Village global
Les habitants d'un village se divisent sur la problématique d'accueil de migrants au sein du village.
Documentaires Immigrants Les petits éditeurs indépendants Pays de la Loire Racisme, fascisme
Mazé, petite commune paisible… jusqu’à ce que le maire annonce la rénovation de la vieille chapelle dans le but d’accueillir des réfugiés ! Les réactions ne tardent pas. Bien décidés à s’opposer à cette décision, certains habitants fondent le G.R.I.N.C. (Groupe de Résistance à l’Invasion de Nos Campagnes) tandis que d’autres créent le P.A.D.A. (Pour l'Accueil des Demandeurs d'Asile) et organisent l’accueil… Toute ressemblance, ou similitude avec des personnages et des faits existants ou ayant existé, ne serait que pure coïncidence !
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Date de parution | 17 Avril 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le sujet est au combien d’actualité, avec les récentes agressions menées par des groupes extrême-droitistes contre des centres d’accueil, ou tout simplement des élus de municipalités accueillant des migrants. Un sujet grave, souvent manipulé par médias et groupes politiques, dénaturés. Les auteurs en ont fait un traitement militant, avec des défauts, mais qui est intéressant. Les défauts, ce sont essentiellement certains passages qui flirtent avec l’angélisme, une certaine naïveté, voire quelques scènes trop édifiantes. Mais cet écueil est quand même globalement évité, et leur propos passe très bien. Un centre d’accueil pour migrants en attente de résultats de leurs demandes administratives est installé dans un village. Il va cristalliser les débats (ou les non débats plutôt, tant certains semblent insensibles à la discussion et à l’argumentation). Par petites touches, nous faisons connaissance avec une grande partie des habitants – nombreux étant d’ailleurs issus de l’immigration (parfois il y a plusieurs générations). Régulièrement, la présentation de ces habitants est l’occasion d’une double page expliquant leur périple, leurs origines, et mettant en perspectives les différentes « vagues » migratoires. Ceci est intéressant, et ne hache pas trop la lecture (c’était quand même le risque). Le personnage d’Aristide est emblématique des idées des auteurs : d’abord rallié aux opposants racistes (dirigés par Tarin, qu’on dirait militant du RN), il va évoluer, après avoir fait connaissance avec certains migrants (grâce à sa petite fille, qui fait office de « passeuse »), il illustre l’attitude de celui que l’information et les discussions ont éclairé. La plupart des personnages sont attachants, même si on pourrait reprocher aux auteurs d’avoir voulu présenter toutes les régions d’origines, ceci donnant un échantillonnage qui peut paraître artificiel. Mais ça passe. Le groupe d’opposants dirigé par Tarin sombre souvent dans le ridicule, leurs actions (collages d’affiches, tentative de mettre une banderole au sommet de l’église) tournant souvent au fiasco. Un album intéressant, qui se lit très bien en tout cas, malgré ses côtés naïfs.
Je ne suis clairement pas en accord avec AlainM au sujet de cette BD. Si en effet son propos de fond est en accord avec les convictions, ou du moins les valeurs affichées par l'éditeur, il me semble évident, et pour tout dire normal, que les auteurs (et non l'auteur) y ont mis leurs convictions également. Quel serait leur intérêt de réaliser une BD avec un propos social opposé à celles-ci ? Ce biais évacué, concentrons-nous sur l'histoire en elle-même : il s'agit en effet de la description d'une petite ville (5 000 habitants, on est même presque dans un village) dont le quotidien est chamboulé (enfin pour certains) par l'accueil d'une poignée de réfugiés (je refuse d'utiliser le terme "migrants"). Par peur de l'inconnu (l'un des piliers du bistrot local avoue ne jamais avoir vu une seule personne de couleur), un certain nombre de citoyens décide d'entrer, selon leurs termes, en Résistance. Si leur comportement est traité sur le mode du burlesque, leurs paroles et pensées sont elles, le reflet d'un certain nombre d'arguments aujourd'hui toujours utilisés, parfois de manière plus politiquement correcte, par des militants et des élus de l'aile droite extrême de notre panel politique. Mais ce traitement reste constant dans les origines du malaise : la méconnaissance de l'autre, et le côté burlesque de leur action nous les rend plutôt sympathiques. Au final l'un d'entre eux va en effet changer d'avis en se rappelant sa propre histoire, et on ne sait pas si les autres vont le suivre, dont il y a quand même, à mon avis, un peu plus de subtilité que mon camarade le laisse entendre. L'histoire en elle-même est plutôt plaisante, non dénuée d'angélisme par moments, mais David Lessault a tout de même réussi à écrire un scénario qui mêle comédie et contenu informatif, avec des personnages bien campés et aux histoires exemplaires (dans le sens où elles constituent de beaux exemples). Il a trouvé en Damien Geffroy un dessinateur au trait sûr, très efficace et vraiment à l'aise dans l'environnement rural et les plans mettant en scène de nombreux personnages divers. J'ai bien aimé le choix de teinter chaque "histoire" d'une nuance pastel différente, avec des transitions ayant toutes la dominante verte, couleur de l'espoir ; et j'ai été agréablement surpris aussi par l'orientation des diverses cartes matérialisant les parcours des différents personnages, qui n'est pas celle que nous utilisons au quotidien, mais qui s'adapte, je suppose, aux contraintes de mise en page et de mise en scène du dessinateur. Bref pour moi c'est un album vraiment sympathique sur le sujet de l'immigration, sans prétention mais bien écrit et mis en scène de manière toute aussi originale qu'efficace. Je valide.
Commenter cette BD m’est un peu difficile car son scénario n’a pas vraiment pour but de divertir mais plutôt de défendre des convictions sociales et politiques d’un auteur et d’un éditeur. La maison d’éditions Steinkis, dont je n’avais jamais entendu parler avant de lire cette BD, est d’ailleurs assez claire sur ses objectifs. Sur son site, cet éditeur écrit : « [Nous avons] à cœur de construire un catalogue cohérent, singulier et reflétant nos valeurs : stimuler la curiosité intellectuelle des lecteurs, élargir les horizons, contribuer au débat tout en apportant un soin graphique et éditorial aux ouvrages. […]. Avec une prédilection pour les thèmes des relations entre les peuples, les cultures, les civilisations, les questions d’identité et d’appartenance, nos publications revêtent une dimension historique ou un enseignement, relient l’histoire à l’Histoire, transfigurent l’expérience individuelle. En accordant une grande importance au fond, à la rigueur documentaire autant qu’à la forme, le travail de nos auteurs est l’expression de ce que la bande dessinée a à apporter aux sciences humaines et sociales. Ensemble, nous proposons des livres capables d’aiguiser la réflexion et d’ouvrir l’esprit, avec le souci de mettre l’accent sur les ponts plutôt que sur les murs... ». Vu les convictions de l’éditeur, et donc de l’auteur, il n’est pas étonnant de voir dans ce documentaire-fiction sur l’immigration en France, d’un côté, des citoyens du village réacs, racistes, fachos et stupides s’opposer maladroitement à la création d’un petit centre d’accueil et, de l’autre côté, d’autres citoyens, progressistes et vertueux, accueillir les immigrés. Même si les idées défendues par cette BD semblent généreuses, le scénario frise parfois la caricature (entre autres quand le fils d’immigrés catalans d’abord fervent opposant au centre d’accueil avoue que, après tout, il est aussi issu de l’immigration). De plus, les situations sont tellement prévisibles que l'on peut se demander quel est l'intérêt de cet album, à part de fournir ci et là quelques données sur l'immigration. Le dessin est correct, sans plus. Par contre le lettrage en écriture cursive laisse parfois à désirer car j’ai eu plusieurs fois un peu de peine à déchiffrer l’un ou l’autre mot, ce qui casse le rythme de la lecture. En résumé, cette BD n'est ni vraiment passionnante ni franchement instructive. C'est un manifeste des idées d'un auteur et d'une maison d'édition. Et je ne pense pas que présenter les choses de manière aussi manichéenne (je parle ici des héros de la BD - c.-à-d. les mauvais réacs stupides et les bons progressistes ouverts - et non des informations plus générales distillées au fil de l'histoire) soit de nature à faire évoluer le débat sur l'immigration. Cela risque davantage de braquer chacun sur ses positions.
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