La Vis (Neji Shiki)
Troisième tome, chronologiquement parlant, de l'anthologie des histoires courtes de Yoshihura Tsuge.
Garo (Editeur Seirindo) Gekiga Les petits éditeurs indépendants
En 1968, le talent de Tsuge ne fait plus débat. Ses pairs ne s'y sont pas trompés et son éditeur, qui est soucieux d'accompagner ce début de reconnaissance, décide de lui consacrer en juin l'un des numéros spéciaux du magazine Garo. Les lecteurs y retrouvent les histoires déjà publiées dans la revue, ainsi qu'une nouvelle inédite, Neji Shiki (la vis). Le caractère novateur de cette histoire produit un choc difficile à se représenter aujourd'hui.
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Date de parution | 12 Septembre 2019 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
J'avais le souvenir d'avoir moyennement aimé L'Homme sans talent du même auteur. Je vois sur ce site que c'était il y a près de 15 ans... mon avis serait peut-être différent aujourd'hui. Toujours est-il que le présent La Vis est un recueil d'histoires sans lien entre elles, qui fait un peu remonter mon estime pour Tsuge. Les éditions Cornélius toujours très pointues avec déjà plusieurs auteurs de gekiga au catalogue ont la bonne idée de proposer ces œuvres au public francophone. L'histoire qui est illustrée sur la couverture et qui donne son titre au recueil est la première du livre, et je dois dire qu'elle est un peu barrée, ce doit être une sorte de rêve de l'auteur et on sait bien souvent que ce n'est pas très rationnel. La fin tombe un peu à plat. C'est malheureusement le cas d'autres nouvelles où on ne comprend pas bien la finalité de l'auteur. Au niveau dessin c'est souvent splendide, on est proche de Tatsumi, contemporain du gekiga, avec parfois des silences qui en disent longs. Les histoires tournent pas mal autour de la sexualité, parfois malsaine comme la dernière avec cet homme qui profite d'une femme inconsciente pour la toucher. On ressent ensuite la culpabilité et ses angoisses d'être découvert. En tout cas on est beaucoup plus sombre et réaliste que Tezuka, donc logiquement à destination d'un public plus adulte, et un type de récit complètement novateur à la fin des années 1960 qui a élevé son auteur en tant que référence et inspiration des mangakas futurs.
Yushiharu Tsuge est un digne représentant du style Gekiga, ces tout premiers mangas qui ont choisi de représenter des thèmes plus adultes et sombres que les manga pour la petite jeunesse qui étaient la norme à l'époque. Il est essentiellement célèbre pour être l'auteur de L'Homme sans talent. La Vis est chronologiquement le troisième volume de l'anthologie que les éditions Cornelius lui ont consacrée. Il est précédé par Le Marais et Les Fleurs rouges. Il comprend des histoires réalisées entre 1968 et 1972 pour le magazine Garo, une publication de mangas qui se démarque des autres de l'époque car elle est l'une des premières à chercher à s'adresser à un public plus âgé. De ces trois volumes d'anthologie, c'est celui que j'ai le moins aimé. Et c'est bien là le problème pour moi vu que les fans de l'auteur considèrent que c'est à partir de celui-ci que ce dernier trouve vraiment son style et sa force narrative. La première histoire, la Vis, m'a franchement rebuté. C'est un récit étrange, onirique dans le ton et parfois sans queue ni tête, presque surréaliste. Je n'ai absolument pas accroché à son ton ni à ce qui pourrait faire son charme. Il joue avec des éléments qui ne me plaisent pas et ne me parlent pas. J'y suis resté hermétique, n'en comprenant pas grand chose ni dans le fond ni sur la surface. L'histoire suivante, Le Patron du Gensenkan, est moins absurde même si elle manque là aussi de clarté narrative, mais elle ne m'a pas davantage plu. Elle aussi joue avec des éléments narratifs qui me déplaisent, et qui se révèlent souvent plutôt glauques. Là encore je suis resté hermétique à cette histoire qui m'a presque ennuyé au final. La Fille du Mokkiriya est plus classique dans son style et plus lumineuses dans son ambiance. Si son entame a su m'intéresser et un peu m'intriguer, son dernier tiers m'a laissé nettement plus perplexe et j'avoue ne pas trop avoir compris où voulait en venir l'auteur. L'histoire suivant, Le Crabe, a elle aussi de quoi laisser perplexe. Elle fait en quelque sorte suite à une histoire de l'anthologie précédente puisqu'on y retrouve les mêmes lieux et la même famille de voisins du narrateur. Mais l'objectif de l'intrigue est difficile à cerner car son narrateur semble sauter du coq à l'âne au gré de son récit. Et là encore la fin laisse un peu circonspecte. Mais cette fois, j'ai bien aimé l'ambiance qui se dégageait de cette histoire là car elle dégage un certain humour et une bonne humeur qui sont nettement plus à même de me plaire que les éléments glauques des récits précédents. Et glauque, l'histoire suivante, Le patron du Yanagiya, l'est complètement à mes yeux. On y est dans le style typique du Gekiga tel que je ne l'aime pas, qui joue avec des éléments très adultes, parfois symboliques, parfois psychanalytiques, souvent dérangeants, que je trouve assez malsains. Je n'ai pas du tout apprécié ce récit là. Divagation est ensuite une histoire étonnante, mais qui pour autant ne m'a pas davantage plu. Son style graphique y est soudain bien plus épuré que dans la précédente mais c'est parce que 2 ans les séparent. Visuellement, c'est clair, c'est agréable, j'aime bien. Mais l'histoire par contre... elle semble elle aussi toucher un peu au psychanalytique et elle m'a encore une fois franchement laissé circonspect et pas convaincu du tout. Quant à la dernière histoire, Souvenir d’été, elle joue sur le sentiment de culpabilité d'un homme qui a été témoin d'un accident de voiture et a profité lâchement du moment seul qu'il a passé avec la victime inconsciente. Si l'intrigue est bien menée et qu'on sent la tension que subit cet homme et qu'il fait subir au passage à sa compagne, là non plus je n'ai pas été charmé du fait du côté malsain de l'acte de l'homme en début d'histoire et par le peu d'empathie que j'éprouve pour lui. Heureusement que je n'ai pas découvert Tsuge avec cet album là sans quoi je pense que j'en serai resté là.
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