Corto Maltese
Angoulême 1976 : Prix œuvre réaliste étrangère pour La Ballade de la Mer Salée Le marin légendaire à la boucle d'oreille, qui traverse le monde, le temps, l'Histoire, les révolutions, les rêves...
1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale 1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Angoulême : récapitulatif des séries primées Auteurs italiens Best of 1970-1979 Casterman Corto Maltese magazine Journal Tintin Les années (A SUIVRE) Linus Noir et blanc Phénix Pif Gadget Pratt
ORIGINE HISTORIQUE DE CORTO MALTESE : Un jeune marin, certainement italien, né à malte, voyageant avec un passeport britannique, s'est fait remarqué lors de ses actions à la bataille de Pékin en 1900. On le retrouve en 1905 dans les souvenirs du capitaine J.Conrad, à ses côtés sur un navire australien, ensuite à Trieste, avec l'écrivain irlandais James Joyce, puis sa célèbre alliance avec Jonh Reed le plaça sur la liste noire de la mafia des capitaines yankees, l'amenant par la suite dans le trafic de contrebande aux antilles et au brésil. La dernière allusion historique au personnages se trouve dans les rapports accusant Jack London, alors correspondant de guerre à Port-Arthur, en 1913. On reprochait alors au célèbre romancier d'être trop bavard, et surtout d'avoir des amis dangereux, comme ce certain maltais... LA NAISSANCE DU PERSONNAGE D'HUGO PRATT: Corto Maltese est né le 10 juillet 1887 à La Valette à Malte, d'un père marin britannique originaire des Cornouailles et d'une mère gitane, "la niña de Gibraltar", née à Séville. Corto Maltese est donc comme son père sujet britannique. Il réside officiellement à Antigua, aux Antilles, mais la seule demeure qu'on lui connaisse se situe à Hong-Kong. à 10 ans il habite à Cordoue le quartier juif. Une célèbre anecdote : quand la gitane Amalia, entreprend de lire l'avenir du garçon dans le creux de sa main, elle s'aperçoit qu'il lui manque la ligne de chance. Contrarié, il prit le rasoir de son père, et "dessine un long sillon profond" au creux de sa paume. Sa "chance" était traçée ! Au cours de l'été 1900, Corto Maltese fait un premier séjour en Chine, en pleine guerre des Boxers (juin-août 1900). Son premier fait d'arme : la destruction d'un canon. Il a 13 ans. L'appel du large le fait s'embarquer, en 1904, sur la goélette "vanita dorada" vers le Caire. On le retrouve en Mandchourie vers la fin de l'année 1904, durant la guerre russo-japonaise (février 1904-septembre 1905). Il devient l'ami de Jack London alors correspondant de guerre. Il rencontre aussi pour la première fois Raspoutine, déserteur de l'armée du tsar, avec lequel il embarque pour l'Afrique à la recherche de mines d'or en Ethiopie. (cf LA JEUNESSE DE CORTO MALTESE). Mais une mutinerie éclate à bord du navire, et c'est en Argentine que les deux hommes arrivent. Nous sommes en 1905, en Patagonie, Corto et Raspoutine rencontrent Butch Cassidy, Sundance Kid et Etta place, les célèbres hors-la-loi recherchés aux Etats-Unis. En 1907 Corto est en Italie, à Ancône, où il croise un certain Djougatchvili, le futur Staline, pour l'heure modeste portier de nuit dans un hôtel. (Grâce à cette amitié, Corto sortira sans dommage d'un mauvais pas, 14 ans plus tard, dans La maison dorée de Samarkand.) Retour en Argentine en 1908, il retrouve Jack London. En 1910 officier en second sur le Bostonian, un navire qui fait route de Boston à Liverpool. A bord, Corto prend la défense de John Reed, futur dirigeant de l'international communiste, alors jeune mousse, accusé par le capitaine du bateau d'avoir provoqué la mort d'un autre mousse. Corto parvient à innocenter Reed au moment de son procès. Il est dès lors inscrit sur la "liste noire" des capitaines. Voilà Corto devenu pirate. Il travaille en 1913 pour le compte du mystérieux "Moine" et parcours le Pacifique Sud. Le 31 octobre, l'équipage de Corto se mutine ("l'autorité perd sa valeur quand elle doit être exercée..."). Il est abandonné en pleine mer, attaché sur une planche. Le lendemain, le 1er novembre 1913, il est recueilli par Raspoutine, lui-même membre de l'organisation secrète du Moine. C'est le début de « LA BALLADE DE LA MER SALEE ». Sur l'île imaginaire d'Escondida Corto Maltese et ses compagnons apprennent de la bouche du Moine le début de la guerre en Europe. Commence alors un traffic louche au profit de l'Allemagne. on découvre alors Pandora et Caïn Groovesnore, jeunes milliardaires en otage au profit de Raspoutine, ainsi que le maori Tarao. Et un jour quelconque de janvier 1915, Corto Maltese et Raspoutine quittent Escondida, en direction de l'île Pitcairn Début des aventures sud-américaines. En 1916, Corto Maltese, en compagnie du professeur Jeremiah Steiner de l'Université de Prague et du jeune Tristan Bantam, se balade successivement à Paramaribo, Saint-Laurent-du-Maroni, Salvador de Bahia, au Brésil et à l'embouchure de l'Amazonie. En 1917 il est à Saint-Kitts aux Antilles, au Honduras-Britannique (Belize), à Maracaibo au Vénézuela, au Honduras, à la Barbade, sur le delta de l'Orenoque et dans la forêt amazonienne péruvienne. Des aventures compilées dans « SOUS LE SIGNE DU CAPRICORNE » et « CORTO TOUJOURS UN PEU PLUS LOIN ». c'est ici qu'apparaissent les personnages de Bouche Dorée et Morgana Bantam, la voyante et sa disciple. On parlera aussi pour la première fois du royaume de Mû. Corto traverse l'Atlantique et achève l'année 1917 en Europe. « LES CELTIQUES » débutent à Venise où il entame une chasse au trésor avec Venexiana Stevenson, dangereuse aventurière. Puis c'est la mer Adriatique pendant la bataille de Carporetto (24 octobre 1917), Dublin dans une Irlande en lutte pour l'indépendance et Stonehenge, en Angleterre, au milieu des fées et des corbeaux bavards dans un songe d'un matin d'hiver. Il va y rencontrer Banshee Finn, femme porte-malheur, le major O'Sullivan et une fois encore Caïn Groovesnore. Au printemps 1918 Corto est en France où il assiste le 21 avril à la fin du baron rouge, abattu dans le ciel de Vaux-sur-Somme. L'album se termine sur les plages de la mer du Nord. Lorsque « LES ETHIOPIQUES » débutent un mois plus tard, Corto Matese est au Yémen, sous occupation turque. Cush, le guerrier Danakil, fait son apparition dans le premier épisode. En septembre, le 13, il passe en Somalie britannique, puis en Ethiopie et enfin une incursion en Afrique orientale allemande avec les hommes léopard. Il fera la connaissance de Shamael, "l'ange tentateur". C'est à Hong-Kong, chez lui, (il habite un quartier "là où se trouvent plein de voleurs et de jolies femmes") que Corto apprend la fin de la guerre le 11 novembre 1918. Raspoutine est là aussi, élégant dans son imperméable, impatient de vivre de nouvelles aventures. C'est le début de « CORTO MALTESE EN SIBERIE ». Mandatés par une société secrète chinoise, les Lanternes rouges, ils partent ensemble à la recherche du trésor fort convoité de la famille impériale russe. S'en accaparer ne sera pas aisé, car l'or circule dans un train blindé, celui de l'Amiral Kolchak. En 1919, Corto arrive à Shangaï, puis dans la région des trois frontières, aux confins de la Mandchourie, de la Mongolie et de la Sibérie. Une zone particulièrement trouble à cette époque, où s'affrontent les bolcheviks et les troupes de la Russie blanche, soutenues par les puissances occidentales. Corto rencontre Von Ungern-Sternberg, le baron fou, toujours à la recherche de ses gloires et de ses folies, ainsi que la révolutionnaires Shangaï-Li. Après la destruction du train du général Tchang en février 1920, il regagne Honk-Kong. Cette aventure asiatique s'achève dans la province chinoise du Jiangxi, en avril 1920. Avant de regagner bientôt l'Asie, Corto Maltese fait escale du 19 au 25 avril 1921 à Venise pour une histoire présentée comme une pièce de théâtre : "FABLES DE VENISE" . L’action se déroule en avril 1921. le marin, va d’énigmes en énigmes pour découvrir la fabuleuse émeraude « clavicule de Salomon ». Il y rencontrera pour la première fois Louise Brookzowyk, dite la Belle de Milan, mais aussi Hipiaza Theone la philosophe, Petit Pied d’Argent, des chemises noires et des franc-maçons. Et comme de Venise à Rhodes, il n'y a que la Méditerranée à traverser, Corto arrive donc dans l'île de la mer Egée à l'automne. C'est le début d'un nouveau périple à travers l'Asie, « LA MAISON DOREE DE SAMARKAND » qui le mènera des côtes turques aux montagnes afghanes. Pendant près d'un an, Corto part à la recherche du trésor d'Alexandre le Grand. Il débarque à Adana, traverse la Turquie jusqu'à Van, sillonne l'Azerbaïdjan. Là, arrêté par des soldats de l'Armée rouge, il manque d'être fusillé par un commissaire du peuple un tantinet expéditif. Mais un coup de fil à Staline (devenu, depuis Ancône commissaire du peuple aux nationalité) le sauvera. Ensuite Corto traverse la mer Caspienne de Bakou à Krasnovodsk. Puis il rejoint Raspoutine dans l'émirat de Boukhara. Au Tadjikistan, les deux hommes sont témoins de la mort d'Enver Pacha, le 4 août 1922. Pour finir, ils gagnent l'Afghanistan où ils entrevoient (une hallucination ?) le trésor tant recherché. L’histoire prend fin alors que Corto et Raspoutine s'apprêtent à franchir la frontière avec le Pakistan en compagnie d'une colonne de soldats britanniques. Durant tout l’album, Corto jouera à cache-cache avec son double, le soldat Chevket. Juin 1923, Corto Maltese est en Argentine. Dans « TANGO » il enquête sur la disparition de Louise Brookzowyc, (hommage évident de Pratt à Louise Brooks) rencontrée dans « Fable de Venise ». Il devra se méfier de l'organisation "Warsavia", un réseau de prostitution pour lequel la jeune femme travaillait. Corto tue Estevez, le chef de la police, responsable de la mort de Louise. Il retrouve Fosforito et Butch Cassidy, rencontré 15 ans auparavant. Il quitte l'Argentine le soir du 20 juin. En 1924, Corto Maltese se promène dans les cantons suisses. C'est les Hélvétiques. Avec le professeur Steiner il se rend à Montagnola chez l'écrivain Herman Hesse. Malgré son sceptiscisme, Corto est confronté à la mythologie suisse, et rencontre la Mort, le chevalier Kinglsor, King Kong et Jeanne d’Arc. En songe, il boit le philtre de Paracelse, et devient immortel. Mais est-ce vraiment un songe ? LA FIN DE CORTO : C'est en 1925 que Corto Maltese, à l'invitation de Levi Colombia, part avec Raspoutine à la recherche de l'Atlantide, le continent « MU ». il y retrouve Tristan Bantam et Bouche Dorée. C’est le dernier tome de ses aventures. Décembre 1928, Corto est à Harar en Ethiopie en compagnie du romancier Henry de Monfreid et du paléontologue et théologien Teilhard de Chardin. Une aquarelle de Hugo Pratt parue dans la revue Corto l'atteste. En 1936 il s'engage dans les Brigades internationales et participe à la dernière des aventures romantiques, la guerre d'Espagne. En 1941, Cush,(rencontré dans « les Ethiopique ») raconte dans la l'album "LES SCORPIONS DU DESERT" :"Il paraît qu'il a disparu pendant la guerre d'Espagne". "Dans un monde où tout est électronique, où tout est calculé et industrialisé, il n'y a pas de place pour un type comme Corto Maltese." (sic HP).
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Date de parution | Mai 1975 |
Statut histoire | Une histoire par tome 12 tomes parus |
Les avis
Oups ! en terminant "La ligne de vie" je me suis aperçu que je n'avais pas avisé Corto Maltese! Je reviendrai plus tard sur les opus 13-17 (à ce jour) Canales/Pellejero pour me circonscrire aux 12 opus Hugo Pratt (comme sur le site). Je suis de la génération Corto, et Pratt avec Bilal sont les deux auteurs qui m'ont fait sortir de la BD jeunesse. Ce ne fut pas simple tellement Corto est un personnage aux antipodes d'un Tintin par exemple. Il faut probablement avoir soi-même un certain vécu dans plusieurs domaines ( histoire, voyage, littérature) pour bien savourer l'univers de Pratt. En effet la narration parfois très poétique, des personnages énigmatiques et ambigus des lieux hors des circuits traditionnels rendent la lecture rébarbative ou passionnante. Corto c'est aussi l'apparition, dans le monde un peu figé de la BD, de personnages non Blancs d'une grande dignité et profondeur psychologique et graphique. C'est l'éclosion d'un monde nouveau post colonial qui se crée sur les désillusions et les injustices de l'ancien. Car Corto promène partout sur les océans et les continents sa désillusion des causes justes condamnées à se soumettre ou à utiliser des moyens peu nobles. Le graphisme souvent en N&B fut aussi une rupture d'un monde ancien. En travaillant principalement sur les expressions énigmatiques des personnages au discours rares mais précieux Pratt nous fais plonger encore plus profondément dans cette atmosphère onirique presque fantastique. On peut probablement ne pas aimer Corto à l'exemple de Tintin. Il reste toutefois un personnage incontournable de l'histoire de la BD.
Je viens de finir de regarder "Hugo Pratt trait pour trait" et cette expression m'est restée en tête : le plaisir de se perdre. C'est effectivement comme ça que je résumerais Corto Maltese, ou comme une BD qui incarne parfaitement l'aventure de la lecture. Car pour moi son étiquette de BD d'aventure va bien au-delà des péripéties, faites de piraterie, de mythes, ou de guerres : c'est même inhérent au traitement qu'en fait Pratt (d'ailleurs, les Corto plus éloignés des clichés exotiques conservent cette qualité). C'est-à-dire qu'on ouvre un Corto comme on ouvrirait les yeux sur le monde, partant à l'aventure : avec curiosité, sans trop anticiper ni chercher le contrôle sur l'histoire, en acceptant de ne pas la maîtriser de bout en bout, en acceptant ce qui peut nous échapper, des références ésotériques obscures jusqu'aux motivations parfois floues du marin. Ce qui favorise cet égarement, ce sont toutes les zones d'ombre à investir : les silences sur deux cases, où les regards en disent long ; Corto qui songe, libre à nous de deviner à quoi ; une réplique intrigante, au sens profond ; ou simplement le trait de Pratt, contrasté, aérien, qui parfois confine à l'abstraction. Ce sont tous ces espaces, ainsi que les petites bizarreries qui à mon sens font le sel de cette BD : Bouche dorée vieille de plusieurs siècles, des années plus longues à Venise, deux lunes dans le ciel de Buenos Aires... Alors, à mesure qu'on lit, on ne s'interroge plus seulement sur les mécaniques de l'intrigue (aussi intéressante soit-elle), mais on s'attache à des symboles, à des thèmes récurrents, on lie les histoires les unes aux autres, et on dégage un maximum de sens sur ce que tout ça nous dit du monde, de la vision qu'en a Pratt. Et c'est une vision que je trouve plutôt séduisante, dominée par la curiosité, où le trajet vaut toujours plus que la destination. Corto nous le montre bien, lui qui si souvent ne trouve pas de trésor voire le détruit, mais sourit, car le jeu lui a plu. Le plaisir de se perdre, pour lui comme pour nous. Jamais inutilement toutefois, car en chemin, telle cause ou telle amie auront été aidées, d'autres auront trouvé la résolution qui manque à Corto (ou qu'il ne cherche pas). Son implication partielle dans l'Histoire, de même que le juste dosage de Pratt entre fiction pure et réalité historique, empêchent cette BD de n'être qu'une échappatoire. Ici, la fiction ne prévaut pas sur le réel mais a vocation à le rendre plus intense. Après avoir fini un Corto, je n'ai pas juste envie de le relire ou d'en relire d'autres, mais aussi d'élargir ma culture géopolitique, d'explorer le monde, et, pourquoi pas, de marcher sur les traces du marin. Donc, se perdre, oui, mais activement.
En passant sur cette page, l'âme tranquille j'ai découvert avec étonnement que l'on pouvait ne pas aimer Corto Maltese. Pour être franc ça ne m'était jamais venu à l’esprit. Corto Maltese me berce depuis l’adolescence et fait partie de mon imaginaire. C'est une BD fondatrice qui jusqu'alors avait une dimension universelle pour moi. Tout le monde aime Corto. Il est certain que c'est une série qui se prête particulièrement à l’adolescence, c'est très initiatique. Les valeurs développées correspondent, ajouté à cela le voyage, l'aventure... Les dessins sont sublimes, lâchés, beaux même lorsqu'ils sont "faits à la truelle", voire surtout lorsqu'ils sont particulièrement faits à la truelle. Une gestion du noir et blanc et des aplats... Mais par dessus tout, c'est la poésie, l'ambiance, le détachement et l'affectation de Corto qui nous portent. Oui autant l'appeler directement Corto, ce n'est pas un personnage mais un ami qui nous accompagne lors de nos lectures ; nous, comme les autres, finissons pour nous attacher à lui. Corto c'est un peu le chat qui s'en va tout seul. Le rêve, la mélancolie, les contes, l'aventure, le voyage, l'amitié, un zeste de mysticisme, et vous voilà embarqués pour une nouvelle aventure.
J'apprécie cette BD et particulièrement ce personnage de Corto Maltese qui évolue dans un univers parfois sombre et inhospitalier, traverse le temps et l'espace avec élégance et nostalgie. Un beau travail de Hugo Pratt qui maîtrise le genre et produit cette saga dont on ne se lasse pas. Cela fait partie des albums que je relis avec plaisir à mes moments perdus et qui ont peut être influencé mon existence. Je vous souhaite de partager mon enthousiasme, mais il est possible que cela déplaise à un public plus jeune. Bonne lecture
Je pense sincèrement que "Corto Maltese" est la BD la plus difficile à juger que j'aie jamais lue. Il s'agit indéniablement d'une œuvre unique, si différente et difficile d'accès qu'elle ne peut qu'être au centre de débats sans fin, entre haine et amour. Comme le soulignait justement Ju, c'est du quitte ou double en ce qui concerne ce marin à la boucle d'oreille. Et je comprends totalement les avis négatifs à ce sujet. Et pourtant, je dois être honnête et dire que j'ai apprécié, réellement apprécié cette œuvre. Même si je lui trouve quelques défauts, ma note est le reflet autant de mon appréciation que la considération de celle-ci dans le monde de la Bande-dessinée en général. Pour cela, Corto Maltese est désormais culte. Ce qui est amusant, c'est que j'ai gardé l'intégrale des albums (dans une magnifique collection pour les cinquante ans) pendant pratiquement six mois sur ma table de nuit, sans ouvrir ou me lancer dans la lecture. A la fois par la peur d'une attente trop grande, mais aussi rebuté par le dessin et l'aspect très poétique/rêveur. Cependant, je me suis finalement lancé, pour me faire happer pendant près d'une semaine par les différents albums, jusqu’à ressortir de ma lecture sur un petit nuage ! La lecture fut un réel plaisir, et j'ai réussi à passer outre les "défauts" de la BD qui la rendent souvent si inaccessible : le dessin qui peut réellement bloquer, par sa façon très particulière d'être, les nombreux dialogues parfois perchés et poétiques qui alourdissent le rythme, et bien sûr l'aspect très poétique et onirique de l'ensemble. Mais si l'on arrive à rentrer dedans, il se dégage de Corto Maltese quelque chose de magnifique, me donnant l'impression de lire les aventures du dernier des aventuriers. Parcourant le monde, rencontrant des personnes de tous bords et de tous genres, Corto Maltese s'en tire toujours, inchangé mais affecté par tout ce qu'il vit. Vieillissant au fur et à mesure des albums, il continue son parcours inlassable, plus intéressé par l'aventure que par le trésor, cherchant quelque chose qu'il ne trouvera jamais. Ce qui m'a énormément aidé, dans cette lecture, c'est que la collection que j'ai a eu l'ingénieuse idée de mettre en appendice de chaque album quelques notes sur les inspirations et hommages que Pratt rend dans son œuvre. Je me suis ainsi retrouvé à comprendre certaines répliques qui peuvent sembler parfois saugrenues, et comprendre également comment ces inspirations (souvent de romans d'aventures du XIXe siècle d'ailleurs) ont formé le personnage et le monde de Corto Maltese. Cependant, j'ai tout de même une réserve sur les albums les plus poétiques et oniriques, souvent considérés comme les meilleurs de la série (Venise, Mu le dernier continent, ...) et qui m'ont nettement moins plu que certains autres albums qui sont, eux, beaucoup plus politiques dans leur message. Entre les guerres, où aucun camp n'est bon et tout le monde aussi écrasé par ce qu'il se passe, les révolutions partant d'une bonne volonté et détournées par le profit, l'intérêt personnel, la jalousie ou la trahison. Il y a une ambivalence qui traverse plusieurs albums, dans lesquels Corto Maltese se contente d'être spectateur d'un monde qui semble violent, cruel et froid avec ses protagonistes, et dans lequel il se contentera de survivre et appliquer sa morale. J'ai énormément apprécié ce qui se dégageait de Corto Maltese en Sibérie ou Les Celtiques, justement, où la petite histoire et la grande se mélangent avec une pointe d'amertume parfois bien sentie. Je suis ressorti de ces albums plein de questions, les yeux dans le vague et l'esprit divaguant. Le dessin de Pratt est unique en son genre, et je suis de ceux qui adorent regarder des cases dont les compositions pourtant simples peuvent donner lieu à quelque chose d'enchanteur et de merveilleux. Je me suis laissé entraîner plus d'une fois dans la contemplation des images, bien qu'elles ne soient pas des plus détaillées ou des plus belles que j'aie jamais vues. Hugo Pratt a su capter quelque chose dans le regard, les gestes, l'attitude et la colorisation (j'ai la version couleur et j'en suis bien content !) qui capte mon regard. Une mélancolie imprègne les pages, une contemplation et un véritable sens de l'esthétique dans les paysages. Je me suis senti transporté dans les différents lieux qu'il représentait à chaque fois, sans aucun mal, et c'est fabuleux de pouvoir le faire aussi bien. C'est d'ailleurs le gros point fort, selon moi, de cette série : l'ambiance et la façon dont elle sait me happer pour me plonger dedans. Corto Maltese est une série faite pour les rêveurs, les lecteurs qui se perdent dans leur lecture et les mélancoliques qui aiment sourire. Il y a quelque chose d'indescriptible qui passe à la lecture, qui me plonge dedans sans pouvoir me faire sortir. Et rien qu'en cela, je le trouve assez incroyable. Ce qui explique sûrement que ceux qui ne peuvent rentrer dedans soient si distants avec cette série. On ne peux que plonger ou rester sur le bord. Corto Maltese est une série qui a fait date dans le monde de la bande-dessinée, et je comprends totalement pourquoi, maintenant que j'ai découvert toute la série et que j'ai eu le loisir de me plonger dedans, avec délice et en prenant mon temps. C'est le genre de série dont j'ai du mal à expliquer tout ce que je peux y trouver, j'arrêterais donc ici ma logorrhée en concluant sur ces simples mots : qu'est-ce que ce fut bon comme lecture !
Corto déchaine les passions, cela se ressent jusque dans les commentaires de bdtheque. La plupart des détracteurs trouvent ça ennuyeux au possible, pas particulièrement beau et franchement compliqué. Et je comprends tout à fait. En fait, chaque fois que je feuillette un des albums, sans véritablement rentrer dedans, je me demande pourquoi je les possède tous. C'est souvent assez compliqué, un peu perché et, parfois, les dessins de certaines cases sont assez brouillons. En réalité, je pense que Corto Maltese est une des bd les plus inaccessibles que je connaisse, dans le sens où c'est vraiment spécial, il faut accrocher. Et moi, dès que je me mets sérieusement dedans, je ne peux plus en sortir. Je me retrouve happé dans un univers poétique mais très ancré dans le réel et l'histoire. J'apprécie réellement la justesse et l'ancrage historiques. Et ce petit côté mystique qu'il y a dans les albums me branche bien. Il y a toujours des histoires de conte, de magie, de légende... Entrer dans Corto, c'est entrer dans un univers particulier et unique, avec des histoires toujours rocambolesques et des personnages souvent très hauts en couleur. Mention spéciale à "ce fou de Raspoutine", cet espèce de diable qui accompagne le héros même contre son gré et dont il ne peut, à son regret, se passer. L'autre personnage qui m'a marqué est Cush, le guerrier dans "Les Ethiopiques" qui massacre allègrement mais ne raterait pour rien au monde la pause thé. Certes, parfois, les dialogues sont assez compliqué et c'est assez intello. Mais je trouve que ça colle bien au dessin et au propos. Quant au dessin, je reconnais qu'il est assez spécial. Mais personnellement, je suis un grand fan. Je trouve ça magnifique (même si parfois inégal). Je pourrais contempler certaines planches pendant des heures, comme des tableaux. Après ça reste très personnel. Au final, je ne peux que conseiller. Mais il faut vraiment s'y plonger. Pour commencer, je ne conseille pas forcément La Ballade De La Mer Salée, car c'est assez lourd pour un début. Et comme il n'y a pas besoin de lire dans l'ordre, il vaut mieux commencer par Les Ethiopiques (qui est, je pense, mon préféré), par exemple, ou par La Jeunesse, qui sont bien plus courts.
J'ai un vrai problème avec l'oeuvre de Pratt ; impossible de lire un de ses ouvrages sans le lâcher pour le reprendre plus tard, avec parfois six à dix aller-retours tant je me force et me fait violence pour tout de même terminer le récit. Celui-ci, par ailleurs le premier que j'ai lu de cet auteur, n'échappe pas à la règle. J'ai essayé de comprendre pourquoi j'ai ce rejet sur ce qu'il a produit. Je crois pouvoir aujourd'hui, après avoir très courageusement, voire héroïquement, lu 4 Corto, un Fort Weehling, et un Scorpion du Désert, y répondre. D'abord chez Corto, le héros me semble un pur produit irréel fantasmé (le mot est faible) par son auteur. A ce personnage là, j'y crois pas 5 secondes. Alors quant à suivre de bout en bout une de ses aventures, sans jeu de mot, ... c'est vraiment galère. Ensuite, je trouve fondamentalement le dessin de Pratt moche, totalement et invraisemblablement moche ! Tous les personnages sont figés comme des balais. Les scènes d'action sont celles dignes de plusieurs balais, bref toutes graphiquement ratées. Ses décors sont aussi riches que le plus mauvais manga, soit le degré zéro absolu de l'art graphique en BD. Pour moi, Pratt, j'ai donné, essayé, et n'y reviendrai plus ; c'est définitivement inbuvable et à fuir, en ce qui me concerne !
Corto Maltese fait partie des séries, avec Buck Danny ou les Légendes des contrées oubliées, dont j'ai du mal à comprendre qu'elles soient cultes. Alors, oui, certes, les dessins d'Hugo Pratt font de très jolis posters, appréciés y compris des gens qui ne le lisent pas, mais ses albums me tombent des mains. J'en ai essayé plusieurs, fini quelques uns, je n'accroche pas. Je m'ennuie, je trouve les personnages caricaturaux, les histoires plates et sans grand intérêt. Le dessin lui-même, le point fort de Pratt, me semble parfois d'une désinvolture assez rebutante. Corto lui-même est un énième avatar de l'épuisant cliché du beau brun ténébreux, taiseux et moqueur. Un cousin de Han Solo, XIII, Blueberry et consorts, mais en plus fade. Etait-ce novateur dans les années 70 ? Sans doute. Mais je trouve que ça a mal vieilli. Je ne mettrai pas 1/5 parce que, moi aussi au fond, je mettrais bien un Pratt au mur de mon salon. Mais certainement pas dans la bibliothèque.
Je n'ai jamais compris l'engouement autour de Corto Maltese ou même le statut d'auteur culte d'Hugo Pratt. Je n'ai jamais apprécié son style graphique, ni ses scénarios, ni ses personnages. Cela me laisse froid. J'ai du lire 1 ou 2 albums de Corto il y a longtemps (la mer salée et un autre dont j'ai oublié le nom) mais cela ne m'a pas vraiment marqué. Cela m'a surtout ennuyé. Perso je ne trouve pas le dessin beau, je dirais qu'il est assez moche. Tout le temps des cases identiques sans recherche de mise en scène. Personnages au 1er plan, sans décors. C'est droit, ennuyeux, tout le temps les mêmes expressions. Des tartines de textes, un univers maritime qui ne me touche pas (en même temps on ne peut pas dire qu'on ait droit à des images qui fassent voyager). Bref Corto c'est pire que moyen. Les femmes ont des visages durs et tirent la tronche, Corto a une mono-expression. Plein de cases d'action extrêmement rigides (fameuse vue de côté), bref, je n'aime pas du tout Corto. Après j’admets qu'il y a une certaine ambiance mais je ne suis pas sensible à ce trait épuré à l’extrême (pour une bd d'aventure et de grands espaces il m'en faut plus pour que je rentre dedans). Et puis j'avais quand même vraiment apprécié quelques aquarelles sur la couverture des celtiques.
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