus jeunes, pour une transmission de la création. Le néant n'aura bientôt plus aucune limite. Pas même celle des champs infinis mais trompeurs de l'imagination (extrait de Les contemplations de Shaan). - Quelque part sur une planète isolée dans le vide de l'espace, un vieil homme est grimpé sur un haut rocher en forme de colonne et il vitupère contre les dieux qui permettent que sa planète soit bientôt effacée par l'Écume, hurlant que les siens ne sont pas nés que pour souffrir et mourir, ne comprenant pas pourquoi ceux de là-haut veulent les réécrire. Bientôt les vaisseaux de l'Écume atterrissent à la surface de la planète, comme une écume noire déchiquetée. Shaan sort du vaisseau amiral et indique qu'il veut que l'épuration de la bordure extérieure se poursuive. Il se rend devant un cercueil noir qui s'ouvre et dont sort une vrille métallique articulée qui vient transpercer sa main droite. Elle absorbe un peu du sang de Shaan qui indique qu'il a le goût de la proie du monstre robotique lupin dans le cercueil. Shaan lui enjoint de libérer l'univers de la complexité qui le dévore. Il lui ordonne de trouver son double asymétrique et corrompu de naissance, et de le tuer. Le monstre mécanique doit trouver et tuer Sloane. Sur la planète Kazhann, les militaires viennent de voir apparaître un cercueil volant géant dans leur spatioport. Un détachement d'une douzaine de soldats se rend devant et réfléchit à ce qu'il convient de faire. L'un d'eux ouvre le feu dessus y créant une grande brèche. Il ne leur reste plus qu'à pénétrer à l'intérieur. Dans une salle, ils se retrouvent face à un individu derrière un pupitre. Il dit s'appeler l'Abbé et salue les dignitaires de Kazhann au nom du collectif. Il ajoute qu'il en sera la parole et le visage, dépêché parmi eux pour s'entretenir d'urgence avec les esthètes pontifes de ce monde. Il demande à parler à leurs maîtres, les barons bleus. Il a à leur parler de Shaan. Dans son lit, Lone Sloane est tiré de son sommeil de dix ans par Légende. Cette dernière lui indique qu'il est attendu. Il s'habille et il est amené devant l'Abbé assis sur un trône, entouré par cinq barons bleus. L'Abbé se présente : il est l'ambassadeur suprême du collectif de Babel. Il espère être le témoin de la chute de Shaan. Lone Sloane lui répond qu'il arrive un peu tard parce qu'il a déjà réglé le compte de Shaan. L'Abbé le détrompe : Shaan, l'ennemi naturel de Lone Sloane, a su retrouver la source d'une entité-force appelée l'Écume, un fragment aveugle du non-être, un principe perverti et privé de substance qui se nourrit de tout ce qui fut, est ou sera un jour. Elle nage dans le sillage de l'empereur se répandant comme une tâche qui dévore les étoiles, une contagion pour être exact. Lone Sloane est donc un personnage créé par Phillipe Druillet au milieu des années 1960, ayant bénéficié d'une première aventure rééditée dans Lone Sloane 66 : Le mystère des abîmes (1966). Il a réalisé 5 autres histoires consacrées à Lone Sloane : Les Six Voyages de Lone Sloane (1972), Delirius (1973, scénario de Jacques Lob), Gail (1978), Salammbô (d'après Gustave Flaubert, 1980, 1982, 1986), Chaos (2000), Delirius 2 (21012, scénario de Jacques Lob & Benjamin Legrand). Il s'agit donc de la reprise d'un personnage par de nouveaux auteurs, avec la bénédiction de son créateur encore vivant. Il est un peu difficile d'envisager cette reprise pour un lecteur ayant déjà lu une des aventures originelles, tellement elles sont façonnées par la forte personnalité de son auteur, à la fois dans le ton de la narration, à la fois par sa flamboyance visuelle démesurée. Le lecteur s'attend donc à retrouver ces éléments : c'est le cas. Xavier Cazaux-Zago a repris les caractéristiques d'écriture de Philippe Druillet : des personnages qui emploient des gros mots, des pavés de texte emphatiques et lyriques, pas toujours explicites. Lone Sloane a toujours son caractère de cochon : il envoie promener ses interlocuteurs qui l'ennuie avec des insultes ordurières, et il est en colère. Le scénariste fait également apparaître des personnages de précédentes aventures : Zearl le néomartien, Vuzz le fou, Légende, Kurt Kurtsteiner. Il le fait en donnant assez d'information pour qu'un nouveau lecteur sache de qui il s'agit et ce qu'il vient faire là. Le lecteur attend également beaucoup de retrouver la démesure visuelle et barbare de Philippe Druillet, tout en sachant que c'est vain car il n'y a que Druillet qui réalise des pages de Druillet. Malgré tout, la couverture est prometteuse, avec une composition dérivative de Druillet, tout en en ayant la force. La première planche est un dessin en pleine page : une vision d'une ville avec des statues colossale et une petite tour de Babel, avec un cadre autour qui reprend des ornements typiquement Druillet, en particulier des visages extraterrestres grimaçants. On s'y croirait presque, si ce n'est la colorisation plus sophistiquée, sans cette saveur psychédélique. Dans les planches 4 & 5, le lecteur retrouve d'autres éléments spécifiquement Druillet (ses vrilles au découpage géométrique), ainsi que l'absence de silhouette humaine permettant de se projeter de trouver un point de vue humain. Au fur et à mesure des séquences, le lecteur retrouve des sensations propres à la narration visuelle de Druillet : un découpage de planche toujours changeant, avec parfois des cases en forme de disque, des cases de la hauteur de la page, un dessin en double page qui nécessite de faire faire un quart de tour à la BD pour la tenir à la verticale, des visions cyclopéennes (un gigantisme écrasant les silhouette humaines, les rendant insignifiantes), des cases en trapèzes qui s'emboîtent les unes dans les autres, des images encadrées par des têtes de soldats en train de regarder, des vrilles technologiques faisant des angles aigus agressifs et déchirants, des cases tenant de l'illustration. Malgré tout, il n'est pas très satisfaisant de considérer cette bande dessinée uniquement sous l'angle d'une histoire à la manière de Philippe Druillet parce que ça n'en est pas, sous l'angle de l'ersatz forcément moins bien. Néanmoins, il n'est pas si simple de la considérer comme une œuvre autonome parce qu'elle est fortement marquée par sa genèse de continuation d'une œuvre existante. Le lecteur ne peut que constater que Dimitri Avramoglou réalise des planches avec une forte personnalité graphique, pour partie héritée de Philippe Druillet (le caractère obsessionnel en moins dans le niveau de détail) dont il sait manier les idiosyncrasies graphiques avec intelligence, pour partie plus personnelle avec des traits de contour plus fins et plus réguliers, un usage du noir plus inquiétant par sa propension à infecter les surfaces attenantes, un goût réel pour concevoir des vaisseaux spatiaux aux formes originales, et une belle capacité à faire s'exprimer la tension et la rage des personnages. De temps à autre, le lecteur se dit que certaines cases manquent de décors. La plupart du temps, il est impressionné par le spectacle visuel qui s'offre à lui. De la même manière, il n'est pas si simple de faire abstraction de la parenté avec Philippe Druillet dans la manière de raconter l'histoire. L'intrigue est assez linéaire et facile à suivre : Lone Sloane, Légende et l'Abbé se dirige vers la mythique Babel pour y trouver un livre qui permettre de défaire Shaan. La page de crédits précise qu'il s'agit d'une idée originale de Serge Lehman, et le lecteur peut effectivement percevoir le goût de cet auteur dans les saveurs métaphysiques du récit. Lorsque le récitatif évoque l'antique sceau de Borges, le lecteur fait également le lien avec la nouvelle La bibliothèque de Babel (1941) de Jorge Luis Borges (1899-1986), présente dans le recueil Fictions . Xavier Cazaux-Zago fait un usage libéral des récitatifs et des personnages qui déclament des phrases empathiques et lyriques. Sous réserve qu'il ne soit pas allergique à cette forme d'expression le lecteur se rend très vite compte que ces phrases sont porteuses de plusieurs sens, et se prêtent bien à l'interprétation. Par exemple, en lisant la question prononcée par un personnage (Pourquoi qu'ils veulent toujours nous réécrire là-haut ?), le lecteur peut le lire au premier degré, mais aussi comme un écho du fait que Cazaux-Zago & Avramoglou sont en train de procéder à une réécriture de Lone Sloane, à leur façon. Cela fonction aussi avec les images : quand Shaan lâche un loup robotique pour traquer Lone Sloane, le lecteur peut y voir une forme de conte de fées déformé. Parfois cela aboutit à une touche d'humour pas forcément faite sciemment : difficile de ne pas sourire en lisant Le temps des retraites est révolu, en plein débat sur la réforme des retraites. Très vite, la dimension métaphorique du récit crée une mise en abîme : les personnages ont pour objectif de trouver un ouvrage contenant le récit qui décrit comment défaire leur ennemi, et ils vont participer à son écriture, soit un questionnement sur la nature même d'une fiction et du rôle des protagonistes. La conclusion boucle d'ailleurs la boucle en faisant explicitement référence aux cycles du champion éternel (créé par Michael Moorcock) et à et son épée maudite, le porteur d'orage (traduction littérale de Stormbringer), déjà une vision cyclique des héros de fiction, un éternel recommencement. Cette bande dessinée est pétrie d'idiosyncrasies, à commencer par celles de Philippe Druillet. Ce n'est pas du Druillet, mais le lien spirituel est présent, respectueux, et conforme à l'esprit. À bien des égards, la narration reprend des caractéristiques d'écriture de bande dessinée des années 1970, rendant la lecture différente, moins fluide, avec des récitatifs moins polis par une écriture normalisée. En cela, cette bande dessinée s'apprécie au regard de l'œuvre de Philippe Druillet, avec la conscience d'être réalisée par des disciples et pas par le maître, sans pouvoir prétendre faire aussi bien, en particulier sur le plan graphique. D'un autre côté, il est quand même possible de l'envisager pour elle-même, comme un récit de science-fiction métaphysique, autoréflexif, sur la nature même d'un récit et sa façon de s'autoalimenter dans une littérature ayant conscience de sa propre existence, de ses prédécesseurs.
J'avoue ne pas voir lu et ne pas connaître les aventures initiales de Lone Sloane, même si je connaissais et apprécie le talent de Druillet pour d'autres de ses oeuvres. En attaquant la lecture des premières pages j'ai eu un peu peur en découvrant le style un peu pompeux et verbeux qu'on nous propose. Le sieur Sloane n'est pas en reste et n'est pas des plus affable non plus, et j'ai commencé à me demander dans quoi je m'embarquais... Et puis la magie a commencé à opérer. Petit à petit, le novice que je suis de cet univers a commencé à en apprécier les codes et à se laisser bercer par l'ambiance et l'histoire que nous a concocté Xavier Cazaux-Zago. Et puis il faut dire que les personnages ont de la carrure ! Ajoutez à cela le dessin magnifique de Dimitri Avramoglou qui a su trouvé le juste équilibre entre l'hommage à Druillet et sa touche personnelle, et vous obtenez cet album de SF plus que savoureux jouant autant sur l'épique que sur les références littéraires et légendaires. On est ici dans la saga, dans l'immensément grand, là où les légendes peuvent vous toucher du doigt. Ça se sent dans l'écriture tout autant que dans ces magnifiques doubles pages que nous propose Dimitri Avramoglou par moment, et on en prend plein les yeux ! Une belle découverte pour moi, et certainement un plaisir pour ceux qui connaissaient déjà Lone Sloane !
Le retour de Lone Sloane. Par les dieux d'avant les dieux que c'est bon et beau. N'ayons pas peur des mots ceci est l'évènement SF de la rentrée, attendu par les fans du maître à savoir le nouvel opus de la saga Lone Sloane. Pour la première fois ce récit s'affranchit de Philippe Druillet , mais gageons qu'il avait le regard perché sur l'épaule des deux auteurs de cette renaissance. Au dessin Dimitri Avramoglou et au scénario Xavier Cazau-Zago. Lone Sloane, le chien aux yeux rouges est une série qui fut créée en 1966 chez l'éditeur Eric Losfeld. Elle met en scène les aventures d'un pirate interstellaire. Par la suite cette série fut à l'origine de l'inspiration de nombreux auteurs. En 1972 parait chez Dargaud "Les 6 voyages de Lone Sloane", puis la même année"Delirius", le diptyque Yragael et Vuzz. L'année 1976 marque un tournant dans la carrière de l'auteur qui suite au décès de sa femme l'année précédente publie un ouvrage très noir La Nuit. En 1980 il adapte Salammbô d'après le roman éponyme de Gustave Flaubert, œuvre magistrale, barbare et violente, oui, oui le même que "Mme Bovary". C'est Druillet qui le premier fit voler en éclats la bande dessinée dite classique avec un montage de planches totalement déstructuré, pleines pages, doubles pages, j'en passe la BD se réinventait. Son travail inspira de nombreux auteurs, même Georges Lucas avoue s'être inspiré de lui. En attendant une éventuelle adaptation de l'Enfer de Dante Alighieri savourons cet opus franchement fabuleux. Dès les premières pages de cette nouvelle histoire le lecteur est en terrain connu, les deux auteurs adoptent un procédé tant scénaristique que graphique qui replonge le vieux lecteur dans un univers connu de paysages stellaires cyclopéens. On y retrouve sans conteste la patte d'un Druillet mais avec des fulgurances de modernité qui ne sont pas pour déplaire. Également présents dans cet ouvrage le lecteur retrouve avec bonheur les anciens compagnons de route de Sloane : Yearl le néo-martien de même que Vuzz, sans oublier le fameux vaisseau spatial du héros Ô Sidarta. A l'apparition de chacun d’entre eux une petite vignette rappelle leur passé et relations avec Sloane. Il n'est pas nécessaire pour lire cet album d'être un fin connaisseur de l’œuvre de Druillet pour apprécier ce récit, on peut voir que le scénariste a bien intégré les bases de l'univers des autres albums mais il arrive à s'en défaire tout en rendant hommage sans servilité aucune. Le dessinateur D. Avramoglou fait bien plus que le job, certaines planches sont à tomber, regardez la double page au centre de l'album, elle est tout simplement jouissive. Le scénario est comme je l'ai déjà dit fort intelligent, reprenant un des thèmes chers à Druillet, à savoir le temps. Seul petit bémol le récit avec une voix un peu incantatoire qui pourrait en rebuter certains. Et cette planète mémoire, planète bibliothèque de tous les savoirs de ce qui a été, de ce qui est et de ce qui sera est une belle et bonne idée. Un mot sur la colorisation de Stephane Paitreau qui est juste une tuerie. Un dernier mot sur l'objet BD lui même qui possède une couverture acier du plus bel effet, notons qu’il possède une jaquette dont l'envers offre un joli poster. Cet album est un one shot mais au vu du talent des deux auteurs et comme le précise une fin ouverte (les choses ne sont qu'un éternel recommencement ) nul doute que d'autres aventures du loup des étoiles ne viennent ravir nos yeux. Coup de cœur évidemment, z'avez vu mon pseudo ? A faire tourner.
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