Le Spirou de Frank Pé et Zidrou - La Lumière de Bornéo

Note: 3.11/5
(3.11/5 pour 9 avis)

Spirou n'est plus journaliste ! Après avoir refusé de modifier un article un peu trop critique sur un barrage hydroélectrique en pleine jungle palombienne financé par un gros annonceur du journal, Spirou claque la porte du Moustique. Désoeuvré, il décide de prendre le temps de vivre et de rattraper le temps perdu, notamment en se mettant à la peinture et au jardinage. Mais d'étranges événements vont l'empêcher de réaliser ses envies.


Bruxelles - Brussels Cirque & Saltimbanques L'univers de Spirou et Fantasio Peinture et tableaux en bande dessinée

Il y a d'abord la nature qui semble devenue folle et des champignons "qui n'existent pas" qui provoquent une véritable marée noire végétale, au grand désarroi de Pacôme. Puis ces mystérieuses toiles révolutionnaires d'un auteur anonyme qui arrivent à la galerie Bernard et pour lesquelles le cheik Ibn-Mah-Zout est prêt à payer des fortunes. Et Fantasio qui est chargé par son journal de trouver l'artiste génial, créateur de ce nouveau courant pictural appelé "le zooïsme. Il y a enfin Noé, ce dompteur extraordinaire qu'on avait découvert dans "Bravo, les Brothers" qui est de retour en ville avec toute sa ménagerie et une gamine... qui n'est autre que sa propre fille, une adolescente ballottée depuis toujours et qui débarque de son Canada natal. Et que Noé va confier à Spirou !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Octobre 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Spirou de Frank Pé et Zidrou - La Lumière de Bornéo © Dupuis 2016
Les notes
Note: 3.11/5
(3.11/5 pour 9 avis)
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13/01/2021 | Ro
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Par Sam Cragg
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Sam Cragg

Fichtre! Quelle réussite que cet album que j'ai découvert après la bataille, plusieurs années après sa sortie! Si seulement je m'étais douté du moment de lecture extraordinaire qu'il me ferait passer... Elles sont rares les BD qui m'ont ému à ce point ces dernières années. J'ai refermé celle-ci à regret car j'en aurais lu volontiers une centaine de pages supplémentaires. J'ai grandi en lisant le journal de Spirou, de la fin des années 70 au début des années 90. J'ai retrouvé ici tout ce qui avait enchanté mes lectures d'enfance. Franck Pé est pour moi la synthèse de ce style développé par les éditions Dupuis. Son dessin, la composition de ses cases et de ses planches possèdent une force d'évocation hors du commun. Quant au scénario, il a trouvé un point d'équilibre rare entre les différentes émotions. Il se dégage de ce Spirou une grâce étonnante, inattendue pour moi avant d'en entamer la lecture et je m'incline devant le talent qui a été mis en œuvre ici. Nom d'une pipe, qu'est-ce qu'il m'a touché ce bouquin! Je voudrais faire une remarque sur une critique récurrente au sujet de l'histoire des champignons noirs développée en parallèle: certains se plaignent de l'inutilité de cet épisode. Sans vouloir leur manquer de respect, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas compris qu'il n'y a pas de sens à cette partie du récit qui est fondamentalement liée aux autres parties. Les auteurs ne donnent pas d'explications à l'inverse de toutes les mauvaises séries tv qui aiment le faire en mâchant et pré-digérant pour le spectateur ce qu'il y a à comprendre, le rendant finalement paresseux et incapable de se débrouiller sans cette canne. Et c'est toute la force de cet album de nous donner à comprendre par l'entremise des pensées et des réflexions induites par les émotions qu'il sait faire naître. A sa manière donc, et dans son style, La lumière de Bornéo est un chef d'œuvre qui parvient à convoquer tout le génie d'un journal et d'une tradition éditoriale pour en restituer l'exceptionnelle saveur. Un mot pour finir sur l'objet lui même: les éditions Dupuis ont eu l'heureuse idée d'imprimer cet album sur un papier mat, blanc cassé, qui offre un plaisir de lecture décuplé. Le livre est beau, l'impression également, merci aux auteurs et à l'éditeurs qui semblent avoir donné le meilleur d'eux mêmes.

15/02/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

J'avais oublié d'aviser cette série suite à la cassure des différents tomes produits par d'autres auteurs de la série Spirou et Fantasio, oubli que Noirdésir m'invite à combler par son avis auquel j'ai bien peu de choses à ajouter. L'idée d'un Spirou par Frank Pé est très intéressante sur papier, son univers onirique et animalier me semblant faire bon mélange avec l'univers de Spirou qui laisse souvent place à des animaux étranges. D'autre part, l'auteur arrive à associer des idées poétiques avec une ambiance champêtre qui me semble tout à fait convenir à Champignac, par exemple. Hélas, le scénario concocté par Zidrou ne me semble pas aller dans le sens du mieux. L'histoire n'est pas mauvaise mais aurait pu totalement se détacher de Spirou qui vient ici faire de la figuration, de même que Fantasio alors qu'il me semblait que son propos aurait pu être largement mieux exploité, et je ne parle pas de l'arc du comte Pacôme de Champignac qui est extérieur à l'histoire, me semble surtout avoir un côté symbolique et ne répond à rien de précis. Bref, l'histoire fait plus prétexte que réel développement d'une intrigue. La seule chose qui est réellement décrite est l'histoire de Bornéo et la relation père-fille avec Noé, deux histoires qui s'imbriquent avec quelques très belles idées et surtout des planches magnifiques. Je dirais presque que tout cela ne fut que prétexte à un développement visuel aussi fort, qui fait la part belle au monde animal. C'est surtout ce que je retiens de l'histoire, qui me semble avoir été soit écourtée soit développée dans trop de points à la fois. Dans les deux cas, c'est un équilibre qui n'a pas été savamment dosé selon moi. Avec le recul, je me demande si un second tome n'aurait pas été nécessaire pour bien développer les intrigues et permettre de nous en remettre plein les yeux avec les dessins. Au final, c'est un peu une sensation de regret qui me reste avec la lecture de l'album : c'est bien mais ça aurait pu être tellement mieux !

14/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’avais vraiment beaucoup aimé (scénario, dessin et colorisation) la collaboration de ces deux auteurs autour du Marsupilami (à ce propos, j‘attends la suite depuis trop longtemps !), et j’étais donc confiant pour entrer dans leur vision de Spirou, dans cette collection de one-shot permettant à plein d’auteurs d’explorer cet univers sans être l’auteur « officiel » de la série mère. Disons que je suis sorti avec un avis mitigé de ma lecture. Côté dessin, il n’y a pas de bémol, c’est vraiment chouette ! Lisible, agréable, c’est un quasi sans faute de la part de Frank Pé. Quant à l’histoire, je dirais qu’elle se laisse lire, qu’elle n’est pas désagréable. Pas mal de clins d’œil à la série mère (et à d’autres œuvres Dupuis surtout – comme cet album des « Nombrils » apparaissant dans plusieurs cases : pourquoi pas ? – même si je ne suis pas fan de ce genre de placement de produit qui n’apporte rien au scénario – un album de « Blacksad » apparait aussi dans une case). Comme d’autres, Pé et Zidrou cherchent à éviter les redites, et à donner quelque chose de personnel, sans trahir l’univers de base. C’est à moitié réussi. Pas de trahison, mais plutôt un évitement. Car, comme pour les versions de Feroumont et surtout de Durieux, on a parfois l’impression que l’histoire aurait tout aussi bien pu se dérouler sans Spirou et Fantasio, faires valoir de leurs propres aventures. Champignac subit le même sort, n’apparaissant qu’épisodiquement dans une aventure annexe, sans lien avec le reste (et à la résolution qui m’a laissé perplexe) – mais lui n’occupe pas titre et couverture !). C’est un peu le défaut récurrent de ce genre de collection : éviter le copier-coller, tout en restant près de l’univers, de ses codes, sans les trahir, mais en les renouvelant. Bilan, on a là un album très plaisant à regarder, plaisant à lire – sans plus, mais c’est déjà ça.

13/02/2023 (modifier)
Par greg
Note: 1/5

En temps normal, je mettrais 3 étoiles à cette bd si l'on jugeait le binôme scénario/dessins tels quels. Mais je lui mets la note minimum en raison d'un problème fondamental : c'est un tome de Spirou sans Spirou. Comme indiqué par d'autres, Spirou ne sert à rien, il n'apparait presque pas et cette histoire pourrait se dérouler plus ou moins sans lui. Même destin réservé à Fantasio et à Champignac Il y a tromperie sur la marchandise : si je lis un Spirou, je veux voir Spirou en action. Maintenant, penchons-nous sur le reste. Niveau dessins, pas grande-chose à redire : c'est clair, dynamique, en fait le dessinateur pourrait je pense reprendre la série-mère sans que cela ne soit vraiment choquant. Les personnages sont modernisés, bien sûr on est très loin de Franquin, Fournier ou Janry, mais comme ces deux derniers s'inspiraient de Franquin justement, un peu de remise à plat ne fait pas de mal. Donc c'est assez bon en ce qui me concerne. Le problème tient avant tout au scénario. Nous avons en quelque sorte trois intrigues différentes. D'un côté un mystérieux artiste très côté dont l'identité demeure inconnue : il s'avèrera par la suite qu'il s'agit d'un singe appartenant à Noé, le dresseur de "Bravo les Brothers" et de la série Le Marsupilami (première intrigue). Ce dernier a une fille en pleine crise d'adolescence avec laquelle il est en froid et qui va aller chez Spirou (deuxième intrigue). Enfin, le comte de Champignac découvre une mystérieuse espèce de champignons noirs qui envahissent le monde (troisième intrigue). La première aurait pu se suffire à elle-seule, et donner corps à une histoire touchante autour du bien-être animal. Il n'en sera rien, on aura droit à quelque chose de basique et mièvre. L'intrigue 1 s'imbriquera dans l'intrigue 2, mais de manière accélérée et basique. Précisons que la fille a une large blessure physique probablement à l'origine de sa brouille avec son père et à propos de laquelle on n'aura jamais d'explication. Bien entendu, elle se raccommodera avec ce dernier sans que l'on ne sache vraiment pourquoi ni comment. Comme indiqué, Spirou sert de spectateur et semble dépassé face à une ado en colère (heu...), et se met à la peinture (re-heu...). Fantasio idem, assez inutile, aucune fantaisie justement. Enfin pour la troisième intrigue, c'est encore plus pathétique : déjà elle ne rejoint aucune des autres, elle fait office de corps étrange. Jamais Champignac et Spirou-Fantasio ne partagent de cases ensemble. Il est totalement dépassé face à cette menace champignonesque, et sa seule solution est de vouloir à tout prix alerter les autorités qui s'en fichent, ce qui est une trahison totale du perso. Son moyen de locomotion est tout aussi frappadingue que son attitude, une espèce de voiture Zorglub à pédales et fonctionnant par l'énergie ambiante (on se serait attendu à quelque chose en rapport avec les champignons). Au final cette intrigue sans intérêt se résoudra d'elle-même sans que l'on sache comment, ni même d'où elle venait. Assez décevant

04/09/2022 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Dans l'exercice de style Le Spirou de... j'ai beaucoup apprécié cet opus de Zidrou et Frank Pé. Les auteurs reprennent la thématique du clown triste avec plusieurs pistes de reflexion sur la beauté, l'argent et les choix fondamentaux que l'on croise tout au long de notre vie. Les auteurs nous attaquent à froid avec ces premières pages preque bucoliques de chasseur d'images avec son bébé. Mais cela tourne au drame. Zidrou et Pé nous invitent ,de façon violente, dès le début à inverser les stéréotypes. Noé ,ressuscité de "Bravo les Brothers", aura une image en clair obscur. Toujours éducateur de génie de Franquin pour ses animaux , il se présentera longtemps comme un père exécrable et lâche. Spirou aura aussi tendance à s'effacer dans les problématiques dominantes du récit. La beauté? mais Spirou est un bien piètre artiste. Spirou sauveur d'une diversité en péril? Il n'empêchera pas la fin de Bornéo. La peste noire? Il ne la voit même pas sous son nez. Pour le reste les auteurs exploitent des thèmes qui semblent des figures imposées à présent: Spirou et les femmes, Fantasio arriviste au service de sa carrière. Je trouve le graphisme moderne et dynamique. Un beau bestiaire et une image de Bruxelles presque dystopique bien réussie. Une mention spéciale à Noé empâté presque embourgeoisé qui suinte le laisser aller et le recroquevillement sur soi. Et Champignac dans tout cela? Lui aussi semble bien désemparé devant cette "peste noire" qui se répand à vive allure et corrompt tous les trésors de l'humanité. Zidrou se montre un brin caustique face à ces scientifiques gesticulants tout juste capables de fabriquer un succédané de café ou de champagne. Quant aux institutions politiques , elles controlent les plages des Maldives aux frais du contribuable. C'est exactement ( souligné dans le texte) au moment où le public retrouvera la beauté enfouie dans notre humanité que cette peste disparait. Je ne sais pas si cette lecture est exacte mais je lui trouve un sens et un message de sagesse qui colle avec le personnage de Spirou. C'est une lecture assez poétique avec un fond de tristesse sur cette beauté, la nature ou les enfants, qui nous file entre les doigts à cause de notre aveuglement à ne pas distinguer autre chose que notre profit ( pas forcément financier). Le duo Spirou et Fantasio ouvre à des perspectives d'humour et de sagesse très nombreuses. Cet opus en est encore l'exemple. Une très bonne lecture.

21/06/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Les attentes sont grandes lorsqu’on lit le nom des deux auteurs de cette version des aventures de Spirou. Zidrou et Frank Pé, excusez du peu ! Mais comme bien souvent, qui dit grandes attentes sous-entend aussi un risque accru d’être déçu. Et je dois bien avouer qu’à ma première lecture, la déception l’avait emporté sur tout autre sentiment. Il n’y avait pourtant rien de mal fait mais le charme n’avait pas opéré. Une relecture récente -et sans attentes outrancières cette fois puisque je partais plutôt avec un a priori négatif suite à ma première lecture- m’a permis de mieux apprécier cet album tout en parvenant plus clairement à mettre les doigts sur les points négatifs qui avaient causé chez moi ce sentiment de déception. Premier point négatif : Spirou et Fantasio sont, dans cet album, assez secondaires. Zidrou et Frank Pé mettent bien plus en avant Noé (le fabuleux Noé du non moins fabuleux « Bravo les Brothers ! », un court récit de Spirou dans lequel celui-ci déjà se faisait piquer la vedette par Gaston Lagaffe et ce fameux Noé), profitant des particularités du personnage pour créer une intrigue susceptible de mettre en avant le goût de Frank Pé pour les animaux et celui de Zidrou pour les personnes qui ont des difficultés à communiquer. Tout cet aspect du récit (Noé et sa relation avec sa fille, adolescente rebelle, les animaux artistes et les mystérieuses peintures zooïstes) m’a bien plu. C’est un récit agréable, touchant par moments, avec de belles trouvailles, à commencer par ces tableaux qui fusionnent des faciès d’animaux. Faut dire ce qui est : Frank Pé a quand même un putain de talent ! Par contre, et c’est là que ça coince chez moi, l’univers de Spirou et sa galerie de personnages sont quasiment inutiles au récit. Ce Spirou vieilli (il porte des lunettes de vue, et Fantasio qui s’inquiète de sa calvitie n’est pas en reste) n’est que le témoin de l’histoire qui se déroule sous ses yeux. Où est le Spirou spittant, l’hyperactif dynamique et aventurier ? Qu’est-ce que c’est que ce sage peintre du dimanche dépassé par une ado rebelle ? Elles sont où, ses pantoufles ? Mais que dire de la sous-intrigue dont Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas (le comte de Champignac pour les non-initiés) est la vedette ? Je me suis vraiment demandé ce qu’elle venait faire dans ce récit, attendant un recoupement qui ne vient jamais ! Non, on a vraiment le sentiment que Zidrou a créé cette sous-intrigue juste pour respecter un cahier des charges. Alors, oui, cette partie du récit donne lieu à l’un ou l’autre gag mais elle fait clairement long feu. Et surtout, le fait qu’elle n’influe en rien sur le récit principal donne ce sentiment d’inutilité et donc de déception. Donc voilà, pris comme un récit normal estampillé « magazine de Spirou », cet album est agréable à suivre… mais on est trop loin d’une histoire de Spirou et Fantasio, avec tout ce que cela entend comme background, action, rythme et humour, pour convaincre le fan de la série mère qui s'attend, avec ce genre de concept "Le Spirou de ..." à en lire une.

15/01/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

J'étais un peu curieux lorsque l'album est sorti parce que c'est un vieux projet qui datait des débuts du lancement de la collection si je souviens bien. En tout cas ça datait d'avant 2010 et pour info en même temps Zidrou avait écrit un one-shot pour Hardy qui va sortir vers 2021-2022 si tout va bien. Ça me rajeunit pas tout ça ! Le dessin de Pé est excellent comme d'habitude. Il est excellent avec les animaux et ses fans vont être content du résultat. Le problème est qu'au scénario on retrouve les tics de Zidrou. À savoir qu'il y a une bonne idée, mais qu'il ne l'exploite pas à son plein potentiel selon moi et qu'en insistant trop sur les bons sentiments cela devient un peu trop larmoyant pour moi. Si je compare avec la série mère, des récits comme Bravo les brothers et La Vallée des Bannis m'ont plus touché émotionnellement sans que le trait soit forcé comme avec Zidrou. Il y aussi la sous-intrigue avec champignons noirs qui mènent nulle part quoique contrairement à d'autres lecteurs j'ai compris la métaphore. C'est juste que c'est inutile à mes yeux. Le scénario se laisse lire, mais les allergiques de Zidrou devront passer leurs chemins sauf s'ils ont envie d'acheter un album uniquement pour admirer le dessin de Pé.

14/01/2021 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
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Cet album est assez, voire très différent des autres de la collection "Le Spirou de...". Pour beaucoup, Spirou et Fantasio, c'est l'aventure à l'état pur, avec des personnages forts, qui peuvent aussi avoir des blessures, des fêlures. Mais c'est aussi une série humaniste, une valeur souvent présente en filigrane ces dernières années, mais que Franquin a tout de même beaucoup exploité. C'est cette veine que Frank Pé a voulu explorer, lui qui avait ce projet en lui depuis des années. Il s'est fait aider par Zidrou, dont la fibre humaniste n'est plus à prouver (regardez la liste de ses derniers albums...) pour mettre tout cela en forme. Tous deux font donc une référence directe à l'un des récits les plus remarquables de Franquin, "Bravo les Brothers", en mêlant adolescence, art et... champignons. Je dois avouer que cette intrigue, qui met en scène le Comte de Champignac et ses amis scientifiques, m'a laissé circonspect. Elle peut se lire totalement indépendamment de l'intrigue principale. J'ai un peu eu l'impression d'une "commande" de l'éditeur pour que Pacôme apparaisse, ou d'une envie de Zidrou, mais ce récit est tellement anecdotique qu'il semble n'être là que pour faire un nombre de pages particulier. Pour en revenir au récit principal, c'est dense, émouvant, intrigant... Du pur Zidrou. Graphiquement on connait les qualités de Frank Pé, et son style s'applique particulièrement bien dans cet univers, même si j'aurais aimé encore plus de planches avec des animaux et la nature. Les deux auteurs se sont même permis une séquence un peu coquine avec le badinage de Spirou et sa prof de peinture, puis la bouteille de champi-agne de Champignac...

13/01/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Zidrou et Frank Pé rendent à leur tour hommage aux aventures de Spirou et Fantasio. Franquin et Frank Pé partageaient une même passion pour la nature, les animaux, la vie simple et la beauté dans son ensemble. Alors quoi de mieux pour Zidrou que de faire revivre le personnage de Monsieur Noé, le gentil dresseur de Bravo, les Brothers, symbole de cet amour pour la vie animale dans les aventures de Spirou, et d'amener ce dernier à vivre une aventure à mi-chemin entre celle de la série Zoo e Frank Pé et la thématique de l'art comme moyen d'exprimer la vérité, le beau et d'embellir l'âme humaine ? D'emblée l'album épate par sa beauté visuelle. Le dessin de Frank Pé y est à son sommet et chaque planche est superbe. Le trait est dynamique, les personnages sont vivants, les décors beaux et soignés et la mise en page travaillée. On y retrouve aussi la patte de Frank Pé, en particulier son maestria à dessiner des animaux. Sans parler des tableaux peints en couleurs directes qui sont des éléments de l'intrigue et qu'on trouve sur différentes pages de l'album. Chaque planche vaut le coup d'oeil et on se prendrait à rêver d'aventures classiques de nos deux héros dessinées par cet auteur. Maintenant, le scénario lui-même m'a moins emballé. Il mélange plusieurs thématiques sans vraiment trouver sa voie. On y trouve le sujet de la paternité avec une adolescente difficile qui rappelle parfois trop fortement l'héroïne de Zoo. Mais celle-ci est tellement caricaturale dans son entêtement à jouer les ados boudeuses et râleuses qu'elle en devient pénible. On y trouve le sujet de la cause animale et environnementale, une critique de la société capitaliste, une admiration pour l'art mais aussi pour le monde du spectacle. Mais tout cela est amené de manière presque nunuche par moment tant cela manque de finesse dans le ton. Le message parait tellement cousu de fil blanc qu'il rate sa cible. Et ça suinte tellement de bons sentiments que ça en devient poisseux. Sans parler de l'intrigue parallèle autour de Champignac et d'une invasion mondiale de champignons noirs qui n'aboutit finalement à rien et semble parfaitement dispensable tant elle n'a aucun impact sur l'intrigue principale. J'imagine qu'elle tient de l'analogie mais là encore elle a raté sa cible car je n'en ai vu ni le message ni surtout l'intérêt. Bref, même si elle se laisse lire, l'intrigue de cet album n'est malheureusement pas terrible. C'est dommage car en contrepartie le graphisme est superbe. Et du coup, c'est lui qui fait toute la force de cet album, mais cela ne suffit pas à en faire une suffisamment bonne BD.

13/01/2021 (modifier)