Le Baron perché
Adaptation du conte éponyme d'Italo Calvino.
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En 1767, le jeune Côme, 12 ans, baron du Rondeau, monte dans un arbre et décide de ne plus jamais en descendre. Des années plus tard, toujours perché, le baron séduit une marquise fantasque et reçoit Napoléon en grande pompe. Une adaptation du conte philosophique d'I. Calvino. (texte : Jungle)
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Date de parution | 21 Janvier 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne connaissais pas cette variante que je lis comme mythe du bon sauvage proposé par Italo Calvino et adapté ici par Claire Martin. Je dois avouer que cela m'a toujours laissé perplexe. Je trouve que le récit de Claire Martin souligne toutes les invraisemblances du mythe ou de la fable : la solitude de Côme, son aptitude à affronter l'indifférence et la dureté des éléments naturels, sa capacité à s'approprier des concepts sociétaux compliqués dès son plus jeune âge, etc... Evidemment pour lire cette série c'est mieux de piocher dans la vie de Calvino, que je ne connaissais pas et comprendre le détachement de l'artiste d'avec ses engagements premiers. À la fois fable poétique, écologique, politique et allégorique je trouve la lecture assez complexe car elle fait beaucoup appel au non-dit. Je trouve le graphisme assez orienté jeunesse ce qui contribue à mettre de la distance avec le fond du message beaucoup plus adulte. Une lecture que j'ai moyennement appréciée sauf à me faire connaître des artistes que je ne connaissais pas.
Voilà une honnête adaptation du roman d’Italo Calvino. Elle est moins foutraque que les souvenirs que j’avais gardé du roman, et s’adresse avant tout à un jeune lectorat je pense, par son côté un peu retenu et gentil parfois, mais aussi à cause du dessin, appliqué, pas désagréable, mais statique et me faisant davantage penser à un travail d’illustration (bien fait au demeurant). Reste que l’histoire, sous couvert de nous narrer l’histoire de ce personnage, que nous voyons grandir et passer sa vie dans les arbres, refusant obstinément d’en descendre, dût-il pour cela perdre amis et amours, se révèle riche de réflexions. C’est en effet une sorte de mise en images et en situation des idées des Lumières, un conte philosophique pas désagréable à lire – malgré quelques passages un peu moins digestes et dynamiques (la partie napoléonienne, ou celle avec les réfugiés espagnols).
Je ne connaissais pas Italo Calvino avant d’avoir lu le Baron Perché de Claire Martin. Si j’ai bien vu, cet ouvrage de 320 pages s’intègre dans une trilogie intitulée nos ancêtres. L’auteur lui-même est un grand auteur italien du 20ème siècle. Un récit initiatique selon l’éditeur et c’est bien de cela dont il s’agit avec une fin tout en poésie. Il a fallu du courage pour s’attaquer à ce monument, surtout pour une première BD L’adaptation n’a pas dû être très facile à réaliser comme le confirme Claire Martin dans une interview parue fin décembre. Mais pour un coup d’essai c’est un coup de maitre, cet album se lit avec plaisir car le style est élégant, je dirais même féminin. Pas trop de dialogues, le dessin se suffit à lui-même. Un seul bémol est la partie plus narrative entre l’expulsion des collecteurs d’impôts et l’arrivée de Napoléon, mais difficile de faire sans raccourcis dans une œuvre aussi monumentale. J’ai hâte de voir la prochaine BD de Claire Martin sur une idée originale de scénario par elle ou un autre scénariste.
J'avais abordé Italo Calvino au lycée, et son humour, la profondeur de ses contes et leur vigueur m'avait alors marqué. J'avais un peu peur que le temps l'ait fait peu à peu disparaître de l'inconscient collectif. Mais cette adaptation par Claire Martin, fraîche émoulue de l'école Emile Cohl, à Lyon, m'indique que non. Et pour une première oeuvre, c'est carrément une réussite. L'autrice a su saisir toutes les qualités originales que je détaillais précédemment. C'est un récit enlevé, qui nous montre le destin d'un adolescent, puis d'un homme qui décide un beau jour de vivre dans les arbres, littéralement. Une décision qui va l'amener à avoir un regard distancié sur le monde qui l'entoure. A d'abord se contenter de peu, profiter de sa liberté ; puis de s'attacher au compagnon que le hasard lui amène, s'attacher aux signes, chercher de la compagnie, rencontre (deux fois) l'amour... Et puis, au crépuscule de sa vie, à faire une sortie particulière. J'ai traversé ma lecture avec un petit sourire en coin, pour ce conte philosophique quelque peu intemporel, mais au charme léger, très accessible. Ces qualités sont aussi le fait de l'adaptatrice, qui met à leur service son dessin plutôt élégant, même si encore un brin immature. Sa mise en scène est par contre assez inventive sans être brouillonne. Bref, c'est une belle réussite que je vous recommande, mon petit coup de coeur de cette fin d'année.
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