Le Spirou de Christian Durieux - Pacific Palace

Note: 2.57/5
(2.57/5 pour 7 avis)

Pacific Palace, un hôtel paisible au bord d'un lac qui l'est tout autant. Spirou regrette déjà d'y avoir fait engager à ses côtés Fantasio, viré comme un malpropre du Moustique. Car l'ex-journaliste reconverti en groom n'a vraiment pas la vocation et ne rate pas une occasion de fâcher M. Paul, leur supérieur hiérarchique.


Coupés du monde... L'univers de Spirou et Fantasio

Mais trop tard pour faire machine arrière : un véritable huis clos est décrété et l'hôtel se retrouve sans clientèle et avec un personnel réduit pour accueillir discrètement Iliex Korda, dictateur déchu du Karajan, petit pays des Balkans. Dans ses bagages, d'imposants gardes du corps mais aussi Elena, fille du "Grand Guide" au regard envoûtant, dont Spirou tombe instantanément amoureux. Alors que Fantasio ne rate pas une occasion de provoquer l'entourage du tyran, Spirou essaie de comprendre l'étrange ballet politicien qui se joue presque sous ses yeux. Avec Pacific Palace, Christian Durieux nous livre un Spirou très personnel, entre subtile fable politique et douloureuse romance, une bande dessinée pleine d'ambiance mais avec une véritable intrigue politico-policière.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Janvier 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Spirou de Christian Durieux - Pacific Palace © Dupuis 2021
Les notes
Note: 2.57/5
(2.57/5 pour 7 avis)
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12/01/2021 | Ro
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L'avatar du posteur Balai à Chiotte

Voilà donc une Bd qui a du potentiel ! Cela dit, avoir du potentiel c’est facile, c’est à porté de main du premier badaud venu, une guerre, un génocide, une contrée, une époque, un style de vie, une histoire de corruption, la pègre, etc… peu importe, les sujets inspirants, intéressants et passionnants sont au nombre d’une multitude pour qui veut s’en donner les moyens. Rationnellement avoir du potentiel c’est une expression vide de sens qui cherche le plus souvent à couvrir un travail médiocre qui aurait pu ne pas l’être mais qui à fortiori l’est bel et bien. Cet ouvrage veut aborder les relations parfois existantes entre deux pays aux valeurs diamétralement opposées. La France d’un côté, au gouvernement théoriquement démocratique et le Karajan de l’autre, dirigé d’une poigne de fer par le président Korda. Alangui par le voile de l’insouciance, les consciences se réveillent lorsque le président Korda demande l’asile à la France lorsque ce dernier est chassé de son pays. La France face à la pression médiatique décide d’accueillir Korda quelques jours dans un luxueux hôtel le temps de statuer sur son cas. Et c’est ainsi que débute ce huit clos dans un hôtel vidé de toute clientèle, au personnel réduit et à l’atmosphère quelque peu étouffée. Premièrement nous sommes face au cas classique d’un auteur qui n’a pas fait ses devoirs et généralement ça n’augure rien de bon. Les tyrans, les dirigeants corrompus, les fêlés au pouvoir, voilà des sujets qui regorgent de documentations. Depuis l’antiquité on en a vu passer des tarés au pouvoir incommensurable, qui ont marqué l’histoire avec le sceau de l’épouvante. Et pourtant ici, rien, aucun allusion si ce n’est que Mr le président Korda est un soit-disant « connard », mais pourquoi bon sang ? Expliquez nous, faîtes nous des piqures de rappel, foutez nous sous le nez des images d’horreurs… On a là un personnage interessant qu’est la fille du président Korda, qui se rapproche de Spirou et qui a l’occasion de nous partager les méfaits, les magouilles, les tortures, les assassinats, la ruine de son pays, etc.. auxquels s’est adonné son père mais non, absolument rien… c’est terriblement décevant cette banalisation, certainement involontaire, en taisant les actes perpétrés par ces crapules inondées d’un pouvoir illégitime. Et ça donne lieu à des scènes vide, si vide, tellement vide … C’est pour moi un des plus gros défaut de cet ouvrage, ce manque de documentation ou tout du moins ce manque d’information qui à pour effet de nous rendre ce cher président tolérable pour ne pas dire sympathique. Deuxièmement l’oeuvre est lente, c’est n’est pas toujours un problème, certains auteurs apprécient prendre leur temps afin de creuser la personnalité des protagonistes, ici ce n’est malheureusement pas le cas, le bouquin est d’un ennui mortel de la page n°1 à la page n°60 (pour un total de 79 planches). Christian Durieux enchaine les scènes vides d’intérêt et si elles ne font pas avancer la trame, elles ne nous rendent pas pour autant les personnages plus attachants. Cela aurait pu être un pari, une histoire lente qui nous fait vivre les horreurs d’un régime totalitaire au travers des yeux même de fille du dit tyran, mais non, rien de tel, des planches et des planches qui n’apportent absolument rien. La première planche donne le ton cela dit, c’est une planche complète dédié à Fantasio nageant entre lustres, tables, fauteuils, vaisselle, etc… C’est beau en un sens mais quel est l’utilité d’une telle planche ? En réalité c’était un rêve que faisait notre ami Fantasio, un rêve qui n’apporte rien à la trame principale, rien à son histoire personnelle alors une seule question se pose : Pourquoi ?! Doit-il y avoir une planche dédié à chaque personne lorsqu'il mangent, chient et dorment ? Un peu de bon sens pardi ! Il aurait pourtant pu nous partager un rêve qui avait un lien avec l'histoire, par exemple son licenciement du Moustique Journal ou encore sa carrière raté à laquelle il espérait mettre un terme avec un nouvel article sensationnel mais certainement pas une baignade dans un hôtel submergé... Rien ne fait sens, cette bd est une suite d'illustrations et de scènes toutes plus inutiles les unes des autres. Troisièmement la présence d’incohérences touchant à l’attitude des personnages et à l’atmosphère du récit m'a clairement lassé. Je m’explique, à un certain moment, Fantasio drague de manière un peu lourde la fille de Mr Korda, la scène est légèrement tendancieuse, donnant un certain ton à la direction du récit. Il va de soi que Christian Durieux a choisit de s’éloigner du Spirou timide en faisant dans le dévergondé léger, du moins c’est l’idée que je m’en suis fait. Quelle déception quelques pages plus loin lorsque l’on assiste à une scène nocturne dans la piscine ou toute cette « sensualité » a disparu. Maillot une pièce, aucune courbe généreuse, pas de bout de seins, aucune allusion, rien… Mais à quoi joue-t-il bon sang ? Non pas que je m’attende lire du « Manara » après que Fantasio se soit montré plus qu’avenant mais j'aurais apprécié que notre auteur fasse preuve d’un minimum de cohérence. Ce n'est pas le défaut le plus significatif mais il accentue la piètre qualité de l'album. Quatrièmement nos deux héros, contrairement à l’univers originel, ne sont pas bien actifs. D’ailleurs ils ne sont que les spectateurs de ce qui se déroule sous leurs yeux de l’ouverture à la fermeture de l’album, il n’interagissent à aucun moment avec la trame principale, ils se contentent d’observer sans même prendre la peine d’élaborer des théories ou même de pousser le lecteur à la réflexion. Quel ennui. Dernièrement l’auteur se cantonne beaucoup trop à son huit-clos, cet accueil du président Korda devrait être révoltant pour chaque français défenseur d’un idéal démocratique et soulever en eux une envie de désapprobation et pourquoi pas de meurtre. Pourtant à aucun moment il nous est donné d’assister à une insurrection, à un acte de vandalisme, à une nuée de journalistes essayant de glaner quelques clichés ou encore quelques précieuses informations ici et là. Quant au trait de Christian Durieux il n'est pas transcendant mais je dois reconnaître qu'il a son charme, ce n'est clairement pas le dessin que j'affectionne mais ça se laisse regarder. Mon avis est que ce livre n’est rien d’autre qu’une production commerciale bâclée et c'est bien dommage car du potentiel ... il y en avait ..! Malheureusement la lecture n'en vaut pas la peine, on est loin du Spirou d'antan pour les quelques nostalgiques et loin d'une bonne histoire pour les lecteurs en quête de nouveauté.

01/03/2023 (modifier)