Jeannot
Après Chaussette , Le Voleur de Souhaits et Chaque jour Dracula, Loïc Clément ajoute à ses Contes des cœurs perdus un nouvel opus touchant, sensible et poétique.
Douleurs intimes La BD au féminin Troisième âge
Pour Jeannot, la vie était simple et heureuse jusqu’à ce drame qui a tout changé. Depuis il s’est mis à entendre ce que disent les arbres et les plantes. Cela paraît un peu fou mais il peut vraiment les entendre ! On pourrait croire à un don du ciel inestimable, mais Jeannot y voit plutôt une malédiction car les arbres sont bêtes comme leurs racines… De plus, Jeannot est obsédé par l’ordre et n’hésite pas à couper tout ce qui dépasse, y compris les branches ou les feuillages envahissants… Et puis il y a Josette, cette veuve qu’il a rencontré au parc et qui lui a tapé dans l’œil… Mais comment pourrait-t-elle le supporter plus qu’une autre, lui, ce vieux ronchon qui sous sa colère constante semble masquer une douleur silencieuse ?…
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Date de parution | 10 Juin 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Jeannot se présente comme un complément de Chaussette. C'est la version masculine et tragique devant la mort de son enfant. Le récit de Loïc Clément s'adresse avant tout à un public assez jeune qui ne peut pas avoir le même ressenti que des adultes parents devant cette problématique. Dans une société qui a repoussé la mort de son quotidien l'ouvrage de Clément a eu la coïncidence de sortir au moment de la première vague du Covid. Alors le sujet de la réponse à ce genre de situation est redevenu d'actualité. Clément positionne ses héros dans une situation de "ça n'arrive qu'aux autres" malgré les statistiques alarmantes dans ce type de décès. La réponse que propose Jeannot au drame qui le frappe, est attendrissante mais dévastatrice. Le final ne me convient qu'à moitié car je trouve que la reconstruction éclair et un peu superficielle de Jeannot après plus de 25 années de destruction est un peu facile. J'ai bien apprécié le dessin de Carole Maurel. Il est très accessible aux jeunes lecteurs et respecte le tragique de la situation sans tomber ni dans la guimauve ni dans la loufoquerie. Maurel donne à Jeannot une belle figure de révolté perdu. Toutefois j'ai trouvé que le graphisme vieillissait un peu trop le couple chaussette/Jeannot en leur donnant des attitudes d'octogénaires. Une lecture sur un thème courageux mais traité un peu rapidement à mon goût.
Jeannot est le quatrième tome de la série des Contes des Cœurs perdus et est à mettre directement en lien avec « Chaussette ». N’ayant pas lu les autres tomes de la série, je ne saurais vous dire si tous ont un lien entre eux mais dans le cas présent, je pense qu’il est nécessaire d’avoir lu Chaussette pour pleinement profiter de l’histoire de Jeannot. On retrouve dans ce récit la gentillesse et l’humanité qui se dégagent fréquemment des œuvres de Loïc Clément, tout comme ce fil conducteur de la mort et du deuil. Mais si de mort et de deuil il est question, ce récit est pleinement adapté au jeune public visé. La lecture est fluide et les moments d’humour permettent de dédramatiser certains passages plus durs (ou du moins plus tristes). Le dessin de Carole Maurel est très lisible et, par son aspect parfois faussement naïf mais toujours réaliste, convient parfaitement à l’esprit de l’album. Un bel album… un peu trop gentil à mon goût, mais qui devrait plaire à un large public, à commencer par celui visé, soit les jeunes lecteurs (10-12 ans, à vue de nez).
J'aime énormément le travail de Carole Maurel au dessin, et j'ai principalement acheté cet album pour le dessin. J'ai découvert après coup que le volume fait partie d'une série visiblement destinée à parler de deuil et de mort aux plus jeunes à travers la BD. Bref, c'est louable d'intention et plutôt bien fichu d'ailleurs. Le récit est court mais concentré, parlant avec une certaine tendresse de ce vieil homme bougon qui entend parler les arbres. C'est parfois drôle, notamment les roucoulades des deux arbres enlacés, mais aussi bien amené sur la question progressive de la perte et du deuil. La petite pirouette finale est bien trouvée, donnant un sens que j'ai trouvé mignon à l'ensemble. Et le message est positif, d'autant plus qu'il est apporté avec des personnes âgées. Le dessin est très bon, mais j'aime vraiment le trait de Carole Maurel. C'est doux et mignon, mais aussi bon à représenter les émotions violentes qui peuvent parfois nous envahir. Bref, une belle mise en page ! Ce n'est clairement pas la BD inoubliable, mais elle a le mérite de parler au plus jeune de deuil et de perte, mais aussi de donner un message positif sur la vie et sur la possibilité de toujours résilier. C'est joli et très bien amené !
Sur le thème des douleurs intimes, des drames de la vie et de leurs conséquences (ici la mort d’une fille, qui a bouleversé la vie de son père et en a fait un véritable maniaque quelque peu asocial), cet album s’en sort plutôt bien. Bien sûr destiné à un jeune lectorat, il évite le pathos, la mièvrerie, et traite « par la bande » le drame et ses conséquences. Avec un happy end qui plaira aux plus jeunes. Le dessin est simple, tout en rondeur, et la narration de Loïc Clément (qui a beaucoup publié pour la jeunesse) est fluide, sobre, pimentée par quelques traits d’humour. « Profitons de la vie, malgré tout », pourrait être la devise résumant cette histoire courte (une petite quarantaine de pages seulement).
Il n’y a pas toujours besoin de longs discours pour exprimer un propos fort. Et cette petite BD jeunesse très courte, qui se lit en deux temps trois mouvements, en est la preuve. Avec comme point de départ une idée originale consistant à prêter aux végétaux la faculté de communiquer entre eux (hypothèse on ne peut plus dans l’air du temps) mais surtout avec un être humain, en l’occurrence Jeannot, Loïc Clément dresse le portrait d’un être blessé par la vie, notamment par la séparation d’avec son épouse lorsqu’il avait quarante ans. En s’abritant derrière ses obsessions d’un environnement ordonné, le retraité bougon et solitaire, armé de son sécateur, fait régner sa loi d’airain dans son propre jardin, rejetant tout sentimentalisme, qu’il s’agisse des plantes dont il ne supporte plus les constants bavardages ou des humains qu’il croise dans le parc. L’amour, ce n’est pas pour lui, d’ailleurs il a passé l’âge pour ces bêtises ! Son aigreur colérique, il l’exprime en coupant les branches de ses deux arbres amoureux lorsqu’ils tentent de s’enlacer… Et pourtant, la rencontre avec cette petite vieille insignifiante, Josette, risque bien de remettre en cause ses certitudes. Et peut-être de le libérer enfin de ce secret qui le rend si malheureux… Le dessin semi-réaliste de Carole Maurel s’accorde parfaitement au récit simple et bien narré de Clément. Le choix de couleurs en demi-teintes, entre le vert, le jaune et le rouge, confère à l’histoire une douceur automnale tout à fait adaptée. Sous des dehors humoristiques dans sa première partie, c’est un récit sensible et plein de sagesse que nous proposent les auteurs. Un récit qui serait comme un cadeau des anciens en direction des plus jeunes, une exhortation à vivre leur vie intensément, un « carpe diem » bienvenu pour soulager les blessures du passé.
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