Shanghai Dream
Berlin, 1938. Bernhard et sa femme Illo subissent de plein fouet les lois antisémites qui leur interdisent de vivre de leur art, le cinéma. Comme des milliers de juifs, le couple choisit de s’exiler. Au bout du voyage : Shanghai, une ville énigmatique et bouillonnante, où tout est à découvrir et à recommencer.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale 1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Berlin Chine Cinéma Immigrants Nazisme et Shoah Shanghai
Bernhard et son épouse, Illo, juifs berlinois, travaillent dans le cinéma. Elle est scénariste, lui est réalisateur. Le nazisme au pouvoir utilise les studios de la capitale allemande par l'UFA dont ils ont été rejetés. Ils survivent grâce au père d'Illo, Kessler, antiquaire et héros de la première guerre, décoré pour acte de bravoure, amputé, mais juif. Après avoir refusé de quitter l'Allemagne car pensant que ce ne serait pas "aussi grave", ils vont se rendre à l'évidence devant les exactions de plus en plus fortes et organiser leur exode. Vendant le peu qu'il leur reste, maquillant quelques onces d'or dans leurs vêtements, ils projettent le départ pour Shangai. L'Amérique ou l'Angleterre ne sont plus disponibles et la Chine, sous domination nippone, permet encore quelques départs motivés. Le passé de Kessler va permettre de financer ce voyage pour repartir de zéro. Las seuls deux billets sont accessibles et le jeune couple va embarquer vers la Chine. Le premier tome est marqué par la montée de l'antisémitisme, des exactions et de l'urgence du départ. Le second sera celui d'une nouvelle vie loin de l'Allemagne, où l'apport de Lin Lin, jeune chinoise, et du cinéma, permettra de se reconstruire.
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Date de parution | 26 Septembre 2018 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Cette série utilise une idée originale mais son exploitation m'a laissé sur ma faim. Cette aventure d'un couple juif qui fuit la violence des S.A dans un Berlin de la nuit de Cristal en direction de Shangaï est un scénario assez prometteur. En effet les auteurs placent le héros dans deux contextes hostiles différents. Il y a une partie chez les Nazis et une autre sous l'occupation japonaise. La partie allemande reprend des éléments classiques de la montée de la violence anti juive : discrimination, stigmatisation, spoliation, déchéance des droits élémentaire. Pourtant j'ai trouvé la personnalité du personnage d'Illo assez surprenante. Pour intensifier le côté dramatique, Thirault la rend très gamine dans ses choix. L'auteur utilise d'ailleurs un raccourci scénaristique sur son retour à Berlin qui ne m'a pas laissé perplexe. La partie sino-japonaise m'a laissé dubitatif en de nombreux endroits. C'est souvent une histoire bien moins connue du public français. Les auteurs rappellent avec justesse l'épisode de Nankin mais d'une façon trop rapide à mon goût. De même la présence japonaise est présentée d'une façon trop soft. Ainsi les services de police dirigés par un simple capitaine amateur de baseball (sport introduit au Japon en 45 par les Américains) et fan d'un joueur qui débute sa carrière me parait une fantaisie scénaristique bien trop empathique pour le personnage. Enfin la planche qui montre un camp d'internement japonais presque bucolique avec des prisonniers souriants m'a laissé pantois quand on connait la dureté des conditions d'internement des camps japonais. Le dessin semi réaliste de Jorge Miguel est attractif. Il permet un déroulé fluide et agréable. Les personnages possèdent de bonnes expressions et ne sont pas figés. Il y a de beaux extérieurs avec de nombreux détails. La série se laisse lire facilement mais je n'aime pas certains passages que je considère comme minimisant l'occupation japonaise et l'absence du rôle des occidentaux dans le partage de Shangaï en concessions.
Avec comme décor l’antisémitisme, les exactions nazies contre les Juifs, de la Nuit de Cristal à la fin de la seconde guerre mondiale, ce diptyque se révèle quelque peu orignal. En grande partie parce que l’intrigue est rapidement « délocalisée » en Chine, région rarement évoquée pour parler du sort des Juifs dans un territoire sous contrôle japonais. Bernhard, réalisateur juif à la UFA, à Berlin, a fui les persécutions vers Shanghaï, alors que sa femme Illo (elle aussi juive), sur un coup de tête, a quitté le bateau les emportant vers l’Asie pour essayer de sauver son père des griffes des Nazis. Bernhard, désespéré (et ayant appris la mort d’Illo), va alors n’avoir qu’un seul but. Contre vents et marées, malgré les soucis d’argent, les persécutions antisémites, les violences de l’occupant japonais et les problèmes de langue, il va, avec l’aide d’une jeune chinoise, Lin Lin, mener à bien le rêve qu’ils partageaient avec Illo : réaliser le film dont elle avait écrit le scénario à Berlin. Dessin et intrigue sont fluides, cela se laisse lire facilement, et on suit le combat de Bernhard pour sauver la mémoire d’Illo, tout en découvrant en partie la vie des réfugiés juifs à l’autre bout du monde. J’ai juste eu un peu de mal à comprendre le comportement de Bernhard envers Lin Lin, y compris à la fin. Fin qui m’est apparu quelque peu brutale, un peu bâclée (que ce soit pour la conclusion de la guerre, le bouclage du film, etc.) – tout en ne levant pas le voile sur ces relations.
Cette BD commence de manière très classique avec une famille juive qui subit de plus en plus la répression nazie dans l'Allemagne de 1938. Hormis le fait que le mari travaille dans le cinéma et que sa femme écrit des scénarios, c'est un contexte déjà très usité dans le domaine de la fiction, tous médias confondus. Mais là où la BD va devenir nettement plus originale, c'est qu'au moment où ce couple va décider de fuir enfin l'Allemagne, ce ne sera pas pour un autre pays d'Europe ni pour l'Amérique mais pour Shanghai, à l'époque sous domination japonaise et où des réfugiés juifs avaient plus de chances de réussir à sortir d'Allemagne qu'ailleurs. J'ai beaucoup aimé découvrir une vision de cette partie du monde à cette époque. Il est rare qu'elle soit abordée. Shanghai sous occupation chinoise et durant la guerre, on la voit en partie dans le film l'Empire du Soleil, mais c'est une autre facette qui nous est montrée ici : celle des réfugiés juifs qui ne sont pas emprisonnés par les japonais mais qui peuvent encore travailler tant bien que mal tout en jonglant avec le danger de se faire arrêter par l'occupant pour n'importe quel motif fallacieux. On découvre aussi un autre fascisme, celui des Japonais opprimant la population chinoise, tout en n'étant pas forcément en ligne avec les désirs antisémites de leurs alliés nazis. Et en parallèle, il y a toute cette motivation du héros de réussir enfin à monter ce film auquel il tient tant et comment il finit par se débrouiller avec une équipe chinoise et un producteur juif. Le sujet est original et intéressant. Il est aussi soutenu par un dessin de qualité tout à fait sympathique qui rend l'ensemble d'autant plus agréable à lire. Pour autant, je n'ai pas réussi à savourer pleinement ma lecture. Différents points plus ou moins mineurs m'ont dérangé. Au-delà de la cruauté des nazis puis des Japonais, il y a une part de naïveté ou de facilité dans le comportement des protagonistes et de l'intrigue, un côté presque cucul qui m'a un peu ennuyé. Il y a aussi surtout le comportement de l'épouse que j'ai trouvé vraiment stupide, voire pas vraiment crédible dans de telles circonstances, et qui m'a d'autant plus dérangé qu'il est au cœur des conséquences qui s'ensuivent pour son mari sur tout le reste de l'oeuvre. Et enfin il y a la fin du second tome que j'ai trouvée un peu trop rapide, limite abrupte, comme s'il fallait clore en 3 pages une intrigue qui aurait mérité encore au moins une dizaine de pages de plus pour trouver une fin vraiment satisfaisante. Bref, une série historique très originale dans son cadre et son contenu, avec un bon dessin, mais pour laquelle la mayonnaise n'a pas tout à fait pris.
On est entre 3 et 4 étoiles pour être honnête. La montée du nazisme et son impact sur les Juifs allemands (européens) a été plusieurs fois traitée (notamment Maus) mais rarement par ce prisme, en utilisant le cinéma, la propagande, le rejet des héros d'autrefois sur la seule base cultuelle. On a été nourri aux méchants allemands et de prendre en considération cette population bannie au mieux, exterminée ensuite, est assez rare pour être souligné. Les personnages sont intéressants et les rebondissements, que je tais volontairement, leur amènent progressivement un cachet et une profondeur importante. Le second tome va nous amener sur une nouvelle découverte, dévoilée sur ces dernières années mais pas forcément connue comme il se doit, la Chine occupée, le traitement des Japonais aux locaux, leur attitude vis à vis des Juifs, vis à vis des alliés allemands. Bref on découvre. C'est intéressant. Le cinéma est lui une trame de fond, d'abord pour parler de la propagande nazie, puis pour instaurer la reconstruction, en parlant également de la place des studios US en extrême orient. C'est graphiquement très réussi, à la fois classique mais suffisamment dynamique et "cinématographique" pour donner vie à cette trame historique. Le découpage est bon, il y a un cadrage ciné qui colle au thème et qui rend grâce à l'histoire. Cela fait une belle lecture, achevée en 2 tomes. D'ailleurs on sent rapidement que le format était bien choisi et volontairement défini pour développer l'histoire, sans trop la tirer en longueur, tout en permettant un bon développement. L'avis est un peu bancal mais je ne veux pas trop en dire pour ne pas cramer l'histoire. Bonne lecture.
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