Dans les forêts de Sibérie

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

Peut-on se détacher complètement du monde des hommes ? L’adaptation en bande dessinée du best-seller de Sylvain Tesson.


Adaptations de romans en BD Autobiographie Carnets de voyages Froid. Neige. Glace Russie Sibérie

Peut-on se détacher complètement du monde des hommes ? Quitter la ville et son quotidien pour aller vivre au bout du monde, tel est le défi que s’est donné Sylvain Tesson. De février à juillet 2010, l’écrivain voyageur a choisi de vivre la fin de l’hiver puis le printemps sibérien. Habitant seul une cabane au bord du Lac Baïkal, il s’est plié au silence en choisissant de vivre lentement, environné de livres, de vodka et de souvenirs. Sans déranger la nature mais en s’interrogeant avec elle dans une introspection au long cours, Tesson a marché, exploré, pêché, il a fait du patin à glace sur le lac et accepté l’hospitalité de ses rares voisins. Cette ascèse de six mois loin de la France, l’auteur en a fait le récit dans son célèbre livre paru chez Gallimard en 2011. Par un dessin subtil et généreux tout en couleur, Virgile Dureuil en propose pour la première fois une adaptation en bande dessinée… Texte : Editeur.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Novembre 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Dans les forêts de Sibérie © Casterman 2019
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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10/02/2020 | Alix
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Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Sympathique mais pas passionnant. J'avais lu le livre il y a quelques années et n'en conservais que des bribes éparses, notamment le fait qu'il picolait sévère et lisait des livres. La BD transforme assez peu le propos, de ce dont mon cerveau se rappelle. C'est un français qui va s'isoler pendant 6 mois au bord du lac Baïkal en Sibérie, vivant au rythme du temps indolent, lisant, s’enivrant et appréciant les rares humains de passage. Disons que le cœur de l'histoire n'est pas follement trépidant et que son propos est même tout l'inverse. C'est un propos sur le temps et l'emprise qu'il exerce dans nos vies, un plaidoyer pour ralentir, profiter, rester dans les choses simples et savoir vivre plutôt que courir après des chimères. Maintenant j'ai aussi conscience des limites de ce propos : il est facile de s'isoler du monde en Sibérie quand on a les moyens de le faire, et je doute qu'une grande partie de l'humanité puisse y goûter. Sans compter que derrière la critique du monde contemporain, par ailleurs parfaitement juste, je trouve qu'il manque quelque chose qui ne soit pas un simple retour à des valeurs ancestrales. Je vois très bien l'idée de la labeur quotidienne et l'effet positif à la fois sur notre corps et notre mental, mais j'aurais aimé quelque chose de plus prosaïque sur d'autres questions aussi. Je reste sans doute trop certain que l'humain est social pour adhérer complètement au propos, même si l'auteur semble avoir souffert à ce niveau-là du fait de sa solitude. En fait, je crois que j'ai du mal à rentrer en phase avec le propos, alors que j'ai plus compris celui de Into the Wild ou de Walden ou la vie dans les bois, pour prendre deux autres livres du même genre. Je ne sais pas si c'est un décalage d'idée ou simplement que j'arrive moins à adhérer à Sylvain Tesson et son discours, mais je suis assez en marge de la BD. L'impression du livre était là aussi "sympathique mais oubliable". Je pense que j'oublierais malheureusement cette BD aussi. Je précise que pour le dessin et l'adaptation, c'est du très bon : les paysages, la solitude, le mélange des aphorismes de Tesson avec les visuels qui mettent en valeur cette exaltation d'une nature à la fois sublime et terrible. Évocateur pour moi de romans de London ou de Clavel, la BD est une bonne adaptation d'une œuvre qui m'indiffère un peu ...

24/06/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Enfant j'ai toujours rêvé devant les cartes de géographie. Imaginer de vastes étendues inconnues et quasi vides m'a toujours fait voyager par l'esprit. J'ai pu réaliser quelques-uns de mes rêves de globe-trotter mais je suis loin du modèle de Sylvain Tesson. Toujours est-il que j'apprécie particulièrement ce type de récit aventurier. Si le séjour de Tesson dans le grand Nord présente des côtés extrêmes le récit montre comment l'auteur a tout fait pour la réussite de sa période d'ermitage. Son but n'est pas une recherche suicidaire de ses limites (sauf pour la vodka) mais la volonté de redevenir pleinement libre de son temps. Cela présuppose une pensée contemplative et méditative qui cherche à retrouver un sens en dehors des conventions sociales. Toutefois Tesson n'est pas dupe, il remet souvent en question la légitimité de son action. Il ne rejette ni les rencontres ni les conventions puisqu'il adopte les us de ses très rares voisins. Virgile Dureil arrive à bien synthétiser la pensée et les questionnements de Sylvain à travers une voix off précise et peu envahissante. Cela produit une narration fluide et dynamique qui rend la lecture agréable. Dureil installe son lecteur devant une fenêtre d'où l'on peut rêver ce chant du monde. La référence à Giono est appropriée dans ce retour à un contact à une nature belle et insoumise. J'ai bien aimé le graphisme de Dureil qui privilégie les espaces restreints aux grandes étendues du lac et des montagnes. Malgré les conditions difficiles l'ambiance autour de la cabane reste chaleureuse. Les scènes de solitude sont habilement équilibrées avec les visites de ses voisins pour rendre cette atmosphère du bonheur recherché par Tesson. Petite bulle de plénitude qui a une limite puisque le monde extérieur est toujours présent et se rappelle douloureusement à lui. Une lecture très agréable si vous possédez une tendance au rêve et à la contemplation.

16/10/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

« Dans les forêts de Sibérie » est une adaptation par Virgile Dureuil du livre autobiographique et éponyme de Sylvain Tesson. Ce dernier a réalisé un fantasme qui me passe parfois par la tête quand le monde devient fou : partir dans un endroit reculé et y vivre en autarcie. On ne va pas se mentir, ce fantasme en restera un, pour plusieurs raisons, ce qui ne m’empêche pas de m’intéresser aux œuvres portant sur ce genre de thématique, comme les films « Wild » ou « Into the Wild ». Entre janvier et juillet 2010, Sylvain Tesson a donc vécu, seul ou presque, en Sibérie, au bord du Lac Baïkal. Se faisant, il voulait se retrouver, prendre du recul, s’éloigner de notre société, se rapprocher de la nature et réfléchir. « Wild » était l’histoire d’une rédemption, d’un nouveau départ. « Into the Wild » était le récit tragique d’un homme qui refuse le système pour retrouver la simplicité de la vie dans toute sa rudesse. Chacun de ces films portait une émotion particulière, même poétique s’agissant du second. Et c’est là que le bât blesse selon moi. En effet, « Dans les forêts de Sibérie » est présenté comme un journal intime. Le dessin permet d’éviter un texte trop présent et de transmettre une grande partie des informations et émotions. Seulement voilà, l’expérience de Sylvain Tesson semble être une parenthèse. Elle lui était certainement nécessaire. Mais la restitution de son ressenti au lecteur ne va pas assez loin. Oui il est parti s’isoler pour prendre du recul et renouer avec la nature et une vie plus primaire, mais cela manque d’émotion, de finalité. J’ignore si cela est dû à l’adaptation en bande dessinée, n’ayant pas lu le livre. Toujours est-il que je me suis senti un peu laissé de côté, à mi-chemin entre la généralité du thème et l'intimité de l'expérience. Graphiquement, je n’ai pas été subjugué, mais le dessin fait le travail, surtout en matière de paysage. J'ai parfois eu de la peine à reconnaître les différents protagonistes. Il convient toutefois de relever que Virgile Dureuil signe là son premier album. Prometteur donc ! Un format plus grand aurait sans doute été plus judicieux pour mieux apprécier les grands espaces sauvages. Avec un thème intéressant et populaire à l’heure du réveil écologique (timide) et du COVID-19, de belles planches de nature brute et quelques pistes de réflexion intéressantes sur la vie en général, « Dans les forêts de Sibérie » est une bonne lecture. J’aurais simplement voulu être emmené plus loin.

24/08/2020 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Qui n’a pas rêvé de s’éloigner de cette civilisation de fou, pour aller s’isoler dans une cabane en bois au milieu de nul part ? C’est ce qu’a fait Sylvain Tesson, aventurier mais aussi romancier. « Dans les forêts de Sibérie », adapté ici en BD par Virgile Dureuil, est son roman le plus vendu. Les thèmes de cette histoire me fascinent… ce rapprochement avec la nature, cet isolement pour essayer de se retrouver soi-même, de se comprendre… cette vie paisible, contemplative… avec au programme : promenades, bouquins, pêche, coupage de bois et vodka… beaucoup de vodka. Après, selon son humeur, on pourra voir ces élucubrations comme une retraite philosophique courageuse, ou comme une fuite inconsciente de ses responsabilités (il perd quand même sa femme dans cette histoire). Il faut toutefois reconnaitre que les réflexions de l’auteur sont souvent bien vues, et font diablement réfléchir. En tout cas l’adaptation de Virgile Dureuil est exemplaire. Il a résisté à la tentation de « caser » trop de textes de l’œuvre originale, et son dessin est vraiment magnifique, et retranscrit parfaitement le froid glacial, le sentiment d’isolation et la beauté des paysages. Une œuvre intéressante, aux thèmes forts… à réserver aux grands rêveurs idéalistes ?

10/02/2020 (modifier)