Watchmen
Will Eisner Award 1988 : Best Finite Series/Limited Series & Best Graphic Album Angoulême 1989 : Alph-Art du meilleur album étranger Le mythe des super-héros revisité par Moore et Gibbons... L'ultime chef-d'oeuvre du genre.
Alan Moore Angoulême : récapitulatif des séries primées Auteurs britanniques BD adaptées en séries télévisées live BDs adaptées en film Best of 1980-1989 Couleur de peau : bleu DC Comics Gros albums Les meilleurs comics Les Uchronies Science-Fiction, le best-of Super-héros Watchmen Will Eisner Awards
New York, 1985. Alors qu'une guerre nucléaire menace d'éclater, les Watchmen - un groupe de super héros justicier mis hors la loi quelques années plus tôt - reviennent sous les feux de l'actualité par les pages de faits divers. Edward Blake, alias le Comédien, a été assassiné... C'est le début du terrible soupçon qui pousse Rorschach, le détective psychotique en imper et chapeau mou, à avertir ses anciens partenaires, le Hibou, ancien justicier devenu bedonnant, Ozymandias, l'industriel le plus intelligent du monde, Dr Manhattan, l'homme bleu... L'alerte est donnée : "il y a un tueur de masques après nous !" Alors, tandis que les aiguilles se rapprochent inexorablement de minuit, commence une traque sans pitié où chacun apportera sa pièce du puzzle, pour révéler peu à peu l'inimaginable vérité...
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Date de parution | Septembre 1987 |
Statut histoire | Série terminée (Uniquement disponible en intégrale) 1 tome paru |
Les avis
D'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours bien aimé les super héros. J'ai eu l'occasion de lire quelques Strange, Titan ou encore Nova dans mon jeune âge. Je me suis donc attaqué à "Watchmen" avec l'envie de découvrir de nouveau super héros, car honte à moi, je ne connaissais pas du tout notre bande. Il s'agissait là de ma première erreur. "Watchmen" ne réunit pas des supers héros, seul le docteur Manhattan peut prétendre à ce titre, mais des gens somme toute ordinaire réalisant des choses extraordinaires, des vrais héros en l'occurrence. Il m'a fallu attendre le 5ème chapitre, consacré à Rorschah, pour vraiment entrer dans l'aventure. Dans les premiers chapitre on jongle sur une vingtaine d'années entre les Minutmen et Les Watchmen. Le 3ème chapitre consacré au docteur Manhattan fut pour moi une vraie purge à lire. Ca sera là ma deuxième critique, cet ouvrage est compliqué à lire. avec une histoire dans l'histoire. Chaque chapitre est entrecoupé d'extrait de journaux, de romans, rendant nos héros plus "vivants", ce qui est bienvenu pour éviter l'overdose et pour comprendre également un peu plus l'histoire même si tous ces intermèdes ne sont pas toujours utiles. Un autre point qui me chiffonne est la nette liberté prise avec l'Histoire. Nous sommes en 1985, Richard Nixon est toujours le président des Etats Unis qui ont également gagné la guerre du Vietnam, grâce à l'intervention du Docteur Manhattan. D'ailleurs c'est sa petite fugue puérile sur Mars qui provoque le point culminant de la guerre froide avec l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS. Je ne suis pas très à l'aise avec cette vision anachronique de l'Histoire. S' il n'était pas possible de faire correspondre l'intrigue avec le vrai point culminant de la guerre froide, qui se situe plus à l'époque des Minutemen, pourquoi ne pas avoir simplement laisser la partie du plan de l'antagoniste se dérouler sans vouloir recréer l'Histoire. Je n'en ai pas compris l'intérêt scénaristique. Malgré toutes mes critiques, le génie d'Alan Moore a été de quand même réussir à me faire attendre la fin avec impatience , de savoir comment cela allait finir et ça c'était loin d'être gagné du coup. Mais que je fus déçu de l'épilogue. Je n'ai pas du tout adhéré à cette fin sans gentil ni méchant comme si tout cette histoire n'avait servi à rien. Au niveau du dessin je n'ai pas grand chose a redire, Dave Gibbons maîtrise très bien son art, on est dans la pure veine des Comics de ces années là aussi bien au niveau du dessin que de la colorisation. Pour moi cet ouvrage, qualifié de chef d'œuvre, n'est vraiment pas destiné à tous les lecteurs. De par sa complexité, "Watchmen" s'adresse a un public de connaisseurs. Je n'en fais malheureusement pas "encore" parti
J'ai été complètement absorbé par l'univers de Watchmen. L'histoire est riche et complexe, mêlant habilement enquête policière et science-fiction. Les personnages sont profonds et fascinants, chacun avec son propre passé et ses motivations. Le travail graphique est incroyable. Les dessins sont détaillés et servent parfaitement le récit. Même si les couleurs peuvent sembler datées, elles contribuent à l'ambiance unique de la bande dessinée. La structure narrative est ingénieuse. Les flashbacks et les différentes intrigues s'entremêlent pour créer une expérience de lecture dynamique et immersive. Ce qui m'a le plus marqué, c'est la manière dont Watchmen pousse à réfléchir sur des thèmes comme la justice, le pouvoir et la condition humaine. C'est une œuvre qui invite à la réflexion et qui reste pertinente bien après sa lecture. En résumé, Watchmen est une oeuvre magistrale qui a su me captiver de la première à la dernière page et je la recommande vivement à tous les amateurs de bandes dessinées.
Postmoderne - 1. Sortie initialement en 1986, Watchmen est une bande dessinée au potentiel de relecture infini. Il y' a toujours un détail pour reparaître. Ainsi, dès la page 1, on aperçoit un camion de Pyramid Deliveries qui va sûrement livrer l'un des derniers composants pour le dénouement final. 2. Watchmen, c'est une bande dessinée policière qui commence par un crime et qui déroule l'enquête de manière ludique et intelligente adapté à ce média visuel. le Comedian, un ex-superhéros, a été assassiné. Ses anciens compagnons se mettent à la recherche du coupable. 3. Watchmen, c'est une rigueur graphique exceptionnelle. Dave Gibbons réussit à mettre toutes les informations exigées par le scénario dans chaque dessin, sans aucune impression de surcharge visuelle. Il a retenu une trame rigoureuse de 9 cases par page, avec quelques variations qui consistent à fusionner 2 ou 3 cases entre-elles. Les dessins sont entièrement au service de l'histoire. 4. Watchmen, c'est une structure narrative complexe qui donne l'impression au lecteur d'être intelligent. Moore et Gibbons enchevêtrent l'enquête principale avec des pages de textes illustrées en fin de chacun des 11 premiers chapitres, et avec une bande dessinée dans la bande dessinée. Cette histoire semble dans un premier temps s'appliquer au coupable et condamner ses actions (comme un signe annonciateur du jugement de valeur final du Docteur Manhattan), et comme un clin d'oeil ironique au choix du prochain sujet de la feuille de choux d'extrême droite. 5. Watchmen, c'est un point de vue philosophique sur le sens de l'histoire et la perception de la réalité. À un deuxième niveau, l'histoire du Black Freighter indique que la compréhension et l'interprétation de la réalité dépend de la personne qui la contemple ; chaque individu est limité dans sa capacité à appréhender le monde qui l'entoure. De la même manière, chacune de nos actions est asservie à notre capacité à comprendre ce qui nous entoure. Et ce développement de l'histoire renvoie à ces moments où les personnages changent de vision sur le monde qui les entoure en contemplant les actions du Comedian. Edward Blake est celui qui dispose de la vision la plus claire du monde qui l'entoure, mais c'est aussi celui qui est le plus incapable d'agir parce que cette absence d'illusions le prive de motivation. 6. Watchmen, c'est une uchronie dans laquelle l'existence d'un seul homme doté de pouvoirs extraordinaires a bouleversé le rapport des pouvoirs des nations. La défense stratégique des États-Unis repose sur ses épaules. Richard Nixon est toujours au pouvoir. Mais la tension monte entre l'Ouest et l'Est et une guerre semble inéluctable et imminente. 7. Watchmen, c'est une analyse psychologique pénétrante et sophistiquée de chacun des principaux personnages. Après le décès du Comedian, chacun se remémore à tour de rôle une de ses rencontres avec lui. Mais il s'avère que ces scènes ne servent pas tant à honorer la mémoire du défunt qu'à mesurer son impact sur chacun des narrateurs et sur l'orientation qu'il va donner à sa vie. 8. Watchmen, c'est un univers visuel d'une rigueur et d'une cohérence parfaites. Dave Gibbons et Alan Moore ont travaillé pour rendre chaque élément visuel significatif : les graffiti sur les murs, la récurrence symbolique du smiley taché, les voitures électriques, les logos des entreprises, les affiches publicitaires, jusqu'au design des chaussures portées. 9. Watchmen, c'est des séquences narratives d'une force et d'une intelligence inouïes. le chapitre consacré à Rorshach est bâti autour de la symétrie du masque. La première page répond à la dernière, la seconde à l'avant dernière, etc. Dans le chapitre 9, Moore et Gibbons réussissent un tour de force exceptionnel : ils arrivent à faire partager au lecteur le point de vue d'un personnage qui a une perception globale du temps et non linéaire. Et le résultat est convaincant. Cette séquence sur Mars vaut à elle seule 5 étoiles (et même plus). 10. Watchmen, c'est une bande dessinée qui s'est élevée au-dessus de son origine (comics de superhéros) pour atteindre le niveau de chef d'oeuvre auquel on ne pourrait reprocher que la place réduite des femmes. le lecteur fait connaissance avec des personnages singuliers dans le cadre d'une trame policière classique qui sert à interroger les désirs et les motivations de chacun, ainsi que le sens de l'Histoire, tout en possédant une hauteur teneur en divertissement. 11. Watchmen, c'est une déconstruction exemplaire des conventions du récit de genre « superhéros ». À l'instar des philosophes du 20ème siècle, Alan Moore fait apparaître les postulats acceptés sans question et les contradictions internes (concernant les récits de superhéros), tout en proposant une alternative. Il pointe du doigt les conventions et stéréotypes du genre : problèmes réglés à coups de poing, puissance physique masculine prédominante, loi du plus fort, suprématie d'une vision du monde paternaliste et hétérosexuelle. Un par un, les superhéros sont confrontés à leurs limites, à l'inadéquation de leur mode d'action. le cynisme du Comédien ne lui apporte ni bonheur ni paix de l'âme et le conduit à vivre en marge de la société. L'intransigeance de Rorshach l'accule dans une impasse existentielle, au sens propre. Le docteur Manhattan se débarrasse de toute responsabilité en devenant un esprit analytique retiré de l'humanité. Ozymandias a peut-être gagné une bataille, mais pas la guerre. Seul le Hibou semble avoir un avenir, or c'est le seul qui a renoncé à ses modes opératoires de superhéros. L'idéal héroïque classique est incarné par des individus au système de valeurs sujet à caution, imposant leur volonté par la force, solitaires au point de se couper des individus qu'ils défendent. le pire représentant de cette engeance est Edward Blake, homme d'action sans remords, ayant abattu une femme enceinte de sang-froid, et violeur. Moore condamne sans appel ni ambiguïté cet individu viril, macho et violent. Son cynisme l'a empêché de construire quoi que ce soit, l'a séparé de tous ses compagnons et ne l'a sauvé de rien. À l'opposé d'Edward Blake, il y a l'étrange tandem de Sally et Laurie Juspeczyk, la mère et la fille. La première est alcoolique et toujours sous le charme de son violeur, la deuxième boit, fume, tabasse et vomit, sans oublier ses relations sexuelles de femme libérée. Pourtant, ce personnage débarrassé des atours romantiques et romanesques de la gente féminine incarne l'alternative intelligente et pertinente au patriarcat. Alan Moore a choisi de construire un personnage complexe, avec des défauts très humains, comme modèle à suivre et il s'agit d'une femme. De la même manière, Moore refuse le simplisme dans la description de la minorité sexuelle lesbienne. Joey et Aline sont également débarrassées des clichés romantiques, dépourvues d'idéalisation, dépeinte sans sensationnalisme ni voyeurisme. L'auteur ne remplace pas un idéal parfait (l'homme viril et puissant), par un autre. Il montre la réalité dans sa complexité et son pluralisme. Il s'inscrit dans le courant philosophique du postmodernisme (ou philosophie postmoderne, concept différent de celui de postmodernisme artistique). Il fait sienne la remise en question d'une vision universaliste de la réalité, pour mettre en scène une conception pluraliste de la réalité. Moore montre des personnages agissant suivant leurs convictions, issues de leur compréhension incomplète de la réalité (ce qui est le lot de chaque être humain). Au lieu d'imposer une vision unique supplantant les autres, son récit sous-entend que la condition humaine doit s'accommoder de cette pluralité, de cette absence de vision unique et absolue. Les dessins très descriptifs et un peu uniformisés de Dave Gibbons renforcent cette idée, en mettant chaque individu sur le même plan, avec un traitement graphique similaire, sans favoriser un personnage ou un autre, sans qu'un point de vue ne bénéficie d'une esthétique plus favorable. 12. Watchmen, c'est un héritage impossible à porter pour l'industrie des comics de superhéros. Les maisons d'éditions Marvel et DC ont souhaité tirer les bénéfices de Watchmen et de Dark knight returns, en réitérant les éléments qui ont fait leur succès. Il s'en est suivi une vague de récits plus noirs, avec des superhéros plus névrosés, plus désespérés, et souvent plus sadiques dans leur violence. Dans le pire des cas, les auteurs maisons (et les lecteurs) ont vu en Rorschach le vrai héros de Watchmen, l'individu qui n'a pas eu de chance à la naissance, et qui applique une justice expéditive et sadique. Dans Watchmen, Walter Korvachs n'a rien d'un modèle à suivre. Il exécute froidement, blesse et handicape à vie ses opposants. Il vit une vie malheureuse et misérable. Son intransigeance le conduit à une forme de suicide, par un tiers. Au mieux, les suiveurs ont vu dans le Comédien une forme de nihilisme adulte et conscient. À nouveau, Edward Blake est une ordure de la pire espèce, violeur sans repentir (il n'hésite pas à revenir auprès de Sally Juspeczyk), meurtrier d'une femme enceinte sans défense. Depuis sa parution en 1986/1987, l'oeuvre de Moore et Gibbons a inspiré nombre de créateurs qui n'y ont vu que cynisme et violence, passant à côté de la ligne directrice qu'est la philosophie postmoderne. Watchmen n'est pas l'histoire de cinq ou six superhéros confronté à un niveau de réalité dans lequel les affrontements physiques ne résolvent rien. C'est la déconstruction d'un genre, et la proposition d'une nouvelle façon de regarder le monde.
Je suis tombé aussi haut que notre protagoniste Le Comédien, mais heureusement pour moi, je m'en suis relevé physiquement et mentalement comme Le Hibou, qui ma procuré une impulsivité et une envie de justice à l'image de Rorschach. Ce qui m'a fait réfléchir sur des plans complexes et malsains tout comme Ozymandias, par conséquent tout cela m'a transporté dans une conscience/inconscience selon notre cher Dr Manhatthan... Moi qui partais avec un a priori mitigé par rapport aux avis de cette fiche, je me suis dit qu'après "Killing Joke" de notre cher M.Moore, ça ne pouvait qu'être bon, et bien croyez moi, c'est bien un ovni qu'il nous a accouché... Ceci grâce aux dessins de M.Gibbons et surtout nom de dieu, des couleurs sacrées de M. Higgins qui m'ont transporté dans l'ambiance des années Nanar 80 ! Pourtant je suis qu'un simple gueux des années 90, mais que j'aime la dizaine avant moi ... Ce livre sacré, est réussi pourquoi ? tout simplement parce que notre Trio était en symbiose, que dis-je, en transe... Premièrement le récit est bien découpé, ficelé, arrangé pour que tout colle et qu'ainsi notre 2e lecture nous en apprenne davantage (je ne vais pas vous faire un résumé), mais surtout bon sang de bois... Les Personnages vivent ! Ils sont tous intéressants, intrigants et attachants, avec des punchlines de dingue et des dialogues qui transpirent d'intelligence. Deuxièmement les dessins ... regardez simplement les quelques planches sur cette fiche, pas besoin d'en dire plus, enfin si ..., Les cases nom de dieu ! que j'aime ce vieux format de 9 cases par page, tout est cadré, les plans qui y sont nichés sont magnifiques, sombres, effrayants et bluffants ... Et pour finir, Troisièmement les couleurs, telles des cocktails servis en terrasse d'été, sans ordinateur, ça pète, ça vit, c'est un vrai savoir faire ... notre oeil observateur capte les moindres détails importants et impactants au récit. Pour conclure, lisez le, sinon vous passeriez à coté de quelque chose sur l'art de la BD, et comme ça ne suffisait pas, ce livre a lui-même créé sa progéniture qui se nomme Minutemen, la source des Watchmen. Profitez de votre lecture sans vous faire spolier par divers avis ici ou ailleurs, bonne lecture à toutes et à tous...
Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, il y a déjà une pléthore d'avis plus qu'intéressant qui résume bien l'histoire. Pour ma part, j'ai aimé Watchmen, mais pas au point d'avoir envie de le relire. L'histoire est complexe, dense et les personnages sont riches et vraiment intéressants. Mais c'est aussi le défaut de l'histoire. C'est peut être un peu trop complexe, rendant difficile la compréhension de l'univers. De même que c'est un peu trop dense. J'ai dû faire plusieurs pauses pour ne pas faire d'overdose. Mis à part cela, Watchmen est un comics plein de grandes qualités, et on ne peut que comprendre le grand succès de cette histoire. Référez vous aux avis précédant le mien pour le comprendre. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
2,5/5 que je bonifie à "Pas mal". Une uchronie riche mais un peu fastidieuse. Il y a une histoire qui sort incroyablement du lot. Le reste se lit bien sûr, mais c'est lourd non ?! L’univers Comics n’étant pas ce que je préfère, ce "culte" ne changera pas mon fusil d'épaule. LES PLUS C’est un roman graphique dense mais l'intégrale est bien structurée. Le texte qui se trouve à la fin de chaque chapitre est à chaque fois intéressant. Utile pour le récit, il peut aussi refléter l’époque ou même avoir une approche historique des Comics… Je suis agréablement surpris par les développements qu’on y trouve et par leur complémentarité avec le récit. Sur l’histoire, le personnage de Rorschach est tout simplement génial. La façon dont il mène son enquête et son état d’esprit face aux situations, tout ça me plaît énormément. C’est une histoire à elle toute seule et j’aurais adorer n’avoir que son parcours à lire! Personnage droit dans ses bottes, il reste opaque pour ceux qui le côtoie, tout en étant nuancé aux yeux du lecteur. Les rebondissements sur son identité, son histoire, ses aspirations et finalement sa destinée... tout ça c'est super soigné. C’est LA grande réussite ! THE BIG REUSSITY comme on dit Et puis il y a toute cette tension ambiante hyper sombre de New-York : rues malfamées, misère, débauche, folie qui ronge peu à peu la population, qui n’a d'autre support que la TV et les journaux à sensation pour suivre l’actualité terrifiante… L’horizon pessimiste est superbement amené, on a la curiosité mal placée de vouloir connaître ce que sera la fin d’un monde, si elle débarque! Je suis pas trop allé dans le fin-fond du bouquin, mais il y a un rapport au temps qui est digne d’intérêt : le titre, 1 chapitre = 1 heure, l’urgence des actions, le passé des super-héros et leur avenir, la trace des exploits dans l'Histoire, l'anticipation, la personnification du temps... Il y a matière à étudier et dégager quelque chose de cohérent je pense. LES MOINS Dans la forme narrative y’a des trucs qui me chafouinent. Celui qui lit son comic pendant que le vendeur de journaux se lamente, c’est pénible à lire. Je lisais 2 fois les planches au final. Les « j’veux dire » à répétition sont irritables, il aurait fallu tourné ça autrement plutôt que choisir une traduction littérale de l’expression « I mean »… Dr Manhattan, Le Spectre Soyeux, Le Hibou… Leurs histoire ne m’ont pas plus. Ca tergiverse trop longtemps, il n’y a pas grand-chose en fait. Dr Manahattan est un Dieu qui a la puissance sur toute chose et bizarrement il est entre les mains des américains… Autrement dit, les Etats-Unis contrôle un Dieu. Ah bah non c'est pas bizarre, c'est un comic ! Alors oui, Dr Manhattan c’était aussi un homme. Un peu paumé sur ses actions, il est victime d’une rupture conjugale qui, entre nous, est tout à fait ridicule. Il va réagir comme un gosse et s’enfermer dans sa chambre. C’est gnangnan ! Vous vous ferez votre avis sur la suite, mais j'ai trouvé le dialogue sur Mars d'une niaiserie sans nom. De manière générale, tout ce qui est romance amoureuse dans ce bouquin vieillit terriblement mal. Il y a des paraphrases, les formules sont longues, les monologues sont éprouvants à lire. Ce qui amène les auteurs à prendre leur temps dans le développement du récit, trop pour moi. Les personnages sont nuancés mais leurs dilemmes ne sont pas intéressants. Je reste assez neutre sur le dessin, vraiment pile au milieu. Au niveau des couleurs, c'est un peu flashy quand même. Des tons plus sombres ne m'auraient pas déplus, plutôt qu'un aspect psychédélique comme ça. Et puis ce qui bloque, c’est cet univers Comics entier. C’est peut-être ça qui cloche vraiment, en fait. Je lis qu’Alan Moore révolutionne le genre. J’ai du mal à comprendre. Pour moi l’envahisseur reste l’U.R.S.S. (dans la trame, c’est elle qui avance et qui menace) et le héros du Monde reste américain, les sacrifiés pour un monde meilleur sont américains… Et puis, évidemment, les Etats-Unis c’est le Monde. Bref ça me froisse un peu et je trouve ça conventionnel dans le fond. Peut-être que je suis maladroit de le voir comme ça mais bon... Je ne regrette qu'un peu mon achat. Je le garde avec moi, à redécouvrir peut-être sous un autre angle. Plus tard… Pour ce qui est de posséder Watchmen, je propose aux lecteurs néophytes de commencer par emprunter, c’est un monument qui nécessite d’abord une visite gratuite.
Et tout ça malgré un dessin qui me laisse souvent de marbre... sans doute avec intelligence pour laisser assez de place à son histoire. Vraiment, quelle claque que ce scénario ! Des personnages semblant inspirés de des héros classiques (Batman, Punisher...) révèlent leur coté sombre, naïf, humain ou inhumain. Tout y passe avec finesse, le bien, le mal, la fin qui justifie les moyens. Rien à dire pour moi, il faut lire et relire Watchmen.
Je ne suis ni lecteur ni amateur de comics de super héros, et je n’ai donc forcément pas perçu tout ce que Moore a pu apporter de renouveau dans le traitement de cet univers – même si je devine certains angles d’attaque nouveaux, et que je perçois une vision plus adulte, mature et désabusée que ce qui pouvait se faire avant. C’est le fait de voir cette série placée au firmament par tant de lecteurs qui m’a poussé à la lire, « pour voir », alors même que Moore est un auteur avec lequel j’ai généralement du mal à m’accorder. Au final, je ressors avec un avis mitigé de cette lecture, et je suis moins enthousiaste que la majorité, c’est clair. Mais je suis aussi moins déçu que je ne le craignais en l’abordant. Cette impression mitigée est valable pour le dessin et le scénario. Le dessin de Gibbons est dynamique, et il multiplie les plongées, contre-plongées, créant un ensemble très cinématographique. Par contre, les personnages sont trop « symétriques » (corps et visages), trop bodybuildés (toutes sortes de choses qui me gênent dans les comics de super héros). Et il les représente trop « allongés », élancés, ce qui crée une impression étrange, et démultiplie les surfaces des décors. Enfin, la colorisation d’Higgins, très tranchée, est aussi très datée (elle ferait presque plus que son âge, penchant vers ce qui pouvait se faire à la fin des années 1970). Quant au scénario de Moore, il faut bien lui reconnaitre certaines qualités. Un gros travail de construction, c’est assez alambiqué (au point que j’ai eu du mal à entrer dans l’intrigue). Intrigue qui mêle plusieurs genres : du polar/thriller assez classique, de la SF, et un peu d’uchronie. Intrigue qui est traversée par une réflexion sur la notion de puissance (qu’elle soit personnelle avec ces super héros justiciers ou étatique avec son ancrage dans les bras de fer de la Guerre froide). Mais aussi de son utilisation disproportionnée, hors de contrôle : anticommunisme qui en viendrait presque à tout justifier, justiciers fascistes que ne renierait pas ce bon vieux Clint, etc. Cet aspect est intéressant. Le côté ex-vedette sur le retour sortant de leur retraite, la démythification des « masqués » (voir le personnage ambigu et torturé de Rorschach) sont eux-aussi intéressants, mais davantage pour ceux qui, contrairement à moi, sont des habitués de cet univers. Mais voilà, j’ai trouvé qu’il y avait pas mal de longueurs dans l’histoire, des passages où je me suis ennuyé, et parfois une narration terne (certains passages faisant « anciens combattants » se racontant leur passé). La longue lecture par un personnage secondaire en parallèle de certains passages, d’un extrait de roman de flibusterie m’a paru à la fois inutile et alourdissant et gênant la lecture. Enfin, je ne peux m’empêcher de trouver un peu vaine la construction de l’intrigue, Moore ne faisant finalement que raconter plus ou moins habilement, avec son mélange des genres et la multiplication des flash-backs, qu’une histoire pas si originale que ça dans le fond.
J'ai découvert Alan Moore au début des années 90 par le biais de Watchmen. Et j'ai découvert "Watchmen" par le biais de son tome 4 ("le Hibou") dans la série en 6 tomes, emprunté à la médiathèque par un proche. Pas facile de commencer une œuvre dense et complexe par le milieu, car on reste sur sa faim et on se questionne aussi beaucoup. Alors on réfléchit à partir des indices que l'on a trouvés et on essaie de savoir qui étaient les "Minutemen", qui sont les héros contemporains cités et quels sont leurs liens. Puis on comprend que cette bande dessinée évoque non seulement des personnages, mais aussi leur passé, le contexte de celui-ci, et par là, comment les raisons de leur chanement. Bref, on apprend que des personnages dessinés peuvent avoir de l'épaisseur et qu'il me faudra à tout prix lire l'ensemble des tomes. Cahin-caha, je parvins à lire les premiers volumes et le numéro 3 ("Rorschach") va changer ma perception de la bande dessinée (et mes exigences vis-à-vis de cet art). En une douzaine de cases dénuées de dialogue, Rorschach va résoudre une affaire horrible d'enlèvement d'enfant et le lecteur en rester pantois. Tout le reste est à l'avenant et vous le découvrirez dès les premières pages avec la double lecture de certaines cases que l'on peut lire à raison d'une sur deux. Un chef d’œuvre.
Face à l'ampleur du monument, je n'ai pas pu me résoudre à rédiger un avis traditionnel, qui n'aurait répété que de manière maladroite ce qui a déjà été dit avant. Avec le texte un peu particulier ci-dessous, j'ai voulu rendre hommage à ma manière aux immenses artistes qui sont derrière ce chef-d'oeuvre, de façon un peu différente de d'habitude. J'espère que ça vous plaira quand même... :) J’ai vu… J’ai vu des faucons tomber des nuées célestes. J’ai vu des étoiles se décrocher de la voûte infinie qui les portait. J’ai vu la gloire fanée d’hommes qui se croyaient immarcescibles. J’ai vu la gloire immarcescible d’hommes qui se savaient fanés. J’ai vu des hommes sans lois, des hommes sans Dieu, des hommes vides. Un monde vide. Rempli d’atomes, mais vide. Rempli de feu, de haine, de désespérance. Rempli de néant. Et au milieu du chaos, j’ai vu des hommes se lever. Des hommes, des femmes, qui croyaient. Ils croyaient en la justice. Ils croyaient en l’humanité. Ils voulaient la défendre. Ils voulaient la garder. J’ai vu les Gardiens. J’ai vu le Comédien. Violent, cynique, inhumain. Mais rattrapé par son humanité. « Je préfère avoir des remords que des regrets » disait Lord Henry dans Le Portrait de Dorian Gray. Pour le Comédien, c’est faux. Les remords le rongent, le dévorent de l’intérieur. Les remords vont l’assassiner. Les remords étouffent sa dernière lueur de rédemption. J’ai vu le tout-puissant Docteur Manhattan. Plus qu’un homme, moins qu’un dieu. Un titan capable de transformer le monde. Un surhomme capable de lire le temps. Un homme incapable de le modifier… La logique pure. Un petit conglomérat d’atomes errant dans un vaste conglomérat d’atomes. Plus d’émotions, plus d’humanité. Existe-t-il encore une âme au fond de ce puits de connaissance infini dénué de sentiments ? J’ai vu la douce Laurie au nom imprononçable, et sa mère, l’irrésistible Sally. Deux îlots de douceur dans ce monde de brutes. Deux femmes, si faibles et si fortes. L’intégrité au milieu de la corruption. Les colombes au milieu des crapauds. Et la bave leur coule dessus sans jamais les atteindre… Elles doutent, mais elles savent. Elles savent qui elles sont. Elles savent qui sont les Minutemen, qui sont les Watchmen. Imparfaits, mais nécessaires. Et elles se battent. J’ai vu le Hibou. Deux hommes, une seule identité. Le combattant, le combattif Hollis Mason. Piètre enquêteur, héros courageux, sincère et loyal. Et son successeur, l’inventif Dan Dreiberg. Fin, cultivé, et fragile. Porté par l’amour de Laurie, tiraillé par la menace du Docteur, cherchant sa place dans un monde auquel il n’appartient plus, dans un monde qui ne veut plus de lui. Fidèle à ses amitiés d’antan. J’ai vu Rorschach. J’ai vu Walter Joseph Kovacs. Un homme, deux identités. Laconique. Enquêteur doué. Homme brisé. Ne dit que le nécessaire. N’hésite pas à torturer. La recherche de justice permet tout. Il ira jusqu’au bout. Pour elle. Un monde sans justice n’est plus un monde. C’est un bourbier. Où se débattent des crapauds pustuleux. Tant que le crime existe, Rorschach sera là. Pas de compromission avec le mal. Le dernier crime sur Terre sera son assassinat. Et pourtant, sa voix s’apprête à résonner d’outre-tombe. Il était la vérité masquée. Mais personne ne masque la vérité indéfiniment. J’ai vu le grand, le somptueux, le magnifique Ozymandias. L’homme le plus intelligent du monde. Mais cette intelligence servira-t-elle à sauver l’humanité ? Oui. Non. Peut-être… Qui peut le dire ? C’est la question terrible qu’il nous pose, qui nous pèse sur les épaules après le grand final. Dilemme cornélien, hésitation tragique, eschylienne. Il connaît ses classiques. Moore aussi. Nous aussi. J’ai vu ces héraults de la Justice. J’ai vu ces héros désabusés. Comment faire régner la Justice dans un monde qui n’en veut plus ? J’ai lu une immense œuvre littéraire, d’une puissance inégalée, car inégalable. J’ai vu des dessins d’une qualité graphique phénoménale. J’ai vu un grand auteur à l’œuvre. Ses mots se croisaient, s’entremêlaient, formaient des lignes mouvantes, qui dessinaient en une danse intense et formidable le portrait d’un auteur exceptionnel, d’un artiste. Homme haïssable (selon moi), conteur admirable, Alan Moore a atteint un rare niveau de perfection. Il sait donner à chaque mot sa puissance, il sait narrer chaque péripétie avec un art consommé. J’ai vu les traits d’un artiste génial surgir du trait d’un simple crayon. L’immense Dave Gibbons, qui, en disparaissant totalement derrière ses personnages, se montre lui-même. Oui, le but de l’art est de cacher l’artiste. Mais pour qui sait regarder, il est impossible de ne pas voir. De ne pas voir l’homme qui, inlassablement, a dessiné avec une précision inconcevable ces centaines de planches qui nous émerveillent… J’ai vu… Et j’ai été vaincu. J’ai été vaincu par le génie sans failles de Moore et de Gibbons. Ce génie de la mise en scène et de la narration. Comment ne pas se laisser vaincre par la magnificence de ces cases, de ces cadrages millimétrés, de ces pages réfléchies qui, toutes, ont quelque chose à nous dire ? Comment ne pas être ébloui par un tel sommet d’intelligence et de créativité ? J’ai vu tant de choses que nous, humains, ne pourrions imaginer… Toutes ces choses que Moore et Gibbons ont imaginé pour nous, et nous ont donné à voir. J’ai vu la condition humaine, dans toute son horreur. J’ai vu le feu et le sang. J’ai vu l’Homme. L’Homme sans Dieu. L’Homme-Dieu. L’Homme-Diable… Non, il n’est rien en l’Homme qui soit grand par lui-même. La grandeur humaine mène au néant. S’il n’a foi qu’en lui, l’Homme n’est qu’un puissant destructeur. Grande et terrible leçon que deux artistes hors du commun ont mis en images pour nous. J’ai vu la loi à l’œuvre. Loi des hommes, pour les hommes, par les hommes. L’arbitraire sculpté dans le marbre. L’injustice érigée en justice. Mais là-bas, loin, « deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable, gît un visage brisé. […] A côté, rien ne demeure. Autour des ruines de cette colossale épave, infinis et nus, les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. » Ainsi de la loi des hommes. Tout est périssable, sur cette pauvre Terre. Rien n’est éternel. Rien de terrestre. Rien d’humain. J’ai vu. J’ai vu les Gardiens à l’œuvre. J’ai vu le chaos à l’œuvre. J’ai vu des fourmis bâtir des cathédrales. J’ai vu des éléphants les écraser. J’ai vu des Gardiens lutter contre le chaos. J’ai vu des Gardiens lutter pour le chaos. Qui garde les Gardiens ? Qui les garde d’eux-mêmes ? Oui, désormais, qui garde les Gardiens ? Qui les garde en vie ? Pour maintenant, et pour toujours ? Qui, si ce n’est nous ?
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