L'Oasis
Quelque part entre les "Souvenirs entomologiques" de Jean-Henri Fabre et l'émission « Silence, ça pousse » sur France 5, Simon Hureau raconte par le menu comment il a peu à peu redonné vie à son jardin abandonné à la friche par son ancien propriétaire.
Au jardin Autobiographie Dargaud Documentaires École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg La botanique Les prix lecteurs BDTheque 2020 One-shots, le best-of
Sans connaissances particulières sur le sujet, l'auteur, avec beaucoup de recherches, de passion et d'huile de coude, parvient à recréer à partir d'un no-man's land une véritable oasis de biodiversité, et témoigne ainsi des capacités de résilience de la nature, pour peu qu'on lui file un coup de main. Un livre d'autodidacte érudit, passionné et passionnant.
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Date de parution | 12 Juin 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je vis à Paris, je n'ai absolument pas de jardin mais, le temps passant (et un peu grâce ou à cause du confinement), de plus en plus je me dis qu'à terme, je ne survivrai peut être pas sans un bout, ou gros bout, de jardin. Une fois qu'on en est là, il y a encore l'embarras du choix, et comme Simon Hureau, je connais tout un tas de gens qui ont des jardins qui se résument à de gigantesques étendues d'herbe coupée à 5mm entourées par des haies étanches de thuyas. Certes, ça peut être pas mal pour se faire un petit foot ou taper le volant, mais pas non plus besoin d'avoir une étendue infinie d'herbe sans vie pour cela. Donc, comment donner de la vie à son jardin, en profiter sans être envahi et dépassé mais tout en respectant la vie et en laissant la nature se développer ? C’est exactement ce que SImon Hureau a voulu faire dans son jardin, et c’est ce qu’il nous explique dans cette bande dessinée d’un peu plus de 100 pages. 100 pages d’explications jardinesques, d’exposition d’insectes en tout genre, on aurait pu craindre que ça fasse un peu lourd et peu digeste. En réalité, c’est tout le contraire. Simon Hureau explique clairement, avec des termes plutôt simples pour le novice que je suis, et en entrecoupant ces explications avec des dialogues, des situations qui lui sont arrivées, ou des pointes d’humour dans la narration. Et, surtout, il ne passe jamais plus de trois ou quatre pages par situation, ce qui fait qu’on ne se lasse pas et qu’il n’y a pas le temps de se perdre. Je ne nie pas que j’ai trouvé certains passages un peu moins passionnants, notamment les doubles pages où sont décrits des insectes et papillons. Mais la beauté du dessin permet de faire passer la chose, les insectes sont vraiment magnifiques sous le pinceau de Hureau. Et globalement, on ne s’ennuie pas. J’ai aimé le sujet et, je l’ai dit, j’ai bien aimé la narration, le choix des mots tantôt techniques tantôt plus familiers, ce qui apporte beaucoup de légèreté à l’ensemble. Ce livre est agréable à lire car Hureau nous embarque dans son quotidien, sa philosophie, et j’aime cette philosophie. Il a l’air apaisé, sans cesse curieux. Il est dans une démarche respectueuse de la nature : pas de pesticides, nourissage de la terre par des éléments naturels, pas d’élimination de la faune ou très partiellement, dans un souci d’équilibrage. Le but est sans cesse de ramener de la vie dans le jardin, de se créer une petite “oasis” de nature, et à a fermeture du livre on est forcément un peu jaloux de ce qu’il a réussi à faire. Le dessin est vraiment très bon, j’ai aimé le trait et sa façon de représenter les arbres et plantes. Les insectes en gros plans sont quant à eux totalement magnifiques. Le choix de couleurs douces et vives à la fois marche très bien, l’impression de nature est très bien rendue sans pour autant se transformer en une explosion de couleurs. Je ne saurais que conseiller la lecture de cette bd qui fait du bien, et redonne le sourire.
Simon Hureau nous fait visiter son jardin et nous explique sa démarche destinée à favoriser la biodiversité. Surtout, il nous fait partager son enthousiasme, sa curiosité, sa passion et ses expériences… Et j’ai adoré. Parti de rien, il va constamment chercher à enrichir cet espace vert. Non seulement en créant divers lieux d’accueil pour la flore comme pour la faune (mais l’un ne va pas sans l’autre) mais aussi en agrandissant progressivement ce territoire, en le débarrassant de l’inutile à la nature (les cotonéasters, par exemple, vont rapidement être éjectés) et en l’ouvrant au maximum au vivant. Les planches nous offrent très régulièrement des dessins de la faune de son jardin. Oiseaux, insectes, arachnides, reptiles, batraciens, petits mammifères sont ainsi dessinés avec justesse et simplicité. On peut donc à loisir reconnaître tel ou tel animal croisé dans son propre jardin (j'ai bien aimé la larve de dytique :) ). La flore n’est bien entendu pas en reste et l’auteur a l’intelligence de ne pas nous assommer de références scientifique. Toutes les descriptions restent accessibles au grand public, au même titre que son expérience car ce qui est décrit dans ce livre est faisable partout -pourvu que l'on ait un jardin- et par tous -pourvu que l'on ait envie de consacrer du temps à son jardin et de laisser de la place aux autres vivants-. La complicité nait, et je me suis senti de la même tribu que Simon Hureau. D’autant plus que l’auteur n’est pas donneur de leçon mais reste toujours dans le partage de passion… Et les gens passionnés demeurent à mes yeux les plus passionnants. Cette démarche se rapprochant beaucoup de ma philosophie jardinière, ce livre m’a enthousiasmé, me donnant l’envie d’encore créer plus d’espaces hôtes pour le ‘sauvage’ dans mon jardin. J’espère qu’il fera naître des vocations chez d’autres lecteurs. A mes yeux, en tous les cas, il s’agit d’un exercice parfaitement réussi. Je conseille vivement.
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