Corto Maltese

Angoulême 1976 : Prix œuvre réaliste étrangère pour La Ballade de la Mer Salée Le marin légendaire à la boucle d'oreille, qui traverse le monde, le temps, l'Histoire, les révolutions, les rêves...
1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale 1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Angoulême : récapitulatif des séries primées Auteurs italiens Best of 1970-1979 Casterman Corto Maltese magazine Journal Tintin Les années (A SUIVRE) Linus Noir et blanc Phénix Pif Gadget Pratt
ORIGINE HISTORIQUE DE CORTO MALTESE : Un jeune marin, certainement italien, né à malte, voyageant avec un passeport britannique, s'est fait remarqué lors de ses actions à la bataille de Pékin en 1900. On le retrouve en 1905 dans les souvenirs du capitaine J.Conrad, à ses côtés sur un navire australien, ensuite à Trieste, avec l'écrivain irlandais James Joyce, puis sa célèbre alliance avec Jonh Reed le plaça sur la liste noire de la mafia des capitaines yankees, l'amenant par la suite dans le trafic de contrebande aux antilles et au brésil. La dernière allusion historique au personnages se trouve dans les rapports accusant Jack London, alors correspondant de guerre à Port-Arthur, en 1913. On reprochait alors au célèbre romancier d'être trop bavard, et surtout d'avoir des amis dangereux, comme ce certain maltais... LA NAISSANCE DU PERSONNAGE D'HUGO PRATT: Corto Maltese est né le 10 juillet 1887 à La Valette à Malte, d'un père marin britannique originaire des Cornouailles et d'une mère gitane, "la niña de Gibraltar", née à Séville. Corto Maltese est donc comme son père sujet britannique. Il réside officiellement à Antigua, aux Antilles, mais la seule demeure qu'on lui connaisse se situe à Hong-Kong. à 10 ans il habite à Cordoue le quartier juif. Une célèbre anecdote : quand la gitane Amalia, entreprend de lire l'avenir du garçon dans le creux de sa main, elle s'aperçoit qu'il lui manque la ligne de chance. Contrarié, il prit le rasoir de son père, et "dessine un long sillon profond" au creux de sa paume. Sa "chance" était traçée ! Au cours de l'été 1900, Corto Maltese fait un premier séjour en Chine, en pleine guerre des Boxers (juin-août 1900). Son premier fait d'arme : la destruction d'un canon. Il a 13 ans. L'appel du large le fait s'embarquer, en 1904, sur la goélette "vanita dorada" vers le Caire. On le retrouve en Mandchourie vers la fin de l'année 1904, durant la guerre russo-japonaise (février 1904-septembre 1905). Il devient l'ami de Jack London alors correspondant de guerre. Il rencontre aussi pour la première fois Raspoutine, déserteur de l'armée du tsar, avec lequel il embarque pour l'Afrique à la recherche de mines d'or en Ethiopie. (cf LA JEUNESSE DE CORTO MALTESE). Mais une mutinerie éclate à bord du navire, et c'est en Argentine que les deux hommes arrivent. Nous sommes en 1905, en Patagonie, Corto et Raspoutine rencontrent Butch Cassidy, Sundance Kid et Etta place, les célèbres hors-la-loi recherchés aux Etats-Unis. En 1907 Corto est en Italie, à Ancône, où il croise un certain Djougatchvili, le futur Staline, pour l'heure modeste portier de nuit dans un hôtel. (Grâce à cette amitié, Corto sortira sans dommage d'un mauvais pas, 14 ans plus tard, dans La maison dorée de Samarkand.) Retour en Argentine en 1908, il retrouve Jack London. En 1910 officier en second sur le Bostonian, un navire qui fait route de Boston à Liverpool. A bord, Corto prend la défense de John Reed, futur dirigeant de l'international communiste, alors jeune mousse, accusé par le capitaine du bateau d'avoir provoqué la mort d'un autre mousse. Corto parvient à innocenter Reed au moment de son procès. Il est dès lors inscrit sur la "liste noire" des capitaines. Voilà Corto devenu pirate. Il travaille en 1913 pour le compte du mystérieux "Moine" et parcours le Pacifique Sud. Le 31 octobre, l'équipage de Corto se mutine ("l'autorité perd sa valeur quand elle doit être exercée..."). Il est abandonné en pleine mer, attaché sur une planche. Le lendemain, le 1er novembre 1913, il est recueilli par Raspoutine, lui-même membre de l'organisation secrète du Moine. C'est le début de « LA BALLADE DE LA MER SALEE ». Sur l'île imaginaire d'Escondida Corto Maltese et ses compagnons apprennent de la bouche du Moine le début de la guerre en Europe. Commence alors un traffic louche au profit de l'Allemagne. on découvre alors Pandora et Caïn Groovesnore, jeunes milliardaires en otage au profit de Raspoutine, ainsi que le maori Tarao. Et un jour quelconque de janvier 1915, Corto Maltese et Raspoutine quittent Escondida, en direction de l'île Pitcairn Début des aventures sud-américaines. En 1916, Corto Maltese, en compagnie du professeur Jeremiah Steiner de l'Université de Prague et du jeune Tristan Bantam, se balade successivement à Paramaribo, Saint-Laurent-du-Maroni, Salvador de Bahia, au Brésil et à l'embouchure de l'Amazonie. En 1917 il est à Saint-Kitts aux Antilles, au Honduras-Britannique (Belize), à Maracaibo au Vénézuela, au Honduras, à la Barbade, sur le delta de l'Orenoque et dans la forêt amazonienne péruvienne. Des aventures compilées dans « SOUS LE SIGNE DU CAPRICORNE » et « CORTO TOUJOURS UN PEU PLUS LOIN ». c'est ici qu'apparaissent les personnages de Bouche Dorée et Morgana Bantam, la voyante et sa disciple. On parlera aussi pour la première fois du royaume de Mû. Corto traverse l'Atlantique et achève l'année 1917 en Europe. « LES CELTIQUES » débutent à Venise où il entame une chasse au trésor avec Venexiana Stevenson, dangereuse aventurière. Puis c'est la mer Adriatique pendant la bataille de Carporetto (24 octobre 1917), Dublin dans une Irlande en lutte pour l'indépendance et Stonehenge, en Angleterre, au milieu des fées et des corbeaux bavards dans un songe d'un matin d'hiver. Il va y rencontrer Banshee Finn, femme porte-malheur, le major O'Sullivan et une fois encore Caïn Groovesnore. Au printemps 1918 Corto est en France où il assiste le 21 avril à la fin du baron rouge, abattu dans le ciel de Vaux-sur-Somme. L'album se termine sur les plages de la mer du Nord. Lorsque « LES ETHIOPIQUES » débutent un mois plus tard, Corto Matese est au Yémen, sous occupation turque. Cush, le guerrier Danakil, fait son apparition dans le premier épisode. En septembre, le 13, il passe en Somalie britannique, puis en Ethiopie et enfin une incursion en Afrique orientale allemande avec les hommes léopard. Il fera la connaissance de Shamael, "l'ange tentateur". C'est à Hong-Kong, chez lui, (il habite un quartier "là où se trouvent plein de voleurs et de jolies femmes") que Corto apprend la fin de la guerre le 11 novembre 1918. Raspoutine est là aussi, élégant dans son imperméable, impatient de vivre de nouvelles aventures. C'est le début de « CORTO MALTESE EN SIBERIE ». Mandatés par une société secrète chinoise, les Lanternes rouges, ils partent ensemble à la recherche du trésor fort convoité de la famille impériale russe. S'en accaparer ne sera pas aisé, car l'or circule dans un train blindé, celui de l'Amiral Kolchak. En 1919, Corto arrive à Shangaï, puis dans la région des trois frontières, aux confins de la Mandchourie, de la Mongolie et de la Sibérie. Une zone particulièrement trouble à cette époque, où s'affrontent les bolcheviks et les troupes de la Russie blanche, soutenues par les puissances occidentales. Corto rencontre Von Ungern-Sternberg, le baron fou, toujours à la recherche de ses gloires et de ses folies, ainsi que la révolutionnaires Shangaï-Li. Après la destruction du train du général Tchang en février 1920, il regagne Honk-Kong. Cette aventure asiatique s'achève dans la province chinoise du Jiangxi, en avril 1920. Avant de regagner bientôt l'Asie, Corto Maltese fait escale du 19 au 25 avril 1921 à Venise pour une histoire présentée comme une pièce de théâtre : "FABLES DE VENISE" . L’action se déroule en avril 1921. le marin, va d’énigmes en énigmes pour découvrir la fabuleuse émeraude « clavicule de Salomon ». Il y rencontrera pour la première fois Louise Brookzowyk, dite la Belle de Milan, mais aussi Hipiaza Theone la philosophe, Petit Pied d’Argent, des chemises noires et des franc-maçons. Et comme de Venise à Rhodes, il n'y a que la Méditerranée à traverser, Corto arrive donc dans l'île de la mer Egée à l'automne. C'est le début d'un nouveau périple à travers l'Asie, « LA MAISON DOREE DE SAMARKAND » qui le mènera des côtes turques aux montagnes afghanes. Pendant près d'un an, Corto part à la recherche du trésor d'Alexandre le Grand. Il débarque à Adana, traverse la Turquie jusqu'à Van, sillonne l'Azerbaïdjan. Là, arrêté par des soldats de l'Armée rouge, il manque d'être fusillé par un commissaire du peuple un tantinet expéditif. Mais un coup de fil à Staline (devenu, depuis Ancône commissaire du peuple aux nationalité) le sauvera. Ensuite Corto traverse la mer Caspienne de Bakou à Krasnovodsk. Puis il rejoint Raspoutine dans l'émirat de Boukhara. Au Tadjikistan, les deux hommes sont témoins de la mort d'Enver Pacha, le 4 août 1922. Pour finir, ils gagnent l'Afghanistan où ils entrevoient (une hallucination ?) le trésor tant recherché. L’histoire prend fin alors que Corto et Raspoutine s'apprêtent à franchir la frontière avec le Pakistan en compagnie d'une colonne de soldats britanniques. Durant tout l’album, Corto jouera à cache-cache avec son double, le soldat Chevket. Juin 1923, Corto Maltese est en Argentine. Dans « TANGO » il enquête sur la disparition de Louise Brookzowyc, (hommage évident de Pratt à Louise Brooks) rencontrée dans « Fable de Venise ». Il devra se méfier de l'organisation "Warsavia", un réseau de prostitution pour lequel la jeune femme travaillait. Corto tue Estevez, le chef de la police, responsable de la mort de Louise. Il retrouve Fosforito et Butch Cassidy, rencontré 15 ans auparavant. Il quitte l'Argentine le soir du 20 juin. En 1924, Corto Maltese se promène dans les cantons suisses. C'est les Hélvétiques. Avec le professeur Steiner il se rend à Montagnola chez l'écrivain Herman Hesse. Malgré son sceptiscisme, Corto est confronté à la mythologie suisse, et rencontre la Mort, le chevalier Kinglsor, King Kong et Jeanne d’Arc. En songe, il boit le philtre de Paracelse, et devient immortel. Mais est-ce vraiment un songe ? LA FIN DE CORTO : C'est en 1925 que Corto Maltese, à l'invitation de Levi Colombia, part avec Raspoutine à la recherche de l'Atlantide, le continent « MU ». il y retrouve Tristan Bantam et Bouche Dorée. C’est le dernier tome de ses aventures. Décembre 1928, Corto est à Harar en Ethiopie en compagnie du romancier Henry de Monfreid et du paléontologue et théologien Teilhard de Chardin. Une aquarelle de Hugo Pratt parue dans la revue Corto l'atteste. En 1936 il s'engage dans les Brigades internationales et participe à la dernière des aventures romantiques, la guerre d'Espagne. En 1941, Cush,(rencontré dans « les Ethiopique ») raconte dans la l'album "LES SCORPIONS DU DESERT" :"Il paraît qu'il a disparu pendant la guerre d'Espagne". "Dans un monde où tout est électronique, où tout est calculé et industrialisé, il n'y a pas de place pour un type comme Corto Maltese." (sic HP).
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Date de parution | Mai 1975 |
Statut histoire | Une histoire par tome 12 tomes parus |
Les avis

Corto Maltese ... Un rêve dont on ne sort pas ... C'est plus - bien plus - que de la BD, c'est de la pure littérature ! Je ne parviens pas à comprendre ceux qui OSENT blâmer cette série et qui lui reprochent un prétendu fouillis ou qui n'aiment pas ces dérives poétiques ... A cela je n'ai qu'une chose à répondre : vous n'êtes que des monstres insensibles ! Peuh ! Je ne m'étendrai pas outre sur les différents aspects de la série, tellement ils furent rabattus ici-même. Je me contenterai (Sachant que -honte sur moi- je n'ai pu encore tous les lire) de pousser un cri du coeur pour la Ballade de la Mer Salée, Fable de Venise, les Celtiques et les Ethiopiques (Sublime voyage en Abyssinie, Cush merveilleusement haïssable -comme Raspa- et bon prélude aux "Scorpions du Désert"). "Nous espérons que cette fable vous aura plu ..." - Corto, in "Fable de Venise"

Corto Maltese c'est plus que de la BD, c'est de l'art. Le dessin est splendide, la plupart des cases de cette BD pourraient devenir un tableau. Quant aux personnages ils ont tous un caractère bien typé et souvent très complexe, y compris les seconds rôles. La colorisation de certain album est assez réussie mais le noir/blanc a plus d'impact. Le scénario est souvent complexe et il est nécessaire de bien connaître l'Histoire du début XX° siècles pour apprécier à sa juste valeur. Hugo Pratt fait partie du panthéon de la BD avec les Franquin, Hergé, Milton Cannif.

J'aime la bd depuis toujours. Je connaissais bien sûr Corto, mais de nom seulement. Au départ, il ne m'attirait pas. Sans doute une répulsion due - paradoxalement - à sa trop grande réputation. Puis, il y a un an je me suis décidé à m'y mettre sérieusement. Je voulais pouvoir juger en connaissance de cause. Et là, coup de foudre pour La ballade de la mer salée - le coup classique, j'imagine. Ensuite, j'ai tout acheté, tout lu, relu. D'abord, il y a le dessin. L'évolution du dessin de Pratt au travers de son œuvre est particulièrement frappante: on passe d'un style très réaliste et abondamment détaillé (La ballade de la mer salée, Sous le signe du capricorne, Corto, toujours un peu plus loin, Les celtiques, Les éthiopiques) à un style épuré et abstrait, servant avant tout l'intrigue (Tango, les helvétiques, Mu), en passant - et c'est, pour ma part, ce que je préfère - par un moyen terme (Corto Maltese en Sibérie, Fables de Venise, La maison dorée de Samarkand). Au niveau de l’intrigue et des sujets abordés, il serait difficile de faire une distinction claire et nette entre les albums « réalistes » et les albums « oniriques ». Une petite dose de rêverie ne me dérange personnellement pas le moins du monde (Sous le signe du capricorne, Corto, toujours un peu plus loin, Les celtiques, etc.). Par contre, quand toute une aventure est basée sur rêves, délires et hallucinations (Les helvétiques, Mu), c’est trop pour moi. Concernant le découpage du récit, certains titres se présentent comme une série d’histoires distinctes (Les celtiques, Les éthiopiques, etc.), alors que d’autres ne sont qu’un seul et unique récit, le cas échéant découpé en chapitres (La ballade de la mer salée, La maison dorée de Samarkand, etc.) - la deuxième branche de l’alternative me plaisant davantage. Quant au format de lecture, je suis d’avis – et je suis loin d’être le seul – que Corto se lit en noir et blanc. Inutile donc de se ruiner à acheter les éditions couleurs. Par ailleurs, je déconseille vivement les petits formats qui ont commencé à paraître l’année passée. Le découpage y est très frustrant : pas assez de cases par page, pas assez de pages par tome. De plus, tout bien compté, ces petits formats ne vous feraient réaliser aucune économie… Venons-en au vif du sujet : Corto Maltese, monument du 9e art s'il en est. Un 5/5 s'impose dès lors ? Certes... mais il y a lieu de nuancer le propos : si certains albums sont cultissimes, d'autres ne sont par contre vraiment pas dignes d'intérêt. Je ne ferai pas de synopsis pour chaque album, le précédent chroniqueur s’étant déjà donné cette peine. Je me contenterai dès lors de donner pour chaque titre une cote brièvement justifiée : • LA JEUNESSE : 3,5/5 (L’on suit quasi exclusivement ce cher Raspa – que j’adore par ailleurs – et Jack London. Corto me manque…) ; • LA BALLADE DE LA MER SALEE : 5/5 (LA bd parfaite. Rien à redire…) ; • SOUS LE SIGNE DU CAPRICORNE : 3,5/5 (Je n’accroche pas particulièrement avec les personnages de Tristan et de Steiner) ; • CORTO, TOUJOURS UN PEU PLUS LOIN : 4/5 (Dans la même veine que le précédent, mais un cran au-dessus) ; • LES CELTIQUES : 4,5/5 (Album considéré par beaucoup comme meilleur) ; • LES ETHIOPIQUES : 5/5 (Pratt qui dessine et raconte l’Afrique, moi, j’adore ! – je profite d’ailleurs de l’occasion pour recommander A l’Ouest de l’eden (L’homme de Somalie), et, bien sûr, Les scorpions du désert, deux autres séries du même auteur) ; • CORTO MALTESE EN SIBERIE : 4/5 (Ce serait 5/5, s’il n’y avait ce drôle de découpage en chapitres et cette étrange conclusion…) ; • FABLES DE VENISE : 2,5/5 (Beaucoup de personnages pour pas grand chose. Dommage, parce qu’une action se déroulant à Venise et avec la franc-maçonnerie, ça aurait pu être passionnant !) ; • LA MAISON DOREE DE SAMARKAND : 5/5 (Récit très étrange. Je ne suis jamais parvenu à saisir pourquoi il me plaisait autant) ; • TANGO : 1,5/5 (Il ne se passe rien ! J’ai dû me forcer pour le relire) ; • LES HELVETIQUES : 2/5 (Trop onirique pour moi) ; • MU : 1/5 (Récit qui n’a ni queue ni tête, agrémenté de dessins qui font mal aux yeux – et ça me fait d’autant plus mal de le reconnaître que c’est une bd que l’on m’a offerte…). Difficile de conclure… Corto ne peut être réduit à une série d’albums ; Corto, c’est avant tout un personnage. Aventurier cultivé, explorateur, pirate, avec toujours la même classe, la même distance qu’il semble mettre un point d’honneur à marquer par rapport aux événements alentour. Je n’ai qu’admiration pour ce « gentilhomme de fortune »…


Quelle hésitation avant de publier mon avis sur ce thème… Que de retouches enfin il faut bien se lancer.
Comme il me semble réducteur de ne juger Corto qu’avec un note et en global je vais donc le faire album par album en précisant mes impressions sur chacun :
La ballade de la mer salée (Noir et blanc)
Premier opus de la série, il fait office de découverte avec le personnage. On s’y retrouve en zone caribéennes avec des îles des requins des pirates du mystère une femme et l’Aventure. On y découvre un romantique, on y devine un idéaliste, on y voit un rebelle. Pour l’instant on n’est pas encore subjugué, Corto est un peu lointain on ne comprend pas toujours se réactions. Le dessin en noir est blanc est hostile de prime abord mais certaines planches magnifiques nous font rêver et finalement on s’y voit. Près des cocotiers sur des plages de sable fin. Les ados sont à baffer mais finalement n’avait on pas connu çà nous même ? Découverte de Raspoutine, du moine, de Pandora, de Slutter, de Cranio… que de richesse et de complexité, que de diversité et quel bonheur
L’histoire est haletante, la durée de vie incroyable et pas une fois de la lassitude. Sur le dessin quelques planches sont un peu figées et le mouvement laisse parfois à désirer mais peu importe car on rêve…On le lit le relit toujours des nouvelles planches somptueuses redécouvertes et des propos compris à posteriori. C’est magique.
Sous le signe du Capricorne (noir et blanc)
Esotérisme, magie, mixité que de bonheur dans cet épisode, le trait s’affine et le mouvement devient plus souple ce qui rend le noir de moins en moins étrange à l’œil. Le personnage commence à nous être familier, c’est un frère, un cousin. Steiner et Tir Fixe sont deux personnages somptueux dans cette partie du monde de même que Tristan Bahia et bouche dorée. Tristan expérimente le monde de mû qui ne sera revu qu’au dernier épisode de Corto. Parfois on se sent emporté dans de l’irréel que l’on ne maîtrise pas, on ne comprend pas tout mais on rêve et là est l’essentiel.
Scénario magistral avec des personnages qui vont suivre Corto pendant un bout de temps. Le dessin évolue un peu et de plus en plus de planches sont à encadrer.
Toujours un peu plus loin (noir et blanc)
Découverte de nouveaux personnages toujours plus troublants, émouvants ou humains : Vanexia, Soledad, que de belles et troublantes femmes. Corto retrouve la mémoire grâce à la magie. Les endroits sont maintenant maîtrisés et l’univers connu mais Pratt arrive à nous surprendre dans l’extraordinaire lagune des Beaux Songes. L’épisode de Port Ducal est un régal et j’espère ne jamais avoir affaire à la boite magique !
Côté dessins on sent un début d’âge d’or, l’équilibre entre détail mouvement et personnage est proche de trouver le summum, les scénarios se renouvellent comme on voit difficilement dans une série. C’est de l’art
Les Celtiques (Noir et Blanc)
Venise, l’Europe, la Bretagne, des personnages mythiques, toute la mythologie celte, voilà rien de moins que ce qui est donné dans ces épisodes. Nous y avons ici de vrais bijoux de dessins avec un équilibre parfait entre mouvement, héros, arrière plan, finesse.
Je n’en dirai pas plus pour ce qui est à mon avis le chef d’œuvre de Pratt pour Corto dans l’œuvre complète à savoir scénario, dessin, personnages.
J’avoue j’en pleure de bonheur à la lecture.
Les Ethiopiques (noir et blanc)
Nous changeons d’univers puisque désormais nous quittons les îles du pacifique pour l’Afrique. Nous y découvrons Samael et surtout Cush qui reparaîtra dans d’autres albums. L’Afrique inspire Pratt dans de nombreuses aventures et on sent qu’il est ici comme un poisson dans l’eau au milieu des conflits. Sans pour autant avoir l’impression d’ouvrir un livre d’histoire on apprend beaucoup, on est submergé par les références et ébloui par la culture de l’auteur.
Ajouté à cela un dessin maintenant à l’âge d’or (en tous cas à mon sens) on obtient l’un des bijoux de Pratt
Corto Maltese en Sibérie (Noir et blanc)
Dans cet épisode on retrouve avec délectation Raspoutine. Le dessin en revanche redevient parfois un peu mois clair et les mouvements sont moins bien sentis. On a plus ici un roman d’aventure qu’un poème ésotérique illustré. Personnellement c’est l’épisode que j’aime le moins. Pourtant le scénario est solide mais ce n’est pas plus qu’un scénario d’aventure et ayant lu ce que j’ai pu lire avant j’attends plus. Alors évidemment il y a des personnages qui donnent à quelques planches une saveur toute délicieuse tel le baron sanglant.
Un album bien sans plus finalement
Fable de Venise (noir et Blanc)
Si le précédent opus était pauvre en dessin et parlait d’aventures dans celui-ci c’est tout autre chose avec une fable servie dans un décor somptueux de Venise. Certaines planches sont une splendeur. Retour à Venise au milieu d’une multitude de sociétés secrètes aux codes plus ou moins inquiétants. On cherche on devine on se trompe, on philosophe et petit pied d’argent est un bonheur.
Déroutant cet épisode est un bijou d’une taille très inférieure à tous ces prédécesseurs mais d’une portée… théâtrale !
La Jeunesse (Noir et blanc et couleur)
Dans cet album nous revenons en arrière aux sources. On y rencontre des personnages passés à la postérité et on se dit que décidément Corto a bien eu de la chance de côtoyer tous ces monstres sacrés de la littérature, de l’histoire et de la politique. Au héro anonyme Corto rend hommage, lui qui n’a peut être pas fait d’acte de bravoure pour son pays ou tout autre action politique, mais lui qui est encore vivant. Le dessin est beau dans la version couleur avec des teins assez doux, il s’adapte parfaitement aux ambiances et scénario. La première édition était en noir et blanc mais la version couleur contrairement aux autre opus jusque là mérite de coexister avec la version noir et blanc.
La Maison dorée de Samarkand (Noir et Blanc)
Dans cet opus, le dessin se dégrade. Osons le terme même pour un fan comme moi on s'éloigne le la finesse des traits. De plus d'une certaine façon cet épisode est un hybride. Revenant à des histoires d'aventure on a pourtant une très grosse part d'onirisme et de rêve. La rencontre avec son "double", drogues souvenirs, on est constamment à la frontière entre rêve et réalité. De plus Corto lui même ne semble pas s'y retrouver alors que dire du lecteur ! Finalement la fin sauve l'album et d'une certaine façon justifie le style de dessin et la confusion générale. Et du coup on est même tenté de le relire. Al a seconde lecture tout va mieux, et l'onirisme se fait doucement bercer par les rêves y compris pour le lecteur.
Finalement si l'ensemble peut paraitre étrange on est en réalité en phase de mutation avancée : on quitte l'aventure pour rentrer dans le mythe et c'est beau.
Tango (Noir et blanc)
Dernier sursaut vers l'aventure avant l'onirisme total, Tango est un tout petit album par rapport à ses frères. Le dessin retrouve un tracé net même s'il est moins fin que dans les épisodes celtiques et éthiopiques mais l'ambiance le tolère voire le valide. Le scénario est un tantinet super héros-esque avec un Corto défendant la veuve contre l'organisation mafieuse, on a connu notre héros moins justicier. Mais l'ambiance rendue, les dialogues, les regards, les ombres sont tellement belles que l'on se perd dans les faubourgs de buenos aires. Un bon corto d’aventure donc où dessins et scénarios se nourrissent l’un et l’autre pour un rendu très prenant.
Les helvétiques (Couleur)
Que dire de cet album, c’est tout simplement magistral. Le scénario est une merveille de rêve avec des références à n’en plus finir, une culture onirique, un ballet de rêves pour un lecteur en extase. Exclusivement en couleur, cet album est de plus magnifique graphiquement. J'aurai aimé savoir ce qu'il donnait en noir et blanc et j'imagine que çà aurait été merveilleurx Iil fallait que corto soit éternel et qu’il soit jugé aux enfers, c’est désormais chose faite Corto sera bien éternel, le Saint Graal l’a choisi. Pas d’impétuosité, de prétention, rien que du rêve et de la tolérance. On aurait pu croire que la couleur soit un obstacle à la continuité mais que nenni c’est très réussi… Cet album est un délice pour qui le lit lentement en savourant chaque page de rêve chaque planche de créativité.
Mû (noir et blanc puis couleur)
Le scénario est magistral, l’apparente confusion qui y règne est en réalité un épilogue assez magique à la série complète. L’architecture de Mû est un délice dans le dessin. Que dire justement du dessin ? A première vue c’est brouillon et pas clair, pourtant en jetant un œil à la version couleur je me dis que contrairement à toute la série jusqu’à tango ou la couleur vient plutôt contrarier le personnage, dans Mû la couleur est acceptable voire nécessaire(je vais là m'attirer les foudres des puristes !). Les décors sont généralement beaucoup plus travaillés que les personnages ce qui ne passe pas forcément bien au noir et blanc. bref les dessins sont beaux pour qui sait voir où se siue l'attention de Pratt au moment où il dessin c'est à dire généralement dans l'univers autour du héro. On retrouve une porte de Mû déjà vu par tristan il y a bien longtemps et Corto passe de nouveau par un labyrinthe initiatique, véritable référence de tant de sociétés secrètes. C’est la fin d’une histoire, Corto restera maintenant secret on verra peut être son fantôme mais c’est bien de rêve que le lecteur arrivé là est rempli.
Bilan
Corto a passé les épreuves, est mort et revenu à la vie. Il a vaincu la vie et la mort, vécu par delà le bien et le mal, dansé avec les fous, plané avec les mythes, chu avec les humains. C’est maintenant bien une légende.
C’est avec émotion que je lui mets 5 tant j’aimerai lui mettre plus. « les celtiques », « les helvétiques », « corto toujours un peu plus loin », et « les éthiopiques » auraient mérité un 6/5. !
Cependant je comprends tout à fait que l’on ne puisse pas rentrer dans cet univers. D’une part le dessin n’est pas chatoyant il faut l’avouer et la lecture n’est pas du tout facile comme la plupart des ouvrages actuels. Il y règne de plus un ésotérisme assez déroutant et des références pas toujours accessibles. Et pourtant se laisser simplement entrainer à rêver permet de franchir la barrière de Corto pour de purs instants de plaisir.


Je n'aime pas "Corto Maltese". Tout d'abord, je trouve le dessin correct, mais il semble de moins en moins bon dans les derniers albums. . Surtout dans 'Mû' où j'ai l'impression que Pratt en avait rien à foutre de dessiner. Et puis j'ai quelquefois de la difficulté à différencier les personnages. Le scénario est ennuyeux, lent dans l'action et souvent compliqué, ce qui me donne l'impression d'être un idiot vu que plusieurs semblent comprendre ! Je ne me suis pas du tout attaché à Corto Maltese que je trouve peu charismatique. Le seul récit que j'ai aimé s'est La Maison Dorée de Samarkand. Par contre, il y a une chose que j'ai aimé : Raspoutine ! Ce marin à moitié fou est un bon personnage et chacune de ses apparitions fait relever le niveau de la BD. Dommage qu'on ne le voie pas souvent à mon goût.

Pour moi, Corto Maltese, c'est mou, mal dessiné, et faussement poétique. Oui, je sais, je suis dur. Mais ce n'est pas faute d'en avoir lu, en espérant accrocher à chaque fois. Parce qu'on sent bien que l'auteur se donne du mal pour créer un héros et un méchant charismatiques, mais malheureusement ces aventures sont d'une platitude hors norme. Mais n'y aurait-il donc rien pour sauver Corto de l'abîme ? La série et le film d'animation ? Non, c'est vraiment trop mal fichu... Les produits dérivés ? Oui, certains, notamment la ligne de vêtements (très très très très chère, trop sans doute, mais de très bonne qualité). J'avoue ne pas comprendre l'engouement qu'il peut y avoir autour de Pratt chez "les vieux". Quand je dis "vieux", je pense notamment à ceux qui ont découvert cette oeuvre alors que les bandes dessinées sur les étals étaient loin d'être aussi nombreuses qu'aujourd'hui, que le marché n'était pas saturé comme il l'est maintenant, qu'il arrivait peut-être (sans doute ?) à sortir du lot. En bref : Corto Maltese n'avait peut-être pas à soutenir la comparaison avec d'autres dans le temps, mais aujourd'hui, il ne tient plus du tout la route à mes yeux.

Je visite le site BD-Theque depuis deux ans et demi. Jusqu'à ce jour je n'avais pas osé m'exprimer. Mais pour "Corto Maltese", j'ai pris mon courage à deux mains et me permets ces quelques lignes. Je précise qu'avant de me lancer dans la lecture de "Corto Maltese", j'avais été prévenu par mon entourage bdphile (bdphobe Pratt !) : dessins et graphisme ringards, rythme lent, BD contemplative, utilisation du noir et blanc. Bref, j'avais plein de préjugés. J'ai tout de même acheté au hasard "La maison dorée de Samarkand" (pas le meilleur selon le vendeur). Et là, quelle surprise, j'ai été fasciné par cette histoire. Tout d'abord, du point de vue historique : Pratt maîtrise parfaitement son sujet et nous plonge en plein Empire Ottoman en décomposition et jusqu'aux confins de la Perse ; seul bémol : connaître un minimum l'histoire du début de 20ème siècle. La BD fait plus de 150 pages mais on ne s'ennuie pas une seconde. Le rythme de narration est soutenu, les dessins et le graphisme splendides. Les personnages magnifiques. Dire que celui de Raspoutine est génial est à peine exagéré. L'humour de Corto puis celui beaucoup plus tranchant de Raspoutine nous fait sourire à chaque coin de page. Les dialogues percutants avec plusieurs degrés d'interprétation (surtout en ce qui concerne Corto). J'ai été tout simplement subjugué par cette bd. Vraiment immanquable. Sans hésiter, je donne la note maximale de 5/5.

Une très grande série qui débute dans la revue "Sgt Kirk" n° 1 de Juillet 1967. Corto ?.. une sorte de personnage anarchiste et libertaire ; mais aussi un héros romantique. Il serait d'ailleurs - et aux dires de Pratt- né le 10 Juillet 1887. Grande série. C'est vrai. Et pourtant : moi qui adore le traitement du graphisme en noir et blanc, je ne l'ai jamais tellement appréciée. Pourquoi ?... Je suis bien en peine de le dire. C'est comme ça !... Nonobstant cette impression personnelle, je reconnais que Pratt est un formidable conteur. Il mélange adroitement des faits réels et des situations romanesques ; le tout occasionnellement teinté de fantastique. Le dessin ?... une excellente maîtrise du noir et blanc, du traitement de l'aquarelle (art difficile s'il en est). Corto Maltese ?... une oeuvre aboutie qui ne doit qu'au réel talent de son créateur d'en être une des plus belles de la fin du siècle dernier. J'aimerais d'ailleurs comprendre pourquoi je n'arrive pas à la placer à un très haut niveau parmi mes préférées. Une relecture prochaine, s'il echet, changera peut-être mon opinion.


Peut-être l’un des plus beaux personnages de la bande dessinée. Corto Maltese est l’archétype du héros ironique qui traîne son spleen sur toutes les plages du monde. Hugo Pratt a réalisé une œuvre intéressante qui touche à l’histoire (l’action se passe au début du siècle dernier), à l’ésotérisme (ex de l’histoire des Helvétiques) et lorgne parfois vers le fantastique. Les livres de Pratt sont parfois difficiles d’accès. Mais quand on commence à rentrer dans l’histoire, on a du mal à décrocher. Quelques albums sont peut-être plus hermétiques que d’autres, notamment Mu, ou Tango. Mes préférés sont Les Celtiques, Sous le signe du capricorne. Ceux-ci sont des recueils de courtes histoires se déroulant en Irlande (entre autre) pour le premier et en Amérique latine pour le second. Dans les plus longs récits, j’aime bien Corto Maltese en Sibérie ou la Maison dorée de Samarkand (où Corto croise son double) au fort contexte historique, mais aussi Fables de Venise (description cynique de l’Italie de Mussolini) pour sa composition sous forme théâtrale (l’album est écrit en actes). Un conseil, je pense qu’il vaut mieux prendre la collection qui est restée en noir et blanc. Je ne suis pas pour la colorisation des albums.

« Corto Maltese » est la bd à avoir absolument dans sa bdthèque. D’abord les dessins sont très beaux, et les scénarii sont très réussis, surtout dans les grandes bds de 150 pages. De plus, les personnages sont vraiment attachants (Corto Maltese et Raspoutine surtout). Je trouve que les nouvelles éditions colorisées sont très belles avec des albums comme « La ballade de la mer salée », mais dans d’autres tomes, le noir et blanc est préférable (« Fable de Venise » par exemple). La ballade de la mer salée : Le premier album, où on découvre Corto Maltese. Les dessins ne sont pas encore à leur sommet, mais sont quand même bien réussis. Le scénario est très bon : on découvre petit à petit chaque personnage, sans précipitation (heureusement, d’ailleurs, car vu le nombre de personnages, on serait vite perdu !). La fin de l’album est d’autre part très réussie, on la dévore d’un seul trait. Fable de Venise : Un des meilleurs albums de Corto Maltese, sans aucun doute, autant au niveau des dessins que du scénario. On est en plein dans l’esprit de cette série : le rêve, la fable,… Un seul reproche à lui faire : les personnages arrivent trop vite, on a pas bien le temps de découvrir chaque personnage. Entre les francs-maçons, les carabiniers et les autres, on ne s’y retrouve pas. Quinze pages de plus au début pour tout éclaircir ne seraient pas de trop. La maison dorée de Samarkand : Ce tome aussi est une grande épopée de 150 pages, comme on les aime. On retrouve donc Corto Maltese et Raspoutine, sur fond de guerre. Le plus réussi dans cette bd (pour moi bien sur), c’est la confrontation entre Corto et son double, Chevket. Ils entendent parler l’un de l’autre, ont un peu peur l’un de l’autre, mais ne se croisent jamais. Par ailleurs, il y a de l’humour par-ci par-là, principalement grâce au personnage de Raspoutine.
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