Le Serment des lampions (This Was Our Pact)
Un récit initiatique plein de douceur où un simple jeu d'enfant prend des allures de voyage merveilleux
First Second
L’enfance est un sujet de prédilection pour cet auteur deux fois nommé aux Eisner Awards. Il revient cette fois avec un récit initiatique au long court à mi-chemin entre Les Goonies et Le Voyage de Chihiro. Tous les ans lors d’une veillée Ben et ses copains jettent une lanterne dans la rivière et suivent son périple à vélo en longeant l’eau. Cette année, cependant, ils sont bien décidés à aller jusqu’au bout et découvrir exactement où se retrouvent ces lampions. Rapidement le petit groupe se sépare et Ben, accompagné de l’étrange Nathaniel, poursuivent seuls l’aventure. C’est alors que le voyage prend une tournure surnaturelle. Ils vivront une aventure fantastique peuplée de poissons voguant vers les étoiles, feront la rencontre d'un ours pêcheur et d'un corbeau cartographe, sans oublier la fantasque Madame Majestic !
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Date de parution | 27 Mai 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Ryan Andrews nous embarque dans un voyage au long cours, qui du récit d'aventure va petit à petit basculer vers le fantastique et le merveilleux. Ce récit initiatique commence lors de la traditionnelle fête des lampions. Lors de cette dernière les enfants se font un malin plaisir de jeter leurs lampions dans le lit de la rivière, car selon la légende, ils s'envolent ensuite vers la voie lactée et deviennent des étoiles. Comme tous les ans ils les suivent jusqu'au pont qui marque la limite du village. Mais cette année, la bande de copains s'est fait le serment de les suivre jusqu'au bout pour vérifier la véracité de la légende... Mais sur la bande de copains seulement deux d'entre eux vont tenir leur parole et commencer alors une folle aventure qui va les mener très loin... Voilà le pitch un peu fou d'un album étonnant, tant par son graphisme que l'histoire qu'elle propose. Cette aventure empreinte de poésie et de merveilleux sait nous prendre tranquillement par la main pour nous glisser dans les pas innocents et intrépides de Ben et Nathaniel. Le dessin tout en rondeur et tout doux, ainsi que sa colorisation singulière à dominante bleu jouant énormément sur les lumières, donne à cet album tout son caractère envoutant. Il y a certainement un peu de Miyazaki dans tout ça, mais sans non plus tomber dans la redite ou le plagiat, loin de là. Comme dit l'adage, « L'important c'est le voyage, pas la destination » ; il prend ici tout son sens, révélant aux protagonistes bien des choses, mais surtout à se connaître et se découvrir. Avec ce magnifique album de plus de 300 pages, Ryan Andrews nous redonne le goût du voyage et des légendes et ça fait du bien ! Un très bel album jeunesse qu'on pourra tout aussi bien apprécier en tant qu'adulte si on a su garder un tant soit peu son côté rêveur et aventureux !
Quasi inconnu en France, l’Américain Ryan Andrews n’est pourtant pas tout à fait un nouveau venu dans la bande dessinée, ayant été deux fois nommé pour les Eisner Awards. Aujourd’hui, il vit au Japon, ce qui permet d’éclairer en partie ce charmant récit jeunesse débutant un peu comme les « Goonies » ou « Stand By Me » et bifurquant très vite vers le conte poétique, ce qui n’est pas sans rappeler les œuvres du génial Miyazaki. Et lorsqu’on sait l’importance que revêt la symbolique des lampions dans la culture asiatique, on est amené à penser que l’auteur a su parfaitement s’acclimater dans l’Empire du soleil levant. Le récit, même s’il semble plus s’adresser à un jeune public, pourra aussi toucher l’enfant qui sommeille (plus ou moins) en tout adulte. Il est intéressant de voir comment la relation entre les deux enfants, Ben et Nathaniel, va évoluer. Nathaniel faisait un peu office de tête de turc, repoussé et méprisé par la bande de Ben pour son côté un peu simplet, du moins en apparence. Au final, seul Ben et Nathaniel suivront l’aventure jusqu’au bout, au corps parfois défendant de Ben qui assume difficilement de devoir faire équipe avec cet idiot de Nathaniel. Il est vrai que ce dernier dérange avec son enthousiasme candide et sa générosité dépourvue d’arrières pensées, parfois aux limites de l’inconscience. Le parfait profil de victime ! Et pourtant, Nathaniel ne perdra pas sa pureté morale au cours de ce voyage improbable. C’est au contraire Ben qui apprendra à apprécier son nouvel ami, le seul à ne pas avoir rompu le serment, à l’inverse du reste de la bande… Si à certains moments l’histoire en elle-même peut paraître quelque peu nébuleuse dans sa fantaisie onirique, le dessin, très plaisant, reste le point fort de l’album. Dans un style « cartoon » à la fois nonchalant, dynamique et délicat, Ryan Andrews a su créer un univers varié et inattendu, plein de douceur, où le merveilleux est renforcé par une jolie mise en couleur. La palette est limitée, avec une tonalité différente selon les passages, les planches les plus réussies étant celles où domine un bleu aux cent nuances, avec des ciels étoilés splendides. « Le Serment des lampions » se lit donc comme une quête initiatique, où ce qui compte n’est pas tant l’émerveillement ressenti face au « Graal » découvert que la façon dont elle nous transforme. Et comme toutes les quêtes morales se ressemblent peu ou prou, l’auteur nous livre pour la réussir ce précepte en forme de leitmotiv à travers le fameux serment : « On ne regarde pas en arrière ». Un précepte que ce Japonais d’adoption s’est vraisemblablement appliqué à lui-même.
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