Sarajevo-Tango
Entre les obus qui explosent dans Sarajevo, les balles anonymes et mortelles des snipers, le froid glacial de l'hiver, le manque de vivres et de médicaments, l'impuissance concertée des puissants, c'est l'aventure qui mène la danse.
Aire Libre La Guerre de Bosnie-Herzégovine [EX] Yougoslavie
Entre colère et indignation, c'est l'aventure qui mène la danse En échange d'un paquet d'argent, Zvonko Duprez, ex-légionnaire travaillant à son compte, va tenter de ramener une fillette en Suisse, dans les bras de sa mère. Pour une sordide question d'héritage, le second mari de sa mère ne souhaite pas que cette opération de sauvetage réussisse et lance un tueur aux trousses de Duprez. Entre les obus qui explosent dans Sarajevo, les balles anonymes et mortelles des snipers, le froid glacial de l'hiver, le manque de vivres et de médicaments, l'impuissance concertée des puissants, c'est l'aventure qui mène la danse. Mais plus que jamais, la réalité dépasse la fiction.Dans ce pamphlet qui ne néglige pas l'aventure, Hermann, indigné, laisse libre cours à sa colère.
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Date de parution | Octobre 1995 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cette BD est avant tout un coup de gueule d’Hermann pointant l’immobilisme de la communauté internationale sur les crimes commis pendant le conflit de l’ex Yougoslavie. Le ton est donné. C’est clair que relire cette BD, 25 ans plus tard, cette guerre des Balkans avec le siège de Sarajavo n’a plus le même écho aujourd’hui. Malheureusement, nous avons tendance à oublier que les puissants ont abandonné à l’époque la Serbie et Croatie à des bouchers qui seront heureusement tués ou condamnés par le tribunal de Haye. Au-delà de l’histoire d’un ex mercenaire qui doit récupérer une petite fille kidnappée par son père dans un Sarajevo en guerre, Hermann utilise pour the first time (!) la couleur directe pour cet album. Une œuvre engagée et un ouvrage majeur dans la carrière de ce dessinateur hors pair. Pas de surprise concernant le dessin. C’est du Hermann. C’est du tout bon. J’adhère à 100%.
Fan inconditionnel d’Hermann, il a fallu que j’aille à Angoulême pour que je découvre ce one-shot de 1995. Et je vous le dis haut et fort, je n’ai pas été déçu. Il faut dire que quand j’achète une BD c’est qu’elle me plaît au premier abord. Donc dans la catégorie j’achète une BD, mes avis sont généralement après lecture entre « j’aime », « j’aime bien », « j’aime beaucoup » et « j’adoooooooore ! ». Là mon curseur va plutôt vers « j’aiiiiiiiime ». Je me retrouve vite plongé dans l’atmosphère des « Jeremiah ». Zvonko, un mercenaire sympa a pour mission de ramener sa fille à sa mère - qui est complètement désespérée la pauvre ! Sa fille se trouve en effet à Sarajevo en guerre. On a vite compris que ce nouveau personnage d’Hermann va réussir sa tâche et que tout est prétexte pour dénoncer l’hypocrisie des puissants devant cette hystérie nationaliste de l’ex-Yougoslavie. Je prends ou plutôt j’achète.
La guerre en ex Yougoslavie fut un immonde bourbier ou se sont vautrés toutes les bassesses, les compromissions, les non dits, la veulerie du genre humain. Certes l'on pourrait penser que tout les évènements de cette période étaient tout nouveaux, tout beaux, au point qu'ils ont surpris tous les stratèges, les penseurs, les philosophes à chemise blanche. Tout ce petit monde n'était sans doute pas bien préparé, en bref n'avait jamais vu ça. L'histoire du XXème siècle sait pourtant de quoi est capable l'homme dans toute sa splendeur. Si l'on se réfère aux avis précédents ce qui semble poser problème c'est la lecture qu'en fait Hermann. Dans la préface il se définit comme ayant une grande gueule et que cette BD est pour lui l'occasion de l'ouvrir. Personnellement je préfèrerais toujours quelqu'un qui l'ouvre, avec son lot de maladresses, à celui qui se tait et contemple benoitement la situation. Il est tellement facile lorsque deux personnes s'engueulent de rester en retrait et de ne pas s'en mêler, c'est reposant, cela n'engage pas et parfois cela a un petit côté jouissif. Lorsque la vie du plus grand nombre est en jeu le même principe est à l’œuvre. Dans le cas de l'ex Yougoslavie,(pas de pétrole, pas de minerai rare, et mille autres bonnes raisons de ne rien faire), des chose se rejouaient, vues par le passé dont on sait ce qu'elles ont pu donner. Mon seul reproche concernant le fond de cette BD c'est qu'elle oscille entre la recherche d'une petite fille/aventure et suspens, et la dénonciation d'un système obsolète/l'ONU. En ce qui concerne la dénonciation je lui reproche également d'être partisane et de reproduire en quelque sorte à une autre échelle ce que justement Hermann dénonce d'un autre côté. N'en déplaise, les Serbes se sont comportés comme des bêtes, mais les bosniaques ne furent pas des anges, quand aux croates, il est sans doute bon de rappeler qu'ils furent d'ardents supplétifs du nazisme en 39/45. L'idéologie qui sous tendait leurs actions en ex Yougoslavie trainait des relents affirmés de ce temps. Hermann dont le trait est toujours aussi sur aurait sans doute gagner à prendre du temps, sa BD est écrite sans recul aucun et le propos en est forcément dilué. Mais encore une fois l'indignation est sans doute plus porteuse que la passivité. Si une BD ne peut pas changer grand chose, au moins à t'elle le mérite d'exister et de donner un éclairage, forcément partial, sur des évènements dont je pense qu'ils doivent être connus du plus grand nombre. Je recommande donc la lecture mais en précisant qu'il faut aller aussi voir ailleurs pour une plus ample compréhension, autant que faire se peut, de ces tragiques moments.
On retrouve dans cet album le style graphique habituel d’Hermann, c'est-à-dire un très bon dessin (malgré un véhicule blindé totalement raté page 14, mais je chipote), mis à part comme très souvent chez lui les visages féminins. Pour le reste, je suis très déçu par ce Sarajevo-Tango. Hermann l’a, dit-il, écrit en réaction aux crimes commis par les Serbes en Bosnie, et en particulier à Sarajevo. Et en réaction au sort d’Ervin Rustemagic, collègue et ami habitant Sarajevo. Hélas, si le propos – dénoncer les exactions serbes et l’inaction de la communauté internationale – ONU en tête, est louable, le résultat est complètement raté je trouve. Sur exactement le même sujet (le sort de Sarajevo et d’Ervin), Joe Kubert a réussi avec son Fax de Sarajevo quelque chose d’autrement plus convaincant. Ici, les passages pseudo ironiques/humoristiques sur l’ONU, son chef (« Boutroz Rallye »), avec jeux de mots à la clé, ne passent pas et sonnent faux (ils sont parfois proches du prêchi-prêcha), tout en dénotant avec le reste du récit. Quant au fil rouge, c’est à dire la recherche pour extraction de la petite Maja, rien d’original ni de palpitant de ce côté, c’est du déjà-vu. Sur le sujet, allez voir ailleurs. De même pour voir du bon Hermann !
Je comprends que Sarajevo Tango suscite autant d'avis négatifs. C'est vrai que l'histoire est basique et qu’Hermann a réalisé cet album sous le coup de la colère. Ça donne une charge assez lourde contre ceux qui ont contribué au martyre de la population de Sarajevo, durant ce qui a été le plus long siège de la guerre moderne (du 5 avril 1992 au 29 février 1996). Hermann pointe du doigt ceux qu'il en juge responsables : – les milices et l'armée serbes qui encerclent la ville et la bombardent quotidiennement, – la communauté internationale, en particulier l'ONU qui se refuse de lever le siège au motif qu'il ne faut pas prendre parti dans une guerre civile, et les Casques bleus, soldats réduits au rôle de simples observateurs et parfois de cibles, – les membres de l'Union européenne qui n'étaient alors que quinze, mais n'ont su montrer que leurs dissensions et leur impuissance à intervenir dans une crise qui se déroulait à leurs frontières, – la presse, qui met en scène les événements, mais ne les hiérarchise pas et zappe très vite dès que quoi que ce soit d'autre de spectaculaire se produit ailleurs, – l'opinion publique des démocraties occidentales, qui est capable de s'émouvoir brièvement face au sort des victimes civiles, avant de s'en lasser tout aussi vite. Les événements décrits remontent à plus de vingt ans, mais tout cela ne me semble pas si démodé… Que d'autres crises éclatent aux marges de l'Europe et nous verrons si l'histoire ne bégaie pas ! Le point de vue d'Hermann est manichéen, simpliste, contestable, je ne le nie pas. Mais c'est toujours le cas lorsqu'un artiste s'engage. Il est facile de le critiquer a posteriori, cependant, lui au moins, il l'a fait, il essayé de dénoncer une situation qui lui semblait scandaleuse avec les moyens dont il disposait et à travers le média qu'il maîtrisait. Bien sûr, c'est lourdingue par moment. Quand on choisit l'humour pour dénoncer l'horreur, on peut vite se planter. Cependant, j'avoue que ses Casques bleus coiffés de bonnets de Schtroumpfs, les gros doigts grondeurs, le fromage géant de Boutros-Boutros Rallye ou la grande sculpture de l'Europe sans couille m'ont bien fait rire. Et certaines cases n'ont rien de drôle, les images de réfugiés, des prisonniers squelettiques derrière les barbelés des camps d'internement, les cadavres des civils victimes des snipers ont été aperçues au journal télévisé, puis chassées par d'autres actualités plus brulantes. Hermann les fige dans sa BD et évite qu'elles sombrent dans l'oubli. Hermann dénonce, tempête, fulmine, et peut-être qu'il insulte le lecteur. Je crois qu'il le fait avec sincérité. Avec maladresse aussi, par moments. Il aime les histoires simples avec des dénouements simples. Voyez comme il résout l'intrigue dans Simon est de retour (Jeremiah #14) et vous comprendrez pourquoi il trouve que Le Ciel est rouge sur Laramie (Comanche #4) est le meilleur scénario que Greg lui ait livré. Ses jugements sont souvent à l'emporte pièce ; il est comme ça Hermann, c'est son côté Dirty Harry. En somme, Sarajevo Tango est un album très intéressant. Il s'agit d'un one-shot engagé, dont l'auteur ose prendre violemment parti, au risque de déplaire. La démarche est très différente des albums-témoignages, comme l'excellent Gorazde de Joe Sacco, dont l'approche pondérée se rapproche davantage du travail des journalistes. Sarajevo Tango est une bande dessinée atypique, qui développe en 52 planches un esprit qui relève habituellement davantage de la caricature de presse engagée. C'est une œuvre qui n'est pas exempte de défauts, mais elle constitue une expérience intéressante et rare, dont je conseille l'achat et la lecture.
Je continue mon exploration des one-shot de Hermann et je ne suis pas impressionné jusqu'à maintenant. Je ne connais rien à la guerre de Bosnie-Herzégovine, mais j'ai un peu l'impression que c'est un peu plus complexe que le dit Hermann. Je n'ai pas trop aimé que l'auteur n'essaie pas d'expliquer la situation. Tout ce que je sais c'est qu'il y a des méchants qui tuent des gentils et le reste du monde s'en fiche. Il faudrait peut-être que je demande au collègue de travail de ma mère qui était casque bleu à l'époque et est revenu traumatisé, mais étant donné que selon Hermann les soldats sont tous des imbéciles, cela sera surement inutile de lui demander parce il semblerait qu'il est con. Je n'ai pas trop aimé comment Hermann se moque du secrétaire de l'ONU avec des attaques très facile alors que c'était surement une situation compliquée pour l'ONU. La politique internationale, c'est pas aussi simple qu'un film de Chuck Norris. Il ne suffit pas que le héros aille dans le pays et tue les méchants. Finalement, je trouve non seulement l'histoire du kidnapping ennuyeuse (ça aurait pu se passer n'importe où et à n'importe quel moment), mais en plus j'ai eu l'impression que ça venait d'un autre album. Les passages sur le kidnapping sont sérieux alors qu'autour il y a plein de scènes qui ne sont pas du tout réalistes. On dirait qu'on a mélangé des scènes de différents albums.
Le dessin de ce Sarajevo Tango est du pur classique Hermann ; toujours les mêmes visages, même pour les filles (les pauvres), mais ici j’ai trouvé ça moins désagréable que dans « Lune de guerre ». Par contre, le reste est toujours aussi magnifique, et la couleur également. L’ambiance de Sarajevo sous les bombardements est bien rendue, le cynisme ambiant également. Hermann nous livre un point de vue tranché sur le conflit et sur sa gestion par les autorités internationales, qu'on le partage ou non, il est intéressant à connaître. L’histoire est plus que correcte, un peu bizarre sur certains passages où l’on se demande ce que l’auteur a bien pu fumer, mais quand on lit le texte introductif d’Hermann qui nous explique pourquoi il a écrit cette BD, on comprend mieux le côté clownesque de certains passages. Je trouve que pour un one shot il y a largement de quoi se mettre sous la dent avec une vraie intrigue et une vraie fin le tout servi par un dessin très réussi. Lecture conseillée, au moins pour avoir un point de vue différent sur le conflit en ex-Yougoslavie, achat pourquoi pas : pour un fan du dessin d’Hermann, ou si vous la trouvez, comme moi, d’occasion pour 1€.
Cette BD, moyenne dans la qualité du scénario, n’est que prétexte à Hermann pour dénoncer l’attitude des Serbes pendant la guerre de l’ex-Yougoslavie et la désinvolture de l’Onu face aux événements. En tant que homme d’expérience il devrait être moins manichéen et savoir que l’origine et le déroulement de ce type de conflit sont bien plus complexes que les apparences. De plus, et je pense qu’il en est victime en partie , « monsieur tout-le-monde » a bien du mal à se faire une idée juste sachant que les informations sont manipulées par les médias, médias eux-mêmes dirigés ou manipulés par les autorités . Comme dit plus haut je trouve le scénario moyen et la fin de l’histoire peu crédible. Pour le dessin c’est tout bon.
Hermann fait un mélange peu réussi dans ce one shot. La fiction concernant l'enlèvement de l'enfant et l'opération extraction de Sarajevo par un ex-légionnaire est assez réussie. Par contre, l'auteur s'insurge des exactions faites notamment par les Serbes lors du conflit en ex-Yougoslavie. Son propos est loin d'être clair, il aurait dû développer ses idées et ne pas partir sur une fiction à 100 000 lieues de son coup de gueule. Cette dispersion gâche complètement le résultat. En dehors de ces considérations, le dessin est agréable, Hermann est égal à lui même sur ce récit. Il y avait de la volonté et du fond mais la forme n'y est pas. Sur ce point c'est un échec.
Je ne sais pas vous ? Mais, personnellement je n’apprécie que très modérément de me faire insulter à tort et à travers. Et, si l’on veut me faire réagir ou changer d’opinion, mieux vaut s’y prendre avec intelligence et susciter ma réflexion plutôt que d’agir sur un coup de tête et provoquer ma répulsion. En me traitant de mouton stupide dépourvu de toute capacité de réflexion, monsieur Hermann m’insulte. En traitant les casques bleus de schtroumpfs ridicules, monsieur Hermann insulte tous ces soldats qui, au péril de leurs vies, vont défendre des droits auxquels ils croient dans des pays dont ils ignorent souvent tout, et toutes les familles de ces soldats morts au combat (dans quelque pays que ce soit). Monsieur Hermann n’a pas apprécié le mutisme, l’extrême prudence et, sans doute, l’hypocrisie de monsieur Boutros Boutros-Ghali. Il l’accuse ouvertement de s’être contenté d’adresser un gros doigt grondeur vis-à-vis des forces serbes. Et, pour manifester son opinion, monsieur Herman adresse … un gros doigt grondeur à monsieur Boutros Boutros-Ghali sous la forme de cet album, qui se veut un pamphlet à son intention. On a coutume de dire qu’en matière d’art, la critique est aisée, et que l’exercice est difficile. Je ne crois pas que cette maxime doit s’adresser exclusivement à l’art. Mais, bon ! Essayons de passer outre cet aspect, et regardons ce que l’auteur nous propose d’autre : - Un dessin de qualité, surtout dans ses décors. Malheureusement, ceux-ci sont moins présents que d’habitude, du fait du sujet traité. Et les personnages (surtout féminins) de l’auteur ne sont pas ce qu’il réussit le mieux (à mon humble avis) ; - Une histoire de récupération d’un enfant enlevé dans une ville assiégée. Très classique, sans grande imagination, mais pas mauvaise en soi. On retrouve un peu la même structure que dans certains scripts de Greg, mais un cran en-dessous. Tout est très prévisible, jusqu’à la page finale ; - Un contexte historique qui, s’il a révolté l’auteur, ne sert finalement que de toile de fonds. Aucune analyse du conflit n’est faite, Hermann accuse, mais n’explique rien. Un dernier mot : en première page, l’auteur indique le nom de toutes les personnes auxquelles il a envoyé un exemplaire du présent album. Dans la liste figurent des dirigeants du Rwanda et du Nigeria (entre autres) … Représentants d’états en guerre constante (dans lesquels l’épuration ethnique est malheureusement monnaie courante), ils ont vachement dû se sentir concernés par ce conflit yougoslave qui choquait un auteur belge de bande dessinée. L’intention de monsieur Hermann était sans doute louable, et sa colère légitime. Mais le présent objet manque complètement sa cible et atteint dans mon cas l’effet contraire.
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