Les Aventures d'Alex Vainclair
Après Bob Binn, deuxième collaboration d'André-Paul Duchâteau avec le dessinateur Edouard Aidans, cette fois pour une aventure policière au ton réaliste.
Les petits éditeurs indépendants Pilote Whodunit
Ayant assisté fortuitement au braquage de la banque où il se rendait, Alex Vainclair découvre que le hold-up suivait le plan du premier chapitre d'un roman-feuilleton... pas encore paru ! Après qu'un deuxième vol ait lieu sur le modèle du deuxième chapitre, toujours avant sa parution, Alex Vainclair enquête, avec l'aide de la Police judicaire, auprès de l'auteur du roman. Tout semble accuser ce dernier, mais Vainclair sait bien qu'il ne faut pas toujours se fier aux apparences... Oui, mais dans ce cas, qui pourrait bien être le coupable ?
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Date de parution | 01 Mars 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L'avis de Josq m'a rappelé de lointains souvenirs, il a bien fait de poster cette Bd, car elle est très méconnue, je n'en avais qu'un très vague souvenir de nom, mais je crois que je ne l'avais jamais lue, je l'ai retrouvée dans mes vieux numéros de Pilote où est paru l'unique épisode de ce héros en 1965, "Ici, Mr Personne" dans le n° 274 qui aura droit en plus à une couverture du journal. Alex Vainclair fait partie de ces nombreux personnages éphémères qui ne feront que passer dans Pilote le temps d'1 ou 2 épisodes, comme Jehan Pistolet de Uderzo et Goscinny, "les Disparus de Pol Croac" de Mouminoux, "la Forêt de Chenebeau" de Delinx, "L'eau qui fait pschluk" de Fred, Une Plume pour Clovis de Gébé ou encore "le Buste impérial" de Grammat (référencée sur BDT sous le titre Les Aventures du Duc de Saint-Piastre). Après lecture attentive, je me suis plongé dans un monde familier parce qu'il m'a remis dans ces années 60 où je n'étais qu'un bambin et où je lisais ce genre de bande, j'aime beaucoup ce style de cette époque, avec un héros bien propre, c'est tout à fait représentatif des années 60, aussi bien dans le fond que dans la forme, de même que les 2 pages couleurs au début puis les suivantes en bi-chromie, le tout en 28 planches, c'est typique de chez Pilote, il y avait beaucoup d'autres bandes colorisées et paginées ainsi à cette époque. On reconnait le sens de l'intrigue appliquée et très classique de Duchâteau, son habileté dans le domaine policier est déjà très perceptible, auquel il ajoute de l'action, il réutilisera cette formule pour Ric Hochet à qui je n'ai pas pu m'empêcher de comparer Vainclair, c'est le même genre de héros intrépide et beau gosse à qui il n'arrive jamais rien et qui résout l'enquête avec efficacité et talent. C'est une Bd qui a le charme de ces vieilles bandes des années 60 qui ont nourri mon enfance, ça peut paraitre obsolète et dépassé pour des lecteurs d'aujourd'hui, mais pourtant elle est très plaisante. Le dessin aussi semblera daté à ces mêmes lecteurs, mais moi j'adore parce que c'est avec ce genre de dessin que j'ai grandi, en plus j'ai toujours apprécié Aidans, j'ai de beaux souvenirs de lecture avec ses créations et aussi un beau moment passé une fois à Angoulême à discuter avec lui. Ce qui m'a frappé dans son dessin, c'est que le héros ressemble comme 2 gouttes d'eau à Marc Franval que Aidans venait de créer en 1963 dans Les Franval, on dirait carrément son frère jumeau. Voila donc une chouette Bd d'un ancien temps qui plaira ou ne plaira pas à certains ici, elle aurait mérité de continuer, mais je crois qu'elle a été victime de l'emploi du temps chargé de ses 2 créateurs, Aidans venait de créer Bob Binn puis Tounga et Les Franval dans le journal Tintin, il devait assurer le succès de ces 3 bandes, et de son côté, je soupçonne Duchâteau d'avoir repris la formule Vainclair pour Ric Hochet car ce personnage et l'ambiance policière présentent exactement les mêmes caractéristiques que ce qui deviendra la bande vedette du journal Tintin.
J'avoue connaître assez peu André-Paul Duchâteau, sinon par le très méconnu Bob Binn (déjà dessiné par Aidans) et quelques histoires courtes écrites pour le regretté magazine Pilote (oui, il faut que je me mette sérieusement aux Ric Hochet...). C'est également pour Pilote qu'il retrouve Aidans pour une deuxième collaboration, cette fois sur un récit réaliste (Bob Binn étant une série plutôt humoristique). Et vraiment, malgré quelques légers défauts de narration, c'est excellent ! Duchâteau prend de gros risques, car il choisit d'emprunter la voie du whodunit, genre vraiment casse-gueule par excellence, l'équilibre étant très difficile à trouver sans basculer dans le coup du coupable que tu devines au bout de 3 pages ou dans l'écueil de l'intrigue complètement tirée par les cheveux. Bon, ici, on ne va pas se mentir, il est possible au lecteur averti de deviner très rapidement l'identité du coupable, particulièrement si on est attentif à un élément en particulier. Pourtant, j'avoue tout-à-fait m'être laissé à voir grâce au talent de Duchâteau pour brouiller les pistes. A force de me dire que la résolution de l'affaire allait être trop facile, je me suis laissé très agréablement surprendre. On ne tombe pas non plus des nues, mais justement, à mon goût, l'équilibre est tout-à-fait respecté : ce n'est pas tiré par les cheveux, et il y a moyen d'être quand même surpris. Indépendamment de ça, le scénario est vraiment bien mené. Il y a du rythme pendant ces 30 pages, on ne s'ennuie jamais, et on veut connaître, non seulement le fin mot de l'histoire, mais également comment les héros vont le découvrir. Duchâteau a, là encore, le mérite de ne pas trop s'appuyer sur la coïncidence (un petit peu, mais ça reste mesuré). Il y a un vrai travail d'enquête de la part de Vainclair et de ses acolytes et donc on suit le récit avec beaucoup d'intérêt. Quant au dessin, Edouard Aidans est vraiment un génie du crayon ! J'aime énormément ce trait réaliste, mais pas hyperréaliste, avec des personnages bien caractérisés, aussi bien pour Aidans sur le plan physique que pour Duchâteau sur le plan intellectuel. Evidemment, on a tous les archétypes de ce genre de récit (héros intrépide et impulsif, acolyte un peu empoté, journaliste curieuse de connaître tous les détails, etc...), mais je trouve que ça n'est pas dérangeant, car ils sont utilisés intelligemment (et de toute façon, quelle BD de cette époque n'utilise pas ces archétypes ?). Les décors sont soignés et les cadrages donnent beaucoup de dynamisme au récit, même si l'originalité n'est pas de la partie. C'est une bande vraiment très classique, typique de ce qui se faisait dans les années 60. Mais classicisme ne rime pas avec ennui, et Duchâteau nous en offre une belle preuve ici. Bon, par contre, pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir au grenier une collection de vieux Pilote, l'album est édité aux éditions Pan Pan, ce qui signifie que le prix est rédhibitoire et réservé exclusivement aux lecteurs les plus passionnés. Dommage, mais ça fait quand même plaisir de voir cette histoire éditée en album, elle le mérite ! Enfin, je voudrais terminer par une petite dédicace aux lecteurs de 1965 quand ils ont dû attendre une semaine après avoir lu la case traditionnelle de l'héroïne clamant "Oh, lui ???" après avoir découvert l'identité du coupable. Ces gens-là sont des héros.
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