Rouge passé

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Comment devient-on membre des Brigades rouges ? Comment s'en détacher après avoir assassiné ?


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Auteurs italiens Italie Les petits éditeurs indépendants Terrorisme

Le 27 mai 1980, Anna Laura Braghetti est arrêtée et condamnée à la réclusion à perpétuité pour avoir abattu le vice-président du Conseil supérieur de la magistrature. C’est sur cet épisode que s’ouvre le récit. En 1977, Anna Laura Braghetti rejoint l’organisation terroriste d’extrême gauche italienne, les Brigades rouges. C’est elle qui reste dans l’appartement dans lequel est séquestré et assassiné Aldo Moro au printemps 1978 et elle qui abat de onze coups de revolver Vittorio Bachelet. Au fil des pages, elle se confie au père Adolfo Bachelet, le frère de Vittorio Bachelet, qui l’accompagne sur le chemin de la réconciliation et lui rend visite jusqu’à sa mort. Un récit poignant sur l’engagement, le terrorisme et la rédemption, qui fait singulièrement écho à notre époque. En fin d’ouvrage, Alessandro Orsini, professeur de sociologie du terrorisme à l’Université Luiss de Rome, livre une analyse des origines du terrorisme. Quel est le lien entre idéologie et terrorisme ? (site éditeur)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Septembre 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Rouge passé © Steinkis 2019
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

25/07/2020 | Noirdésir
Modifier


L'avatar du posteur bamiléké

J'ai beaucoup aimé la lecture de cette série. Je la trouve très représentative du parcours dramatique de jeunes hommes et femmes (souvent de "bonnes familles") qui sont devenus les terroristes assassins des Brigades Rouges. Anna Laura Braghetti, la vingtaine, issue d'une famille bourgeoise de gauche dans une vie sans réelle difficulté se construit une toile idéologique superficielle qui va la conduire à intégrer les Brigades Rouges. Le fait majeur dans ce parcours est qu'elle va participer à l'enlèvement d'Aldo Moro la principale action du groupe terroriste italien. Elle commet aussi un assassinat contre le procureur Bachelet. Le témoignage d'Anna permet ainsi aux auteurs de nous livrer le face à face entre Moro et ses kidnappeurs. Personnellement c'est la première fois que je lis un témoignage aussi crédible sur un épisode majeur de la politique des années 80. J'ai été captivé par la qualité de ce passage qui possède en outre une très bonne qualité littéraire. Son incarcération de 15 ans est centrée sur sa rencontre avec le père Bachelet, frère de l'homme que Anna a assassiné. Au delà du pardon chrétien accordé par le père de façon classique, il y a un dialogue très intéressant sur l'humanité irréductible de chacun qui se brise face à l'idéologie. Anna était prédisposée à faire ce questionnement car elle l'avait en germe déjà dans ses promenades nocturnes quand elle préparait ses actions violentes. En aparté, j'ai trouvé que son incarcération semblait assez cool et bienveillante. C'est à mettre au crédit de la justice italienne. La mise en scène qui intercale des passages présents et passés est très intelligemment construite pour garder la fluidité et donner du sens au récit. Le graphisme est du type journalistique assez minimaliste mais dynamique et très expressif sans aucune caricature des différents personnages. À noter que le passage sur Aldo Moro est traité avec une dignité exemplaire. La série se termine par un article du Professeur Alessandro Orsini nommé "Idéologie et Terrorisme" d'un niveau universitaire. Une excellente lecture qui éclaire sur le déclenchement d'actions criminelles liées à l'idéologie.

09/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Sous-titré « histoire d’une rédemption », cet album raconte comment une jeune femme a intégré les Brigades rouges, puis a assassiné un haut magistrat italien. Mais aussi comment elle a cherché (et obtenu ?), une fois arrêtée et incarcérée, une forme de rédemption, suite aux visites et dialogues avec le frère de sa victime, un prêtre. On le voit il y a une dimension christique, religieuse sous-jacente à cette histoire – histoire vraie par ailleurs – à laquelle on peut ne pas adhérer (c’est mon cas). Mais c’est quand même intéressant, même si l’ensemble est très – trop – vite survolé, que ce soit la constitution d’une conscience politique, le fonctionnement des Brigades rouges, mais aussi les 15 années de réclusion. Je ne sais pas ce que ce témoignage peut avoir de représentatif – par-delà son côté un peu lacunaire (ça m’a quand même un peu frustré), mais il se laisse lire, avec un dessin moderne et minimaliste: la lecture est fluide. En fin d’album, un dossier/analyse du fonctionnement du terrorisme des Brigades rouges est très intéressant, c’est une analyse sociologique solide, plus consistante d’ailleurs que l’album BD lui-même. Même si un seul type de terrorisme n’est évoqué, ce qui peut un peu biaiser l’analyse. A noter que les années 1970 sont restées connues en Italie comme les « années de plomb », en référence aux assassinats (par arme à feu généralement) perpétrés par l’extrême gauche (Brigades rouges en tête), ce qui évacue le terrorisme d’extrême droite (qui lui utilisait des bombes, et a d’ailleurs fait bien plus de victimes – comme dans la gare de Bologne). De la même manière, sont encore poursuivis sans perspective d’amnistie ces anciens « brigadistes », alors qu’aucun terroriste d’extrême droite (liés à l’armée et à la CIA) n’est poursuivi. (on retrouve le même phénomène partout, y compris en France)

25/07/2020 (modifier)