Louisiana - La Couleur du sang

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

Une vieille dame blanche exhume sa douloureuse histoire familiale. Accompagnée par sa bonne noire, elle la raconte sur papier.


1799 - 1815 : Le Premier Empire - Napoléon Bonaparte Esclavage La BD au féminin [USA] - Dixie, le Sud-Est des USA

Nouvelle-Orléans, 1961. Louise Soral, descendante d'une famille de planteurs louisianais, est désormais une vieille femme au crépuscule de sa vie. Après avoir vu un passage d'Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, ses trois petites filles questionnent leur aïeule pour en savoir plus sur la vie dans les plantations d'autrefois. La vieille dame ne souhaite pas parler de cette époque, moins romantique que dans l'histoire mettant en scène Scarlet O'Hara et Reth Butler. Une période sombre dont elle ne veut pas se souvenir... Prise de remords le soir venu, elle réalise que l'histoire de sa famille disparaîtra si elle ne trouve pas le courage de leur raconter ce douloureux récit. Avec la complicité de sa bonne, une femme de couleur, Louise décide de mettre par écrit les souvenirs et les secrets les plus sombres de sa famille dans le sud des Etats-Unis. Tout a commencé quand son arrière-grand-père Augustin Maubusson a reçu des concessions en récompense de ses services et s'est installé avec sa famille dans la paroisse de La Pointe Coupée. Nous sommes en automne 1805, à l'époque des plantations du Sud des États-Unis...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Septembre 2019
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Louisiana - La Couleur du sang © Dargaud 2019
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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26/01/2020 | Erik
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L'avatar du posteur Noirdésir

Mouais. Je reste un chouia sur ma faim après cette lecture, pourtant pas désagréable. Disons que ça se laisse lire, qu’il y a quelques touches d’originalité, dans un cadre général qui est, lui très (peut-être trop ?) classique. Sur plusieurs générations (l’histoire est racontée par une centenaire, dans un long flash-back, procédé classique et éprouvé, permettant quelques pauses et des relances en fin d’album), nous (re)découvrons l’univers du Sud des États-Unis, à partir du début du XIXème siècle, cette Amérique des plantations, du racisme, du machisme exacerbé (dès le départ c’est assez manichéen), avec quelques touches de vaudou dans la communauté noire. Le côté le plus original vient du fait que ce sont des femmes qui « mènent le bal », victimes qui ne se laissent pas faire – et qui peuvent à l’occasion être elles-mêmes violentes. Il faut dire que dès l’entame, la référence au roman « Autant en emporte le vent » et en particulier au personnage de Scarlett, place l’histoire sous l’aura d’une femme forte dans un monde machiste en pleine transformation. Le dessin de Toussaint est plutôt bon, un peu dans la lignée de Meyer je trouve, et la colorisation de Léa Chrétien retranscrit très bien et l’ambiance et l’univers général de ce sud profond, et de cette histoire familiale compliquée.

08/11/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Ce triptyque se révèle à la fois très classique et agréablement original. Classique par son dessin, d’abord, qui ravira tous les lecteurs amateurs de franco-belge réaliste. Ce trait, de qualité, assure un grand confort de lecture. Les décors sont soignés, les personnages sont plutôt bien typés, les ambiances sont bien rendues. On ne peut pas dire qu’il dispose d’une personnalité qui lui serait propre mais ce trait correspond aux attentes de bien des lecteurs lorsqu’ils se lancent dans ce genre de lecture. Classique par son cadre ensuite puisque nous nous retrouvons dans le sud des Etats-Unis sur une période allant de peu avant la guerre de sécession à quelques années après celle-ci (pour la majeure partie du récit, le fin mot de l’histoire, lui, arrive à une époque bien plus proche de la nôtre). Esclaves noirs, patrons blancs racistes, vaudou, guerre de sécession…nous sommes en pays connu. Classique par sa structure puisque l’histoire nous est contée a posteriori via un long entretien qu’une dame âgée délivre à sa gouvernante. Ce système est toujours aussi efficace et permet de placer avec naturel des pauses dans le déroulement du récit. L’originalité, elle, se situe au niveau du prisme choisi. En effet, l’histoire est principalement vue au travers du regard des femmes. Trois générations confrontées à la violence d’un monde profondément machiste mais qui peuvent elles-mêmes faire montre d’une cruauté déconcertante. Dans l’ensemble, j’ai bien aimé ce récit. Je trouve cependant qu’un des personnages principaux a un comportement assez… bizarre, incohérent. J’ai eu du mal à comprendre certains de ses choix, à m’expliquer certaines de ses actions. Par ailleurs, la toute fin du récit m’est apparue assez expédiée. On saute alors rapidement d’une période à une autre et d’un lieu à un autre pour ainsi avoir droit à une conclusion certes romanesque mais aussi peu crédible. Mais voilà, le sentiment qui prédomine, c’est que c’est pas mal, très classique mais bien foutu et avec ce petit détail original qui permet à la série d’offrir finalement autre chose que ce qu’on nous propose d’habitude sur ce sujet.

21/10/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

J'aime bien les histoires qui dissimulent le mystère et cachent des secrets enfouis, ce douloureux récit évoque des heures sombres autour d'une plantation en Louisiane au XIXème siècle peu avant la guerre de Sécession, avec un parfum d'Autant en emporte le vent, roman qui est évoqué surtout au début. Tout s'articule autour de l'esclavagisme qui constitue le sujet principal, même si d'autres thématiques viennent se greffer dessus, ainsi que la condition des esclaves par leurs propriétaires. Des sujets comme ça sentent le déjà vu, mais les auteurs ont la manière de revisiter ce thème de façon intéressante, en prenant une allure de saga familiale qui suit les générations, avec une petite incursion fantastique liée à la pratique du vaudou et des morts violentes que ça entraine. J'ai encore en mémoire, parce que je l'ai vu assez jeune, le méga feuilleton télévisé Racines, d'après le livre d'Alex Haley que j'ai lu étant ado et qui racontait la façon impitoyable qu'avaient certains Blancs de traiter leurs esclaves ; je l'ai vu de façon encore plus effroyable dans le film Mandingo de Richard Fleischer qui donnait une vision très âpre et probablement la plus authentique sur la condition des esclaves dans les plantations, avec en plus une mixité très audacieuse entre maîtres et esclaves un peu comme dans cette Bd qui m'a beaucoup rappelé ce film édifiant. Depuis, il y a eu Django unchained de Tarantino, et Twelve years a slave en 2013 qui embrayent sur les mêmes thématiques, de même qu'on pense aussi à la Couleur pourpre de Spielberg ; comme on le voit, les références cinématographiques sont nombreuses. Il fallait donc que les auteurs ne se laissent pas intimider par toutes ces références et parviennent à captiver le lecteur tout en s'étant sans aucun doute nourri de toutes ces références. Le scénario est bien ficelé et s'aventure au coeur d'une société raciste, violente et très dure, où les hommes ont tous les droits y compris sur leurs propres femmes, la narration est fluide et très habile, le récit est passionnant et se plait à distiller révélations et rebondissements dans une ambiance générale d'une grande puissance. Le seul détail qui m'a surpris, c'est le changement de caractère de Joséphine d'un album à l'autre, mais ce n'est pas bien grave. Et quand c'est servi par un dessin de qualité, ça aide à rentrer dans cette histoire ; en effet, le dessin de Gontran Toussaint rend à merveille tous les cheminements de ce drame, de même qu'il réussit à bien faire vieillir ses personnages au fil du temps qui passe, détail assez rare. C'est un dessin soigné qui lorgne vers le style de Steve Cuzor sur O'Boys ou celui de Michel Rouge, 2 dessinateurs que j'apprécie... pour moi c'est donc une excellente Bd.

20/06/2021 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

La couverture ainsi que le titre font référence au célèbre Autant en emporte le vent. D'ailleurs, la première case et celles qui suivent renvoient directement au célèbre film oscarisé de 1939 ainsi qu'au roman de Margaret Mitchell. Cependant, une vielle dame qui est la narratrice de cette histoire nous explique que la réalité était encore plus dure que cette romance imagée et nuancée. Il est vrai qu'on va vite s'apercevoir que les exploitants de plantation de canne à sucre n'avaient absolument aucune considération humaine pour ces esclaves traités comme des objets sans âmes et exploités jusqu'au bout dans tous les domaines, les plus sordides soient-il. Bref, cela ne fera pas dans la concession. J'ai beaucoup aimé car au-delà de la situation des esclaves au XVIIIème siècle dans le Sud des États-Unis, on se rend compte que les femmes blanches devaient également subir leurs maris violents et volages. On va s'attacher plus particulièrement à une maîtresse de domaine et sa fille qui vont devoir se débarrasser d'un homme mari et père sans vergogne à l'aide de la magie vaudou. Bref, une grande place est accordée aux personnages féminins. Les rôles de grosses brutes sont attribués aux hommes comme il se doit. C'est une très belle saga qui commence de manière très satisfaisante. On a véritablement envie de connaître la suite. Je souligne également que le dessin de ces bayous est tout simplement superbe. De beaux cadrages, un trait vif et structuré pour un récit très bien mené sur un thème intemporel. Au final, une agréable découverte. On guettera la sortie des deux autres volumes.

26/01/2020 (modifier)