Le Baron (Masbou)

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 12 avis)

Qui donc mieux que Jean-Luc Masbou, le dessinateur de De Cape et de Crocs, pour mettre en scène le baron de Münchhausen ? Mieux qu'une adaptation, le baron revient pour rétablir la vérité et solder son conte...


1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières Allemagne École européenne supérieure de l'image Les prix lecteurs BDTheque 2020

A l'automne de sa vie, le baron de Münchhausen se retrouve confronté au livre fraîchement publié qui raconte ses aventures. Un livre qui, certes, lui amène une popularité et une certaine notoriété bien au-delà de la région où il réside mais qui le confronte à la mort en faisant de lui un héros de papier et non plus un conteur ! Notre baron se décide à rétablir la vérité, et quelle vérité !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Octobre 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Baron (Masbou) © Delcourt 2020
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 12 avis)
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30/10/2020 | Ro
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Par Josq
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Aujourd'hui, s'il y a deux auteurs dont je suis l'actualité plus que tous les autres, c'est Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, qui ont produit le plus grand chef-d'oeuvre de la BD contemporaine à mes yeux, avec De Cape et de crocs. Alors en attendant leur prochaine collaboration (on avait entendu parler d'un pastiche humoristique de Macbeth par les deux auteurs, espérons que le projet voie le jour dans un avenir pas trop éloigné), ils nous offrent de quoi patienter chacun de leur côté. Tandis qu'Ayroles sortait son chef-d'œuvre Les Indes fourbes, Jean-Luc Masbou n'en faisait pas moins de son côté, avec sa première oeuvre en solo. Et c'est un vrai bijou ! Visuellement, déjà, on renoue avec le style De Cape et de Crocs dans l'intrigue principale, qui met en scène le fameux baron de Münchhausen dans la réalité (puisqu'il s'agit d'un personnage réellement historique). Mais à chaque fois que le baron raconte une histoire, Jean-Luc Masbou s'envole dans un style graphique différent, ce qui donne une excellente dynamique au récit, car on se demande toujours, en plus de savoir ce que va raconter la prochaine histoire, quel style l'auteur aura choisi pour la mettre en scène. Le récit, lui, est très habilement construit sur une excellente mise en abyme, montrant le fameux baron de Münchhausen, habitué à raconter ses histoires fantaisistes, qui voit ces histoires lui revenir comme il ne s'y attendait pas, sous forme de livre. Cela permet bien sûr à Masbou d'introduire une réflexion fine et subtile sur la différence entre une histoire orale et une histoire écrite, et surtout, de rendre un hommage puissant à tous les raconteurs d'histoire de par le monde. L'auteur nous fait entrer dans un monde imaginaire qui, lui-même, nous ouvre la voie à un nombre illimité d'autres mondes. C'est drôle, léger et envoûtant, on veut toujours en savoir plus, au point qu'on ne soucie plus guère de voir avancer l'intrigue (le récit-cadre faisant du sur-place pendant la majorité de la bande dessinée). Seul petit bémol à mes yeux : alors que l'auteur nous dévoile tout le potentiel émotionnel de son récit, il ne s'en sert jamais tout-à-fait. J'aurais aimé que la fin m'émeuve davantage, tant il y avait quelque chose à faire autour de ce personnage recherchant une simplicité que son rang semble lui interdire et s'évadant pour cela dans des histoires fantasmées. En fait, il y a un élément que je trouve malheureusement sacrifié par Masbou alors que, pour ma part, je l'aurais mis au coeur du climax : il s'agit de la relation entre le baron et sa femme. Celle-ci prend un tour inattendu à un moment, mais aurait pu être davantage développée. En montrant le scepticisme et le mépris de la femme du baron pour ses histoires, Masbou aurait pu construire tout son climax autour d'elle et terminer sa BD sur le plus grand succès du baron : acquérir sa femme à la magie qu'il cherche à propager autour de lui, et qu'il aurait enfin réussi à introduire dans son foyer. Mais Masbou a choisi d'emprunter une autre voie, et il le fait tout de même très intelligemment. Simplement, je trouve que le personnage de la femme du baron n'est pas traité aussi bien qu'il aurait pu l'être. Enfin, je ne veux pas terminer cette critique sur cette note (très) légèrement négative, car Le Baron n'a rien d'une déception. C'est une bande dessinée très généreuse, tant envers son lecteur qu'envers tous ceux qui inventent, qui créent, qui écrivent ou qui dessinent des histoires. L'hommage au pouvoir de l'imagination et à tous les hommes qui s'en servent pour faire rêver les autres et rendre le monde meilleur (ou essayer) est touchant, poétique et s'achève sur une dernière page assez laconique et pourtant pleine de sens, même si elle est presque en trop (la lettre qui précède faisant déjà une excellente apothéose pleine d'émotion). En tous cas, Masbou relit de manière très intelligente l'univers fascinant du baron de Münchhausen (avec un joli pied-de-nez au récit sans doute le plus emblématique du baron), et ça m'a clairement donné envie de découvrir plus en détail cet univers !

12/11/2020 (MAJ le 21/10/2024) (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Vous vous en êtes sorti en vous tirant par les cheveux ?! - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2020. Il s'agit de l'adaptation libre en bande dessinée de la vie de Karl Friedrich Hiéronymus, baron de Münchhausen (1720-1797). L'adaptation a été réalisée par Jean-Luc Masbou, pour le scénario et les dessins. La bande dessinée compte 64 planches en couleurs. le tome se termine avec 3 pages d'étude graphique des personnages, ainsi que les croquis préparatoires de chaque page, rassemblés sur 2 pages, et ceux de la couverture sur une autre page. Il existe trois sortes de fabulateurs : ceux qui racontent leur vie de façon romanesque, ceux qui inventent des univers de toutes pièce, et ceux qui affirment avoir accompli des choses impossibles. le baron de Münchhausen était tout cela à la fois : menteur, conteur, poète. Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen vint au monde le onze mai dix-sept cent vingt, dans le château de Bodenwerder, dans la région du Weserbergland. Il est vraisemblable qu'il attrapa très tôt le goût du mensonge, certainement pour se donner de l'importance. Il fut un page du prince de Brunswick, puis un mercenaire dans l'armée russe, à mener la guerre contre les turcs avec le grade de capitaine de cavalerie. Il racontait ses histoires de taverne en campement, et celles-ci commençaient à se répandre dans les salons. Finalement, lassé de la vie militaire, il revint vivre chez lui, retrouva sa femme Jacobine. Il partagea ses journées entre la chasse, l'entretien de son domaine et les bons repas. Pendant ce temps-là, ses aventures avaient été imprimées outre-Manche, puis traduites en français, et enfin en allemand en 1786. En mai 1787, Engelbert Bodmann, un colporteur, arrive à Bodenverder avec sa camelote. Parmi les marchandises qu'il propose aux habitants, se trouve un livre : Les fabuleuses aventures sur terre et sur mer du baron de Münchhausen. Les villageois sont interloqués : ils n'imaginaient pas que leur baron soit l'objet d'un livre. le colporteur a du mal à y croire : le baron dont il a lu les aventures une dizaine de fois, serait donc un être humain réel. Tout le monde s'installe en terrasse, à la table de l'aubergiste avec une bonne bière. le colporteur indique qu'il aimerait bien rencontrer le baron. Hélas, celui-ci ne vient plus à l'auberge, car il a promis à sa femme, de ne plus rentrer saoul. Gustav décide d'aller le trouver au château pour le faire changer d'avis. Il s'y rend à pied, et trouve le jeune Hans dans la cour du château à regarder une canne avec ses canetons. Celui-ci lui indique que le baron est parti à la chasse le matin, mails qu'il a oublié ses balles de plomb. Gustav prend le sac de balles de plomb et part dans les bois à la recherche du baron. Il le découvre à l'abri d'un bosquet, avec son fusil dans les mains, prêt à tirer sur un magnifique cerf. Il fait feu et l'atteint en pleine tête, mais avec des noyaux de cerise en guise de balle. Une simple adaptation des aventures du baron de Münchhausen ? Pas du tout. Déjà, les pages sont réalisées par Jean-Luc Masbou, l'illustrateur de la série de Cape et de Crocs (1995-2016, 12 tomes) avec Alain Ayrolles. le lecteur est donc assuré de dessins délicieux, et c'est le cas : une narration visuelle riche en décors, avec des personnages immédiatement sympathiques, une mise en couleurs claires et gaies. C'est un vrai plaisir de lecture dès la première page. En outre, l'artiste ménage de nombreuses surprises, que ce soit les 2 strips réalisés par des invités en page 1, avec un clin d’œil à Denis Bajram et à Jean-Michel Folon (1934-2005), ou encore les différentes formes d'illustration. Lorsque le Baron raconte une de ses aventures, l'artiste change de mode graphique. Ça commence dès l'évocation de sa vie : dessins avec des traits encrés très fins et des aplats de couleurs. Ça continue avec l'histoire qu'il raconte à Gustav : des cases évoquant une toile de Jouy, d'un joli rose cuisse de nymphe. Pour l'histoire suivante où il garde les ruches du sultan et doit mener les abeilles au champ, l'artiste prend le parti de représenter les personnages comme des pantins. Il ne s'agit pas d'une coquetterie esthétique pour épater la galerie, mais bien de donner une indication de la saveur de la narration du conteur extraordinaire qu'est le baron. Ce thème revient à plusieurs reprises : ce n'est pas la même chose entre lire ses histoires, ou l'entendre les raconter et de jouir de sa faconde. Une simple adaptation des aventures du baron de Münchhausen ? Pas du tout car l'auteur situe son récit après les dernières aventures du baron. Il commence par retracer la genèse du livre narrant ses aventures : en 1785, Rudolf Erich Raspe (1736-1794) publie ces récits en anglais. Puis, un an plus tard, le livre est traduit en allemand par Gottfried August Bürger (1747-1794) qui les réécrit pour un livre plus poétique et satirique. Mais il n'est pas fait mention de la version française, traduite par Théophile Gautier (1836-1904), avec des illustrations de Gustave Doré (1832-1883), car elle date de 1854, bien après le décès du baron. du coup, cette histoire reprend bien une douzaine de ses aventures : un lièvre à huit pattes, aller récupérer sa hache sur la Lune, un général à moustache à qui il manque le sommet du crâne, le cheval du baron coupé en deux, et bien sûr pour finir une version du boulet chevauché par le baron, mais dans une version inédite. Ces récits sont faits par le baron en personne, et interviennent dans le fil du récit qui se déroule en mai 1787, bien après qu'il se soit rangé de sa vie militaire. de fait, le lecteur bénéficie à la fois de certaines de ses aventures, et à la fois d'une prise de recul sur le succès de ses affabulations. Pendant ces passages au temps présent du récit (mai 1787), Jean-Luc Masbou reprend son mode de dessin classique, et c'est délicieux. Cela incite le lecteur à prendre son temps pour savourer chaque case. La bonhommie des personnages est irrésistible, d'autant plus que l'artiste exagère un soupçon l'expression de leur visage. Ils sont craquants à tous faire les yeux ronds quand le colporteur les informe de l'existence du livre sur les aventures du baron. L'aubergiste Bruder est souriant sans arrière-pensée, donnant une envie irrépressible d'aller manger une tourte chez lui, avec une bonne chope de bière. Gustav est rondouillard avec le crâne dégarni et il inspire une grande confiance, dès le premier coup d’œil. Les cheveux du baron grisonnent et il est très élancé. Il a un visage très expressif, souvent lunaire, parfois une peu agacé quand il s'adresse à son épouse qui a une tendance affirmée à le faire redescendre sur terre, et à ne pas s'en laisser conter. Celle-ci arbore un air tout le temps un peu pincé, et réprobateur. le dessinateur soigne tout autant les tenues vestimentaires, établissant une distinction clairement visible entre celles des roturiers et des serviteurs, celles des bourgeois, et celles de la baronne et du baron. C'est également un délice que de prendre le temps de regarder les décors, ou plutôt les environnements. le lecteur ouvre grand les yeux pour ne rien perdre des pavés des rues de Bodenwerder, des poutres apparentes en façade des maisons, des tuiles sur les toits, de la grande table en bois de l'auberge, de son enseigne avec un trou de boulet de canon, de la forme du dossier des chaises en bois. Plus loin, il regarde la porte d'entrée en pierre du domaine du château, les tourelles, la grande bâtisse principale, les escaliers menant au jardin et les rambardes en pierre. Plus loin encore, il établit la comparaison avec l'architecture du château du vicomte von Hertzberg et son jardin à la française, sans oublier les lieux exotiques où se déroulent les aventures du baron. Il prend tout autant plaisir à se promener dans les bois aux alentours du château pour retrouver le baron en train de s'adonner à la chasse avec son chien, et avec un succès très relatif. L'artiste associe les formes détourées par un trait très léger, avec une mise en couleurs riche et naturaliste, pour des paysages riants où le lecteur espère bien pouvoir se promener un jour. Bien évidemment, le lecteur comprend avec l'introduction que le thème principal est celui de l'affabulation, de l'histoire imaginaire. Mais ce thème ne prend pas le pas sur l'histoire : il ne l'écrase pas, elle ne devient pas un simple artifice sans substance. Bien sûr il se produit une mise en abîme puisque c'est l'histoire d'un conteur hors pair, qui redécouvre ses histoires dans un livre qui les regroupent, et cette histoire est elle-même racontée par le conteur qu'est le bédéiste. Mais la forme de la narration n'a rien de nombriliste, ni d'intellectuelle. le plaisir de lecture reste au premier degré, libre au lecteur d'envisager ce second degré s'il le souhaite. S'il y est sensible, il se rend également compte que le baron évoque d'autres thèmes en passant. Il parle avec sa femme de son choix d'abandonner la guerre, pour arrêter de tuer, de la futilité d'assommer ses invités en étalant ses possessions, ou encore de ce qu'un individu peut souhaiter laisser à la postérité. Juste une adaptation des aventures du baron de Münchhausen ? Que nenni ! Un album aux magnifiques dessins, une narration très agréable à l’œil, jouant gentiment sur la forme pour souligner l'importance de la qualité de la narration dans une histoire. Une évocation de certaines des aventures du baron, avec une verve et une faconde au goût inoubliable. Un récit avec des réflexions justes et touchantes. Une belle histoire qui célèbre les affabulateurs.

06/06/2024 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Aaaah le Baron de Munchhausen ! Je n’ai jamais lu ses aventures loufoques mais qu’est-ce que j’adore son adaptation cinématographique réalisée par Terry Gilliam ! Un film que je n’hésite pas à revoir à chaque fois qu’il passe à la télé ! Mais revenons donc sur cette bande dessinée réalisée par Jean-Luc Mabou, connu pour avoir conçu « De Cape et de Crocs »… En gros, « Le Baron » nous raconte comment le Baron de Munchhausen (eh oui, ce personnage a réellement existé !) a accueilli le roman de ces récits rédigé par un écrivain qu’il ne connaît pas ! En effet, ce dernier, justement, va essayer de rejoindre le Baron de Munchhausen avec l’aide des habitants du village où il réside… Pour comprendre l’enjeu de cette initiative de l’écrivain, il faut se mettre dans le contexte de l’époque : ça se passe au XVIIIème siècle alors forcément, la population n’était pas si lettrée que ça donc pas vraiment de livres mis à la disposition du peuple et je ne vous parle pas de l’inexistence de la radio et de la télé ! Donc, pour égayer des soirées, des repas entre familles, quoi de mieux que d’écouter des aventures racontées par un bon orateur, et quand on sait que le Baron était un sacré beau-parleur et d’une imagination sans limite… Je peux percevoir sans problème que son public était admiratif de ces récits et fermaient les yeux ou plutôt débranchaient leurs cerveaux pour les écouter… Je peux imaginer aussi qu’ils préféraient se taire plutôt que de contredire ce mytho de Baron ! Ben, quoi de mieux que de se marrer de ses conneries ! Ils auraient pu le prendre pour un imbécile mais ses propos étaient tellement fantasmagoriques et… magiques qu’il a réussi à se faire respecter ainsi et à se faire un nom, d’où ce livre ! Donc, ce décor planté, j’ai finalement passé un excellent moment de lecture avec ce baron ! J’y ai apprécié les historiettes ou plutôt les passages les plus connus de ses aventures dessinées d’une façon différente de la trame principale. J’y ai apprécié également la bonhomie du baron, Masbou l’a rendu ainsi et ce n’est pas plus mal car ça contribue à la poésie et la légèreté que j’ai pu ressentir tout au long de ce récit. J’ai aimé aussi tous ces moments loufoques où je n’ai pu m’empêcher de me marrer franchement ! Quant au coup de patte de Masbou, ce n’est pas ce que j’aime le plus dans le 9ème art car les arrières plans sont –à mon avis- trop chargés mais j’avoue que sa mise en couleurs aux tons chatoyants est bien adaptée à ce genre de récits. Mention spéciale à la narration qui m’est apparue excellente. Au final, une excellente lecture qui a su m’évader, me faire rêver… Bref, un bel hommage à ce fameux racontar qu’était le Baron de Munchhausen !

25/09/2021 (modifier)
Par fuuhuu
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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L'histoire commence par le baron de Münchhausen qui rentre chez lui pour profiter de sa retraite dans son village auprès de sa femme. Ce dernier ne quitte plus son domaine, car sa femme le lui interdit. Ce qu'il faut savoir, c'est que le baron de Münchhausen a énormément voyagé et vécu toutes sortes de péripéties rocambolesques, et que ce dernier adore les conter, au point qu'on commence sérieusement à croire ses histoires farfelues. Un jour, un vendeur itinérant propose aux villageois un livre, racontant les histoires du baron. La population est donc très intriguée et cela lance un certain engouement pour les histoires du baron. Ce récit est donc ponctué d'une part de pleins de petites histoires, racontées par le livre ou le baron lui même. Et d'une autre part, de la réaction que provoque ces histoires au sein du village. Certains sont crédules, d'autres sceptiques. Certains retournent ciel et terre pour entendre les histoires, d'autres refusent de les écouter. J'avoue n'avoir pas été grandement emballé par les nombreuses petites histoires du baron. Certes, elles sont magnifiquement illustrées, avec à chaque fois, un style graphique différent et très réussi. Mais je n'ai pas été vraiment immergé dans ces fables. En revanche, j'ai adoré la partie du récit se passant dans le présent, où l'on nous montre les différentes réactions des villageois. De même, le baron lui même m'est apparu comme quelqu'un de fort sympathique. Il s'agit en vérité d'un conteur, souhaitant juste en mettre plein les oreilles à son auditoire. En vérité, peu importe si les histoires du baron sont véridiques ou complètement inventées. Les villageois écoutent le baron car c'est un excellent conteur, qui les fait rêver. Je pense que tout le monde sait qu'il s'agit de fantaisies. Mais et alors? Nous même, lecteur de BD, sommes les premier à lire et écouter des histoires que nous savons imaginaires. Cela ne nous empêche absolument pas de les dévorer, avec des étoiles pleins les yeux. Je pense que tout l'intérêt de cette BD se trouve là et qu'il s'agit du message qu'a voulu nous transmettre Masbou. Enfin, l'album est beau, magnifique même. Mais c'est devenu normal pour un dessinateur talentueux comme Masbou. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !

11/04/2021 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Je commencerai par mon seul (tout petit) reproche : je trouve personnellement que la couverture de cet album n’est pas spécialement engageante… c’est d’autant plus dommage que l’intérieur est absolument sublime. On retrouve dans la trame principale le dessin qui nous a tant charmé pendant des années dans De Cape et de Crocs, avec ces planches superbes qui fourmillent de détails, et aux couleurs directes majestueuses. Et puis surtout l’auteur varie les styles graphiques dans les différentes escapades du Baron, ce qui apporte une variété et une richesse incroyable au récit… quel plaisir pour les yeux. L’histoire est tout simplement géniale : les fables de ce conteur farfelu font preuve d’une imagination débordante, et font un peu penser à des contes des mille et une nuits déjantés (je vois d’ailleurs qu’il existe un album qui explore cette idée : Les Aventures oubliées du Baron de Münchhausen). Les personnages sont attachants (à commencer par le Baron), l’humour de bon goût… Il y a aussi une réflexion intéressante sur le rôle des conteurs et de l’art, sur l’importance de faire rêver. J’ai beaucoup adhéré à ce message, que j’ai trouvé juste et rafraichissant dans les circonstances actuelles. Alors que je me plaignais de l’étirement sans fin de la série « De cape et de crocs », je me retrouve ici avec un sentiment opposé : un tome, c’est trop peu, et je me suis surpris à ralentir ma lecture pour faire durer le plaisir… et là, je pense que tout est dit. Un album indispensable.

30/11/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Jean-Luc Masbou, c'est bien sûr le formidable dessinateur de l'excellente série De Cape et de Crocs. Et si on pense aux incroyables aventures du Baron de Münchhausen, quelle meilleure affiliation que cette dernière ? Elles partagent en effet la même âme, la même fantaisie et le même goût pour les récits truculents, imaginaires, exotiques et colorés. Le Baron de Münchhausen est un personnage qui a véritablement existé. Petit artistocrate allemand du 18e siècle ayant servi comme capitaine mercenaire auprès de différentes cours Européennes, il s'est fait connaître par son sens du récit fantasque et de l'affabulation au point qu'un écrivain, Rudolf Erich Raspe, a compilé ses histoires et les a publiées dans un livre qui rendra célère le personnage dans toute l'Europe. L'album de Masbou met en scène le moment où ce fameux livre, édité initialement en Angleterre avant d'être traduit en Allemand, arrive dans le village du Baron et est découvert par ses habitants et par le Baron lui-même à leur grande surprise mais aussi avec un certain plaisir. Et c'est l'occasion pour notre fameux conteur de nous narrer une fois de plus avec la verve qui a fait sa renommée un florilège de ses plus amusantes histoires parfaitement véridiques, nul ne saurait en douter ! C'est un formidable album que nous offre là Jean-Luc Masbou ! Tout d'abord, il y a son dessin qui fait sa force. C'est pour le style qu'il a utilisé dans De Cape et de Crocs que je le préfère, avec son trait guilleret, et ses couleurs enchanteresses. Et c'est bien ce style là, toujours aussi beau et toujours aussi travaillé, qu'il utilise pour le récit principal de cet album. Outre des personnages très attachants, cela donne notamment quelques scènes de campagne allemande parfaitement magnifiques. Mais il alterne également de nombreux autres styles graphiques pour chacun des différents flash-back et autres contes qui ponctuent l'ouvrage. Et ils sont tous admirables et impressionnants de maîtrise. Puis il y a l'intrigue elle-même. Sur la forme, elle est essentiellement un prétexte à permettre au fameux Baron de nous raconter ses histoires les unes après les autres. Ce sont des contes épiques excentriques, parfaitement dans l'esprit de ceux du film que Terry Gilliam lui a dédié, emplis de fantaisie et aussi d'une grande part d'humour. Leur diversité et leur gaieté est exaltante. C'est un vrai bonheur qui amène le sourire en permanence. Mais sur le fond, le véritable thème de cet album est de louer la capacité des raconteurs d'histoires eux-mêmes, de ces saltimbanques qui préfèrent faire rire et rêver les gens au détriment de leur gloire personnelle ou de leurs ambitions dans la société. C'est une ode aux poètes et aux rêveurs, à ceux qui vivent dans la Lune ou qui en reviennent pour nous narrer les beautés qu'ils y ont vues. Et la toute dernière page de l'album m'a particulièrement touché à ce propos. Bravo l'auteur !

30/10/2020 (modifier)