Les Voyages d'Ibn Battûta
En 1354 quand Ibn Battûta revient à Fez au Maroc, il rentre d'un périple qui aura duré 29 ans. Un pèlerinage à La Mecque en 1325 a ainsi conduit l'aventurier aux quatre coins du monde, en Afrique, en Espagne, en Inde, des Maldives, jusqu'en Chine.
1300 - 1453 : Moyen Âge et Guerre de Cent ans Aire Libre Carnets de voyages
Trop peu connu en France, ce Marco Polo musulman est un des plus grands voyageurs de l'histoire. Né à Tanger, il est même à l'origine de la consécration du récit de voyage en genre littéraire dans le monde musulman au XIVe siècle quand il publie sa rihla, un mot qui à l'origine signifie voyage.
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Date de parution | 26 Juin 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Ibn Battûta méritait bien un tel hommage en bande dessinée. Cet homme était un des personnages remarquables d'un monde musulman en effervescence dans plein de domaines et à l'origine de nombreuses découvertes. On peut voir la durée et le parcours incroyable de ses voyages. On peut certes mettre au conditionnel la véracité historique de la réalisation de l'intégralité de tout ce périple au XIVème siècle. Son but premier était d'aller en pèlerinage à La Mecque. En définitive il a passé une bonne partie de sa vie à explorer, restant plus ou moins longtemps à certains endroits selon son envie et l'hospitalité de ses hôtes. Bien souvent et l'auteur appuie pas mal là-dessus, voire trop car on a l'impression que le personnage ne pensait qu'à ça, Ibn Battûta rencontrait des femmes pour des relations sérieuses, avec mariage, ou éphémères. Ou alors serait-ce pour faire contrepoint avec la place de la femme dans la vision des musulmans les plus intégristes de nos jours ? Le dessin manque un peu de précision et de réalisme à mon goût. Il reste que la colorisation est très bien choisie. Il s'agit d'un ouvrage de plus de 200 pages avec un chapitre par zone géographique parcourue. Cela se laisse lire sans être mémorable.
Ibn Battûta, immense voyageur du monde musulman au XIVe siècle. Parti de Tanger, il a parcouru le Maghreb, l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie jusqu'en Chine. Durant les 29 ans de son périple, il sera allé du Maroc à l'Inde, de Constantinople aux Maldives, de la Mecque à l'Andalousie, du Caire à Pékin, et de la Perse au Mali. Un voyage gigantesque qui fait d'autant plus rêver qu'il se déroule à l'apogée du monde Musulman et que c'est par les yeux d'un de ses dignes représentants que l'on nous offre de découvrir ses innombrables facettes ainsi que la vision qu'il avait des civilisations étrangères qui le côtoyaient. Mon âme de voyageur et d'amateur d'Histoire était ravi à l'idée de cet ouvrage. Peut-être un peu trop car j'en suis sorti avec une légère déception. Nous y suivons le périple d'Ibn Battûta tel qu'il le raconte lui-même au Sultan de Fez, Grand Commandeur des Croyants. Il s'entame comme un simple pèlerinage à la Mecque, ce qui à l'époque était déjà une longue aventure. Ce n'est qu'arrivé à ce premier objectif, après avoir traversé déjà bien des contrées et vu bien des merveilles, que l'homme a décidé de dédier sa vie au voyage et d'aller plus loin pour découvrir le monde et ainsi tenter de se rapprocher de Dieu. L'idée est belle... L'ennui, c'est que le périple fut si long que même malgré les près de 250 pages de cette BD, de grandes parties du récit ressemblent à une succession de noms et de lieux visités avec un enthousiasme réduit. C'est le cas du premier tiers du récit, entre Maghreb et Moyen-Orient, qui est assez peu passionnant, malgré des endroits certainement très beaux et intéressants. La narration est ponctuée de quelques anecdotes mais rien de très marquant. L'intérêt est remonté pour moi quand Ibn Battûta a commencé à s'éloigner des terres traditionnelles musulmanes pour se rendre sur la côte Est-Africaine, puis à Constantinople et en Inde. On y découvre ici les ultimes frontières du monde musulman de l'époque, alors qu'il se marie avec des cultures locales assez différentes, et c'est un dépaysement plus intense que les premières étapes de son voyage. Je croyais que le point d'orgue de ce dernier serait son séjour en Chine, à l'image d'un Marco Polo, mais cet épisode parait assez terne et on passez vite dessus sans qu'il soit enthousiasmant. Je n'en retiens que la découverte du fait qu'il y avait là aussi des communautés musulmanes à l'époque. De même, on sent une vraie lassitude du voyageur lui-même et peut-être du narrateur aussi sur les dernières étapes au coeur de l'Afrique et du Sahara. Là encore, ce n'est guère passionnant. Ce qui m'a intéressé en tous cas, c'est la découverte de la société musulmane de l'époque et d'à quelle point un homme pouvait y être riche de sa simple instruction et de sa piété. Car c'est grâce à celles-ci qu'Ibn Battûta a pu être accueilli dans toutes les provinces islamiques, même quand il avait perdu toutes ses richesses, et qu'il a pu y gagner sa vie et une certaine renommée en officiant en tant que Qâdi, juge musulman, se faisant ainsi aisément l'ami des puissants sultans et autres émirs. La façon de vivre et d'estimer les choses y était également parfois radicalement différente. Je pense surtout à la place de la femme qui, quand elle n'était pas prostituée, était offerte en cadeau, en esclave ou bien en épouse qu'on peut répudier à loisir. Cette facette de la personnalité d'Ibn Battûta, qui a ainsi accumulé épouses et concubines au long de son périple sans jamais en aimer aucune ni se soucier d'en répudier certaines ou de voir disparaître d'autres, est nettement moins plaisante. Sur la forme, maintenant, cette BD est jolie. Le récit principal est réalisé à l'aquarelle, dans des planches lumineuses et agréables à l’œil, quoique j'aurais apprécié un peu plus de détails dans la représentation des lieux pittoresques visités. On a également droit régulièrement à des images de croquis, à la manière de ce carnet de voyage qu'est sensé avoir dessiné Ibn Battûta à chacune de ses étapes. Sauf que ces croquis sont réalisés dans un style trop moderne pour laisser penser qu'il s'apparente à celui de l'époque, et cela m'a un peu fait ressortir de l'ambiance historique. D'autant qu'ils contiennent quelques anachronismes comme cette vue du temple d'Abou Simbel complètement désensablé alors que ce ne sera que près de cinq siècles plus tard qu'il le sera. Mais je ne vais pas bouder mon plaisir : l'ensemble est beau et rend bien hommage à ce très grand récit de voyage.
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