We stand on guard
Un nouveau pamphlet contre la guerre signé Brian K. Vaughan, avec deux belligérants inattendus : les Etats-Unis contre le Canada...
Anticipation Canada Froid. Neige. Glace Image Comics Mecha Robots
Dans un futur proche, les États-Unis envahissent le Canada, dernière grande réserve d'eau naturelle. Face à l'adversaire, la résistance canadienne s'organise. Mais que faire lorsque votre agresseur possède une avance technologique qui renvoie vos lignes de défense à l'âge de pierre ? Engager une lutte sans pitié pour la liberté et être prêt à tous les sacrifices, même les plus abjects, pour voir votre cause triompher.
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Date de parution | 22 Juin 2018 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Carcajou inclus - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015, écrits par Brian K. Vaughan, dessinés et encrés par Steve Skroce, et mis en couleurs par Matt Hollingsworth. le titre du récit est une phrase extraite de l'hymne national canadien. En 2112, des drones bombardent la Maison Blanche et les images sont retransmises de par le monde, en particulier dans la maison de la famille Roos, à Ottawa dans l'Ontario. le gouvernement des États-Unis détermine rapidement (à tort ou à raison) que l'attaque venait du Canada, et déclenche une riposte militaire immédiate par le biais de missiles. Les parents Roos sont tués dans les bombardements, mais leurs 2 enfants Amber et Tommy y survivent. En 2124, le sud du Canada est un territoire militairement occupé, sous domination des américains. Amber Roos a pris le maquis et survit toute seule dans le grand nord canadien. Alors qu'elle chasse un renne, elle tombe sous le feu d'un droïde américain. Elle doit sa survie à l'intervention d'un petit groupe armé de rebelles composé de 6 personnes : Oscar Booth (caucasien, blond), Chief McFadden (mi asiatique, mi caucasien), Dunn (avec une prothèse à a place du bras droit), Highway (un indien d'Amérique), Lee LesPage (afro-canadien québécois, s'exprimant en français non traduit) et Qabani (musulmane). Alors que Booth panse la blessure au bras d'Amber Roos, un énorme véhicule tout terrain, une sorte de mécha d'une dizaine de mètre de hauteur sur 4 pattes, surgit et s'attaque au groupe. Après avoir affronté le mécha terrestre, le petit groupe (appelé Two-Four) teste la loyauté d'Amber Roos, puis lui bande les yeux et l'emmène dans leur base secrète. de leur côté, la responsable militaire des forces américaines interroge un suspect qui détient peut-être des informations décisives sur les rebelles canadiens. En parallèle, des retours en arrière évoque succinctement la manière dont Amber et Tommy Roos ont pu gagner la zone libre et échapper à l'armée étatsunienne. L'étau se resserre autour du groupe Two-Four et leurs options diminuent d'heure en heure. En parallèle de sa série à succès Saga, le scénariste Brian K. Vaughan développe d'autres projets, avec d'autres artistes. le point de départ du présent récit repose sur une idée fortement enracinée dans l'inconscient collectif canadien : le risque d'une opération militaire américaine pour annexer leur pays (sous un prétexte fallacieux), afin de mettre la main sur leurs ressources naturelles. Vaughan joue à plein sur cette théorie du complot, en la transposant dans un environnement d'anticipation. Il laisse planer le doute sur la culpabilité réelle ou supposée des canadiens dans l'acte terroriste perpétré sur la Maison Blanche, et il enfonce le clou avec l'objectif militaire des américains, à savoir sécuriser les ressources en eau douce du Canada pour irriguer les territoires américains transformés en désert par la sécheresse. Sur cette trame légèrement teintée de paranoïa (les rebelles étant persuadés que le gouvernement américain n'a jamais eu de preuve de la culpabilité des canadiens, voire que tout a été inventé, les américains étant persuadé des intentions criminelles des canadiens), le scénario suit les actes de résistance d'une minuscule cellule de rebelles canadiens (moins d'une dizaine) contre la grosse machine de guerre américaine. Pour rétablir l'équilibre, le climat rude du nord du Canada joue en faveur des rebelles. Vaughan s'amuse d'ailleurs à parsemer son récit de références au Canada, à commencer par sa géographie et son climat, mais aussi aux noms de villes ou de régions construits sur les dialectes des tribus indiennes, ou sur le français, aux consonances aussi exotiques qu'imprononçables pour des américains. Bien sûr, il n'oublie pas d'intégrer une blague sur les carcajous (en anglais wolverine). Tout du long du récit, Les Lepage s'exprime en français châtié, dépourvu de tout anglicisme comme un québécois pur souche qui se respecte, avec juste 2 fautes de français dans ses dialogues (ce qui représente un exploit pour un comics américain). Cette histoire relève du récit d'anticipation, tendance politique-fiction, avec plus de fiction que de politique. le scénariste a fait plaisir au dessinateur en incluant des méchas (soit autonomes, soit pilotés par un humain à bord), une prothèse bionique en guise de bras, des forteresses volantes (assurant leur vol autonome stationnaire par le biais d'une technologie non précisée), des dérèglements climatiques ayant conduit à la désertification de grandes étendues en Amérique du Nord, des drones aux capacités et à la technologie largement supérieure à ce qui existe, un réseau de communication accessible depuis des implants cybernétiques sous-cutanés, et des armements futuristes. Il s'agit également d'un récit de guerre, avec à la base l'invasion d'un territoire par un gouvernement étranger. le lecteur suit donc un petit groupe de rebelles tentant de résister à l'envahisseur, s'interrogeant sur la confiance qu'ils peuvent accorder à un élément exogène. Il est question d'armes, d'exécution sommaire des prisonniers de guerre, d'interrogatoires avec recours à la torture, de stratégie à l'échelle d'une poignée de résistants, mais aussi à l'échelle d'une nation. Bien évidemment, le lecteur assiste à des affrontements, avec blessures, morts au champ de bataille et opérations commando. Dès le départ, il comprend bien que le petit groupe Two-Four mène un combat contre l'armée d'une nation, David contre Goliath. L'aspect spectaculaire et divertissant de ces affrontements repose donc sur les épaules de Steve Skroce. Celui-ci réalise des dessins très détaillés dans une veine descriptive appuyée. le lecteur commence par découvrir la pièce à vivre de la famille Roos, très haute de plafond, joliment décorée, avec une grande baie vitrée et un canapé confortable. D'une manière générale, le dessinateur s'investit pour inclure une vue générale de chaque prise de vue en intérieur, avec un aménagement adéquat (entre meubles fonctionnels et dépourvus de personnalité pour les locaux militaires, et intérieurs privés attestant du soin pris par leur propriétaire pour les personnaliser). L'histoire continue par la chute des missiles sur le territoire canadien et sur les centres urbains. Skroce ne se complaît pas dans le gore, mais il n'en détourne pas non plus pudiquement le regard. le lecteur voit donc les blessures, la peau déchirée, les os protubérants, la chair calcinée, les membres arrachés et même des intestins à l'air suite à une éventration. Les auteurs ont donc choisi de ne pas édulcorer les blessures, encore moins de les rendre romantiques. Les individus meurent, estropiés, en souffrance. Pire encore, l'utilisation de rayons laser découpe les individus, libérant la pression artérielle. Les blessures sont nettes et sans bavure, mais c'est une vraie boucherie car il ne cautérise pas les plaies. Cet aspect de la violence s'exerce avec d'autant plus d'impact émotionnel, que chaque personnage est aisément identifiable et dispose d'une morphologie réaliste, à l'opposé des superhéros, ou même des récits d'aventure avec héros musculeux. Le dessinateur a également l'occasion de représenter 2 animaux dont un chien bizarre (sa véritable nature provient d'un croisement génétique improbable) et un magnifique renne broutant dans un champ de neige. Les grands espaces naturels canadiens invitent au tourisme, mais le degré de réalisme reste relatif, car il n'y a par exemple qu'une seule essence d'arbres (des sapins). Cela n'empêche qu'une vue d'ensemble sur un champ ensemencé reste très convaincante. Le gros du spectacle réside donc dans les affrontements et dans les méchas. le lecteur suppose que Vaughan a dû demander à Skroce ce qu'il voulait dessiner au préalable et qu'il a aménagé son scénario en fonction de la réponse. Cela commence donc avec ce drone automatisé en forme de gros chien métallique de 2 mètres de haut. Ça continue avec espèce de forteresse à 4 pattes d'une dizaine de mètres de haut. Ça culmine avec un dessin en double page montrant une vingtaine de forteresses volantes en plein ciel. Les combats présentent une excellente visibilité, permettant de suivre les déplacements des différentes factions. le dessinateur n'abuse pas des explosions, et elles sont spectaculaires quand elles sont présentes, sans être démesurées. Il s'en suit un spectacle visuel de qualité qui se lit une fois et demi plus vite qu'un comics ordinaire de la même pagination. Dans le fond, Brian K. Vaughan n'a pas trop exagéré le point de départ, puisqu'effectivement les États-Unis avaient conçu et développé un plan d'invasion du Canada dans les années 1920/1930, appelé Plan de Guerre Rouge, et évoqué par l'un des personnages. Il s'investit dans la conception et la mise en place de la situation, avec des personnages dont la diversité reflète celle de la population canadienne, des références géographiques et une forme de patriotisme (jusqu'à l'un des résistants qui soutient que Superman est canadien). Néanmoins, le lecteur s'aperçoit que l'histoire revient vite vers un récit de confrontation entre 2 factions, avec des rebelles qui finalement ont quand même une sacrée chance face à l'armée de tout un pays (même si Vaughan fait tout ce qu'il fut pour rendre cette chance plausible). le spectacle est assuré par les dessins méticuleux, clairs et détaillés de Steve Skroce. Il s'agit avant tout d'un divertissement, sans regard personnel sur la guerre, encore moins sur le patriotisme ou la géopolitique.
Étrange, cette histoire, dans laquelle les États-Unis sont en guerre avec leur voisin canadien, qu’ils envahissent et dont ils pillent les ressources hydriques. Une histoire SF d’anticipation qui, une fois la surprise de départ passée, se révèle agréable à lire. Le dessin comme la narration sont fluides, globalement à mon goût. Histoire qui est traitée sur un bon rythme, il n’y a pas de temps morts ou de longueurs inutiles. Je dirais presque que cette concision est regrettable et source de frustrations. En effet, j’aurais aimé en savoir plus sur « l’avant » (comment en est-on arrivé à cette situation de guerre) et « l’après », mais aussi connaitre un peu mieux l’époque, le contexte, et les personnages (il y a avait matière à développer ces points – en particulier autour de la femme américaine qui mène les interrogatoires). Bref, une lecture plutôt agréable, mais qui laisse un goût de trop peu. Pour le reste, les amateurs d’action et de combats SF y trouveront de l’intérêt.
Le site a attiré mon attention sur ce one-shot et je suis allé emprunté l'album à la bibliothèque. Ah oui j'ai lu la version originale en anglais et je dois dire que les dialogues en français du résistant francophone sont bien écrits. Je me demande comment ça a été traduit en français, vu qu'il y a tout de même des choses comme une scène où un personnage lui dit de parler en anglais. Donc voilà les États-Unis ont envahi le Canada et il y a un groupe de résistants dont une jeune femme qui veut se venger parce que sa famille a été tuée par les Américains lorsqu'elle était petite. Mon résumé semble basique et c'est parce que le scénario l'est. C'est pas mauvais, cela se laisse lire sans problème, la narration est fluide, il y a de bonnes scènes et de bons personnages... sauf que voilà ça manque d'originalité et c'est cousu de fil blanc. À aucun moment le récit ne m'a semblé mémorable ou passionnant à lire. C'est un album divertissant qui fait passer le temps, c'est tout. Le dessin est correct. C'est le genre de style réaliste froid que je n'aime pas trop dans les comics modernes, mais au moins le dessin est lisible contrairement à d'autres comics modernes où j'ai de la difficulté à comprendre l’enchaînement des scènes.
J'ai un peu le cul entre deux chaises, là. D'un côté, j'ai vraiment aimé la lecture de ce comics et j'aimerais en dire le plus de bien possible, et d'un autre côté, il a des faiblesses évidentes, qu'on ne peut pas ne pas souligner. Commençons donc par les faiblesses : le pitch de Brian K. Vaughan est très bon sur le papier, mais à la lecture, il se révèle bien trop classique pour créer la moindre surprise. Le problème majeur de We stand on guard, c'est qu'il est trop court. L'exposition est excellente, et annonce le début d'une potentielle grande saga, qui sait prendre son temps pour présenter ses personnages et instaurer des enjeux puissants. Alors pourquoi tout faire tenir en un one shot de 140 planches ? Avec de tels enjeux, cela aurait mérité d'être largement plus développé... Cela contraint Vaughan à effectuer des raccourcis scénaristiques très dommageables à l'intrigue, et l'empêche d'imaginer des rebondissements vraiment surprenants. Un petit gâchis à ce niveau-là, vraiment décevant. Vaughan sacrifie dès lors l'aspect géopolitique de son histoire, brossé de manière bien trop schématique. De l'autre côté, les personnages sont intéressants, mais répondent finalement à tous les clichés du genre, d'un politiquement correct trop visible pour être vraiment subtil : descendante d'immigrés, homosexuel bien viril comme il faut, jeune canadienne prête à tout pour défendre son pays... Il y avait quelque chose à faire de ces personnages, mais pas en 140 pages aussi remplies. Voilà pour les principales faiblesses du récit. Et pourtant, on ne peut pas dire que la lecture de ce comics ne soit pas agréable. Le pitch est donc sacrifié sur l'autel de l'efficacité narrative, mais il reste très intéressant. Cette idée de guerre entre les Etats-Unis et le Canada donne lieu à une histoire très prenante, qui m'aura au moins appris que les USA avaient prévu un plan d'invasion de leur voisin du Nord dès... 1930, à l'époque où ils craignaient que le Canada ne s'allie à la Grande-Bretagne, dans une potentielle guerre contre eux. Je ne connaissais pas ces relations tendues entre les deux nations au XXe siècle. Le scénario avance donc de manière classique, mais on ne s'ennuie jamais pour autant, grâce au talent de narrateur de Brian K. Vaughan et à celui de dessinateur de Steve Skroce. Vaughan a tout de même l'intelligence de ne pas sombrer dans le manichéisme : s'il épouse sans trop de recul la lutte de la résistance canadienne, il instaure toutefois une très belle ambiguïté, notamment dans le dernier chapitre, absolument captivant, où toutes les cartes sont rebattues et où on ne sait plus tout-à-fait qui, des Américains ou des Canadiens, est le plus responsable de ce conflit violent. Intéressant, mais malheureusement pas assez développé, toujours à cause de ce malheureux choix du format one shot. Il faut également souligner un bon usage de la violence, Vaughan ne reculant jamais devant une brutalité très crue, ayant parfois recours au gore, pas plus qu'il n'hésite à infliger à ses personnages même principaux des dommages importants. Là-dessus, rien à redire, l'auteur sait être impitoyable quand il le faut, augmentant par là même l'empathie du lecteur et le réalisme du récit. Enfin, graphiquement, We stand on guard est une belle réussite. Les machines dessinées par Steve Skroce ne sont guère originales. Elles sont très bien dessinées, mais on les dirait trop sorties d'un classique de la science-fiction des années 50 (le Guerilla évoquant bien trop les TB-TT de Star Wars). En revanche, le dessin reste envers et contre tout somptueux. D'un grand réalisme, mais pas trop extrême, le trait de Skroce donne pleinement vie aux personnages de Vaughan et nous offre des planches graphiquement très impressionnantes. On est vraiment immergé en plein coeur de l'action. L'agencement des cases est souvent classiques, mais n'exclut pas une réelle ampleur quand le dessin exploite l'entièreté de la page, notamment dans des scènes d'action musclées. Ainsi, We stand on guard n'est pas la bande dessinée la plus originale que j'ai lue, et souffre d'évidentes faiblesses due au format trop court choisi par ses auteurs. Pourtant, le comics de Vaughan reste une proposition très intéressante, captivante à lire et visuellement tout ce qu'il y a de plus convaincante. Une belle découverte à faire malgré tout.
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