Rusty Brown

Note: 2.83/5
(2.83/5 pour 6 avis)

Chris Ware nous livre enfin une suite spirituelle de son roman graphique culte, Jimmy Corrigan. Rusty Brown est un récit choral à la précision redoutable.


BDs controversées Comix Format à l’italienne Gros albums Points de vue [USA] - Middle West

Dans son Nebraska natal, Rusty, victime des petites frappes de son école, s'évade en collectionnant les figurines de super héros. Lorsque Chalky White arrive dans son école, les deux enfants très proches se lient d'amitié. La première partie d'un récit choral vertigineux qui retrace la vie de multiples personnages émouvants et pathétiques... Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Novembre 2020
Statut histoire Série en cours (2 tomes prévus, mais le tome 1 se lit indépendamment) 1 tome paru
Dernière parution : Plus de 3 ans

Couverture de la série Rusty Brown © Delcourt 2020
Les notes
Note: 2.83/5
(2.83/5 pour 6 avis)
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03/11/2020 | Alix
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Humanité poignante - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Ce récit a été publié pour la première fois en entier en 2019. En fin de tome, l'auteur explicite quelles parties ont fait l'objet d'une prépublication. La première partie (113 pages) a été publiée dans New City et dans Chicago Reader entre 2000 et 2003. La deuxième (pages 114 à 182) a été dessinée entre 2002 et 2004, et a été sérialisée dans Chicago Reader. La troisième (pages 183 à 263) a été réalisée en 2010, et publiée dans The book of other people, puis sérialisée dans Chicago Reader. La quatrième partie est inédite (sauf pour les 4 premières pages) et réalisée entre 2012 et 2018. Cette bande dessinée est l'oeuvre d'un unique auteur : Chris Ware, pour le scénario, le dessin, les couleurs, le lettrage. Le tome débute par un dessin de la ville où réside Rusty Brown et ses parents, puis leur maison, puis sa chambre, respectivement qualifiés de Metropolis, de quartier général et de centre de commande. Puis un dessin en pleine page montre son école. Il n'y en a pas deux semblables : les cristaux de neige. Quel phénomène remarquable ! Les principaux personnages de cet ouvrage sont W.K. Brown dans le rôle de W.K. (Woody) Brown, Alison White dans le rôle d'Alice White, Jordan Wellington Lint III dans le rôle de Jason Lint, Chalky White dans le rôle de Calcium (Chalky) White, Joanna Cole dans le rôle de Joanne Cole, Franklin Christenson Ware dans le rôle de M. Ware, et Rusty Brown dans le rôle de Rusty Brown. En 1975, au lever du jour, un unique flocon de neige vient se poser sur le rebord de la fenêtre de Chalky White, alors que dans une autre maison, Rusty déclare son amour. Dans le même temps, la grand-mère vient réveiller Alice pour qu'elle fasse sa toilette. Bien au chaud sous la couette, Rusty Brown est en train de jouer avec sa figurine de Supergirl, comme dans une romance entre elle et lui. Sa mère le rappelle à l'ordre : il doit se lever, et dégager l'allée, en pelletant la neige. Bien au chaud sous sa couette, Chalky entend sa grande soeur lui dire qu'elle passe la première dans la salle de bains. Rusty est sorti chaudement habillé avec sa poupée de Supergirl sous sa parka, se disant qu'elle enlèverait toute cette neige en un rien de temps avec sa vision calorifique. Il finit par se demander s'il lui arrive de rencontrer des difficultés pour l'arrêter. Chalky reste tranquille sans penser à rien. Puis il entend ses parents parler de lui depuis l'intérieur de la maison : il se dit qu'il bénéficie sûrement du superpouvoir de super-audition. Chalky reste tranquille dans son lit en contemplant le plafond. Rusty a fini de déblayer l'allée et la porte du garage s'ouvre, le laissant rentrer : il se demande comment il a acquis son superpouvoir, et comment il va améliorer le sort du monde avec la responsabilité que ça lui donne. Chalky s'est levé discrètement et se tient devant la porte de la salle de bain où sa grande soeur finit de s'habiller : il lui dit qu'il ne veut pas aller à l'école. William regarde par la fenêtre et se demande pour quelle raison son fils reste planté dans le garage sans rien faire. Plusieurs façons d'aborder cette oeuvre : un respect intimidé, presque craintif, pour un auteur reconnu comme faisant oeuvre de littérature, ou une inconscience très normale car il ne s'agit après tout que de dessins dans des cases, alignées en bande, rien de bien compliqué à lire. le lecteur se rend bien compte du soin maniaque apporté à l'ouvrage : la jaquette amovible dépliable, la couverture avec les différentes typographies du nom du héros, dans des motifs géométriques, la deuxième de couverture avec un cadre indiquant que ce livre est la propriété de Rusty Brown (nom porté au crayon de couleur), les trois premières pages montrent les lieux de vie de Rusty, puis vient la double page sur l'unicité de chaque flocon de neige, la présentation de sept principaux personnages, une double page pour le titre, et l'histoire débute. le premier chapitre est donc consacré à la première journée d'école de Chalky et à la même journée pour les autres personnages qui se croisent en fonction des moments de la journée. Les dessins sont d'une grande lisibilité, très proches de la ligne claire, avec de nombreuses formes géométriques simples pour les éléments de décors, une représentation de la réalité tout public. Puis le récit se focalise sur le père de Rusty au temps présent avec des retours en arrière et la nouvelle qu'il a écrite ici racontée sous forme de bande dessinée intégré à la narration. Vient ensuite l'histoire de Jason Lint, celui qui maltraite Rusty à l'école, sa vie racontée depuis sa naissance jusqu'à sa mort. le dernier chapitre s'attache à la maîtresse d'école afro-américaine Joanne Cole au temps présent avec de nombreux retours en arrière sur sa vie jusqu'à ce moment. Tout du long, les dessins conservent cette précision incroyable, réalistes avec un degré de simplification. le nombre de cases par page est assez élevé : une quinzaine en moyenne. Cela peut aller d'une page qui contient une demi-douzaine de cases, à une qui en contient 176 (minuscules, mais parfaitement lisibles). Les couleurs sont posées en aplat à quelques exceptions près. le lecteur note que l'artiste varie la graphie des textes en fonction du contexte, avec des phylactères parfois minuscules également. Donc, oui, c'est bien une bande dessinée avec des cases bien rectangulaires, des dessins très faciles à lire (même dans les petites cases) racontant la vie de personnages auxquels le lecteur s'attache vite du fait de leur fragilité (Rusty, Chalky), de leur gentillesse (Alice, Joanne), de leur mal-être (William), de leur détachement (Chris), de leur manque de maîtrise sur leur vie (Jason). C'est aussi plus que ça. Dès la prise en main, le lecteur fait ce constat : format à l'italienne, un peu plus d'un kilo et demi. Sa curiosité le pousse à enlever la jaquette amovible : il découvre la reliure de très grande qualité, ainsi que ce jeu sur les formes géométriques et sur la graphie de Rusty Brown. Il se rend compte que la jaquette se déplie : en plus des ronds se focalisant sur un détail visuel du récit, il découvre un labyrinthe, une autre façon de plier la jaquette, un très joli motif de tapisserie, des vues isométriques des principaux lieux, et une vue en coupe de la fusée dans laquelle voyage les personnages de la nouvelle écrite par WK Brown. Un soin rare et une minutie maniaque apportés à une simple jaquette. Puis il y a cette présentation des personnages qui portent un nom légèrement différent dans l'histoire, comme s'ils jouaient un rôle de composition. L'auteur attire l'attention du lecteur sur l'artificialité de ses personnages. Puis le lecteur plonge dans cette journée et il est frappé par l'apparence de Rusty Brown dents de devant en avant, yeux ronds et vide, coupe de cheveux à la Playmobil, visage exprimant souvent le mal-être de la victime sans défense. Pourtant les formes de sa silhouette sont rondes et douces, en rien agressives ou tourmentées. de la même manière son père a l'air totalement inoffensif : rondouillard, dégarni, avec des grosses lunettes. L'auteur se met en scène avec encore moins de cheveux, et également un peu empâté. Chalky a l'air plus jeune que Rusty, craintif à l'idée de se retrouver dans une école où il ne connaît personne, moins défaitiste que Rusty. Alice est une jeune fille attentionnée, respectueuse, dans des habits sans fantaisie. le cas de Jason est un peu différent : les contours de sa personne restent doux et arrondis, mais le lecteur le voit vieillir au fur et à mesure, de nourrisson à vieillard, dans les différentes phases de sa vie. Il en va de même pour Joanne. Cette représentation des individus, simplifiées et tout public, rend la projection du lecteur dans chaque personnage, plus facile car ils sont plus expressifs et leurs différences sont moins marquées. À quelques reprises, l'artiste joue sur le mode de représentation en en changeant radicalement. Par exemple, quand Jason est encore un nourrisson, la représentation des individus et des environnements est nettement simplifiée comme s'ils étaient vus par son esprit encore en développement. le mode de représentation change également radicalement d'apparence pour l'autobiographie du fils de Jason qui exprime toute la colère qu'il ressent envers son père. S'étant embarqué dans les cent premières pages que Chris Ware qualifie d'introduction, le lecteur commence par se rendre compte que la lecture est lente, du fait du nombre de cases, du fait des petits (voire très petits caractères), du fait de la double narration (les quatre cinquièmes du haut consacrés à Rusty, et la bande inférieure consacrée à Chalky & Alice), et du fait de la narration très carrée, et très naturaliste. Il est frappé par la banalité de ce qui est décrit : se lever, accomplir les tâches quotidiennes, la fascination de Rusty pour les superhéros, le décalage avec les préoccupations des adultes, les phrases toutes faites échangées entre collègues, l'entrée en classe, etc. En même temps, il est tout aussi frappé par les particularités qui lui sont montrées. La complémentarité entre dessins et phylactères est extraordinaire, sans jamais de répétition avec des interactions si évidentes qu'elles sont invisibles si le lecteur n'y prête pas attention. Cette banalité du quotidien est indissociable de l'environnement. Il neige : l'artiste laisse des zones blanches sur la page, ajoute des flocons qui semblent comme manger le dessin ou l'effacer à l'endroit où ils se trouvent. La pureté immaculée de cette neige ne semble pas de ce monde, et introduit une forme d'hostilité douce dans l'environnement. du coup, le quotidien des uns et des autres est fortement contraint par ces intempéries, à commencer par le rituel de s'habiller en conséquence, et de se départir de sa tenue d'extérieur en entrant dans un bâtiment, des gestes banals pour des individus habitués au grand froid, des gestes exotiques pour des individus vivant dans des régions tempérées. Dans le même temps, le lecteur se retrouve vite à compatir aux malheurs de Rusty qui n'est pas battu, mais déconsidéré aux yeux de son propre père, et en butte aux mesquineries de certains de ses camarades de classe. En quelques (petites) cases, l'auteur montre l'attachement de Rusty à ses moufles offertes par sa grand-mère (un souvenir chaud et agréable) et la méchanceté presqu'inoffensive d'un grand qui crache dans une de ses moufles juste pour l'embêter. Ware ne déploie aucun effet mélodramatique : il reste juste factuel avec ses dessins un peu froids, presque dépassionnés. Ainsi le lecteur compatit avec ces individus banals et sans éclats, apprécie comment chacun voit la réalité à sa manière, et vit les petits riens de la vie de son point de vue, avec sa position sociale, son âge, son caractère : un récit choral mettant en avant la particularité de chaque vie quotidienne. Il arrive à la fin de l'introduction, éprouvant la sensation d'avoir lu un roman complet, réalisé par un auteur attentionné pour ses personnages, mais sans sensiblerie pour autant, avec un ton très personnel. Sans marque particulière, il passe à la seconde partie… et il découvre un second roman tout aussi riche que le premier, de 68 pages dont 22 pages sont en fait la nouvelle écrite par WK Brown, et présentée sous forme de bande dessinée. Cette nouvelle est supposée avoir été écrite dans les années1950, et Ware met en oeuvre l'imagerie SF correspondante. La suite de ce chapitre est consacrée aux débuts professionnels de William, et à sa relation avec la femme qui l'a dépucelé. Les dessins sont toujours aussi ronds et un peu froids, très factuels, et c'est dans cette partie que se trouve la page avec 176 cases. Avec un peu de recul, le lecteur y voit un auteur à la carrière artistique contrariée, et son oeuvre majeure (la nouvelle en question). Il peut prendre la mesure de l'influence de la vie quotidienne et de l'histoire personnelle de Brown sur ce qu'il écrit, et projeter ces liens sur Chris Ware auteur lui-même, à ceci près que lui a réussi sa carrière artistique. La troisième partie est consacrée à la vie d'un homme né dans une famille aisée, et menant sa vie de manière plutôt égoïste. Mais il se produit un phénomène psychologique étrange chez le lecteur. Il ne juge pas tant que ça Jason Lint. C'est le personnage principal, et dans les deux chapitres précédents, le lecteur a éprouvé une forte empathie pour plusieurs personnages, chacun imparfait, prenant conscience du degré auquel le déroulement de leur vie découle de leur milieu social, de l'environnement dans lequel ils vivent, de leurs parents, de leur éducation. le même processus d'identification et d'empathie se produit avec Jason alors qu'il est responsable de la mort d'un de ses amis sur le siège passager, alors que Jason était le conducteur sous l'emprise d'un produit psychotrope. le lecteur voit également revenir les thèmes des chapitres précédents : l'éducation, la filiation, le conditionnement social et familial, les moments de plaisir, les premières fois qui ont laissé une empreinte indélébile dans l'individu qui va chercher à les retrouver ou à les recréer, consciemment ou inconsciemment, tout le long de sa vie, l'angoisse, la maladresse, la solitude, l'incommunicabilité, mais aussi la richesse du monde intérieur de chaque individu, son unicité et les différentes couches de conscience qui coexistent dans l'esprit d'un individu. Dans cette partie, de temps à autre, le lecteur prend conscience d'autres effets visuels subtils. Dans le premier chapitre, l'artiste a habitué l'oeil du lecteur aux répétions visuelles : un même plan sur deux pages en vis-à-vis, un motif récurrent à peu de cases de distance. Ainsi le lecteur se fait la remarque que telle case répond à un autre moment, ou que Chris Ware s'amuse bien avec le motif géométrique du cercle, pouvant aussi bien devenir le symbole d'une fleur que du sein d'une femme. La dernière partie, celle inédite, s'attache à la maîtresse de Rusty Brown. La tonalité du récit change imperceptiblement et il faut un peu de temps au lecteur pour comprendre en quoi. Cette institutrice a choisi une vie solitaire : rien n'indique qu'elle lui a été imposée, ni par son éducation, ni par les circonstances de sa vie. C'est un choix positif, alors que les précédents personnages souffrent de solitude, même quand ils ont une vie de famille normale. Visuellement, Joanne ne semble avoir qu'une seule expression : un visage impassible, et souvent compréhensif pour tous ses interlocuteurs. Elle se rend à l'église, elle est croyante, et elle joue du banjo (comme Chris Ware lui-même). Elle est en butte à un racisme sous-jacent, non-agressif mais humiliant. Certains individus blancs s'adressent à elle comme si elle avait une intelligence limitée, celle d'un enfant, malgré son statut d'institutrice. Elle est à la fois bien intégrée dans la société, et à la fois une personne irrémédiablement différente. le lecteur fait le rapprochement avec le fait que Rusty est roux, ce qui le différencie aussi, mais d'une autre manière, des autres. Son père est également roux. Jason se retrouve également un peu à l'écart du fait de la fortune de ses parents. Malgré son impassibilité apparente et son altruisme naturel (ou peut-être cultivé), Joanne n'est pas une sainte et connaît aussi des moments de déprime ou peut être excédée par certaines situations qu'elle vit comme des injustices. Elle reste un personnage positif et admirable tout du long… et pourtant quelque chose semble clocher, ou manquer pour faire sens. Cette pièce manquante arrive en fin de tome et est un crève-coeur. Puis, le lecteur tourne la dernière page et découvre un mot s'étalant sur la double page : entracte. Cela annonce-t-il un deuxième tome ? Ce n'est qu'une bande dessinée avec des dessins bien faits dans des cases bien délimitées avec une sensation de rigueur géométrique, qui raconte la vie de quatre personnes pour la première partie, d'un homme sur une journée pour la seconde sur plusieurs décennies, pour la troisième d'un autre homme de sa naissance à sa mort, et pour la dernière d'une femme de son enfance à quarante ou cinquante ans. Ce n'est que la vie banale de personnages de papier. Une fois qu'il s'est accoutumé à la narration en petites cases, le lecteur se retrouve ému par ces individus si particuliers dans ce coin précis du Nebraska, et pourtant éprouvant des sensations si identiques aux siennes. Il n'y a aucun mélodrame appuyé ou savamment épicé, mais plutôt une honnêteté franche avec une sensibilité aiguisée, et l'expérience de ce qui fait tout le drame de la vie humaine. Qu'il soit sensible ou non à l'extraordinaire habileté de la narration visuelle, le lecteur ressent ces récits poignants dans son âme, des êtres identiques à lui, alors que la société dans laquelle ils vivent semble incapables de créer les conditions nécessaires pour que chacun en ait conscience. En fonction de son propre parcours de vie, le lecteur reconnaît des états d'esprit par lesquels il a pu passer, des réflexions qu'il a pu se faire, ou se dit que telle façon de voir les choses est originale, qu'il n'y aurait pas pensé comme ça, mais que ça reflète bien ce qu'il a ressenti. Il lui suffit pour ça de penser à l'intensité des premières fois et à l'empreinte durable qu'elles laissent Ces personnages de papier, pathétiques perdus dans un petit patelin du Nebraska, sont ses frères en humanité, avec une rare profondeur.

13/04/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
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J'aime toujours autant le graphisme de Chris Ware, sa ligne ultra claire, presque informatique, sa mise en page et son système narratif visuel innovant. Même si je trouvais certaines planches de Jimmy Corrigan plus belles qu'ici, c'est un graphisme qui me donne envie de lire l'album... enfin d'essayer de lire car il m'a été physiquement difficile de lire certaines lignes de texte écrites vraiment trop petit dans beaucoup de planches de cet ouvrage. Mais ce n'est pas grave, j'ai pris un simple plaisir à regarder les planches même si je n'y lisais pas tout. Mais pourquoi faut-il que ses histoires soient toujours aussi chiantes ? Comme dans Jimmy Corrigan, on se retrouve à nouveau avec un lot de protagonistes médiocres, déprimants, mous... et avec leurs histoires d'un quotidien tout aussi mou et médiocre. Le tout est extrêmement étiré dans une très lente narration s'attardant sur tous les détails d'un quotidien insignifiant ou simplement ennuyeux. J'ai tenu jusqu'à la moitié de cet album, ce qui fait quand même plus de 150 pages, et après j'en ai eu trop marre. J'ai lâché l'affaire au moment du passage martien où la somme de textes écrits trop petits a eu raison de ma motivation. Quel dommage que Chris Ware ne s'associe pas avec un scénariste pour que son talent graphique et narratif serve enfin un jour à raconter une histoire passionnante.

11/05/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 1/5
L'avatar du posteur Gaston

J'avais lu Jimmy Corrigan il y a presque 10 ans et je m'étais ennuyé fermement. Chris Ware a récemment été élu grand prix d'Angoulême, je me suis dis que je devrais réessayer de lire cet auteur. Après tout, il y a 10 ans je venais juste de commencer ma vie de jeune adulte, j'ai vécu des expériences depuis, j'ai approfondis mes connaissances en BD....Bref j'ai muris et maintenant peut-être que je vais rentrer dans l'univers de Chris Ware. Ben au vu de ma note vous avez deviner que j'ai pas aimé ma lecture. Tout comme avec Jimmy Corrigan, si je trouve le dessin sympa et la narration pas mal, le scénario en lui-même m'ennui profondément. J'ai rien contre les histoires tristes, mais là c'est juste ennuyeux à lire. Je me foutais complétement de Rusty et de sa figurine de Supergirl et puis aussi de la vie des autres personnages dont j'ai déjà oublié les noms. J'ai jamais rentré dans l'univers de ses personnages et arrivé au tiers j'ai tout simplement fermé l'album, j'avais même pas envie de seulement le feuilleter. Et puis c'est quoi ses cases très petites et ses petits caractères ? Heureusement que j'ai encore une bonne vue ! Bref, je suis arrivé à la conclusion que Chris Ware n'est pas un auteur pour moi.

27/06/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Je commence par le positif : le découpage et la mise en page sont extrêmement créatifs tout en demeurant confortables à la lecture. Même la première histoire qui offre deux fils narratifs sur la même temporalité (on suit donc deux histoires en même temps, l’une se développant sur le dessus de la planche, l’autre dans la bande du dessous), procédé qui me pose d’ordinaire beaucoup de soucis, reste facile à suivre pour moi. Le deuxième récit désarçonne avant d’être joliment relié au concept général du livre (en gros, on suit différents personnages travaillant ou étudiant dans la même école, or ce deuxième récit nous emmène sur Mars, il y a de quoi être surpris) et est écrit dans un style qui correspond bien à l’esprit du récit. Le troisième récit amuse par ses choix graphiques dans les premières planches avant de rentrer dans le rang. Le quatrième récit, lui, ne m’a pas spécialement marqué mais il est cependant bien découpé et mis en page. Ceci dit ! Première grosse, énorme, gigantesque critique : c’est quoi, cette taille de caractères à la con ???? Entre 2 et 1,2 millimètres de haut, faut avoir la vue d’un faucon pèlerin pour éviter le mal de crâne toutes les 10 planches ! A certains moments, je devais tellement approcher mon visage de la planche pour lire ce qui était écrit que mon nez me gênait (et non, je n’ai pas un nez démesuré). Deuxième critique : sorti du travail de découpage et de mise en page, ces récits sont plaisants mais pas exceptionnels. Le quatrième m’est même apparu d’un intérêt peu évident (mais cette appréciation découlait peut-être de ma lassitude à me flinguer les yeux sur cette bande dessinée). Enfin, les différents personnages sont tout de même très déprimants. Car au travers de ces quatre récits, le constat demeure le même : que vous soyez petit, gros, gentil, méchant, menteur, honnête, blanc ou noir, votre vie sera merdique ! Comme l’album se finit sur une double planche sur laquelle s’inscrit en grand « entracte », je suppose qu’il y aura une suite. Ce ne serait pas plus mal parce que, jusqu’à présent, je ne vois pas trop où l’auteur veut en venir (sinon nous faire déprimer sur nos vies sans intérêt). Mais il est clair que si deuxième opus il y a, je passerai plutôt par l’emprunt que par l’achat car cet album, malgré d’évidentes qualités, offre un inconfort de lecture trop important pour que j’aie envie de m’y replonger. Pas mal quand même mais franchement, une taille de police de caractère pareille, c’est du grand n’importe quoi !

28/05/2021 (modifier)
Par Ubrald
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ubrald

Je n’avais encore jamais rien lu de Chris Ware. Je suis passé à côté de cette BD. Je mets 2 et pas 1 parce que je reconnais que c’est un très bel objet graphique. J’ai eu un peu d’intérêt au début pour l’intrigue notamment pour l'adolescente Alice que je trouve attachante mais j’ai vite fini par m’ennuyer, trouver ça long, fastidieux à lire car il faudrait une loupe pour lire de nombreux textes et de nombreuses cases qui sont vraiment minuscules. Du coup, au bout d’un moment, j’ai arrêté de faire l’effort d’essayer de lire ces caractères et dessins minimalistes, et j’ai tourné les pages jusqu’à la fin pour voir si l’envie pouvait revenir, mais ce n’est pas arrivé.

12/05/2021 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

La dernière œuvre en date de Chris Ware, Building Stories, n’avait pas emballé les foules, la faute à un format bizarroïde (une multitude de fascicules de taille variée, regroupés dans un énorme coffret onéreux). Avec « Rusty Brown » l’auteur retourne aux sources, avec un album traditionnel finalement assez proche de l’œuvre qui l’a révélé au grand public : Jimmy Corrigan. On retrouve une galerie de personnages un peu pathétiques et misérables, mais tellement humains. Chris Ware explore au travers le prisme de leurs vies des thèmes variés et intéressants : la difficulté à donner un sens à nos existences, les erreurs que l’on finit tous par commettre, nos fantasmes et nos rêves souvent ridicules, les problèmes familiaux, le harcèlement scolaire, le racisme, la religion, et bien plus encore. Chaque chapitre est indépendant et se focalise sur un personnage précis, même si des passages se recoupent : par exemple le premier chapitre parle de Rusty Brown, mais certains protagonistes faisant de brèves apparitions (une prof, un autre élève qui persécute Rusty) sont développés ultérieurement dans leur chapitre dédié. Cette approche narrative est ingénieuse et propose une réflexion intéressante sur notre perception de l’Autre. On retrouve aussi le graphisme et la narration propres à l’auteur : un style minimaliste aux perspectives isométriques, des cases de taille variée (allant de 1.5cm de côté à des pleines pages magnifiques) pas toujours agencées clairement (l’auteur flèche parfois le sens de lecture)… Les sauts temporels sont fréquents et pas toujours très clairs, et les textes souvent minuscules. Il en résulte une lecture parfois éprouvante, mais stimulante voire jubilatoire. J’ai par exemple beaucoup aimé l’astuce graphique lors de la naissance de Jordan : le style est très symbolique au début (des couleurs, des formes simples, des concepts binaires) pour représenter les facultés de perception limitées d’un nouveau-né, avant de se développer graduellement. Vraiment bien trouvé. Le conseil de lecture est simple : les amateurs du travail de cet auteur qui en redemandent peuvent se jeter sur « Rusty Brown » sans hésiter. Par contre si vous n’avez pas accroché à Jimmy Corrigan, inutile de vous infliger la lecture de ce pavé de 350 pages. Et si vous n’avez jamais lu de Chris Ware ? Et bien je trouve que « Rusty Brown » est un chouette album introductif au travail tellement original de cet auteur. Moi, j’ai beaucoup aimé, les thèmes me parlent, et les émotions étaient aux rendez-vous. Vivement la suite (pas pour tout de suite j’imagine, mais l’album se lit comme un one-shot).

03/11/2020 (modifier)