Akumetsu

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Récession économique, nation bureaucrate, corruption...Qui a mis le Japon dans cet état-là ?! Puisque personne d'autre ne veut s'y coller, un héros va exterminer tous les méchants qui prolifèrent, sans en laisser un seul. Son nom : Akumetsu, le héros le plus méchant de l'histoire. Il va tuer, éliminer, éradiquer le mal au Japon !!


Akita Shoten Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis Shonen

De nos jours le Japon est dans une situation critique puisque celle-ci est en proie à d'énormes dettes, sa situation économique est catastrophique. Malgré cela les hauts fonctionnaires du pays n'y change rien et bien au contraire ceux-ci profitent des faiblesses du système pour s'en mettre plein les poches, c'est ainsi que se dresse face à cette injustice un mystérieux homme masqué du nom d'Akumetsu. Son seul but ? Détruire le mal comme son nom l'indique et relancer le pays, malgré ses méthodes pour le moins brutales et douteuses.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Janvier 2006
Statut histoire Série terminée 18 tomes parus

Couverture de la série Akumetsu © Taifu comics 2006
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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08/11/2020 | gruizzli
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Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Un ami m'a prêtée cette série, relativement méconnue, en me disant qu'elle ne pouvait que me plaire. Et effectivement, bien que je sois toujours très prudent avec les mangas qu'on me recommande, je me suis surpris à réellement apprécier le ton de la série. C'est assez difficile de parler de celle-ci, alors je peux déjà dire rapidement que le dessin est assez dynamique, avec un rendu très "action". Bien évidemment, l'action est souvent au rendez-vous et le dessin se marie bien à cette ambiance. Cela dit, il sait également jouer sur plusieurs tableaux, et je suis pratiquement certain que les têtes des politiciens dans la BD sont des caricatures de la vie réelle. Elles sont trop personnalisées et marquées pour ne pas l'être, surtout quand on le compare au reste des personnages, plus lambda et pas forcément aussi marqués dans les traits du visage (même si c'est compréhensible sur les jeunes, les adultes non plus ne sont pas particulièrement travaillés). Le dessin oscille donc entre un manga de ton action, parfois lorgnant sur le gore et le thriller, avec des ambiances un peu sombres, angoissantes et de poursuites, mais surtout en prenant bien le temps de détailler certains personnages. Et je suis pratiquement certain que c'est à dessein. Si je dis cela, c'est que le scénario avance sur une corde raide entre une idée et sa réalisation, mais allie l'audace de celle-ci avec la sincérité de celle-là. En lisant le résumé, on peut se faire une idée fausse de ce que contiendront les 18 tomes : un type très fort, blindé de supers pouvoirs, qui élimine progressivement les têtes de l'Etat japonais, ces politiciens véreux et corrompus, dans des actions toujours plus spectaculaires et destinées à mettre en lumière toute l'arrogance de ces puissants, le déni des lois et leur culot. Certes, dit comme cela le manga passe pour un défouloir cathartique, plutôt porté sur l'action. Et pourtant, c'est tout l'inverse : l'action prend la première place pour mieux nous livrer le fond du manga. Et celui-ci est bon, nom d'un chien ! En dehors du pitch de base qui fait incroyablement plaisir, je dois le dire, ou de (TRÈS) nombreux points communs entre la politique japonaise et française, le manga arrive à nous proposer quelque chose de réellement intelligent dans sa critique. Le manga ne se contentera déjà pas de parler vaguement de "méchants politiciens corrompus", mais fera la démarche narrative de nous expliquer en quoi ceux-ci méritent la mort. Affaire de sang contaminé, autoroutes construites sans nécessités, trafique d'argent entre les banques d’état et les caisses des communautés, arnaques des retraites, des fonctionnaires ... (oui, je sais, ça évoque la même chose en France, je vous l'avais dit). Les auteurs passeront plusieurs chapitre à évoquer l'histoire réelle derrière ces arnaques, et les politiciens présentés ensuite ont beau être des caricatures détachés de tout fait réel (comme rappelé en début de chaque ouvrage de fiction), on sent clairement la charge envers certains d'entre eux qui doivent être bien réel. Mais si le manga se contentait de faire une simple liste des pourris du Japon puis de les éliminer, il n'aurait pas autant de mérite. Parce que le tour de force de ce manga repose sur les répliques et les dialogues entre Akumestu et le monde. Aussi bien les médias, les politiques, les victimes et les autres élèves. La question de ses actes, en premier lieu : Akumetsu (littéralement : le tueur de mal) se propose d'éradiquer le mal. Est-ce ce qu'il fait en tuant des politiciens ? Est-ce moral ? Il se tue également à chaque crime qu'il commet. Est-ce pour autant une bonne action ? Une compensation ? Quid de la justice, de l'intérêt publique, de la reprise par d'autres personnes ? Nombres de questions peuvent venir face à ce genre de meurtres, mais l'idée géniale est que le manga y répondra scrupuleusement. Et très franchement ... j'ai adoré la philosophie qu'il développe. Peut-on imiter Akumestu ? Doit-on apprécier ce qu'il fait ou le rejeter ? Que cherche-t-il exactement à faire ? Etc, etc ... Ce qui est appréciable, c'est que les auteurs, sous l'apparence d'un simple thriller psychologique bien fichu et un peu cathartique, développent bien vite une réelle réflexion politique censée sur notre société. Tout en glissant quelques considérations (sur l'acquis et l'innée de l'humain, sur le transhumanisme, sur la morale sociétale ...) il prend le temps de réellement développer son propos dans toute sa splendeur. Après des meurtres violents vient le temps de se questionner sur ce que nous faisons de notre société, et ce que nous laissons faire aussi. Si je suis assez positif dans ma critique, je tiens à souligner quelques détails qui m'ont un peu ralenti dans ma lecture : l'apparente omniscience de Akumetsu, ses origines et l'explication de tout, quelques personnages secondaires et parfois des facilités d'écritures. Ces détails sont présents, et je dirais qu'ils mettent plus en lumière le fait que l'auteur à voulu un manga "réaliste" (les guillemets sont très importants) en ne présentant pas simplement un super-héros trop fort, mais bel et bien un humain (très spécial quand même, faut bien se l'avouer) avec sa vision du monde et sa façon de procéder. Ce qui fait que, au cours de ma lecture, j'ai finalement trouvé les passages explicatifs sur l'origine d'Akumetsu moins bon que le reste. Ils densifient le personnage et expliquent son origine, ses choix et sa motivation, certes, mais ils sont moins intéressants et utiles à l'histoire que le reste. Cela étant dit, je suis tout de même bien content d'avoir lu ce manga, ne serait-ce déjà que pour le plaisir jouissif qu'il procure à voir toutes ces vieilles têtes corrompus jusqu'à l'os, tous copains et intouchables enfin payer leurs conneries. Mais aussi parce que derrière la débauche de violence, j'ai eu des questions qui m'ont réellement interpelées sur notre monde et sur notre implication politique. Bien sûr, certaines choses sont plutôt belles et faciles dans ce manga, mais c'est justement le but : il n'existe pas de Akumestu dans nos vies pour venir chasser le mal, alors que ferons-nous ? Et mine de rien, le manga propose quelque chose de réellement ingénieux dans son dénouement, avec des répliques frappées au coin du bon sens que je me suis pris en pleine poire. Akumestu est donc un manga assez polyvalent, fournissant en apparence une histoire bourrin, un personnage aux origines sombres que l'on s'amusera à suivre dans son idée fixe et des scènes de combats, d'explosions et de gerbes de sang. Pour autant, c'est plus une impression de dialogues politiques, sociologiques et philosophiques qui prédominent. Comme dans Transmetropolitan, d'ailleurs, qui me fait beaucoup penser à cette série maintenant que j'y repense. J'en ressors plein de questionnements et avec des interrogations un peu plus philosophiques que je n'aurais cru. De manière étonnante pour moi, puisque le manga est probablement le médium de bande-dessinée que j'imaginais le moins m'apporter une réflexion de ce genre. Mais mes préjugés ont été bousculés, et c'est parfois agréable. C'est donc une excellente découverte, dont je dois remercier un ami, mais également une recommandation que je ferais aux amateurs du genre. Si vous n'êtes pas rebutés par les premières pages, il s'agit là d'une série qui sait tirer son épingle du jeu dans la masse de production de manga.

08/11/2020 (modifier)