Cochléa & Eustachia
Dérives poétiques.
Comix Fantagraphics Books Les petits éditeurs indépendants
Qui sont Cochléa et Eustachia? Où vont-elles? Que font-elles? Quel est leur but? Autant de questions qui ne trouveront pas de réponses dans ce vertigineux et noir roman graphique dans lequel l’Art Nouveau, le Steampunk et le style Gothique s’entremèlent pour aspirer le lecteur dans l’exploration d’une bâtisse démesurée et tentaculaire. Savant fou belliqueux et malveillant, manoir lugubre et abyssal, créatures sinistres et eugénisme: voici l’absurde programme proposé nos deux héroines assoiffées de sensations fortes. (site éditeur)
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Date de parution | 25 Septembre 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’avais découvert cet auteur avec l’album La Machine Écureuil, qui visiblement s’est avéré très clivant. Je pense que celui-ci va l’être tout autant. Ou plutôt, je crois qu’il ne va encore une fois révéler ses merveilles qu’à certains initiés. Non qu’il s’agisse d’une secte ou d’un quelconque club d’happy few, mais plutôt que Hans Rickheit développe un univers très personnel, original et quelque peu dérangeant, qui attire ou repousse, mais qui ne saurait laisser indifférent. C’est un univers franchement marqué par un surréalisme noir – ou violet, puisque cette teinte domine, avec le marron, les deux albums de lui que je connais. Et j’aime beaucoup ces couleurs ici ! Elles s’accommodent parfaitement à l’ambiance développée par Rickheit – puisqu’il s’agit ici davantage d’ambiance que d’intrigue à proprement parler. Une longue histoire occupe les deux-tiers de l’album, durant laquelle nous suivons deux jeunes filles – Cochléa et Eustachia donc, deux jumelles qui suivent une sorte d’homme-taupe se déplaçant sur un fauteuil roulant, dans un manoir improbable. Tout est à moitié cassé, animaux et machines fusionnent pour former des êtres hybrides, des décors un peu steampunk ou simplement décalés habillent murs et sols, couloirs, tuyaux ou simples planches posées entre deux bouts de planchers éventrés servent à relier les pièces entre elles. Nous pénétrons même dans le corps de certains animaux comme on ouvre un tiroir ou comme on regarde dans une longue-vue… Très peu de dialogues, encore moins « d’explications ». En quatrième de couverture est inscrit : « Qui sont Cochléa & Eustachia ? ». Il faut dire que nous n’aurons jamais la réponse. Et que pour apprécier cet album, il ne faut pas la chercher, du moins, elle ne doit pas être nécessaire pour apprécier cette sorte de long poème visuel, noir et décalé, parfois trash (mais moins que dans La Machine Écureuil). Œuvre déroutante, mais dans laquelle je suis entré aisément, captivé. Le dernier tiers de l’album reprend plusieurs histoires courtes dans lesquelles apparaissent nos deux filles énigmatiques, dans des univers toujours aussi étranges. Cette partie m’a peut-être un peu moins accroché. D’abord parce que la colorisation, moins homogène, joue sur des couleurs un peu moins à mon goût. Ensuite parce que les cases sont cette fois-ci très – trop – petites, on apprécie moins bien le dessin, et les textes sont du coup plus difficiles à lire. Enfin, comme visiblement cela semble être des petites histoires parues en revue, Huber aurait peut-être pu en signaler l’origine en fin de volume. Mais là je chipote, car le travail éditorial est remarquable, la qualité de l’album, avec une couverture cartonnée très épaisse, un dos renforcé, la qualité du papier et des reproductions permettent d’apprécier toutes les qualités de l’œuvre de Rickheit. A feuilleter avant d’acheter, car c’est assez particulier. Mais moi j’en redemande, et j’espère que d’autres albums de cet auteur paraîtront rapidement en France.
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