Les Zola

J'ai beaucoup apprécié ce regard sur la famille Zola. Ce n'est pas vraiment une biographie mais plus un récit intimiste qui place la femme de Zola au centre d'une dynamique qui a profité au talent du grand écrivain. J'ai beaucoup lu de l'oeuvre de Zola mais j'ignorais tout de sa vie familiale et de l'influence que cela a pu avoir dans sa créativité ou ses décisions de vie. Le tableau proposé par les autrices est très flatteur pour les trois principaux personnages Emile, Alexandrine sa femme et Jeanne sa maîtresse. J'aime beaucoup Emile Zola romancier mais la lecture de la série à compléter mon admiration pour l'homme avec sa grandeur même dans ses faiblesses. J'ai trouvé le récit captivant car il augmente en intensité dramatique au fil de l'ouvrage. Si le début peut être lu comme une biographie du couple, l'apparition de Jeanne puis l'Affaire Dreyfus nous fait rentrer dans une dramaturgie où Zola sort grandi à tous les points de vue. Je conseille aussi de relire le très bel avis de Canarde pour son analyse de l'importance de "l'épouse" dans le processus de création. Le choix du graphisme avec des aquarelles rappelle l'importance du contexte pictural des impressionnistes dans les débats artistiques qui ont influencé Zola. J'ai beaucoup aimé la peinture des corps dénudés, la diversité des tons et l'expressivité des principaux personnages. Une excellente lecture que je proposerai à mes enfants avant de se lancer dans la découverte de la saga des Rougon-Macquart.

09/04/2023 (modifier)

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Biographie déphalocratisée. C'est de saison, et cela reflète la prise de conscience généralisée que les "grands hommes" doivent une grande part de leur construction intellectuelle et affective à leurs échanges avec leurs intimes. Depuis longtemps on sait que l'Homme est un animal social et cela ne devrait pas nous étonner. Cette puissance de l'échange sur l'oreiller est une réalité quotidienne pour tout un chacun : ne dit-on pas la nuit porte conseil ? N'est-ce pas plutôt la réflexion à deux, en confiance, qui développe notre réflexion ? Qu'elle soit artistique ou politique ( Beauvoir et Sartre, Signoret et Montant) , littéraire (Camus et Casarès) , philosophique (le traité des sensations de Condillac qui est écrit à la deuxième personne du singulier, adressé à la comtesse de Vassé qui l'a reçu à son salon et questionné chaque semaine), la camaraderie des cerveaux est fertile. Cette BD met en scène cette intimité productive. Le jeune pigiste Zola se laisse séduire par le caractère trempé de Gabrielle, ouvrière devenue modèle pour les futures têtes de gondole du mouvement impressionniste (Cézanne, Manet, Renoir...). Emile est encore peut confiant dans ses propres capacités, il côtoie les peintres qui vont révolutionner l'histoire de la peinture, et cherche la voie littéraire qui fera de même. Grâce à sa connaissance des milieux populaires, à son allant, sa confiance en elle, sa gaité, Gabrielle (dont le vrai nom est Alexandrine Meley) a apporté une eau de première main à son moulin pour construire le roman naturaliste, et en particulier la fresque tragique des Rougon-Macquart. Cette revisitation du génie littéraire en artisan de l'époque se complexifie d'autres relations et en particulier celle qui donnera naissance à ses enfants, et là on ne montre pas de liens entre l’œuvre et la relation. Comme si la situation de mère interdisait la pensée en commun (et c'est peut-être le cas, au moins à une certaine période de l'éducation des enfants, surtout qu'il continue d'habiter avec Alexandrine) On ne montre pas non plus si le fait de devenir père a pu influer sur ses prises de position. Pour l'image : le dessin aquarellé est très en accord avec certains tableaux de Manet ou de Renoir, et cette vivacité des couleurs et des contrastes est agréable et expressive. Le principal bémol est dans la construction du livre, et c'est souvent le cas dans les biographies, on ne ressent pas une composition, un regard qui construise une œuvre BD. Il y a une volonté de décentrer le point de vue habituel de l'homme seul montrant la voie à la lueur de son génie. Mais cet volonté salutaire parait plus militante que bédéistique. Avide d'information sur cette époque, et moi aussi intéressée par ce sujet de la pensée de couple, je suis la cible privilégiée de ce genre d'album, mais pas sûre que cela soit le cas de tout le monde...

14/06/2022 (modifier)

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C'est amusant, en lisant cette BD, j'ai eu le sentiment de l'avoir déjà lue. Mais je crois que mon esprit fatigué confondait avec mes souvenirs du film récent Cézanne et moi, et la curiosité qui m'avait ensuite poussé à me renseigner davantage sur la vie d'Emile Zola. Les Zola est une biographie qui prend le parti intéressant de mettre en scène pas seulement l'écrivain mais plutôt le couple Zola, à savoir Emile et Alexandrine, qui se faisait appeler Gabrielle quand l'auteur l'a rencontrée. On y découvre un Zola jeune et encore méconnu, peu sûr de lui, fréquentant le milieu artistique et notamment les peintres tels que Cézanne qui sera son grand ami. Gabrielle fait des poses pour ces peintres et séduit Emile par son caractère affirmé et le mystère de son passé dont elle refuse de parler. On apprend que les débuts de leur vie de couple furent compliqués par le refus de la mère de Zola qu'il se marie avec une femme de basse extraction. Mais on comprend surtout que Gabrielle/Alexandrine a été d'un grand soutien à la carrière littéraire de l'auteur et qu'il est probable que sans elle il n'aurait pas pu réaliser l'oeuvre de sa vie autour des Rougon-Macquart. Au-delà du simple support de la bonne femme au foyer qu'elle est devenue, c'est aussi elle qui va l'emmener sur le terrain, découvrir la vie dans les quartiers pauvres et les nombreuses thématiques d'actualité sociale qu'il va aborder dans ses romans. Et puis sur la seconde moitié de l'album, on assistera à l'apparition de Jeanne, qui sera la mère des enfants de Zola, et ce que cela impliquera de complexe sur la vie de couple d'Emile et Alexandrine. C'est une biographie en BD bien réalisée, qui se lit sans ennui grâce à une narration certes très factuelle mais fluide et agréable. Le dessin d'Alice Chemama est joli. Réalisé en couleurs directes, il s'inspire parfois, notamment dans les premières pages, des peintures impressionnistes de l'époque. Dans ces moments-là mais aussi régulièrement plus tard, il offre ainsi quelques belles cases sur lesquelles on prend plaisir à s'attarder. C'est une lecture instructive et attrayante à la fois, qui permet de découvrir le couple Zola et l'impact qu'aura eu son épouse sur l'auteur ainsi que l'amour sincère qu'elle lui vouait.

22/01/2020 (modifier)

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