Dans un rayon de soleil (On a sunbeam)
Aux confins de l'espace, Mia s'engage sur un vaisseau dont l'équipage restaure des structures architecturales du passé.
Adolescence First Second Gays et lesbiennes Gros albums La BD au féminin Space Opera
Aux confins de l'espace, Mia s'engage sur un vaisseau dont l'équipage restaure des structures architecturales du passé. Alors qu'elle semble y trouver une nouvellle famille, ses souvenirs refont surface: cinq ans auparavant, elle a rencontré Grace au pensionnat et en est tombée éperdument amoureuse... Texte : Editeur.
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Date de parution | 16 Janvier 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Étonnante BD, dans le sens où elle est si spécifique qu'il est dur d'en parler sans donner l'impression qu'elle est un peu trop étrange pour un lecteur moyen. Mais en même temps c'est une BD qui m'a happée tout du long jusqu'à la dernière page en étant immergé dedans sans jamais en sortir. Nous sommes ici de plein pied dans la SF Space Opéra, la grande SF qui ne s’embarrasse de rien sur le plan technique. D'ailleurs l'univers crée ici n'a rien de logique mécaniquement parlant, c'est juste un univers original et surprenant, sans prise de tête. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié celui-ci, qui joue sur des tableaux que je n'avais jamais vraiment vu développé comme l'absence totale d'hommes. Si j'ai une petite idée des raisons qui ont poussée l'autrice à faire ce choix-là, je trouve qu'il est très bienvenue. C'est une idée simple mais excellente pour caractériser un monde différent. Plusieurs choses surnagent dans l'ensemble, et le discours porté par Julie vers le dernier tiers de l'ouvrage me semble porter presque tout le message de la BD, sur la tolérance, l'ouverture d'esprit et l'écoute les uns des autres. C'est clairement ce qui conduit aussi le dernier segment de l'ouvrage, et je trouve le message bien pensé, bien amené et franchement pertinent. Le dessin de la BD est surprenant mais je le trouve très beau. Il a un air léger et fragile, mais se tient sur l'ensemble de la BD qui est franchement longue. C'est un régal pour les yeux et un sacré exploit d'avoir réussi à tenir sur tant de planches ! Le bébé pèse un sacré poids et on en prend plein les mirettes entre les bâtiments à l'abandon, les grands vides de l'espace puis l'Escalier, lorsqu'on le découvre enfin. L'autrice s'est dépassée ! C'est le genre de BD qui surprend dans le bon sens du terme. Il faut un petit moment avant que l'on comprenne où elle veut nous emmener, ce que nous aurons, mais si on accepte de se laisser porter par le courant, c'est une BD qui entraine sans nous lâcher. Personnellement j'étais très vite à fond dedans et j'ai carrément englouti la BD dans la soirée, alors que je m'étais promis d'en garder pour le lendemain. Réussite éclatante pour l'autrice ! Chapeau bas.
Bon, je vais faire simple, mon ressenti étant exactement le même que celui d’Alix, je vais me contenter de renvoyer vers celui-ci. Hein, on me demande de développer ? Bon. Comme Alix, j’ai découvert cette auteure avec Sur la route de West. Et d’ailleurs, je pourrais tout aussi bien reprendre le début de mon avis sur cet album, tant j’ai là aussi eu du mal à entrer dans cette lecture, ne sachant pas trop où cela semblait nous mener (remarque valable pour l’histoire et pour le dessin). Mais au bout d’un moment je m’y suis fait. Et, une fois embarqué, on ne peut plus lâcher cette histoire, assez hypnotique. C’est de la SF douce, proche de ce que peut faire Frederik Peeters. Aucune esbroufe, pas de recherche de crédibilité scientifique, c’est une sorte de SF poétique (cet aspect est franchement accentué dans le dernier tiers, sur les Escaliers, avec de très belles planches !). C’est aussi une bonne partie de l’intrigue qui reste énigmatique – mais je suis prêt à l’accepter, tant l’ensemble est envoûtant. Ainsi ces planètes improbables (comme les vaisseaux en forme d’oiseaux), ainsi de ces réparateurs de monuments perdus dans l’espace, espace et planètes sur lesquelles les personnages se meuvent sans problème pour respirer. Personnages justement, quasiment tous féminins, chose qui n’est jamais expliqué. Les flash-backs s’imbriquent bien dans l’ensemble, l’histoire d’amour au cœur de l’intrigue aussi. Bref, une histoire évanescente, laissant l’imagination du lecteur au pouvoir. Tillie Walden est une auteure à suivre, qui produit des œuvres sortant clairement de l’ordinaire. Une originalité sur le fond et la forme. Je suis curieux de découvrir le reste de son œuvre en tout cas.
J’avais eu un gros coup de foudre pour le dernier album en date de Tillie Walden, Sur la route de West. Je me suis donc mis en tête de découvrir le reste de son œuvre, à commencer par ce pavé de plus de 500 pages… et nouveau coup de cœur ! « Dans un rayon de soleil » est sur le fond un roman graphique traditionnel, qui parle de relations adolescentes, d’amours perdus… mais la maturité et la justesse du propos sont incroyables pour une autrice aussi jeune. La narration est parfaitement maitrisée, et alterne habilement deux époques, sans jamais perdre le lecteur. Les 200 dernières pages sont super scotchantes, je les ai avalées d’une traite ! Tillie Walden enveloppe son histoire dans un univers science-fiction diablement original. Le boulot de l’équipe (restaurer des structures architecturales du passé) est intriguant et permet une réflexion intéressante. Et surtout l’autrice a crée SON idée d’une histoire de science-fiction, sans se soucier de son réalisme ou des codes établis, ou de justifier quoi que ce soit. Le côté « science » passe tout de suite à la trappe, et la représentation de l’espace « selon Walden » est approximative, presque abstraite : planètes improbables, vaisseaux organiques ressemblant à des poissons, personnages respirant sans combinaisons ou oxygène... et puis l’univers semble peuplé uniquement de personnages féminins (l’unique exception étant un membre de l’équipage). Où sont les hommes ? Comment les femmes (toutes lesbiennes, donc) font elles des enfants sans eux ? Tout cela est volontairement passé sous silence. Il en ressort un ton très féminin rempli de tendresse. Je ne sais pas comment Walden fait pour pondre autant de pages à ce rythme (elle a avoué avoir bossé assez vite sur cet album) mais la qualité est au rendez-vous. Les passages « roman graphique » peuvent sembler un peu austères, mais des éclats créatifs çà et là laissent entrevoir une brillance graphique qui explose littéralement en fin de récit, lors de l’arrivée sur la planète « Escalier ». Le découpage se débride, la représentation des méandres insondables de la planète mystère est jubilatoire, et les couleurs rouge/orange/bleu sont hypnotisantes… je vous ai mis quelques pages de la VO en fin de galerie pour illustrer mon propos. Une histoire dépaysante, poétique et remplie de mystère, et une brochette de personnages à laquelle je me suis terriblement attaché. Un coup de cœur !
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