Le Grand Voyage de Rameau

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

Un exaltant récit d’aventure introspectif où s’entremêlent rencontres, enchantements et désenchantements.


Ere Victorienne Jack l'Eventreur Londres

Dans le bois des Mille Feuilles vit une tribu de petites créatures. Une légende ancienne raconte que trois d’entre elles, jadis attirées par les humains et leurs inventions, ont vécu un drame… Depuis, il fut formellement interdit d’avoir un contact avec eux ! Le temps a passé. Un jour, la jeune Rameau ayant décidé de braver l’interdit se retrouve convoquée par le conseil des anciens, la sanction tombe : elle doit rejoindre Londres, la ville monstre, afin de se rendre compte par elle-même que le monde des humains n’est pas aussi bon que ce qu’elle imagine. Un vieux magicien aveugle nommé Vieille branche lui propose de l’accompagner… Le grand voyage de Rameau dans le monde des humains révélera-t-il qu’il est peut-être préférable de vivre éloigné d’eux ?...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 30 Septembre 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Grand Voyage de Rameau © Soleil 2020
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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12/12/2020 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Même si on commence à être habitué par le bon goût éditorial de la collection Métamorphose, on ne peut s’empêcher de s’extasier comme presque à chaque fois qu’une de ses nouveautés nous arrive dans les mains… Alors désolé si ça n’est pas très original, mais c’est encore une fois le cas ici… Et comme souvent, l’objet, de très belle facture, tient parfaitement ses promesses quant au contenu. « Le Grand Voyage de Rameau » est consistant (un peu plus de 200 pages) et cela tombe très bien car dès le départ, on est immédiatement en immersion et on ne voudrait déjà pas que cela finisse… Nous avons affaire ici à un conte, et comme dans tout conte, on y trouve une portée initiatique, laquelle concernera en premier lieu la jeune héroïne au nom étrange de Rameau. Envieuse des géantes de la cité, Rameau voudrait elle aussi porter une jolie robe, et non pas cette frusque insignifiante ! Pour elle, Londres est un paradis luxueux plein de promesses radieuses, une idée fixe qui poussera la fillette à braver l’interdit en franchissant l’orée du bois, et par voie de conséquence, la « condamnera » à l’exil vers la ville qu’elle admire tant… Phicil excelle littéralement avec ce conte aux charmes multiples, comme s’il était parvenu à trouver la combinaison idéale entre écriture et dessin. Tous deux s’allient pour produire une petite merveille bédéphilique, à tel point qu’on imagine mal pouvoir les dissocier l’un de l’autre. La fluidité de la narration propre au genre répond à l’authenticité d’un trait délicieux et unique dont on aperçoit les coutures, idéal pour représenter ces petits êtres aussi difformes qu’attachants, à commencer par Rameau et son physique impossible mais désopilant (une tête énorme, un nez surdimensionné surmonté de petits yeux et une bouche très large), assorti d’une forte personnalité. S’inscrivant dans une tradition littéraire victorienne oscillant entre Gaslamp et low fantasy, « Le Grand Voyage de Rameau » établit une sorte de pont entre un univers enfantin champêtre et enchanteur et un monde littéraire témoignant d’une période assez noire typique de l’Angleterre industrielle de la fin du XIXe siècle. Jouant sur ces contrastes, le récit va débuter dans une atmosphère idyllique de candeur verdoyante, évoluant progressivement vers l’immensité urbaine et tentaculaire de la « Ville Monstre », d’abord avec l’architecture imposante de Londres et ses salons « cosy », où l’on croisera notamment Oscar Wilde jeune (avec déjà une pointe d’inquiétude quant au contexte social dur et puritain), puis vers les bas-fonds sordides où l’ombre de Jack l’Eventreur est omniprésente. Mais au beau milieu de cette obscurité va scintiller la discrète lumière de nos farfadets par le biais de pierres magiques (les cornalines), qui guideront nos voyageurs vers plusieurs personnages-clés, notamment la Reine Victoria, telles des balises jalonnant le parcours initiatique de la jeune Rameau… En résumé, les nombreuses qualités de cet ouvrage, qui n’est pas sans rappeler « Peter Pan » ou « Pinocchio », nous plongent dans un émerveillement rare où notre part d’enfance est réactivée de façon prodigieuse. En nous faisant voir le monde des humains à travers les yeux de ces petites créatures, soucieuses de se tenir à distance de ces « géants au cœur malade », Phicil nous montre les aspects les moins reluisants de notre nature, tout en conservant une grande fraîcheur d’esprit conjuguée à un humour dépourvu de cynisme qui fera rire de bon cœur. Il ne faut pas passer à côté du « Grand Voyage de Rameau », une des pépites de l’année, et puisque c’est la période, un très très joli cadeau à déposer dans les souliers, petits ou grands…

12/12/2020 (modifier)