Blanc autour

Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)

Prix oecuménique 2022 Prix France Bleu de la BD 2021 1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l'institutrice Prudence Crandall s'occupe d'une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah. La population blanche locale voit immédiatement cette "exception" comme une menace.


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Les prix lecteurs BDTheque 2021 Pionnières Prix France Bleu de la BD Prix oecuménique Racisme, fascisme [USA] - Nord Est

Même si l'esclavage n'est plus pratiqué dans la plupart des Etats du Nord, l'Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d'une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l'école si la jeune Sarah reste admise. Prudence Crandall les prend au mot et l'école devient la première école pour jeunes filles noires des Etats-Unis, trente ans avant l'abolition de l'esclavage. Nassées au coeur d'une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d'un peu partout pour étudier vont prendre conscience malgré elles du danger qu'elles incarnent et de la haine qu'elles suscitent dès lors qu'elles ont le culot de vouloir s'élever au-dessus de leur condition. La contre-attaque de la bonne société sera menée par le juge Judson, qui portera l'affaire devant les tribunaux du Connecticut. Prudence Crandall, accusée d'avoir violé la loi, sera emprisonnée...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 15 Janvier 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Blanc autour © Dargaud 2021
Les notes
Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)
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26/11/2020 | Ro
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L'avatar du posteur Tomdelapampa

Je viens de refermer l’album, j’ai adoré. Je me demande encore pourquoi je ne me suis pas précipité plus tôt sur ce dernier. Le sujet sans doute ? Je me méfiais un peu. 2 auteurs au sommet de leurs arts. Stéphane Fert m’avait déjà conquis avec ses 2 précédentes œuvres en solo. Il récidive ici, on retrouve son dessin rond et coloré, ses planches sont magnifiques. C’est plein de grâce, de vie, d’une fluidité exemplaire, des couleurs bien sentis, de chouettes ambiances. Le tout est un plaisir pour les yeux. Wilfrid Lupano que l’on ne présente plus, régale avec ce one-shot. J’avais un peu peur sur ce point, une histoire engagée sur la 1ère école accueillant de jeunes filles noires dans l’Amérique du Nord de la 1ère moitié du XIXème siècle. Ici pas de lourdeur, une narration maîtrisée pour une histoire instructive, des personnages solaires face à la bêtise humaine de l’époque (le même ressenti que sur Salem). Malheureusement, le changement de mentalité ne se fait pas en claquant des doigts, la fin de cette aventure ne sera pas des plus heureuses mais reste marquante et plein d’espoir via ces jeunes pensionnaires. J’ai également fortement apprécié le personnage du petit « sauvage ». Une belle osmose entre les auteurs pour un album que j’ai trouvé lumineux. A découvrir.

08/10/2022 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

« Blanc autour » est avant tout l’histoire vraie d’une femme forte et déterminée, Prudence Crandall, et de son combat contre l’intolérance. Les thèmes de cet album sont forts et bouleversants : le racisme et l’abolitionnisme aux USA, l’importance de l’éducation pour s’émanciper et lutter contre l’obscurantisme… et le féminisme aussi, les décisions à propos du droit à l’éducation de ces femmes noires étant souvent prises par des hommes blancs. On aimerait dire que les choses ont changé, mais « Blanc autour » fait malheureusement écho à des évènements très récents, notamment aux USA. J’ai aussi beaucoup d’admiration pour la première élève de l’école, Sarah, jeune femme qui inspire par sa maturité, sa vision du monde. Les thèmes sont lourds de sens, mais l’album se lit facilement. La narration est fluide et légère, avec de longs passages muets. Le style graphique aéré est plaisant et très lisible, avec des touches de symbolisme appréciables (je pense par exemple à la double page représentant la végétation et les animaux menaçant autour du pensionnat). Un reportage textuel enrichi de biographies conclut l’album, si vous désirez aller plus loin et approfondir vos connaissances sur les évènements décrits. Une histoire très humaine, superbement réalisée, et aux thèmes plus importants que jamais… à mettre entre toutes les mains.

12/01/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Wilfrid Lupano (Scénario) - Stéphane Fert (Dessin) Souvent séduit par ces deux auteurs, j’avoue faire partie des lecteurs qui se seront rués sur l’album sans même s’inquiéter du thème de celui-ci. Mais si je considère ce livre comme une des plus belles perles de ce début d’année, il ne le doit pas spécialement au nom de ses auteurs, bien plus déjà au talent dont ils font montre pour nous narrer une page sombre et lumineuse de notre histoire, et énormément à Prudence Crandall, sans qui ce récit n’aurait jamais eu lieu d’être. Blanc autour nous parle de la première école dédiée à des élèves noires dans l’Amérique de 1832. Et même si cette école s’est implantée dans le Connecticut (soit dans le nord des USA réputé moins raciste et plus progressiste que les états du Sud), le moins que l’on puisse dire est que cette innovation ne va pas être accueillie avec bonhomie. Les auteurs, tout en nous décrivant les faits avec une certaine rigueur, s’appliquent à nous offrir un récit qui incite à la réflexion. D’historique, ce récit vire régulièrement au sociologique car la situation vécue hier par Prudence Crandall et ses élèves reste d’une cruelle actualité aujourd’hui. Pourquoi refuser le droit à l’instruction ? De quoi les opposants ont-ils si peur ? Ces deux questions sont au centre de nombreuses réflexions et tout le récit (du personnage de ‘Sauvage’ qui refuse l’instruction des blancs à celui de ‘la Sorcière’ qui apportera son expérience du rejet de la différence et du savoir aux jeunes élèves de miss Crandall) semble construit pour nous éclairer sur certaines peurs actuelles. Certains rejets d’aujourd’hui ressemblent tellement à ceux d’hier… Le dessin de Stéphane Fert, fait d’a-plats et de réguliers jeux d’ombre et de lumière, apporte au récit une touche de fraicheur, de naïveté et de lisibilité, mais sans occulter le caractère dramatique de celui-ci. On retrouve donc les mêmes qualités que celles déjà vues dans ses adaptations de contes (« Morgane », « Peau de Mille Bêtes ») au service ici d’un récit historique. La narration de Wilfrid Lupano est une fois de plus parfaite d’équilibre. C’est léger et instructif, cinglant à l’occasion et toujours agréable à lire. Un récit sombre car le destin de cette école est dramatique. Un récit lumineux car les combats juridiques menés par Prudence Crandall permirent en définitive quelques avancées majeures dans les droits civiques des Etats-Unis d’Amérique.

04/01/2021 (modifier)