Un travail comme un autre
Les années 20 en Alabama. Un électricien tente de raccorder la ferme de sa compagne à une ligne électrique. Sa vie va s’en trouver bouleversée. La cellule d’un pénitencier, la décomposition d’un mariage, la terre impitoyable… Une fable humaniste en résonance avec les questions économiques et sociaux actuels.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Adaptations de romans en BD Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2020 Prisons [USA] - Dixie, le Sud-Est des USA
Alabama, 1920, Roscoe T Martin est fasciné par cette force plus vaste que tout qui se propage avec le nouveau siècle : l’électricité. Il s’y consacre, en fait son métier. Un travail auquel il doit pourtant renoncer lorsque Marie, sa femme, hérite de l’exploitation familiale. Année après année, la terre les trahit. Pour éviter la faillite, Roscoe a soudain l’idée de détourner une ligne électrique de l’Alabama Power. L’escroquerie fonctionne à merveille, jusqu’au jour où son branchement sauvage coûte la vie à un employé de la compagnie…
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Date de parution | 27 Mai 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Comme d'autres avis, j'ai retrouvé ici un air de Steinbeck, d'hommes en blouses de travail et de Californie du début XXè, de racisme, de prisons et de misère. C'est un récit d'une vie, celle d'un homme qui veut travailler de ses mains et avec l'électricité. Rapidement, l'histoire s'installe dans son rythme qu'elle ne perd plus jamais. Ce qui est remarquable, vu le nombre des pages, qui se lit d'ailleurs facilement et plus rapidement qu'on ne pourrait le croire, au vu du bouzin. Le dessin est parfait pour ce genre de récit, rendant quelque chose de rugueux dans les textures. On sent la toile grossière des vêtements et les planches écaillées. Ça passe par le dessin, l'ambiance est très bien retransmise et permets de ressentir tout le poids du récit. Un excellent exemple de comment articuler le fond et la forme d'un récit. Le récit, lui, est assez linéaire. On se doute vite de ce qui va arriver, mais l'importance n'est pas vraiment perceptible tout de suite. Par contre, une fois au pénitencier, c'est l'escalade de la violence et de la douleur pour notre personnage. Une sacrée descente aux enfers pour un brave gars qui veut juste bien faire son travail. J'aime le fait que l'accent ne soit jamais mis uniquement sur un "brave homme", puisqu'il a aussi des comportements qui ne conviennent pas, comme avec sa femme. Par contre, c'est un travailleur honnête ou qui essaye de l'être. Et j'aime le fait que ce qui l'anime avant tout soit sa passion pour son métier et la volonté de préserver sa famille. C'est simple, comme beaucoup de gens que j'ai pu croiser dans ma vie, et ça peut mener à des conséquences désastreuses. A partir de l'accident, on sent que l'auteure veut nous montrer le délitement de ce qui fait la vie de cet homme, mais aussi par là une critique de nos institutions, des pouvoirs et des humains. Que dire de ces gardiens de prisons si sadique, de ce jugement qui semble joué d'avance, de cette douleur de la séparation d'un couple ? La fin est assez cruelle, puisque rien ne reviendra à la normale et que tout restera dans cette déchéance humaine, avec une sorte de fin ironiquement noire. Je suis très content de cette lecture, c'est le genre de BD qui arrive à faire ressentir tout ce qu'elle veut dire, le retransmet par le dessin comme par le texte, nous montre une cruauté humaine qui n'est jamais voyeuriste et pose des questions sur la façon dont nous nous traitons dans notre propre société. C'est un rappel de ce que purent être les lois dures et le pénitencier de ces années-là. Je ne connais pas les prisons actuelles mais je me demande ce que ça donnerait ... Bref, une lecture prenante et qui se dévore comme un rien, une chaude recommandation !
En Alabama dans les années 30, un homme passionné d'électricité refuse de devenir un simple paysan et se lance dans l'électrification de son activité. Une passion qu'il met en application avec succès et qui aurait pu lui assurer la fortune, mais son destin est tout autre. Un récit poignant qui ne décrit pas une réussite à l'américaine mais son contraire. De drame en drame, à chaque fois le héros s'enfonce un peu plus et nous assistons à son destin tragique. A partir de cette aventure, l'auteur nous décrit le fonctionnement de la société américaine. Inhumaine et sans concession pour ceux qui ont violé la loi, la bd révèle un système carcéral très brutal. Pour ceux qui sont dehors, seule la liberté différencie ces hommes et ces femmes qui ont du mal à survivre pendant la dépression de ceux qui sont incarcérés. Un récit qui démontre l'enfer traversé à cette époque par ce pays. Le dessin est assez classique par contre la couleur est originale, seulement deux couleurs sont utilisées. Une alternative entre le noir et blanc et une colorisation classique, un style particulier et maîtrisé. Une lecture qui provoque parfois de l'indignation et surtout des émotions pour ce personnage passionné et obstiné.
Je me retrouve entièrement dans l’avis de Ro. J’attendais autre chose (mais quoi donc ?) et en tout cas davantage de cet album relativement haut placé à sa sortie, et chez un éditeur que j’aime bien (et qui en tout cas a encore fait un très beau travail éditorial !). L’entrée dans un thème déjà vu (la Grande dépression de la fin des années 1920 dans l’Amérique profonde) est assez bien vu, avec ces paysans au bord du gouffre (ce qui pousse notre héros à chercher une solution qui, malheureusement, va se révéler désastreuse). Pour le reste, si la lecture de l’histoire n’est pas désagréable, je n’ai pas complètement été satisfait. D’abord parce que le héros, assez ambivalent, n’est pas de ceux auxquels on s’attache. Mais aussi parce je n’ai pas compris certains comportements (la réaction de la femme du héros à partir de l’annonce de son arrestation, le fatalisme presque sacrificiel du héros – jusqu’à l’épilogue – alors même que sa sortie de prison est assez miraculeuse). Bref, une froideur (du traitement, mais aussi des personnages entre eux) qui m’a un peu décontenancé.
Une nouvelle vision intéressante de l'Amérique durant la Grande Dépression de 1929 par le biais d'un électricien devenu fermier par alliance et qui essaie de s'en sortir grâce à sa spécialité mais rate son coup. Je ne spoile pas puisqu'il s'agit du premier quart de l'album seulement et que pour le reste on verra comment il va subir les conséquences de son échec et essayer tant bien que mal de remonter la pente, avec hélas souvent son fort caractère qui lui jouera des tours. J'ai été séduit par le graphisme de cet album. J'aime bien ce trait se rapprochant d'une certaine ligne claire ainsi que l'originalité de sa colorisation et son tramage qui donne un aspect faussement désuet aux planches. J'aime bien aussi le rythme assez rapide de la narration qui permet de ne pas s'éterniser et de voir rapidement comment les choses évoluent, en bien ou en mal. Ca permet un récit dense et pas ennuyeux. Pour l'histoire elle-même maintenant, j'ai moins été enthousiasmé que je l'espérais. Pour commencer, je trouve le personnage principal antipathique et cela m'empêche de vraiment m'attacher à son parcours. Ses sautes d'humeur et son caractère borné m'agacent. Ensuite, je ne suis pas très amateur des récits dramatiques duquel se dégage une certaine fatalité. Une grande partie de l'histoire se passe dans un cadre et un déroulement qui rappellent un peu le film "Les Evadés / Shawshank Redemption" mais contrairement à l'intelligence des personnages du film, je n'ai ressenti ici qu'une tension à l'idée que le héros gâche toutes ses chances du fait de son comportement. Et au final, je trouve qu'il sort finalement plutôt bien. Puis vient la fin encore plus fataliste et là encore je n'ai pu que me sentir éloigné et insensible envers la réaction et les actes du héros, même si je suppose qu'ils peuvent être assez réalistes. Ce n'est pas une mauvaise histoire, loin de là, et elle est bien racontée et bien dessinée, mais en ce qui me concerne, elle n'a su qu'en partie me séduire.
Je ne connaissais pas le roman de Virginia Reeves, mais cette adaptation m’a beaucoup plu. L’histoire nous raconte les déboires de Roscoe T Martin, un mec pas plus mauvais qu’un autre, qui tente de subvenir à sa famille pendant la grande dépression des années 30. Il fait preuve d’ingéniosité mais surtout de malchance, difficile de ne pas avoir de la peine en voyant sa vie s’effondrer, lui échapper petit à petit. Toute la fin (après sa libération de prison) m’a beaucoup touché, beaucoup ému. La lecture est fluide et prenante, et le style graphique particulier et un peu « vintage » est vraiment classieux. Un excellent moment de lecture, et un coup de cœur.
Un très bon one-shot. On se retrouve dans l'Alabama des années 30 et on devine facilement que la vie n'est pas rose dans ce coin de pays des États-Unis. On suit un héros qui n'est certes pas parfait (il agit tout de même comme un gros con durant une bonne partie de la première partie !), mais terriblement attachant. J'ai bien aimé suivre le déroulement de sa vie. J'avoue toutefois que je ne voyais pas trop ce dont l'auteur du roman original voulait parler au juste jusqu'à ce que le héros atterrisse en prison. Le récit devient donc une dénonciation du milieu pénitencier de cette époque où le traitement des prisonniers est cruel et le système de réinsertion n'aide pas vraiment. Et on devine facilement que c'est pire si on est noir ! L'album contient 184 pages, mais elles se lisent facilement vu la grandeur des cases, et j'ai bien aimé parce que cela permet de bien voir l'action. La narration est dynamique et le scénario prenant. Ah oui, il faut s'attendre à une histoire tragique, la fin est horrible et va me rester dans la tête un bon moment.
Il plane sur ce récit l’ombre de Steinbeck (« Des Souris et des hommes », « Les Raisins de la colère »). Même cadre, mêmes destins brisés, même constat amer… Si vous cherchez à vous remonter le moral, ne vous risquez pas à cette lecture : elle est déprimante au possible. Misère, malchance, racisme, absurdité et violence de l’univers carcéral, tout est mis en place pour enfoncer encore et encore Roscoe T. Martin, un gars pas parfait mais qui fait son possible pour s’en sortir alors que la crise économique fait rage. J’ai adoré l’enchainement des événements qui finit par briser le personnage central. Ce personnage, qui est loin d’être parfait, m'a touché par delà ses défauts. Virginia Reeves ne lui épargne rien, et de ce fait nous révèle toute son humanité. Ce récit dénonce bien entendu le système carcéral de l’époque mais reste d’une grande actualité lorsqu’il aborde des sujets tels que la réinsertion ou la nécessité de pouvoir s’épanouir dans son travail. Le traitement graphique d’Alex W. Inker est une fois de plus pleinement adéquat pour ce récit. Ses personnages caricaturés à la limite du grotesque sont un parfait écho à l’absurdité et à l'horreur de la situation dans laquelle ils se dépatouillent tant que faire se peut. Certains passages sont prodigieux comme celui dans lequel le compagnon de cellule de Roscoe, menuisier de son état, se réjouit du travail que le pénitencier lui ordonne de réaliser : une nouvelle chaise électrique ! Enfin, il va pouvoir mettre son savoir-faire à l’œuvre… Et Roscoe de proposer ses services en sa qualité d’électricien, espérant ainsi une remise de peine… Une œuvre dure et prenante, à vivement conseiller aux amateurs du genre… Et à ne pas lire un soir de déprime.
Les portes du pénitencier, bientôôôt vont se refermer, et c'est lààààà que je finirai ma vie... Non, pas pour notre ami Roscoe... Une adaptation d'un roman américain, qui se passe au pays du maïs et des champs de coton au début du XXème siècle. Alex W. Inker, le bien nommé, redessine cette histoire du brave Roscoe, électricien lettré de l’Alabama qui va sauter le pas de l'illégalité pour sauver le ferme de sa femme et se retrouver en taule pendant 20 ans. Il reviendra au bout de sa peine, revêtu de sa salopette rouge, retrouver un monde qui ne l'a pas attendu. Bref c'est noir et rouge, comme la tenue des prisonniers, comme leur visage mal rasées, comme les chiens qui poursuivent les évadés, comme les livres qu'il range en tant que libraire de la prison. En fait, ça fout le bourdon, mais c'est très bien fait. Des dialogues simples, des gueules marquées par la vie. Des dessins bicolores avec des gros traits à l'encre noire à l'ancienne, et du rouge en traits, en à plat, ou en trames. Assez peu de cases par page, mais 180 pages quand même, dans une édition un peu vintage au papier râpeux. Un cadeau pour un amateur de Johnny, peut-être ?
L’histoire d’un modeste électricien au début du siècle dernier dans le Sud des États-Unis en Alabama. Un état miséreux, où le racisme est encore bien présent. Roscoe est un modeste employé d’une compagnie d’électrification. Il tombe amoureux d’une fermière avec laquelle il a un enfant. Afin de moderniser cette ferme il entend raccorder celle-ci de manière illégale avec un ouvrier au réseau existant. Mais ce raccordement « pirate » va provoquer la mort d’un employé local et Roscoe est envoyé en prison. Le voilà donc plongé dans un univers carcéral poisseux, sans le moindre contact avec les siens, victime d’un gardien sadique. Son emploi à la librairie lui permettra de donner un sens à cette existence de reclus. Quelques belles rencontres lui permettront également de tenir bon jusqu’à sa libération anticipée. Mais cette histoire, commencée par un fait tragique, se terminera également par un nouveau drame, mais ça c’est au lecteur de le découvrir. En lisant cette histoire on repense à certains classiques de la littérature américaine : « Des souris et des Hommes » , « Les raisins de la colère ». Autant de descriptions d’une Amérique pauvre, crasseuse, miséreuse où chacun essaie de survivre comme il peut. L’histoire de Roscoe est celle d’une tragédie de bout en bout, une épopée des bas fonds dans laquelle un modeste ouvrier pas toujours très fin paiera au prix fort une erreur de jeunesse. Abandonné par les siens il ne pourra finalement compter à sa sortie de prison que sur un ouvrier noir qui l’avait aidé à installer ce branchement illicite au début de l’histoire. L’album est superbe, dessiné dans un style qui rappellera Burns ou Clowes, avec une palette de couleurs réduite (rouge, bleu, noir, blanc) qui parvient à créer un univers visuel très particulier et cohérent. L’album n’est pas passé inaperçu à sa sortie puisqu’il a fait partie de plusieurs sélections. Il méritait bien une critique.
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