Bienvenue au Kosovo
Un kosovar émigré en Italie retourne dans son pays pour l’enterrement de son père. Ses rencontres, ses horribles souvenirs et les émeutes de 2004 transforment ce parcours initiatique en enfer.
Auteurs italiens La BD au féminin La Guerre de Bosnie-Herzégovine Les petits éditeurs indépendants [EX] Yougoslavie
En mars 2004, Dimitri s’est endormi dans le train qui le mène vers son ancien pays, le Kosovo. Il fait d’horribles cauchemars de sang, de guerre… Quand il se réveille, un vieux monsieur serbe s’installe dans son compartiment. Le vieux lui adresse la parole en serbe, mais Dimitri ne répond pas. A la conversation en italien que Dimitri a par téléphone, le vieux en déduit qu’il ne parle pas sa langue. Lors d’un contrôle des billets, les deux agents trouvent Dimitri suspect. Ils se demandent comment cet homme peut avoir un passeport serbe, délivré par l’Italie et être né à Mitrovica. Ils commencent à le houspiller, mais le vieux serbe intervient pour réclamer que tour le monde conserve son calme et chasse les mauvais souvenirs d’une sale guerre. Les agents repartent et le train fait une halte impromptue en pleine nature. Dimitri sort fumer une cigarette. Quand il revient dans le compartiment, il fait plus ample connaissance avec le vieux, qui se prénomme Milan, qui a fait la guerre et qui ne désire pourtant désormais rien de plus que la paix entre les peuples. Les flashbacks d’enfance remontent à la surface. Dimitri se souvient qu’à l’école de Mitrovica, son copain Kledi était serbe…
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Date de parution | 23 Octobre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un Serbe immigré en Italie (dont il a désormais la nationalité) revient pour la première fois depuis longtemps dans l'ex-Yougoslavie, au Kosovo, pour se recueillir sur la tombe de son père. Hélas pour lui, cela se passe au moment même où la tension augmente, en 2004, des extrémistes kosovars de l'UCK attaquant tous les Serbes, dans ce qui l'une des dernières résurgences des purifications ethniques dans cette région. Voilà pour le récit de base, le fil rouge, assez mince il faut le dire, et que j'ai suivi sans être outre mesure accroché. Pour donner de la densité au récit, celui-ci est entrecoupé de flash-bask (début des années 1980, et milieu des années 1990, au moment de "l'éclatement" du pays). Pas inintéressants, ces flash-back hachent un peu trop le récit, et ne parviennent pas à le tirer d'une certaine torpeur. Bref, pas désagréable, la lecture de cet album ne s'est pas révélé aussi intéressante que je l'escomptais. Le propos est pourtant louable, puisque les auteurs souhaitent montrer l'absurdité et l'horreur de ces guerres qui ont déchiré ce pays, et surtout de ces purifications ethniques absurdes qui ont divisé à mort des gens qui pourtant vivaient en bonne intelligence depuis longtemps. Il s'agit aussi de dénoncer la propagande occidentale qui a systématiquement montré les Serbes comme des agresseurs et les responsables uniques de la purification ethnique (il faut lire l'excellent "L'opinion, ça se travaille", de Serge Halimi et Dominique Vidal à ce propos !). A lire à l'occasion, mais les motivations louables n'ont ici pas donné un résultat passionnant.
Nous avons là une bande dessinée qui aborde le conflit des Balkans dans les années 1990 alors que l'action principale est située en 2004 dans un Kosovo à feu et à sang. Un fils revient d'Italie pour honorer la mémoire de son père et assister à son enterrement alors qu'il ne l'a plus revu depuis bien des années. La couverture ressemble à s'y méprendre à une publicité de Coca-Cola avec ses couleurs rouge et blanc alors que l'image de guerre est assez morbide. On comprendra à la lecture que ce n'est pas une simple coïncidence car des affiches de la campagne « enjoy » couvraient les rues de Dubrovnic alors que les bombardements tuaient des centaines de civils femmes et enfants. Cela a un côté décalé mais d'assez mauvais goût comme pour souligner le décalage entre les sociétés occidentales qui s'amusaient alors que d'autres se faisaient une guerre impitoyable. Juste avant de commencer ma lecture, j'aborde toujours le message laissé par les auteurs sur la page de garde. On apprendra que le coloriste a fait son travail jusqu'à la vingtième planche car il a eu un grave accident qui ne lui a malheureusement pas permis de continuer. Les auteurs nous demandent de pardonner l'incohérence de style mais je ne l'ai absolument pas senti. Je pense que le poursuivant a fait du bon travail en respectant la ligne conductrice. J'ai bien aimé la construction de ce récit qui laisse un goût amer. On se rend compte qu'il n'y avait pas de gentils contre des méchants alors qu'une certaine campagne de propagande gagnait toute l'Europe. C'était bien plus compliqué que cela. Cette bd va nous apporter de nouveaux témoignages qui peuvent être assez intéressants pour se forger une opinion. Pour autant, la conclusion semble dire que les peuples des Balkans n'ont rien à gagner dans des guerres qui les opposent et qui sont orchestrées par des puissances étrangères qui manipulent les masses pour vendre des armes et qui sont les grandes gagnantes. Bref, il faut les laisser tranquille. Pour autant, j'avais eu l'impression que l'intervention des occidentaux était de mettre fin à ce conflit fratricide pour retrouver la paix. Malgré cette différence de vue avec les auteurs, j'ai bien apprécié cette bd qui nous apporte quelque chose. La paix est une chose précieuse qu'il nous faut conserver sans tomber dans le nationalisme ou les excès de religion.
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