Alerte rouge (Rdeci Alarm)
Quand à l’aube des années 80, le punk rock faisait résonner ses guitares enragées contre les hauts murs du régime de l’ex-Yougoslavie... Une évocation tendre et survoltée d’un auteur slovène.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Cà et Là Les petits éditeurs indépendants Punk [EX] Yougoslavie
Alerte rouge est un récit semi-autobiographique dans le milieu de la scène alternative yougoslave des années 1980, alors que le punk rock franchit le rideau de fer pour devenir un mouvement important, le plus souvent réprimé par le régime autoritaire de l’époque. A la fin des années 1990, Youri, alias La Taupe, ancien batteur du groupe de punk rock Alerte Rouge devenu graphiste, croise le chemin de Mike, l’ex-chanteur du groupe maintenant homme d’affaires. Ils se remémorent avec nostalgie, mais aussi avec une pointe d’ironie, leurs débuts et leurs premiers concerts alors qu’ils étaient encore lycéens. Puis arrive la traditionnelle séparation des membres du groupe, la plongée dans la came mais aussi la hantise du service militaire quelques années plus tard, au moment de l’indépendance de la Slovénie et de la guerre dans l’ex-Yougoslavie. Entre 1980 et 2010, ont suit l’évolution de ces ex jeune révoltés désormais bien assagis
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Date de parution | 11 Septembre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'avais déjà lu Fugazi - Music Club qui parlait de la musique des jeunes rebelles dans un pays du bloc soviétique aux alentours de la chute du rideau de fer. J'avais eu du mal à apprécier pleinement ma lecture car j'avais le sentiment d'être plongé d'emblée dans un cadre méconnu et pas facile à capter tant l'auteur s'adresse à ses compatriotes sur des sujets qu'eux seuls connaissent bien, abordant en parallèle des thèmes musicaux et de société qui ne me parlaient pas vraiment. J'ai eu la même impression en entamant la lecture d'Alerte Rouge. Il faut dire que les histoires courtes qui composent cet album ont été publiées pour le public slovène il y a plus de vingt ans, pour l'histoire titre en tout cas, et n'ont été rééditées à l'international que bien plus tard. Il m'a donc fallu un bon moment pour m'imprégner de la première et plus ancienne de ces histoires. Le graphisme n'y aidait pas non plus car autant il est dans un noir et blanc assez classe avec ses aplats bien profonds, autant le trait y est confus et les détails pas toujours simples à déchiffrer. Mais après cette première histoire qui racontait les souvenirs de jeunesse du narrateur (et auteur ?) quand il était un adolescent punk, les histoires suivantes se focalisent davantage sur ce que ce personnage est devenu ensuite, une fois adulte et père de famille, avec toujours ses souvenirs derrière lui toutefois, et pas mal de regrets. Le dessin s'y fait plus rond, plus clair et agréable. Et j'ai bien davantage été touché par cet homme qui voit sa jeunesse s'éloigner et le monde changer autour de lui que par les rebelles nihilistes de la première histoire. Il y a une part d'autodérision amère mais assez sympathique. Et j'ai aussi pu profiter des informations ainsi distillées sur l'évolution de la Slovénie des années 80 jusqu'aux années 2010, même si on n'en voit que des bribes. Ce n'est pas une BD que je retiendrais forcément en mémoire, mais elle n'est pas mal dans l'ensemble.
Tiens c'est marrant, j'avais même oublié cette lecture... C'est en voyant l'avis de Blue Boy que j'ai dû chercher où j'avais bien pu lire cette BD... C'est en fait à Angoulême cette année, dans les salons presse de la mairie proposant cette année une large sélection de BD qui étaient en compétition (ici catégorie Patrimoine) que j'étais tombé sur ce titre qui, malgré l'intérêt du sujet, lasse assez rapidement le lecteur par une narration trop lourde. Car pourtant l'auteur a du talent. Son trait est bien affuté et TBC nous propose un noir et blanc très maîtrisé qui va parfaitement au récit inspiré de sa découvert du punk dans les années 80' à Ljubljana, aujourd'hui capitale de la Slovénie, mais à l'époque c'était encore la Yougoslavie communiste de Tito. La musique et surtout le punk, fût un vecteur de contestation idéal pour toute une partie de la jeunesse de l'époque. Et c'est là que l'auteur Tomaž Lavric rate quelque chose, car si le sujet est très intéressant dans ce contexte historique, on a l'impression qu'à vouloir trop en dire il noie son lecteur d'anecdotes et d'informations et tout ça devient par moment trop bavard. Il n'en reste pas moins que cette fiction inspirée de la propre jeunesse de l'auteur nous offre une vision d'un moment clé par un prisme original, dommage que la narration ait manqué de fluidité. (2.5/5)
Auteur complet avec à son actif plusieurs ouvrages publiés depuis la fin des années 90, TBC alias Tomaž Lavric reste pourtant assez méconnu en France. Il revient ici sur ses années de lycée en Slovénie, où il raconte ses frasques en tant que batteur du groupe de punk rock Alerte rouge. Contestataire par excellence, ce mouvement tentait en musique d’ébranler les institutions. Dans ce petit état membre de l’ex-Yougoslavie sous emprise soviétique, la cible était évidemment le régime des apparatchiks. L’originalité de cette bande dessinée est de nous faire découvrir une facette peu connue d’une société appartenant au bloc soviétique, même si le maréchal Tito avait réussi à se tenir à l’écart en optant pour un communisme plus « soft ». A l’époque, l’occidental lambda croyait — bien légitimement dans la mesure où les moyens d’information n’était pas les mêmes que ceux de 2020 — que la vie sociale dans ces pays était figée dans une sorte de gangue gelée. TBC nous raconte avec un humour parfois cynique comment à sa manière il résistait à l’endoctrinement d’un régime autoritaire qui ne souffrait aucune opposition, aucune voix dissonante, a fortiori quand elle trouvait son origine dans le camp ennemi. La narration reflète assez bien cette époque chaotique, avec la fureur et la hargne dont se nourrissait le mouvement punk, qui pensait le suicide collectif comme seule alternative à l’épouvantable condition humaine et le cirque mensonger qui en découle. Le trait de l’auteur slovène est assuré et il est clair que l’on n’a pas affaire à un débutant. Suffisamment nerveux et dynamique pour restituer l’ambiance de cette atmosphère délétère où sourdait la révolte vis-à-vis d’un système usé trop vite, il s’accommode plutôt bien de ce noir et blanc aux accents underground. Mais très vite pourtant, le lecteur est obligé de se rendre à l’évidence. Malgré ce que ces souvenirs peuvent avoir de sympathique dans leur folklore loser, ils sont rapidement noyés par un déluge textuel, une diarrhée verbale assez indigeste, avec en moyenne quatre phylactères bien chargés par case, et pas toujours de la plus grande pertinence. Le constat est cruel : c’est une thématique rare et digne d’intérêt qui vient ici se fracasser sur une narration ratée, alourdie par un besoin— certainement compréhensible — de tout dire, de tout expliquer, à l’excès. Ce qui aurait pu être une comédie sociale enlevée et subversive s’est transformée en verbiage interminable et anodin.
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