Clémenceau

Clémenceau est sans conteste un personnage important de l’histoire française, en particulier de l’histoire républicaine, au moment où cette dernière s’enracine dans la société à partir du dernier quart du XIXème siècle. Cet album permet de découvrir les étapes importantes de sa vie – et par là de l’histoire nationale, permet de mesurer son évolution politique, avec un engagement républicain précoce (à la suite de son père, sous Napoléon III). Quelques « bons mots », les « hommes importants » qu’il a côtoyés, balisent le récit, avec en fin d’album un dossier historique et une courte bibliographie permettant d’aller plus loin. Le cahier des charges de la collection est donc respecté. Mais je n’y ai pas forcément trouvé mon compte. Le dessin n’est pas trop mon truc. Mais après tout il n’est pas hideux et peut faire l’affaire. C’est surtout que j’ai l’impression de n’avoir lu qu’une chronologie illustrée, tant les « mots », les événements, les rencontres s’enchainent sans que l’on prenne le temps de leur donner épaisseur et sens. C’est lapidaire et du coup l’homme s’efface totalement derrière la machine politique (Monet apparait ainsi en fin d’album davantage pour souligner que le « Tigre » le connaissait que pour souligner ses goûts artistiques). Ce n'est pas toujours très clair concernant sa position (dans tous les sens du terme) à la fin de la Commune, en 1905 lors des débats sur la loi de séparation des Églises et de l’État (ceci n’est évoqué que pour les conséquences plus tard). Donner plus de corps à l’ensemble aurait sans doute nécessité un second tome. Du coup, j’ai eu du mal à comprendre son évolution politique (passant de Louise Michel et Auguste Blanqui à une répression sanglante des mouvements de grèves et à une défense de la guerre – et même un de ceux qui vont pousser à la roue contre l’Allemagne lors du traité de Versailles). Par ailleurs, les positions de ceux qui croisent Clémenceau (Guesde, Jaurès par exemple) deviennent obscures ou caricaturales tant leur apparition est pointilliste au milieu de cette chronologie illustrée. Reste sa controverse contre Jules Ferry à propos de la colonisation. Et là, il reste pour moi un grand homme, qui fait passer ses convictions avant les intérêts économiques et politiques. Les phrases qu’il a prononcées à l’Assemblée à cette occasion sont encore à méditer. Note réelle 2,5/5.

21/11/2021 (modifier)

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Tous les grands faits ayant jalonné la carrière bien remplie de Clémenceau sont exposés, la tâche était ardue, il fallait faire des sélections, mais je trouve l'album très correct dans son ensemble, car les auteurs ont réussi malgré quelques périodes élaguées, à relier un maximum d'événements en simplifiant beaucoup. Mais l'atout principal est le choix d'une narration chronologique ; comparé à un album proche comme Jaurès (le personnage apparait auprès de Clémenceau et se rallie à lui) et qui était assez bordélique, cet album semble, malgré ses raccourcis, mieux étayé, soigné et plus compréhensible. Seul l'angle politique est abordé, l'homme Clémenceau est un peu laissé de côté, même s'il y a quelques allusions sur ses choix artistiques et si son amitié avec Claude Monet est un peu montrée ; on peut aussi déceler son caractère dès les premières pages en Vendée lorsqu'il est adolescent. Les auteurs n'évitent pas certains mots historiques qui ont fait la gloire du Tigre. Les omissions qui auraient pu enrichir le récit mais en même temps peut-être l'alourdir aussi, figurent dans l'intéressant dossier historique en fin d'album. Le dessin n'est pas moche, mais il est sans génie, et je le trouve un peu moins appliqué que dans Sinclair ; la mise en page reste cependant satisfaisante, et les visages connus sont bien reproduits, on voit aussi que Stefano Carloni s'est inspiré de pas mal de gravures et photos célèbres qu'il a bien reproduites, notamment lorsque Clémenceau a atteint un âge vénérable et pendant ses visites des tranchées dans la Somme ou près de Verdun. J'ai donc pris un certain intérêt à lire cet album, je connaissais un peu le bonhomme, je m'y intéressais parce que j'avais un oncle vendéen né pas loin de Mouilleron-en-Pareds, petit village natal du grand homme, il m'a fait découvrir des lieux intéressants comme la tombe toute simple de Clémenceau, enterré près de son père sous une simple dalle sans nom dans un sous-bois, à Mouchamps, petit village situé entre La Roche-sur-Yon et Les Herbiers, de même que j'ai visité 2 fois la maison secondaire de Clémenceau à Saint-Vincent-sur-Jard, sur la côte face à l'océan, non loin des Sables-d'Olonne, une vraie bourrine vendéenne à toit de chaume où Clémenceau se retirait loin de la vie politique pour se reposer, elle est conforme au personnage et contient plein d'objets personnels et un mobilier rustique. Avec ce nouveau volume de cette collection Ils ont fait l'Histoire, on apprend au final à mieux connaître cet homme politique qui a traversé différentes crises sociales, des révoltes ouvrières et de grands événements historiques, il reste une des grandes figures de la France républicaine.

24/09/2020 (modifier)

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