Béatrice (Mertens)
Béatrice est vendeuse au rayon gants d’un grand magasin.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide BD muette Paris
Chaque jour elle prend le train pour se rendre au travail. Dans la cohue de la gare, un sac à main rouge attire son attention. Jour après jour, à chaque passage dans la gare, il semble l’attendre. Succombant à sa curiosité dévorante, Béatrice, en emportant l’objet chez elle, ouvre les portes d’un monde nouveau loin de sa routine quotidienne et qui la transporte dans une autre époque. Béatrice pourra-t-elle revivre une autre vie et pour combien de temps ? Le mythe de Faust n’est pas loin.
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Date de parution | 04 Mars 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'étais tombé sous le charme de l'oeuvre de Joris Mertens avec Nettoyage à sec, et je le retrouve ici dans un domaine très similaire même si j'ai un petit peu moins apprécié cet album là. Sa force : son superbe graphisme et son excellence à représenter la ville (très inspirée de Paris) des années 70-80. Je me plonge dans ses panoramas emplis de détails, de couleurs, de lumière et d'ambiance. Le récit est parfaitement muet mais cela me convient très bien tant j'ai plaisir à suivre l'héroïne dans ces rues bondées, dans une atmosphère d'un autre temps emplie de nostalgie et de beauté du quotidien urbain. L'histoire quant à elle m'est parue moins prenante et originale que celle de Nettoyage à sec. Elle se résume relativement facilement, et joue la carte d'un fantastique un peu merveilleux qui ne laisse pas complètement capter. Ce passage au merveilleux m'a moins convaincu d'une part parce que j'apprécie moins le graphisme à ce moment là (la couleur sublime bien davantage le dessin de Joris Mertens que le noir et blanc) et aussi parce que ça ressemble à un rêve un peu facile qui mène à une conclusion qui m'a laissé relativement froid. Je n'ai pas su être touché par ce passage là, alors que les simples déambulations urbaines du reste de l'album avaient su plus simplement m'emporter.
Comme d'autres lecteurs, j'ai été touché par cette BD tout en douceur et sans une parole. Béatrice vit tout les jours comme le même, enfermé dans une vie routinière dont elle semble prisonnière. Et voila ce sac rouge, qui attire l'œil de Béatrice autant que du spectateur par cette couleur si notable. Que contient il ? Une promesse de bonheur, une damnation éternelle ? J'ai beaucoup aimé cette histoire tout en douceur et retenue, c'est sans paroles parce qu'il n'y en a pas besoin. Et j'aime ces images chargées qui font ressentir le son sans rien écrire, l'abondance de détails qui accrochent l'œil et font comprendre la modernité étalé dans toute la ville. Le jeu des couleurs, des regards, on comprend tout ce qui est dit sans rien prononcer. C'est le genre de BD que je prend surtout plaisir à lire, à relire et à contempler à nouveau. L'histoire est simple et belle, suffisamment prenante pour que je plonge dedans et pas non plus trop complexe pour que je sorte facilement de celle-ci. Ce genre de BD me plait particulièrement, surtout pour ce magnifique dessin qui traverse les pages et nous envoute. Une très belle lecture que je recommande !
Enfin une vraie BD, et pas l'illustration d'une histoire racontée par ailleurs ou une démonstration graphique de combats et de violence. La créativité du scénario et les états émotionnels de l'héroïne sont un émerveillement constant et ô combien réaliste . Cela fait longtemps que je n'ai pas lu une BD aussi accomplie.
Pas trop ma came mais un album non dénué d’intérêt. J’ai bien apprécié le dessin et cette narration muette, la lecture est fluide. L’auteur sait installer des ambiances. C’est le scénario qui ne me touche pas trop, content de l’avoir lu mais je n’y reviendrais pas spécialement. C’est bien fait mais je suis resté un peu à côté niveau émotion, alors que l’œuvre dégage une certaine poésie et possède un charme certain. Lecture conseillée d’autres s’y retrouveront mieux que moi. A noter que l’auteur vient de sortir son 2eme album toujours chez le même éditeur, non muet cette fois. Je l’ai rapidement feuilleté hier, la partie graphique envoie du lourd, encore mieux maîtrisée que dans Béatrice, j’avais un peu peur niveau scénario pour franchir le pas de l’acquisition. J’attends vos avis pour cela ;)
Pas mal du tout cette histoire d'une jeune femme vêtue de rouge qui tranche dans le gris de la fourmilière urbaine. Un jour qu'elle est sur le chemin du travail comme beaucoup d'autres, elle voit un sac, aussi rouge que son imperméable, qui semble abandonné. Le soir il est toujours là alors elle le prend. Et ce sac va révéler son lot de surprises à travers un album photo. Qui sont ces personnes, quelle a été leur vie qui au vu des photos avait l'air idyllique ? Ca m'a bien plu alors que je ne suis pas très fan des histoires muettes. Le dessin un peu griffonné marche bien, les couleurs surtout sont très bien choisies. Au niveau de l'époque j'ai un peu de mal à situer. Au départ on peut penser à Paris dans les années 30, on voit pas mal de tramways, pas mal d'enseignes publicitaires, les néons pour cela existent environ depuis la Grande guerre. En regardant les dessins d'un peu plus près et au vu des voitures, ça fait années 1970 - 80, mais on voit des pubs Mir vaisselle, marque sous ce nom depuis 1994 (oui j'ai rien d'autre à faire que vérifier ça), avec d'ailleurs une grosse faute sur la première planche vaisselle avec un seul s, la finition Joris ... ! Mais l'héroïne lit Bonjour Tristesse de Sagan, donc on est au minimum en 1954. Mais ce film Eldorado avec Montand et Delon n'existe pas, en fait l'auteur pose ses décors et écrit des faux trucs. Pour tout dire on s'en moque bien, on se laisse porter par cette jolie histoire teintée de fantastique.
J’ai adoré cette promenade muette dans un Paris fantasmé des années 70. « L’intrigue » du sac rouge est d’abord intrigante, puis vire à l’onirisme teinté de fantastique en milieu de récit… J’adore ce genre de mystère narratif aux interprétations multiples, qui encourage la réflexion et les échanges de points de vue entre lecteurs. Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher, mais j’adorerais discuter de la chose. L’histoire est teintée de nostalgie mélancolique, et montre le temps qui passe inexorablement. La mise en image est magnifique et contribue grandement au charme de cet album. Les paysages urbains fourmillent de détails, et l’auteur joue avec les effets d’ombre et de lumière, et avec les couleurs vives rougeâtres, pour un rendu vraiment superbe. Une lecture plaisante et stimulante en ce qui me concerne.
Voilà un album vite lu, car totalement muet, et qui pourra laisser frustrés, voire totalement désappointés certains lecteurs : « tout ça pour ça », « c’est creux », que sais-je encore, voilà ce que l’on peut ressentir à la lecture de cette histoire. Mais voilà, elle possède un charme indéniable. D’abord au niveau graphique. Le dessin est bon, mais c’est surtout le jeu autour des couleurs qui mérite d’être souligné. L’omniprésence des tons rouges – qui saturent les cases sur une bonne partie de l’album, puis la transition, lorsqu’il y a une sorte de « passage de relais » au niveau de l’histoire, avec des tons grisâtres qui dominent, pour qu’enfin tout commence à s’estomper, cela donne un très beau rendu. Quant à l’intrigue, c’est une histoire un peu légère et linéaire (seul reproche que je puisse lui faire). Nous suivons une femme sans histoire – dans tous les sens du terme, puisque célibataire, bouffée par la routine – qui va vivre une nouvelle (ou ancienne ?) vie par procuration, basculer vers un mélange de nostalgie et d’épanouissement, au sortir d’une enquête un peu bizarre, après la « rencontre » d’un sac (rouge bien évidemment) et de son contenu. Si l’histoire en elle-même manque parfois de profondeur, son traitement lui garantit d’éviter le commun et la mièvrerie, et sa lecture est en tout cas des plus agréables.
J'ai l'impression d'être passé à coté de ce one-shot. Bon, je suis d'accord avec les autres posteurs au sujet du dessin qui est superbe. Les cases sont grandes, donc on peu admirer le style du dessinateur et je l'ai bien aimé. Toutefois, je ne lis pas une bande dessinée uniquement pour son dessin, le scénario est important pour moi. Or, je dois dire que je n'ai pas été touché par le récit et que j'ai été même indifférent. Je comprends pourquoi d'autres lecteurs trouvent cette histoire touchante, ce qui arrive à l’héroïne est poétique. Sauf que voilà je n'ai rien ressenti durant ma lecture hormis l'ennui. Je dois dire que je n'étais pas certains des intentions de l'auteur lorsque j'ai refermé l'album et qu'il a fallu lire le résumé plus détaillé pour me faire une meilleure idée de ce que l'auteur voulait raconter, et encore je ne suis pas sûr d'avoir bien compris son message !
Comme cela arrive de temps à autre, « Béatrice » est une expérience de lecture fort singulière, totalement immersive d’un point de vue visuel, d’autant que cette histoire est entièrement muette. Aucun dialogue, ni commentaire, ni onomatopée ne vient interférer dans ce flux d’images incroyablement sensorielles, qui sont comme autant de tableaux extrêmement vivants se déployant sur de sublimes pleines pages. L’âme est submergée par ces couleurs chaudes dominées par le rouge, vif comme la veste de Béatrice, les tapis des galeries La Brouette, ou encore le sac égaré attirant l’œil de la jeune femme tel un aimant… ou plutôt un amant, comme on va le découvrir... Et comme chacun sait, le rouge est la couleur de la passion… C’est donc totalement fasciné que l’on suit Béatrice, ballotée dans ce Paris fantasmé des années soixante-dix, merveilleusement reconstitué. Béatrice, petit bout de femme candide au look ordinaire mais au visage expressif et au sourire si doux, malmenée par la foule grise et anonyme des avenues marchandes et des gares, observe constamment le monde autour d’elle d’un regard tour à tour étonné, amusé, parfois un peu las, peut-être en quête de l’âme sœur, avant de se replonger dans son roman une fois assise dans le train de son train-train quotidien. Cette quête à la fois discrète et éperdue l’amènera vers ce sac rouge abandonné, qui mystérieusement ne semble être visible que d’elle, et contient un Graal ayant pris la forme d’un album photo. Le jour où elle feuillettera pour la première fois le livre à souvenirs, notre héroïne, qui n’est pas dénuée d’imagination, va se lancer dans un drôle de jeu de piste amoureux. Les photos datant de l’entre-deux-guerres sont celles d’un homme plutôt séduisant posant aux côtés d’une jeune femme qui lui ressemble un peu, amie, épouse ou amante, … Le processus d’identification n’en sera que plus facile. C’est ainsi que Béatrice va essaimer tous les endroits de la capitale où celui qui va devenir rapidement son objet du désir a pris la pose, même si le temps a fait son travail de destruction ou de transformation parfois douteux… Une course vers un fantôme qui la portera vers des hauteurs extraordinaires, dans ces années folles enchanteresses, mais d’un irréalisme qui s’avérera funeste pour cette touchante victime d’un amour idéalisé… Avare de mots, « Béatrice » n’en est pas moins une œuvre très généreuse, avec des images qui individuellement racontent une histoire dans l’histoire. Chaque case fourmille de détails, et le lecteur se retrouve entraîné dans une valse échevelée, qui s’apparente à une célébration poétique de la ville lumière. Ce magnifique one-shot est aussi l’histoire tragique d’une solitude dans la multitude, décrivant parfaitement la grisaille de l’anonymat en milieu urbain, grisaille estompée par le clinquant des néons. Par ailleurs, cette mise en abyme temporelle joue beaucoup avec notre attirance pour la nostalgie, nous exposant son charme autant que sa vacuité. Enfin, la narration très habile prouve ici toute la puissance de l’image, qui peut raconter tout aussi efficacement en l’absence de texte et nous emporter vers des dimensions inconnues. Autant de qualités qui en font un des titres incontournables de l’année.
Wow ! Voilà un album qui aura réussi à me surprendre par bien des aspects ! Tout d'abord c'est la qualité du graphisme de Joris Mertens qui a un je ne sais quoi du Jean-Louis Tripp de Magasin général mais avec une touche toute personnelle, proposant dans une même case ou planche, tantôt un trait proche de l'esquisse, tantôt un trait affirmé, subtil et marqué sur les détails qu'il veut mettre en avant. Vient ensuite sa colorisation qui pour les besoins de son récit alterne entre le noir et blanc et des couleurs très chaudes qui donnent à ses planches des ambiances impressionnantes. Et c'est enfin l'expressivité de ses visages (et je peux vous dire qu'il y en a ! Ses scènes de foules dans la rue, les transports en commun, les magasins ou encore les bars) qui m'a scotché ! Il faut dire que quand on se lance dans une BD sans texte il faut savoir faire passer beaucoup de choses avec son coup de crayon, et Joris Mertens m'a impressionné de ce côté ! Quant à l'histoire, dur d'en parler beaucoup sans dévoiler ce qui fait tout le charme et la force du récit. Si j'ai été rapidement pris par les ambiances et les planches qui nous racontent le quotidien de Béatrice, cette jeune vendeuse qui travaille dans un rayon d'accessoires vestimentaires dans un grand magasin du genre "Galeries Lafayette", j'avoue que je ne voyais pas vraiment où tout cela allait nous mener... C'est là que le basculement survient en milieu de l'album et que le récit prend une toute autre voie jusqu'au final qui donne envie de relire l'album. Une franche réussite et un petit tour de force pour cette BD qui sans texte réussit à nous mener par le bout du nez jusqu'à sa conclusion !
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