Flipette et Vénère

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Comment la jeunesse envisage-t-elle sa place dans ce monde à l’avenir incertain ? Entre doutes et certitudes, Flipette et Vénère cherchent désespérément à donner du sens à leur petite existence…


Encrages Frères et soeurs La BD au féminin Photographie

Le monde actuel, sa complexité, son absurdité, ses horreurs… Flipette, c’est Clara. Mesurée et réfléchie, elle est tétanisée, incapable de trouver du sens à sa pratique de photographe. Vénère, c’est Axelle. Plus prosaïque, elle préfère se retrousser les manches et aller au front. Les disputes entre les deux soeurs reflètent la souffrance d’une génération qui oscille entre résignation et espoir obstiné.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Février 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Flipette et Vénère © Delcourt 2020
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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30/03/2020 | PAco
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L'avatar du posteur Noirdésir

Flipette et Vénère sont deux sœurs que tout oppose. Et qui vont, bien évidemment, se rapprocher sur la fin, après moult prises de bec (et de tête). Lucrèce Andrae surjoue trop cette opposition, en particulier lorsqu’il peaufine le portrait de Flipette, artiste vaguement bobo tellement peu au fait des enjeux politiques et sociaux (et tellement peu engagée) qu’elle ne connait aucun des thèmes de l’actualité récente, ne sait pas ce qu’est l’ONU. Un petit peu plus de nuance n’aurait pas nui à la crédibilité du personnage, au demeurant intéressant dans ses questionnements et son évolution. Car, « obligée » de renouer avec sa sœur (qu’une fracture rend momentanément dépendante), elle va faire la connaissance de ses amis et des causes qu’ils défendent. Autant Flipette est hors sol, autant Vénère est engagée, dans de multiples combats auprès des démunis en tous genre, et côtoient des milieux punks ou anars. La rencontre des deux sœurs/mondes provoquent donc des étincelles, mais la narration est intéressante, et les personnages attachants. Le côté graphique est assez surprenant. La colorisation est très tranchée, presque criarde, et ne cherche pas le réalisme. Le dessin est dynamique, mais pas assez fouillé à mon goût (et je trouve que l’auteure abuse des bouches grandes ouvertes). Mais bon, ceci étant dit, c’est très lisible. Une lecture intéressante.

23/09/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Le graphisme de cet album ne m'a pas dérangé. J'aime sa colorisation originale, ses tons pastels assez décalés, et j'apprécie la lisibilité de sa ligne assez anguleuse mais plutôt claire. Seuls quelques visages à la bouche béante et vide m'ont un peu rebuté, mais pour le reste j'aime bien l'aspect visuel de cet album et la fluidité de sa narration graphique. Si j'ai assez vite apprécié le caractère de Carla/Flipette, j'ai paradoxalement mis un peu de temps à m'imprégner pour de bon du récit car je n'ai pas aimé du tout celui d'Axelle/Vénère. Sa rébellion violente et sa colère permanente et culpabilisatrice m'ont exaspéré. Et je suis tellement éloigné de l'univers de ses amis squatteurs et autres militants d'extrême gauche très politisés que là encore j'ai eu du mal à me plonger dans leur histoire. C'est heureusement par le biais de Flipette, de ses doutes et de ses quelques gentilles rebellions que j'ai pu finalement m'approprier l'histoire et m'y attacher peu à peu. Elle aborde de nombreux sujets de réflexion intéressants et variés. Il y est question d'engagement humanitaire, de rejet de la société, d'art, de psychologie et de sociologie. De nombreux personnages présentent des facettes originales, crédibles et dignes d'intérêt. Et on en vient à comprendre l'attachement que les héroïnes peuvent leur porter quand on passe la barrière de rejet qu'on pourrait initialement ressentir face à certains de leurs comportements difficilement tolérables. Je parle ici notamment de ce gamin de 17 ans au comportement autodestructeur qui semble chercher inconsciemment ou non à attirer la haine envers lui et à saboter tout ce qui l'entoure. Et même si je ne me suis pas réconcilié avec elle, Vénère finit elle aussi par finalement montrer une facette plus sympathique et plus fragile. J'ai grandement aimé le désir manifeste de l'auteure d'éviter le manichéisme et de montrer tous les doutes et les différentes facettes de chacun. Toutefois même si la morale de l'histoire est que ce qui compte, ce sont les tentatives d'améliorer les choses, même si elles sont vouées à l'échec, je ressors quand même au final avec un certain désespoir face à une situation inextricable dont aucune solution simple ne parait identifiable.

21/09/2021 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

Voilà un album qui aura eu le don de me surprendre et de me séduire au fil des pages ! Je ne partais pourtant pas spécialement conquis par ce graphisme minimaliste aux couleurs tranchées et acidulées, mais comme quoi ne pas franchir le pas d'une lecture en restant sur une vague impression vous ferait passer à côté d'un album bien senti. Et c'est le cas de celui-ci, réalisé de bout en bout par Lucrèce Andreae. Voilà 339 pages d'une relation entre deux sœurs que tout oppose mais qui vont devoir composer par nécessité. Clara (Flipette), est envoyée par sa mère sur Paris pour s'occuper de sa sœur Axelle (Vénère) après un accident de scooter. Le hic, c'est que les deux sœurs ne se sont pas vues depuis un bail, Vénère ayant quitté le carcan familial dans un claquement de porte, rejetant le modèle "petit bourgeois" qu'on devine au travers du personnage de Flipette. Cette dernière suit un fil tout tracé d'études artistiques dans la photographie ; elle doit préparer une nouvelle exposition mais manque cruellement d'inspiration. Les retrouvailles sont forcément explosives, et le choc des deux univers fait des étincelles. Car notre Vénère mène un mode de vie tout en rébellion, proche du squat, avec une équipe de potes qui sont de toutes les manifs et contestations. Son QG, c'est la Pieuvre, une sorte de centre social auto-géré ; c'est là que Flipette va remplacer Vénère et rencontrer toute une kyrielle de loulous tous plus déjantés les uns que les autres et se retrouver dans des situations auxquelles elle n'est vraiment pas habituée. Au-delà de cette relation de famille somme toute assez banale, on s'est tous pris la tête à différents degrés avec des membres de notre famille, Lucrèce Andreae dresse le portrait d'une jeunesse contemporaine tiraillée entre engagement et autruche assumée. Ajoutez à cela une réflexion sur l'art subtilement distillée à travers le travail photographique de Flipette qui va permettre de (re)tisser des liens, qu'ils soient familiaux ou avec ces exclus du monde normatif qui nous entoure et on se retrouve au final avec une fresque très pertinente de notre société. Alors oui, le dessin en refroidira sans doute plus d'un de prime abord, mais franchement, passez le pas et laissez-vous tenter, cet album vaut vraiment le détour de par sa justesse et son intelligence.

30/03/2020 (modifier)