Chooz
Cet album fait partie des "Chroniques de fin de siècle", la saga anarchiste de Santi et Bucquoy (voir également à Autonomes et Une aventure de Gérard Craan)
Anarchiste ! Dictatures et répression Les petits éditeurs indépendants Trash Wallonie
Dos de couverture de la première édition (1988): Milieu des années 90 : alors que la Belgique se redresse péniblement de quelques années de dictature otantiste, la campagne électorale en France va décider du sort de l'Europe... Si Carnac et Lapeine triomphent, comment la wallonie libre et la France fasciste pourront-elles coexister? Sur fond de coup d'état, de pouvoir atomique et d'amour vache, les idéologies s'affrontent comme des bêtes enragées. Univers parallèle? Pas si sûr... En Belgique, on s'apprête à juger les membres des CCC fidèles lecteurs de Santi et Bucquoy, et on commence à découvrir l'ombre de la sureté de l'état et des militants otantistes dans les tueries du Brabant wallon. En france les électeurs vont bientôt se prononcer sur le prochain président de la république. LISEZ LES CHRONIQUES DE FIN DE SIECLES EN PRIANT POUR QUE LES PARALLELES NE SE REJOIGNENT PAS!
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Date de parution | Janvier 1988 |
Statut histoire | Une histoire par tome (fait partie des "Chroniques de fin de siècle") 1 tome paru |
Les avis
Jacques Carnac et Jean-Marie Lapeine sont au coude à coude dans le dernier sondage Hersant. Nous sommes à quelques jours du second tour des élections présidentielles. Qui sera le vaiqueur des urnes ? A se demander si Carnac va enfin gagner après avoir essuyé tant d’échecs … Pendant ce temps-là, Gérard Craan le belge doit s’allier avec Léon le borgne pour occuper la centrale nucléaire de Chooz qui déverse ses déchets dans l’eau de la Meuse. Il faut dénoncer et stopper ces malversations. C’est cette centrale qui pollue la rivière, le seul réservoir d’eau potable de la Belgique. Pour ne pas compliquer l’affaire, Gérard et Léon ont la même dulcinée, Véronik qui s’envoie en l’air avec l’un comme avec l’autre sans vergogne. Cela nous vaut quelques planches de cul ! Elle est enceinte la brunette ! Mais de qui ? Kwak ! Ah ah ah qu’elle est nulle cette histoire. Les auteurs ont pris très certainement quelques verres bien tassés de vodka avant d’écrire le scénario. Leurs délires et leurs hallucinations font que je ne vais même pas essayer de lire un autre album de la série mère, chronique de fin de siècle. Un seul me suffit. Je n’ai pas accroché malgré un graphisme plutôt singulier et agréable visuellement. Un album qui ne restera pas dans les annales de la bande-dessinée. Bof !
Il s'agit du troisième tome d'une ''saga'' entamée entre 1981 et 1985 initialement prévue en 6 volumes, mais qui restera inachevée après le tome 5. Heureusement serait-on tenté de dire vu le caractère assez nauséabond de l'ensemble. L'auteur est un admirateur des actions terroristes et anarchistes d'extrême-gauche. Avant même de commencer à lire, le ton est donné, car les deux pages de couverture internes nous gratifient d'une galerie de portraits, un peu à l'image de Tintin, sauf qu'il s'agit des membres de la RAF (aussi appelée la bande à Baader), action directe et autres. Le propos est à l'avenant : tous les représentants de droite de l'époque et passée sont des fascistes, seuls les extrémistes de gauche sont des gentils, la fin justifie les moyens parfois ignobles pourvu que cela serve la cause. Jugez plutôt, dans les deux premiers tomes, le héros, Gérard Craan, a fuit une Belgique devenue un Etat fasciste suite à une prise de contrôle du pays par...l'OTAN, présentée comme une digne héritière des SS et de la Gestapo. Dans cet opus, il est réfugié en France, sans droits car étranger, mais toléré car marié à une veuve de CRS, et tient une radio clandestine dans le grenier. Son épouse est "forcément" une mégère raciste (ben oui on épouse pas un CRS sans cela huhu), et sa fille de 5 ans ne cesse de faire des grimaces au héros en lui disant "toi je t'aime pas". Par la suite, notre héros abattra froidement la mère et la fille: la première car elle l'avait dénoncé, et la seconde car c'était un casse-pieds. Des élections opposent Jacques Chirac (baptisé Carnac) à Le Pen (Lapeine). Chirac l'emporte, mais de justesse, et décide tout à coup de s'allier à Le Pen, de mettre le parlement à la porte, concentrer tous les pouvoirs et créer un parti unique. Même l'image de De Gaulle est assimilée au fascisme, dans le plus pur style de la pure propagande d'extrême-gauche datant des années 50. Je dois aussi contredire Arzak, car cette BD est antérieure aux évènements qu'il cite..D'autant que Chirac n'a rencontré le vrai Le Pen qu'une fois en 1986, lui opposant une fin de non-recevoir pour tout projet d'alliance, et le discours sur les bruits et l'odeur de 91 est son seul faux-pas, qu'il a publiquement regretté par la suite... il n'y a donc rien de mérité dans ce portrait délirant, mais reflète bien une certaine propagande de l'époque l'appelant" facho-chirac". La suite est à l'avenant, la BD nous montre une certaine misogynie, les femmes étant soit des mégères, soit des nymphomanes libertines et polygames. A la fin, notre héros, joyeux papa d'une petite fille, nous gratifie d'un formidable "incroyable, il y a peu j'abattais une peste, maintenant je tiens un ange entre mes bras". Je précise encore une fois que la peste en question avait 5 ans et que deux balles dans la tête, c'est un drôle de tarif pour quelques grimaces.
Je me rappelle avoir lu cet album dans Circus dans les années 80 alors que la Bd était titrée "Chroniques de fin de siècle" ; elle relatait les aventures d'un dénommé Gérard Craan avec une tête de Patrick Dewaère, qui agit tout au long d'une histoire de façon parfois violente dans des récits étranges et angoissants, et c'était avec ce dessin plus doux et agréable de Santi, très différent des premiers récits répertoriés ici sous le titre Une aventure de Gérard Craan. Je me souviens notamment d'un épisode où Craan rencontre un type qui a la tête de Depardieu, et qu'il attache une fille nue sur une chaise après l'avoir sautée... En bref, c'était un peu du n'importe quoi, ça ne signifiait pas grand chose et je me souviens que je n'avais pas accroché du tout. Le posteur précédent décrit très bien dans son avis les élections et l'aboutissement du fascisme qui règne sur l'Europe, soit en Belgique, soit en France ; il est vrai que la Belgique a connu dans les années 80 des heures agitées et qu'en France, on en a peu parlé, enfin je n'en ai pas le souvenir vivace. Bucquoy se sert d'une certaine réalité d'époque pour étayer son récit. Mais cette Bd reste intéressante uniquement pour sa description d'un contexte complètement déboussolé et perverti par une politique répressive et nauséabonde. Cette bande brasse un peu de tout en une sorte d'anticipation de politique-fiction ou d'une uchronie, je ne sais pas trop, ou un peu des deux, mais en tout cas, c'est du pur Bucquoy, subversif, dérangeant, qui décrit une fin de siècle particulièrement sombre et terrifiante, avec sa méthode rentre dedans, n'hésitant pas à étaler violence, sexe, dérives et actions condamnables, un peu dans le même style vu dans ses autres créations comme Stone ou Alain Moreau, ou même un épisode de Jaunes qui impliquait la famille royale belge... c'est donc très spécial et inclassable.
La première chose qu’a suscitée en moi cet album, c’est l’étonnement. Dans cet album, datant de 1988, Bucquoy décrivait une France des années 90 en proie aux combats idéologiques extrêmes. La France est devenue un état policier, les élections présidentielles voit un second tour dans lequel un certain « Carnac » qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Jacques Chirac mais avec une petite moustache de facho, affronte « Lapeine », un borgne qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Lepen... C’est presque de la prémonition, non ? A la différence notable que, les deux ayant un score très serré et Carnac gagnant le siège de président avec à peine quelques dixièmes de pourcent en plus de Lapeine, décide de faire de Lapeine son ministre et fonde un parti fasciste unique... Face à cet état policier, des résistants anarchistes, organisés depuis la Belgique (qui s’est délivrée depuis peu d’une dictature Otantiste), viennent foutre le bordel en France en s’alliant avec des bandes de voyous sans foi ni loi. Brrr... C’est pas triste, c’est même super glauque comme anticipation. Et à lire cela aujourd’hui, on en revient vite à se poser des questions sur la santé mentale de Bucquoy... N’y-a-t-il pas un peu de parano dans tout ça ? Déjà, je parie que si cet album était réédité aujourd’hui, Chirac pourrait facilement faire condamner ses auteurs pour propos diffamatoires. Il n’est rien d’autre, dans cet album, qu’un sale facho faisant alliance avec Lepen pour fortifier une dictature et un parti unique. Mais n’oublions pas qu’à l’époque de cet album, le Chirac d’aujourd’hui n’hésitait pas à rencontrer monsieur Lepen afin de gagner les voix du FN et qu’il ne rechignait pas non plus à sortir par-ci par-là quelques propos racistes pour plaire à l’électorat facho (le célèbre « le bruit et l’odeur »). L’attaque de Bucquoy est sans doute lourde, mais franchement, le Chirac de ces années-là ne mérite pas mieux. Pour le reste, c’est en se replongeant dans l’histoire de la Belgique que l’on réalise que cet affrontement des extrêmes n’est que l’extrapolation de la situation politique belge confuse des années 80. J’apprends sans doute des choses aux Français, mais la Belgique des années 80, c’était tout sauf un pays de gens tous sympas, tous bons, tous c*** (l’image un peu désobligeante que Coluche donna du belge dans les années 80) : deux crises terroristes majeures ont frappés la Belgique dans ces années-là. D’un côté un mouvement extrémiste de gauche, les CCC (Cellule Combattante Communistes) décidé à faire éclater une révolution prolétarienne en Belgique, provoquaient des attentats dont l'un d'eux fût meurtrier. Parallèlement, une mystérieuse milice masquée provoqua pendant plusieurs semaines des massacres à l’arme de guerre dans des endroits publics (les super-marchés surtout) tirant sur tout ce qui bouge, femmes et enfants y compris. Aujourd’hui encore on ignore totalement qui étaient ces hommes masqués sanguinaires qu’ont a appelé « Les tueurs du Brabant », quelques vagues pistes jamais confirmées, et même peut-être étouffées, ont laissés entendre qu’il s’agissait de milice d’extrême droite constituées en partie de policiers. Mais rien n’a jamais pu être prouvé. Cela reste, encore aujourd’hui un des plus grands mystères de l’histoire de Belgique. Visiblement (cf. résumé), Bucquoy est de ceux qui pensent qu’il s’agissait de militants Otantiste (il existe une thèse qui dit que la CIA était dans le coup et que le but était de faire croire que c’était des attentats communistes). Face à cette escalade de la violence des deux extrêmes, on comprend bien dans quel état d’esprit Bucquoy a imaginé ceci. Mais ce qui me gêne grandement (ce qui explique mon deux étoiles), c’est que Bucquoy semble légitimer les CCC., il dit même d’eux qu’ils sont des fidèles lecteurs de ses bd (cf. résumé). Je trouve cette position très limite, un des attentats de CCC a provoqué la mort de deux pompiers. Au-delà de ce fait, je crois que cet album résolument original et subversif réjouira les amateurs de Bucquoy, même si à mon sens, ce récit est bien moins réussi que les deux premiers albums d’Alain Moreau que j’ai pu lire.
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