Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur
Sophie aime un manipulateur narcissique.
Delcourt Douleurs intimes La BD au féminin One-shots, le best-of Violences faites aux femmes
Quand Sophie rencontre Marcus, elle tombe amoureuse en 48 heures. Elle qui était si cynique en amour, cette fois, elle y croit. Sauf qu'il se révèle vite étrange. Sophie a alors besoin de comprendre ce qui ne va pas. Confronté à ses mensonges et ses incohérences, il a des réactions violentes, des excuses pour tout et arrive à se sortir de chaque impasse. Mais jusqu'à quand ?
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Date de parution | 25 Septembre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Moi aussi, j'ai trouvé ça très bien. Brièvement, je me suis intéressé à cette BD parce qu'il y a une dizaine d'années, je me suis retrouvé dans une situation assez similaire à celle de l'autrice (et puis aussi elle est comme moi native de Besançon. Bezak represent !). Moi aussi, une fois tiré d'affaire, c'est à dire tiré des griffes de la manipulatrice, j'ai épluché toute la littérature sur le sujet, dont Paul-Claude Racamier (que Sophie Lambda cite), le premier à avoir identifié et théorisé le syndrome de la perversion narcissique, lui aussi natif de Besançon (yeah !). Et moi aussi, je me suis retrouvé dans le même état de sidération une fois découvert le pot-aux-roses. C'est comme un puzzle qui s'assemble d'un coup et fait soudain pleinement sens ! Donc oui, je peux en attester : tout ce que raconte Sophie est juste et bien vu. De plus, elle fait preuve d'un recul admirable, d'un certain sens de l'autodérision, ainsi que d'un humour remarquable (mais surtout drôle, tout ce qu'on demande à l'humour). En outre, elle accompagne tout cela d'un langage assez fleuri. Bon, le dessin est cool, même si ce n'est pas le gros gros kif, et ça traine parfois en longueur avec quelques redites (dans les vingt dernières pages essentiellement - mais elle l'avoue elle-même : son éditeur l'a payé pour faire 300 pages...)), mais cette BD contient tout ce qu'il faut pour dresser un panorama complet, donc pour "aider" les Victimes potentielles, même si à mon sens, elle n'insiste pas assez sur certains aspects de ce qu'il faut bien appeler une maladie mentale. Mais je pinaille, sans doute parce que j'ai été concerné au premier chef. Tant pis pour l'amour (j'adore la couverture, très marrante) constitue donc une très bonne base pour aller plus loin car tout ce qui est dit est attesté par les spécialistes du sujet. Je pense qu'il est important de le souligner.
Une BD d’excellente facture. Et pourtant, elle ne m’a pleinement convaincu qu’à la sortie de sa deuxième moitié. La première partie n’est pas inintéressante, l’auteure raconte son histoire avec un manipulateur. Du roman graphique a tendance autobiographique, l’héroïne est touchante, on compatit mais on a aussi envie de la bousculer un peu (compliqué les sentiments). Le dessin est dans un style « blog féminin » mais il s’avère agréable, lisible et dans une narration maîtrisée. Il faut aimer le genre, perso la passion n’était pas trop là. En tout cas, ça se lit facilement. Heureusement, la prise de conscience et la libération de cette relation toxique arrive en milieu de tome. En fait, toute cette partie résonne comme un passage obligé à la suite. L’auteure quitte le récit « nombrilisme » et emmène le récit dans des sphères plus universelles sur ce qu’elle a vécu. Cette suite est d’un tout autre acabit, elle revient sur son sujet mais, un peu à la manière de Lou Lubie, de façon drôle et ludique. J’ai franchement apprécié, en plus d’apprendre plein de trucs sur ce type de comportement (que l’on peut extrapoler aux amis, familles, collègues …). Franchement bien, une bonne formule pour du chouette boulot. Dans le traitement, j ai trouvé ça bien plus pertinent que Il m'a volé ma vie par exemple.
Ouch, cette lecture est violente. Mais elle est aussi incroyable, tant par le propos que par le recul dont l'autrice à su faire preuve dans son récit. La BD traite de la relation de Sophie Lambda avec Marcus, un acteur parisien qu'elle a rencontré et avec laquelle elle file le parfait amour. Jusqu'au drame ... Si le sujet de la BD est clair dès le début, je dois dire que vivre la relation de l'intérieur est horrible. Le dessin, la colorisation et la pagination joue sur la violence de ce qu'elle subit, verbale et mentale. La relation s'arrête vite, d'ailleurs, heureusement pour elle (enfin, vite ...) mais il est facile d'imaginer ce qu'aurait pu être une telle relation étalée sur le temps long. Un véritable cauchemar que l'autrice nous fait vivre de l'intérieur pendant la première moitié du livre, avant de passer à une deuxième partie explicative. Et cette dernière est excellente, très complète et cernant son sujet. Il y a bien des passages techniques, mais la vulgarisation est assez incroyable. Je n'a jamais été arrêté par le propos et la lecture est toujours fluide, c'est remarquable ! D'ailleurs ce passage permet de remettre à plat bien des choses, mais aussi pour l'autrice de montrer comment une telle relation peut arriver. Comme souvent, les pires connards sauront trouver leurs proies ... La BD est une excellente mise en relation avec tout ce que des femmes (et des hommes) peuvent vivre. La violence de ces relations détruit sans doute bien plus de choses que l'on imagine. Maintenant, cette BD est aussi une douloureuse piqure de rappel : des acteurs que l'on apprécie peuvent être la pire des merdes humaines. Récemment une grosse vague de dénonciation de ces comportements ont eu lieu à propos des Youtubeurs, des grands noms de la télé, de l'Eglise sont révélés, mais la BD est une excellente façon de se rappeler qu'aucune classe sociale, aucun métier n'est épargné par les connards. L'acteur que vous appréciez est peut-être ce genre d'ordure. A titre personnel, j'ai reconnu complètement dans cette BD la relation qu'une amie à moi a pu avoir, il y a quelques années. Elle s'en est sortie, heureusement, et plutôt bien, mais je pense que de savoir que les ventes de "Tant pis pour l'amour" sont constantes indique bien que le sujet est d'actualité, brulante d'ailleurs. L'autrice à fait un travail que je comparerais sans retenue à celui de Lou Lubie, et je pense qu'il est désormais essentiel de l'avoir fait. Ce n'est qu'une histoire, pas une thèse, pas un développement social du manipulateur. Mais c'est déjà énorme, c'est suffisant pour beaucoup qui pourront se reconnaitre, c'est crucial pour des milliers de gens non-touchés qui pourront peut-être le détecter dans leurs entourages. Et enfin, c'est sans doute salutaire que des gens ayant lu cette BD se remettent en question, parce qu'une remise en question n'est jamais mauvaise mais pourrait bien améliorer la vie des autres. Et rien que pour ça, cette BD mérite d'être lue. Une réussite totale, en ce qui me concerne.
Malgré le dessin au style mignon et humoristique de Sophie Lambda, c'est un témoignage poignant et difficile qui est livré dans ce récit, et j'ai été ému tout au long de ces 300 pages. Sophie a eu une sacré malchance de tomber sur un phénomène pareil, mais la BD a été en quelque sorte un remède, en particulier le fait de s'exprimer sur les problèmes qu'on a, mais aussi de rechercher de l'aide (un psy) et d'analyser ce qui s'est passé (livre sur les manipulateurs). La BD est découpée en deux parties, on a d'abord le récit de la relation, puis une analyse très pédagogique des mécanisme de manipulation, comment les repérer, et s'en libérer. La mise en scène des mésaventures psychologiques de Sophie est particulièrement créative. Les dessins portent des métaphores, suggèrent des expressions, et globalement illustrent la descente aux enfers de façon très imagée et drôle. On sent beaucoup de recul et d'autodérision, d'autant plus que Sophie illustre son subconscient avec un ourson en peluche, qui lui, est beaucoup plus lucide et avait repéré les dangers à plusieurs kilomètres. Mais c'est dur d'écouter son instinct quand on est amoureux. C'est une histoire fascinante, mais c'est aussi un guide particulièrement accessible pour éviter les personnes dangereuses.
C'est une lecture que j'attendais avec impatience. Le thème est effectivement assez intéressant surtout si on a des proches ayant vécu pareille mésaventure. Les pervers narcissiques ou autres manipulateurs jouant sur la victimisation sont devenus de véritables plaies pour la société. Et ils sont difficiles à démasquer tant ils sont bien vus et jouent leur sympa surtout en société. L'auteure décrit avec beaucoup d'honnêteté ce qu'elle a vécu comme histoire d'amour avec Marcus. Tout commence toujours bien. Cependant, le conte de fée se transforme assez vite en cauchemar. Une relation peut vite devenir toxique. Il faut faire très attention pour ne pas sombrer. On pourrait penser que nous avons une seule version et pas l'autre mais je crois fermement à ce que nous livre Sophie Lambda. Il y a une sincérité du propos qui l'honore. C'est certes personnel mais il faut livrer le témoignage pour comprendre, car ce genre de relation arrive plus qu'on ne le pense. Il faut aller chercher de l'aide auprès d'un professionnel pour se reconstruire et surtout comprendre ce qui arrive. Autant dire que j'ai grandement apprécié cette lecture. La fin nous livrera toutes les explications utiles sur ces affreux manipulateurs qui sont capables de nous faire douter au quotidien. Le hoovering n'aura plus aucun secret pour vous. Je souhaite en tout cas beaucoup de courage et de bonheur à l'auteure.
Le récit témoignage de l'histoire d'amour toxique que l'auteure a vécue avec un pervers narcissique. Ce qui commençait comme un conte de fées s'est peu à peu transformé en cauchemar où la situation est tellement déstabilisante sur le plan moral que la victime en vient à culpabiliser elle-même et à sombrer dans la dépression. Dans le cas présent, Sophie rencontre un charmant acteur parisien qui tombe aussitôt sous son charme et la séduit rapidement. Pendant plusieurs semaines, ils filent l'amour parfait, fait d'écoute, de partage et de compréhension mutuelle immédiate. Au point qu'il lui demande de venir vivre avec lui à Paris et qu'elle accepte avec joie. Mais il a parfois des réactions un peu étranges, excessives, de jalousie ou de colère selon les actes de Sophie. Et il a toujours une bonne raison derrière cela qui pousse Sophie à admettre ses torts et à choisir volontairement d'agir comme il l'entend, pensant que c'est à elle de faire des efforts. Il lui arrive même parfois de piquer des crises de rage auto-destructrices qui paniquent complètement Sophie, puis d'agir le lendemain comme si rien ne s'était passé du tout, voire pire en affirmant que c'est en réalité Sophie qui a fait une crise. A tel point qu'elle ne sait plus qui croire, se demande sincèrement si c'est sa faute. Surtout que les proches de son amoureux ont tendance à confirmer ses propos à lui... après qu'il leur ait présenté au préalable sa version des faits évidemment... Sophie va alors alterner entre phases de déprime et moments de joie distillés par son amoureux, mais dans une spirale sombrant de plus en plus bas au niveau du moral et de l'énergie. Jusqu'à découvrir les tromperies et le manteau de mensonges dont son conjoint se recouvre et dont il a également recouvert ses relations amoureuses précédentes... C'est cette histoire que l'auteure nous raconte sur la moitié de l'album. Puis sur la seconde moitié, quand elle a fini par comprendre le piège dans lequel elle était tombée, elle analyse ce qu'il s'est passé et nous explique les faits sur la base des informations qu'elle a obtenues de différentes sources médicales et autres psychologues. Cette partie là est donc davantage documentaire que roman graphique. C'est un récit intéressant et qui doit être vraiment marquant pour ceux qui ont vécu ce même type de relation toxique. N'étant pas dans un tel cas, j'ai tout de même vérifié les faits qu'elle cite pour m'assurer n'être pas moi-même un de ces pervers narcissiques ou manipulateurs puisqu'elle explique que leur manque d'empathie peut éventuellement les faire agir ainsi sans même en être conscient. Quand les signaux d'alerte apparaissent dans son histoire d'amour, un lecteur tel que moi est vite amené à se dire que, mis face à une telle situation, il ne se serait probablement pas laissé avoir et aurait rapidement mis un coup d'arrêt à la situation, face à des comportements inacceptables du conjoint. Mais l'auteure explique justement que ce type de manipulateur choisit ses proies pour qu'elles soient mentalement plus aptes à tomber dans ses filets. Et c'était donc le cas de l'auteure à l'époque des faits. Instructif, et plutôt agréablement raconté. La partie roman graphique est la plus plaisante puisqu'elle raconte une véritable histoire. Le ton de la narration est plutôt juste, même si l'utilisation du nounours parlant pour animer les dialogues et amener à la réflexion m'a paru manquer de finesse et être parfois même un peu agaçant. La partie documentaire quant à elle est légèrement plus rébarbative mais on y apprend pas mal de choses. Et encore une fois, je pense que pour quelqu'un de plus directement concerné que moi par le sujet, c'est probablement une très bonne lecture.
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