Pucelle
Depuis sa plus tendre enfance, Florence ignore tout ce qui se passe... en-dessous de la ceinture. Elle imagine que le papa met la petite graine dans le nombril de la maman, et puis de toute façon, il est tacitement interdit, dans la famille, de parler de « la chose qui ne doit pas être dite ».
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Autobiographie Consensus sur une BD Douleurs intimes Ecole Emile Cohl La BD au féminin
Alors... Florence imagine des scénarii terribles, parfois idiots ; Florence s'angoisse devant le poids de la tradition qui place inéluctablement la femme dans une position inférieure ; Florence, à sa façon, résiste pour ne pas sombrer.
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Date de parution | 15 Mai 2020 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Seconde série sur la jeunesse de cette autrice que je lis. J'étais déjà familier avec les éléments généraux de la vie de l'autrice et ici elle creuse un sujet en particulier : la sexualité. La sexualité est quelque chose qui peut être embarrassant durant la puberté et ça l'est encore plus lorsque comme l'autrice on vient d'un milieu bourgeois très catholique. Ses parents sont vraiment la caricature du modèle patriarcal classique : la mère complètement soumise qui reste à la maison et qui est dépendante de son mari et le père qui est émotionnellement absent (un vrai homme ça ne pleure pas !) et qui d'ailleurs semble confus face aux émotions. Pas étonnant qu'à un moment les deux vont finir par craquer sur le poids de leurs rôles. L'autrice a donc vécu dans un environnement où on cache des choses aux enfants et qui de plus valorise plus les hommes que les femmes. Il y a des passages vraiment intéressants, mais l'autrice reste toujours à la surface des choses et rien n'est vraiment approfondi. C'est aussi un peu répétitif par moment, mais cela reste une lecture agréable malgré tout. Il y a une bonne utilisation de l'humour noir.
Voila une BD pas dégeu mais dont j'ai du mal à envisager l'achat du second tome pour finir la série. Principalement parce que la série ne me semble pas spécialement adressée. Basée sur la vraie histoire de l'auteure, nous voyons l'enfance de Florence Dupré la Tour, dans son parcours de découverte de sa condition de femme. Disons que sa famille n'a probablement pas aidé, entre la religion très marquée de ses parents et l'absence paternelle, ainsi qu'un environnement où le masculin est totalement valorisé. Bref, c'est une fille bien entourée par un collectif charmant. Et elle découvre progressivement son dégout d'être une femme, une "inférieure", une "souillée" de part sa condition. C'est bien retranscrit par le dessin, notamment lorsque sa rage explose ou qu'elle exprime la douleur intérieure d'être l'autre (comme disait Simone de Beauvoir). Le hic, c'est que la BD n'explore pas véritablement au-delà, et que j'ai du mal à considérer sa vie comme extrapolable à un ensemble de personnes. Sa condition sociale et les voyages qu'elle fait la rendent assez singulière dans sa façon de vivre l'enfance. Tout comme son rapport aux animaux, nombreux autour d'elle. En somme, je pense que la BD porte plus une valeur de témoignage que d'histoire universelle. Cela n'enlève pas ses qualités intrinsèques et je considère que c'est une BD de bonne facture, qui parlera sans doute à des plus jeunes notamment adolescents. Pour ma part, c'est plus discutable et même si je n'ai pas détesté, je ne suis pas certain de poursuivre l'achat de la série. A voir si je tombe sur le tome 2 ...
J'ai lu cet album dans le cadre d'un atelier de lecture présenté à des ados âgés de 13 à 16 ans et c'est clairement à eux que s'adresse cette BD. Un peu dans la même trempe que "Le guide du zizi sexuel", cet ouvrage vient mettre le doigt sur un sujet trop souvent tabou : la découverte de la sexualité chez les femmes. L'auteure parvient à nous partager sa vision des choses, à nous expliquer certaines données plus techniques, en passant par l'humour. Avec ma vision d'adulte et mes nombreuses lectures passées, j'ai parfois trouvé cette BD "banale". Elle ne réinvente rien et je n'ai pas forcement apprécié l'héroïne. Je ne m'y suis jamais attaché. En revanche, les jeunes présents à l'atelier de lecture ont presque tous adoré leur lecture. Les filles m'ont dit se retrouver parfois dans l'héroïne ou du moins, la comprendre. Les garçons, eux, ont visiblement beaucoup ri et surtout appris. Ils ont apprécié avoir le point de vue de la fille. Cela leur a permis de voir la sexualité sous un autre angle, d'ouvrir un peu plus leur esprit. Si pour ma part, je n'ai pas trop apprécié cette œuvre, ce qui est sûr, c'est qu'elle a soulevé de nombreuses discussions très intéressantes auprès de tous mes jeunes ! 3 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
J'avais déjà lu un ouvrage de l'auteur chez un petit éditeur confidentiel, je vois que ça évolue, plutôt en bien j'imagine, avec une édition chez Dargaud et un tome bien développé de près de deux cents pages. Donc je savais déjà qu'elle avait une sœur jumelle, et dans cet album qui aura une suite on découvre tout le reste de la famille, catho tradi, un père avec un très bon poste qui implique parfois de vivre à l'étranger au gré des mutations, une mère au foyer et une flopée d'enfants. Il faut dire que l'éducation est assez stricte, surtout de la part du père qui travaille beaucoup et ne fait pas grand chose avec les enfants, la mère est au contraire très présente mais plus que soumise à son mari notamment lorsqu'il agit de manière cruellement gratuite avec les enfants. Et surtout sous couvert de religion, mais pour moi ce n'est pas antinomique, l'éducation sexuelle est réduite à la portion congrue alors que Florence et sa sœur arrivent à l'adolescence. Il y a toute une partie sur les règles auxquelles elles n'étaient pas préparées. Mais j'ai trouvé ça étrange qu'elle ne semble pas plus que ça soumettre ses questions à sa jumelle ni à son autre sœur un an plus âgée. Globalement un bon album d'autofiction, et je ne sais pas si les parents de l'auteur sont encore en vie pour le lire mais ça doit faire un choc d'avoir ce retour sur une telle vision de l'enfance de ses enfants et les névroses engendrées... Le tome 2 est dans la lignée du premier. Le début se passe dans les îles où le père est muté. Florence n'assume pas son corps, en tout cas beaucoup moins que sa sœur. Toujours ce sentiment de frustration, de culpabilité. Les règles, ce sexe qu'il ne faut pas toucher ni voir, même si les premiers attouchements commencent, seule puis avec un garçon. Et encore la chape pesante de la mère et ses principes. Ici la situation se détériore encore et les relations des parents battent de l'aile.
Florence Dupré La Tour, dans cette série autobiographique, questionne son enfance, sa jeunesse a priori privilégiée, avec comme thème principal ici la découverte de la sexualité. Ou plutôt, la façon dont tout ce qui tourne autour lui a longtemps été caché, comment ce sujet tabou à la maison a pu entrainer névroses, angoisses et comportements violents chez elle. Il faut dire que sa famille, bourgeoise catholique très coincée, presque caricaturale dans sa vision de la société, très passéiste et réactionnaire, ne l’a pas aidée. Une mère présente mais soumise au carcan familial et surtout à son mari, un père donc souvent absent, et imposant ses choix moraux de loin, cela n’aide pas. Au milieu d’une importante fratrie, la jeune Florence vit donc difficilement certaines découvertes, car elle voit la société au travers de la grille de lecture inculquée par ses parents, par les prêtres à la messe, dans les écoles catholiques privées qu’elle fréquente. Car elle n’est que rarement confrontée à la vie des gens ordinaires. Que ce soit en Argentine au milieu des expatriés de la grande bourgeoisie, dans la cambrousse française au milieu d’une vaste propriété, ou aux Antilles (où elle découvre plein de « Noirs », avec des passages amusants lorsqu’elle confronte les préjugés racistes de son éducation avec la réalité antillaise), elle est toujours dans une bulle. L’album est agréable à lire. Quelques passages mêlant poésie et fantastique (rêves et cauchemars), un zest d’humour – noir souvent, Dupré La Tour montre bien les ravages que peuvent provoquer les préventions de classe et religieuses. J’espère qu’aujourd’hui cette situation va évoluer dans le bon sens (malgré certains milieux traditionalistes et religieux, catholiques ou musulmans, qui résistent et tentent de maintenir dans une ignorance destructrice les enfants sous leur influence). En tant qu’enseignant j’interviens auprès de collégiens pour parler d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, et je pense que ce qui est arrivé à Dupré La Tour pourrait difficilement se reproduire, (du moins je le souhaite !) pour les enfants dans l’enseignement public (ce qui n’était pas le cas de l’auteure). En tout cas, sur un sujet douloureux, elle s’en tire très bien, et livre un témoignage à la fois plein de force et de légèreté, mais aussi qui évite les discours de haine ou le prêchi prêcha. C’est en tout cas une série que je vous encourage à lire.
Pucelle est une autobiographie qui revient sur la jeunesse de l'auteure et ses questionnements sur la sexualité dans le contexte volontairement obscurantiste de sa famille bourgeoise et catholique où aborder le sujet était tabou et très gênant. Comme beaucoup de jeunes filles des générations précédentes qui se retrouvaient parfois complètement ignorantes pour leur nuit de noces, la jeune Florence ne savait rien du tout sur le sujet et affrontait une réelle frustration voire une véritable haine envers sa propre ignorance et le comportement de son entourage. Ils lui semblaient en savoir tous davantage qu'elle sur "ce qui ne doit pas être dit" et lui cacher un secret majeur sur la vie et le monde. Il en résulte toute une atmosphère d'émotions ambiguës mêlant colère, envie et rejet qui va forger le caractère de Florence et impacter son parcours de jeunesse et sa relation à autrui. J'éprouve un profond mépris pour ces cultures religieuses, pas seulement catholique, qui occultent une part de la vérité sur la vie et la reproduction et sont tellement engoncées dans leurs principes qu'elles laissent ses enfants dans une ignorance crasse sur le sujet entraînant frustrations et tentations perverses plutôt que d'aborder la chose naturellement sans forcément insister sur le sujet. La famille de Florence telle que représentée dans cette BD en est une vraie caricature notamment du fait du comportement des parents. Le père, en patriarche autoritaire et régulièrement absent, ne fait preuve d'aucune empathie envers ses enfants. Et la mère, même si très présente et aimante, se révèle lâche, évasive et incapable de communiquer ou de s'opposer aux abus d'autorité du père. On comprend les réactions extrêmes et parfois violentes et haineuses de la petite Florence. Le manque de communication est d'ailleurs au cœur même du récit puisqu'on découvrira que Florence et sa sœur jumelle sont elles-mêmes tellement pétries de tabou et de complexes de culpabilité et de honte qu'elles ne se parlent même pas quand pourtant elles sont confrontées aux mêmes problèmes. Sur le plan psychologique et social, c'est vraiment instructif. A maintes reprises en cours de lecture, cela m'a amené à me demander si je n'avais surtout pas fait de telles erreurs dans l'éducation de ma fille pour ne pas lui avoir fait endurer ce que la jeune Florence a enduré. D'ailleurs, l'auteure, en listant une bonne partie des lectures qu'elle avait à cette époque, montre aussi bien l'influence des BD et des romans de l'époque où les héros étaient presque toujours masculins tandis que les personnages féminins étaient très secondaires, ce qui n'arrangeait en rien l'impact sur l'état d'esprit d'une jeune fille qui se cherche. Tout cela est bien raconté, avec un dessin simple, pas forcément enthousiasmant mais expressif et agréablement colorisé. On est facilement happé et intéressé par le récit, quoique je n'ai pas trouvé l'héroïne très attachante. C'est en tout cas une bonne lecture qui soulève un sujet certes connu mais finalement assez peu exprimé de manière aussi claire, détaillée et sincère.
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