Que la bête fleurisse
Sur le pont d'un baleinier, l'équipage scrute l'horizon, plongé dans une attente mortifère. Malgré des semaines en mer et la certitude de tenir le bon cap, les proies ne se montrent toujours pas. Désespéré, le capitaine est sur le point d'abandonner cette désastreuse campagne de chasse, quand la découverte au pas de sa porte d''une dent de cachalot gravée coïncide avec l'apparition d''un banc de baleine.
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La chasse commence et la chance semble tourner. Les baleines sont là tous les matins, les cales se remplissent de graisse et régulièrement le capitaine trouve une nouvelle dent, ornée de créatures marines fantastiques. Au cours de ces chasses, un harponneur au visage impassible s'illustre. D'une adresse remarquable, il gagne la confiance du capitaine et de ses seconds ainsi que le respect de l'équipage. Mais son attitude placide face aux événements va bientôt déstabiliser le fragile équilibre qui règne à bord. La hiérarchie est mise à mal lorsque les marins passent de l''admiration à la vénération pour le harponneur : c''est lui qui grave les dents de cachalots. Aveuglé par l''appât du gain et la volonté de rentrer au port les cales pleines, le capitaine s'apercevra trop tard du changement qui s'opère au cœur de son équipage. Les funestes présages qui apparaissent sur chaque nouvelle dent, chaque fois plus terribles, se confondront bientôt avec la réalité.
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Date de parution | 16 Octobre 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Titre poétique pour cette jolie histoire, quasi muette, sur la rude vie de l'équipage d'un baleinier. Après des mois à errer sans la moindre prise, la chance tourne, la pêche devient quasi miraculeuse et un des marins très doué au harpon devient la coqueluche à bord. Le dessin très dynamique est parsemé d'extraits du journal de bord du capitaine. Cela se lit vite, la fin m'a laissé un peu circonspect. Pas mal dans l'ensemble.
Presque entièrement muet (seuls des extraits d’un journal de bord scandent à intervalles irréguliers les moments forts de cette campagne de pêche), cet album est plutôt agréable à lire, avec une narration simple, et fluide. Car nous suivons un baleinier dans sa campagne. Après une longue période sans rencontrer de proie, ce qui agite l’équipage, celui-ci va enchaîner les prises, sous la direction d’un nouvel harponneur, qui se révèle être précis et efficace. Les cales se remplissent, malgré la rudesse du métier, on continue à remplir les tonneaux d’huile, et le retour au port s’annonce très rémunérateur. Au milieu d’un récit assez linéaire, un petit mystère : le capitaine/narrateur se demande qui dépose devant sa porte des dents de cachalot sculptées, et pourquoi. Puis tout s’emballe – au départ je dois dire sans que je saisisse tout, l’équipage, cumulant les prises, étant divisé et emporté par un esprit de révolte. Le côté presque allégorique de la fin, aurait peut-être gagné à être éclairci. Le dessin est simple, avec un trait moderne aéré et très expressif. Certaines planches ressemblent à ces vieilles illustrations de portulans, sur lesquelles apparaissaient certains monstres marins, plus ou moins réalistes. Lecture rapide (très peu de textes), mais agréable.
Que la bête fleurisse est l'expression utilisée par les baleiniers pour décrire le moment où leur proie blessée finit par exhaler ses derniers fluides corporels juste avant d'enfin succomber à l'agonie. Un métier cruel et que je réprouve de nos jours mais qui à l'époque portait avec lui son lot d'aventure, d'élégance et de mystère confinant parfois au mystique tel que Melville a su les sublimer dans son oeuvre, Moby Dick. Cet album est en majorité muet. Les seuls textes qu'il inclut sont ceux du journal de bord du capitaine de ce baleinier que nous suivrons quelque part au 19e siècle. Parti pour une longue campagne sans avoir trouvé la moindre proie durant de trop longs mois, il se retrouve pris dans l'angoisse et la sourde tension de l'équipage à l'idée de revenir bredouille au port. Jusqu'au jour où la découverte devant la porte du capitaine d'une dent de cachalot gravée correspondra avec les retrouvailles avec des bancs de baleine et une chasse quasiment miraculeuse sans arrêt durant des semaines d'affilée. Elle correspondra aussi à la mise en avant d'un matelot qui se révélera extrêmement doué pour la chasse et fera bientôt l'admiration de tous les membres d'équipage. Mais le baleinier et ses hommes semblent peu à peu s'engager dans une fuite en avant vers de plus en plus de chasses sans voir qu'ils courent peut-être à leur perte. J'ai beaucoup aimé l'ambiance qui se dégage des planches de cet album. Le graphisme est doté d'une vraie personnalité et son noir et blanc est assez envoûtant. Le cadre maritime et le style font forcément un peu penser à celui de Blain pour Isaac le pirate et notamment l'album Les Glaces, mais ils dégagent en même temps une atmosphère plus antique, rappelant les illustrations anciennes, entre style naïf et dureté des personnages. C'est souvent très beau. J'ai aussi aimé le réalisme de la première moitié du récit, nous montrant comment les campagnes baleinières pouvaient se dérouler et l'état d'esprit de son équipage face à des situations parfois inattendues. La narration muette est relativement claire, mais je me réjouis des clarifications apportées par les extraits du journal de bord car j'avais parfois un peu de doutes sur la bonne compréhension de quelques scènes. J'ai un peu moins aimé le dernier tiers de l'album car il tend immanquablement vers une conclusion empreinte de fatalisme et de mystique qui m'est apparue comme un peu convenue dans ce type de récit. De fait, je n'ai pas trop aimé la fin et cela m'a un peu gâché la bonne opinion que j'avais du reste du récit. Mais cela ne m'a pas empêché de vouloir revoir avec plaisir les très belles planches de cet album.
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