Thomas Coville - La Quête de l'ultime
"En partant en mer, j'accepte l'inconnu mais sous conditions raisonnées : savoir qu'on ne sait pas et s'y préparer" (Thomas Coville)
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Thomas Coville est l'un des plus grands skippers actuels. Recordman en solitaire du tour du monde à la voile en 2016 et par deux fois de la traversée de l'Atlantique Nord, il rêve depuis presque vingt ans d'une course autour du monde, en solitaire, à bord des trimarans les plus rapides au large. Son Ultime. Il s'est longuement confié sur ce défi absolu à Alexandre Chenet et Renaud Garreta, déjà auteurs de deux ouvrages de référence en bande dessinée sur la voile. Un documentaire qui permet de mieux comprendre cette formidable aventure humaine et sportive.
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Date de parution | 28 Août 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Troisième album que je lis de ce duo d’auteurs et troisième fois que je suis séduit par sa lecture. N’allez pourtant pas croire que je suis féru de compétitions maritimes, même si je concède aisément que c’est un univers qui me fascine. Non, honnêtement, ce qui me bluffe à chacune de ces productions vient de la qualité d’écriture et de la dimension philosophique des propos tenus. Philosophie du sport mais aussi philosophie de vie tant, face à la mer, le plus aguerri des skippers fait montre d’humilité et de respect. Cet album, qui débute comme une fiction puisque nous sommes propulsés en 2023, nous relate dans sa plus grande partie la tentative réussie de record de vitesse du tour du monde en solitaire à la voile. Un record signé par Thomas Coville en 2016 -et battu depuis- dont nous allons ainsi suivre le quotidien. Tous les aspects essentiels sont développés. Les aspects techniques sont mis en avant tant pour la conception de ces trimarans de classe « Ultime » que dans l’analyse météorologique. Cela pourrait sembler rébarbatif mais, en fait, pas du tout car ces aspects sont parfaitement vulgarisés et ne constituent qu’une partie du récit. La deuxième partie est occupée par les aspects sportifs. Les auteurs nous montrent combien ce sport nécessite une endurance hors normes et j’ai entre autres passages bien aimé cette comparaison tout en humilité de Thomas Coville entre le sprint (10 secondes), le trail du Mont Blanc (22 heures) et son tour du monde en solitaire (un peu moins de 1000 heures). Ca resitue bien les choses, je trouve. Et les auteurs nous plongent vraiment au cœur de l’exploit sportif, en nous expliquant l’intensité des efforts fournis et la brièveté des plages de repos obligatoires (jamais plus de… 23 minutes même pour les plages de sommeil, et ce durant près de 50 jours). Les aspects concernant le travail d'équipe ne sont pas oubliés, eux non plus, et nous sommes conviés au sein de cette équipe lors de multiples planches. Enfin, au travers des propos de Thomas Coville se dégagent autant de sagesse que de détermination. C’est le troisième axe du récit, celui qui laisse place à l’introspection… et c’est sans doute mon préféré (alors que les deux autres aspects m’ont déjà passionné). Je ne résiste pas à la tentation de vous recopier un des nombreux textes relatifs à la philosophie de l’effort que l’on peut lire dans cet album : « « Réaliser, en solo, autant de manœuvres, c’est exténuant. On est dans l’excès. Souvent lorsque l’on est jeune, on cherche cet état par jeu, mais au fur et à mesure des expériences et surtout du prix que l’on doit chaque fois lui payer, on se met à instruire cet état. On est dans la position de l’expérimentateur : aller voir si la limite que l’on s’imaginait ne serait pas un peu plus loin. Cela nous permet de penser par l’expérience et non uniquement par la théorie de la peur. Et c’est parce que l’on connaît la sanction à cet état d’excès que l’on peut l’intégrer à une stratégie de long terme. Par cette démesure, on va au-delà de ce que l’on croyait, on se libère et les champs d’apprentissage et de progression s’ouvrent. » Les deux points qui chagrinent, par contre, et qui auraient pu tempérer mon enthousiasme viennent d’abord de son traitement graphique, et ensuite de la répétition un peu excessive du nom du sponsor de Thomas Coville. Bon, ce deuxième point est juste anecdotique et je peux comprendre que le skipper ait insisté pour que ce nom soit régulièrement cité dans l’album puisque l’argent demeure le nerf de la guerre. En ce qui concerne le dessin de Renaud Garreta, je lui trouve un aspect artificiel comme s’il s’agissait souvent de photos retravaillées, et le rendu, surtout pour les visages, n’est pas toujours très harmonieux. Les quelques passages dans lesquels il emprunte un style plus caricatural ne sont qu’anecdotiques et apportent une touche humoristique à certains propos. Je pense que certains d’entre vous vont éviter cet album à cause de ce dessin figé ou de peur de tomber sur un récit trop technique mais je suis convaincu que si les récits sportifs vous tentent, vous passeriez alors à côté de quelque chose. Moi, en tous les cas, j’ai (une fois de plus) vraiment bien aimé.
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