Inhumans - Tour d'Ivoire

Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)

Will Eisner Award 1999 : Best New Series La ville des Inhumains, Attilan, bâtie sur l'île d'Atlantide, est en danger.


Auteurs britanniques Marvel Super-héros Univers des super-héros Marvel Will Eisner Awards

Attilan doit faire face à deux menaces. À l’extérieur, la cité est assiégée par des envahisseurs humains et leurs armes modernes, tandis qu’à l’intérieur, Maximus le Fou manipule les Inhumains. Flèche Noire et Médusa parviendront-ils à sauver leur peuple ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Août 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Inhumans - Tour d'Ivoire © Panini 2018
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)
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05/08/2020 | Ro
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Par Présence
Note: 4/5
L'avatar du posteur Présence

Non-violence - Ce tome contient une histoire complète, initialement parue en 12 épisodes en 1998/1999. le scénario est de Paul Jenkins et les illustrations de Jae Lee. Ces deux auteurs ont à nouveau collaboré pour The Sentry en 2000. Les Inhumans sont une race terrestre créée génétiquement par les Kree (une race extraterrestre) et restée longtemps isolée des humains. Au début de ce tome, Attilan (leur cité) est installée sur les ruines d'Atlantis (la capitale de l'Atlantide, le royaume de Namor) qui se trouve émergée. Or Maximus (le frère fou de Black Bolt qui est le souverain de cette nation) a comploté avec plusieurs humains pour qu'un groupe de mercenaires portugais attaque Attilan, pendant que Maximus sabote leur défense de l'intérieur. Au grand désarroi de la famille impériale, Black Bolt décide de ne rien faire et d'observer la progression de la petite armée au fur et à mesure qu'elle se rapproche d'Attilan. Les Inhumans sont apparus pour la première fois dans l'épisode 45 des Fantastic Four, en décembre 1965. Ils ont fait plusieurs apparitions de ci de là (regroupées dans Marvel Masterworks - Inhumans 1) pour finir par disposer d'une maxisérie en 12 épisodes en 1977 et d'apparitions régulières dans l'univers partagé Marvel, celle précédant immédiatement cette série étant Fantastic Four/Inhumans (1998). En 1998, Bob Harras (alors éditeur en chef de Marvel) confie une poignée de titres moribonds à Joe Quesada et Jimmy Palmiotti, remplissant le rôle de responsable éditorial avec une grande latitude d'action. C'est sous la bannière correspondante de Marvel Knights que sort cette histoire des Inhumans (ils superviseront également Daredevil avec Kevin Smith puis Brian Michael Bendis, Punisher avec Garth Ennis, Marvel Boy avec Grant Morrison, Shanna avec Frank Cho, Yellow Blue & Grey avec Loeb et Sale, etc.). le credo de Quesada et Palmiotti est de dire qu'il est possible de faire du neuf avec les superhéros Marvel, dans des récits ambitieux et vendeurs. Ils confient cette maxisérie à Paul Jenkins qui a fait ses preuves avec les Tortues Ninjas et Hellblazer, et à Jae Lee qui avait travaillé avec John Byrne sur la série Namor, et avait déjà produit une histoire indépendante chez Image intitulée Hellshock. La première chose qui attire l'attention en plongeant dans ce récit est le parti pris esthétique tranché de Jae Lee. Il accentue son encrage de manière à transformer chaque trait et chaque ombre en un élément aux frontières de l'abstraction. Pour lui, les traits ne se limitent à délimiter les contours ou figurer les ombres portées, ils doivent également accentuer l'ambiance, participer à l'étrangeté des personnages, être autant figuratifs que révélateurs de leur état d'esprit. D'ailleurs Jae Lee reprend les costumes des Inumans créés par Jack Kirby tout en y apportant une touche personnelle. Grâce à son interprétation, cette bande d'exclus costumés devient un groupe où chaque individu est vraiment singulier, avec des caractéristiques inhumaines. Sa plus grande réussite est certainement Karnak qui devient visuellement crédible grâce à ses tatouages et son air réfléchi. Triton acquiert une apparence dérivant plus des poissons. Seul Black Bolt reste monolithique, gardant toujours inutilement son masque sur le visage pour une raison incompréhensible. L'approche graphique de Lee confère une présence remarquable à chaque personnage à chaque scène, ce qui conserve toute l'attention du lecteur au fil des dialogues. Par contre, Lee ne s'intéresse que de temps en temps aux décors, laissant le soin à Dave Kemp (le metteur en couleurs) de combler les fonds avec des motifs accentuant encore l'état émotionnel des personnages. Kemp s'en tire avec les honneurs. De son coté, Paul Jenkins innove également. le fan de l'univers partagé Marvel retrouve les caractéristiques de base des Inhumans : une race créée par les Krees, les mutations dues aux brumes terrigènes, la famille royale (Black Bolt, Medusa, Gorgon, Triton, Crystal et Lockjaw, sans oublier Maximus, le frère fou de Black Bolt), la cité Attilan, l'empoisonnement par la pollution, etc. le fan le plus aguerri retrouve même des éléments de continuité pointus tels les différents combats de Black Bolt contre des entités improbables. Il n'y a pas à discuter, il s'agit bien des Inhumans, avec même le cliché de Maximus trahissant sa race pour son venger de son frère, et les hommes attaquant les Inhumans. L'innovation se trouve dans la nature même du récit : alors que la survie de son peuple est menacée, Black Bolt refuse de recourir à la violence. Paul Jenkins délaisse les combats à grands coups de rayon destructeur pour résoudre le conflit au profit de la peinture d'un responsable d'état convaincu de la non-violence. Jenkins effectue un superbe pied de nez aux conventions du genre, en dépeignant un héros qui met en pratique ses convictions : la violence n'est pas une solution, la violence est le dernier recours des faibles. Cette approche donne un récit plein de suspense qui augmente au fur et à mesure que les mercenaires portugais font des victimes dans les rangs des Inhumans et se rapprochent d'Attilan. Ce choix narratif présente un seul inconvénient, c'est que cette avancée progresse de manière trop mécanique. Chaque épisode, l'armée avance un peu en apportant la scène d'action obligatoire de manière un peu artificielle. L'autre défaut du récit est le peu d'intérêt que la famille royale porte aux manigances de Maximus qui réussit à obtenir une foule d'objets dans sa cellule sans que personne ne s'en inquiète (mais cette apparente incohérence trouve son explication au cours du récit). D'un autre coté, Jenkins réussit de magnifiques épisodes tel le premier (où il répond à la question de que dirait Black Bolt s'il pouvait parler, réponse magnifique de pertinence et de légèreté), ou le deuxième dans lequel le lecteur suit un groupe d'adolescents subissant l'épreuve de passage de s'immerger dans les brumes terrigènes. Il s'en serait fallu de peu que d'autres chapitres atteignent une telle intensité ; le neuvième (consacré à Triton) était proche de cet état de grâce. Paul Jenkins et Jae Lee atteignent parfaitement l'objectif assigné à la branche Marvel Knights : s'approprier des personnages de second plan de l'univers Marvel, respecter leur essence et raconter une histoire originale et palpitante. L'intrigue présente un aspect un peu mécanique, et le manque de décor devient parfois trop criant. Comparé aux comics de superhéros traditionnels, cette histoire mérite 5 étoiles, mais les fluctuations de qualité d'un chapitre à l'autre génèrent une forme de regret en songeant à ce qui aurait pu être, au peu qu'il manquait pour qu'elle devienne un classique indispensable.

13/06/2024 (modifier)
Par Bruno :)
Note: 5/5
L'avatar du posteur Bruno :)

... Le dessin de Jae Lee, avec son encrage très délié, a ceci de particulier qu'il ralentit considérablement l'action présentée dans chaque case -ce qui semble un comble dans l'univers généralement mouvementé des Comic books ! Ce faisant, il octroie à son sujet un rendu presque surréaliste, mais sans jamais verser dans l'exagération dans sa représentation du monde : les lois classiques de proportions et perspectives sont respectées. On se trouve néanmoins devant une réalité très graphiquement sublimée, où seules les expressions des visages, prodigieusement bien saisies et elles aussi "dramatisées" par le trait, rythment la progression de l'action en cours. Quelle que soit la scène dépeinte, il décale automatiquement l'ambiance vers quelque chose de plus onirique, plus contemplatif, sans pourtant nuire au récit lui-même ni gêner la lecture. Le tout apparait comme pris dans l'ambre... Et c'est beau à ne pas croire ! Il n'est pas le premier -ni le dernier- à "enluminer" ses planches : P. Craig Russell s'en est fait une spécialité et a longtemps été décrié pour ses arabesques savantes, qui décorent le moindre nuages, le moindre plis de tissus, le moindre reflet de miroir. Même combat ici, sauf que le travail stylistique de Lee joue d'avantage sur l'ambiance (toujours très sombre) plutôt que sur le soucis du détail dans l'image (en général lumineuse), comme Russell. Au service de cette histoire des Inhumains, prétexte à une exploration/exposition passionnante de leur culture (longtemps attendue !), ce style si personnel magnifie le sujet et l'aura des intervenants d'une coloration presque mythologique et, d'un Comic de super-héros, on se surprend à lire les jours de dieux païens dont on aurait, jusqu’alors, seulement vaguement entendu parler. Beaucoup d'esthétisme, donc ; mais pas que ça : il y a de vrais enjeux dans cette intrigue politico-psychologique (Woz ! Magnifique et bouleversant personnage/concept sublimement représenté !) et, comme d'habitude, tout n'est pas de neige, au royaume du Danemark ! À lire, donc. Pour plein de bonnes raisons.

22/10/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Je continue ma découverte des Inhumains avec cette histoire parue il y a une vingtaine d'années, à l'époque où Marvel décide de relancer ce groupe de super-héros en leur dédiant des aventures rien qu'à eux. Plus que les Inhumains, c'est même plutôt Attilan, leur cité et leur société qui est mise en avant dans cette grosse mini-série en 12 chapitres. On y retrouve certes la famille royale avec Flèche Noire, le roi muet, à leur tête, mais on découvre aussi le peuple Inhumain dans son ensemble dont les plus anonymes mais aussi les adolescents au moment ils vont muter pour découvrir leurs super-pouvoirs. On apprend aussi l'existence des primitifs alpha, la basse caste d'Attilan, des sortes de mutants ratés, qui travaillent dans les bas-fonds de la ville au maintien des machines qui la font fonctionner. Cette face noire des Inhumains ternit leur image de peuples supérieurs et parfaits. Le demi-frère dément de Flèche Noire est au cœur de cette intrigue. Depuis sa prison, il oeuvre et manipule afin de mettre en danger la ville à la fois de l'intérieur, avec un allié secret, et de l'extérieur, en fournissant les armes à des mercenaires humains pour attaquer les défenses de la cité. C'est toute une histoire où la ville merveilleuse est mise à mal et menacée de destruction. Et tandis que le danger se fait de plus en plus présent et la catastrophe imminente, le roi Flèche Noire maintient un silence troublant, interdisant aux plus puissants des Inhumains de riposter envers ceux qui les attaquent. J'avoue avoir trouvé frustrante cette longue attente d'une réaction de Flèche Noire. Cela parait artificiel, comme un désir de faire volontairement dans le tragique. Et à l'image de Gorgone, l'Inhumain le plus impulsif de la famille royale, j'étais assez énervé de voir ainsi se dérouler sans accroc ni réaction le plan des méchants. Heureusement, il y a une révélation finale, une explication à tout ça. Et elle est suffisamment bonne pour donner une vraie signification à l'attentisme de Flèche Noire. Ouf ! Le scénario tient la route et offre une conclusion vraiment intelligente qui compense de manière satisfaisante la frustration que j'avais ressentie sur le reste de l'album. Pourtant, à bien y réfléchir, je persiste à trouver qu'il n'était probablement pas nécessaire d'en arriver à de telles extrémités et que la même fin aurait probablement pu être obtenue par des moyens moins tragiques pour le peuple Inhumain. Bref, ce n'est pas la meilleure histoire des Inhumains que j'ai lue, mais j'ai en tout cas bien apprécié d'en apprendre plus sur leur ville et leur société.

05/08/2020 (modifier)