Le Combat ordinaire
Angoulême 2004 : prix du meilleur album pour le tome 1. 2005 : Prix Tournesol pour le tome 2 2005 : Prix du jury œcuménique de la bande dessinée (tome 2). A travers l'histoire d'un jeune photographe de presse s'interrogeant sur ce qu'il doit faire de sa vie, Larcenet brosse une comédie parfois drôle, parfois triste, sur le passage à l'âge adulte, sur l'amour et les choix qu'il implique, sur notre comportement vis à vis des autres et du passé.
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Marco a quitté Vélizy pour la campagne. Il a quitté son psy parce qu’il trouve qu’il va mieux. Il a quitté son boulot de reporter parce qu’il en a marre de photographier “des cadavres exotiques ou des gens en passe de le devenir”. À part ça, tout va bien. Il a un frère complice (rigolades et gros pétards) qui l’appelle Georges et réciproquement, à cause de John Malkovich qui disait dans Des souris et des hommes : “J’aurai un petit lapin et je l’appellerai Georges, et je le garderai contre mon cœur.” Il a des parents au bord de la mer. Un papa tout ratatiné qui oublie le présent mais se rappelle très bien la couleur de la robe de sa mère le jour de son mariage. Une maman qui s’inquiète pour lui, sa constipation, son avenir et le cancer du poumon qu’il va sûrement choper, comme le fils de Mme Bergerin. Après une virée affectueuse (et éprouvante) chez les parents, il retrouve le silence de sa petite maison dans la verdure, et son chat (baptisé Adolf en raison d’un caractère “affirmé”), qui se fait charcuter par le gros chien d’un sale con de chasseur. À cette occasion, il rencontre Émilie, vétérinaire de son état, et un chouette petit vieux qui ramasse des mûres. Ça lui fait un amour et un ami. Mais voilà que tout se déglingue : Emilie se met à vouloir des choses angoissantes (partager avec lui une maison et un bébé), et le passé dégoûtant du gentil petit vieux émerge brutalement. Marco craque. Et puis, la cruauté et la connerie achevant de détruire son monde, il touche le fond. Ce qui lui permet de remonter. “J’ai encore pas mal de choses à éclaircir si je ne veux pas être réincarné en plaque d’égout”, disait-il en évoquant ses rapports délicats avec les femmes. Il évitera la plaque d’égout : il fera juste ce qu’il faut pour retrouver Émilie. “C’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible”, écrit Larcenet.
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Date de parution | Mars 2003 |
Statut histoire | Série terminée 4 tomes parus |
Les avis
Lecture de 2 tomes puis abandon. Il y avait le Larcenet déconneur puis avec cette série nous avons vu éclore le Larcenet auteur, qui nous a offert de sacrées oeuvres. Mais c'est celle-ci qui a amorcé le mouvement, sans doute grâce au prix qu'elle a remporté. Mais je me demande toujours encore pourquoi ? Sans doute est-ce moi qui ai loupé quelque chose vu la moyenne des avis (que je n'ai pas lus pour éviter d'être influencé). J'ai le sentiment que les jurés se sont reconnus dans ce dessinateur noyé dans ses questionnements (le sens de l'écriture, de l'amour, de la famille, tousatousa) et qui au final ne fout pas grand chose. Une caricature involontaire du néorural-bobo? Et à côté, dénonciation des riches profiteurs et des pauvres électeurs extrémistes. Bref, il s'accorde le bon rôle Manu. Bref, un grand bof pour moi.
Peut-être la meilleure série de Larcenet ; ça commence très fort, mais de mémoire les tomes 3 et 4 tiennent moins la dragée. Qu'importe. Le monde du travail via la condition ouvrière, la crainte de voir l'idéologie nauséabonde du FN/RN gangréner les esprits fatigués par les années de labeur et les argumentations fallacieuses. C'est beau.
Voilà une BD qui ne paye pas de mine avant la lecture. Et finalement, on plonge dans le récit sans jamais en être rassasié. L’ensemble des thèmes (et il y en a !) est vraiment parfaitement équilibré, le ton du récit et les problématiques de l’auteur sont aussi profondes que tout à fait digestes. Un coup de maître, je partage l’engouement ! Le dessin est plutôt rond et à l’apparence enfantine, la couverture a tout pour rendre le tome 1 accessible, les premières planches chez le psy ou chez son frère font gags et l’humour m’emballe direct. On va bien se marrer. Tout du long, il y aussi ces « privates jokes » qui créent des scènes absurdes et malaisantes au possible (un exemple parmi tant d’autres : sa 1ère rencontre avec la vétérinaire, et Adolf dans ses bras). Mais comme certainement dit plus bas, il ne faut pas se limiter à l’humour, Manu Larcenet fait danser nos émotions au rythme de sa vie, qui ressemble de près ou de loin à la vie de monsieur-tout-le-monde. Si son métier quitte un peu les sentiers battus, c’est bien sa vie quotidienne (4 tomes étendus sur 6 ou 7 ans environ ?) qui nous embarque le plus. On se fout bien qu’il expose ses photos à côté d’une star, c’est ce qu’il en tire qui est important. Il est trop trop fort pour narrer ses questionnements existentiels. Il réussit à aborder une quantité impressionnante de thèmes avec un équilibre sorti de nul part et qui, mystérieusement, s’imbriquent parfaitement entre eux. C'est du génie narratif. Et en plus de l’autobio, on réussit à prendre connaissance du cadre temporel de cette histoire de façon hyper subtile. On découvre tout ça au travers d’interminables discussions entre bourrés/défoncés (Pablo, son frère "Geoooorges!!"), ou quand on refait le monde (Pablo), ou quand on boit les paroles du sage (Pablo, ancien commandant, éditeur). Du coup, il n’y a rien de barbant, ce qui rend la BD véritablement vivante ! Fixez-y des pattes et elle gambade ! L’auteur avait à cœur de faire savoir que son récit se déroule dans un contexte politique français bien particulier pour comprendre encore plus les individus qui y sont présentés. Quelques mots clés : Algérie française, ancienne/nouvelle génération, élections de 2002 et de 2007, l’affaiblissement du pouvoir syndical, militantisme et engagement, etc. Je reviens un bout sur le dessin. C’est un sacré trompe-l’œil, et en même temps c’est génialement choisi. Par ailleurs, on voit bien qu’il n’a pas un style unique: les portraits des dockers, de la chouette et du vieil homme, le nu… Quant au style enfantin, le plus présent donc, il est superbement exploité, notamment avec toutes ces mimiques terriblement originales qui font leur effet et qui ajoute tout le charme à cette série. Ces yeux blancs, vides et dégoulinant pour exprimer un sentiment finalement difficile à traduire. Il y a aussi cette situation ridiculement drôle, avec les bras tendus bien hauts au moment d’exprimer une joie intense, puis le silence qui suit avec un malaise terrible et les bras toujours en l’air. On peut être un génie avec une idée simple. J’aimerais bien arrêter de mettre des 4/5 ou 5/5, mais que voulez-vous… Encore un culte, c’est clair !
Suite aux nombreuses éloges que j'ai pu lire sur ce site ou entendre sur cette série, enfin je me suis décidé à acheter les 4 tomes d'un coup. Rarement, j'ai été aussi émotionné durant la lecture de bd. L'auteur nous raconte une histoire ordinaire: la vie banale d'un photographe qui a peur de s'engager et de grandir. Le pitch est peut-être ordinaire, mais la qualité de cette série ne l'est pas. Elle est extraordinaire. En effet, Marco, le personnage principal est vraiment attachant. Tout de suite, on s'identifie à lui et on partage rapidement avec lui, ses états d'âmes et ses doutes. Cette BD est extraordinaire, de part les nombreux sujets du quotidien qu'elle aborde: la peur de s'engager, la volonté de faire un métier qui nous plait réellement, la drogue, le suicide, la maladie, la famille, la politique et j'en passe. Mais elle ne fait pas qu'aborder ces sujets, elle les traite avec une certaine profondeur. Chacun des tomes m'ont fait réfléchir et m'ont même parfois, bouleversé. Je terminerais par dire qu'il s'agit d'une des rares séries de BD qui m'a à la fois fait verser une petite larme, mais qui m'a également fait énormément rire. On est très loin de l'humour caca-prout ou de l'humour facile. Ici, l'humour est vrai, sincère et touchant, et donc hilarant. 5 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Lorsque je découvre « Le Combat ordinaire », nous sommes en 2004 et je n’ai pas encore 20 ans. À l’époque, je suis un peu rebuté par le dessin de Larcenet et de ses contemporains comme Blain, Sfar ou Trondheim. Je suis encore jeune, bercé par Astérix et Les aventures de Tintin et retombé dans la bande dessinée depuis un peu plus d’une année grâce à des séries plus accessibles comme Trolls de Troy ou Lanfeust de Troy. Malgré mon apriori sur le dessin, que je ne manque pas de relever dans mon premier avis, le contenu m’enthousiasme immédiatement. Mieux, au fil des pages, le trait de Larcenet me convainc de plus en plus et finit même par emporter mon adhésion. Aujourd’hui, avec le recul, je peux même affirmer que « Le Combat ordinaire » fait partie des séries qui ont contribué à faire évoluer mes goûts en matière d’esthétique et de bandes dessinées. C’est notamment grâce à cette série que j’ai pu rejoindre les « vieux de la vieille » de BDThèque dont je ne comprenais pas toujours les opinions il y a plus de quinze ans (one shot vs. séries à rallonge, dessins moins main stream vs. Soleil Production et consorts, etc.). Si le trait paraît simple, Larcenet propose quelques planches d’une grande force. Je pense en particulier aux « gueules » des ouvriers du chantier naval ou aux scènes de bord de mer, à côté de la maison des parents de Marco. « Le Combat ordinaire » … rarement un titre aura aussi bien résumé une œuvre. Marco, le protagoniste principal, c’est Larcenet, c’est vous, c’est moi, c’est tout le monde. Les thèmes abordés sont nombreux : les relations familiales, la peur de s’engager, la découverte de son passé, les contentieux politiques, le passage à l’âge adulte, la fondation d’une famille, les addictions, l’épanouissement professionnel, la recherche du bonheur, la maladie mentale, le suicide même. Larcenet aborde bon nombre de sujets ordinaires. Tôt ou tard, tout être humain occidental (nous avons ce luxe, ou cette malédiction, c’est selon) doit affronter toutes ou parties de ces questions. Ce combat est éloigné du romantisme des chevaliers ou des symboles des super héros. Il s’agit pourtant d’un combat, ordinaire, le vôtre mais aussi le mien. Marco n’est qu’un homme normal et son parcours pourrait sembler bien banal. Il n’en est rien. Larcenet livre un récit profondément touchant, sans tomber dans le drame, et parvient à transformer le commun en extraordinaire, tout simplement. Les choses les plus simples étant souvent les plus difficiles à atteindre, je ne peux que m’incliner et saluer l’artiste. Bravo ! À l’époque, j’avais déjà hésité à mettre la note maximale après avoir dévoré le premier album. Ma lecture des quatre tomes achevée, le doute n’est plus permis. Le combat est peut-être ordinaire, mais la lecture n’en sera que plus fabuleuse.
Je suis assez friand de romans graphiques et, dans le genre, le "combat ordinaire" de Manu Larcenet est un must. L'histoire suit Marco, un photographe trentenaire, dans les étapes de sa vie (le couple, le suicide d'un parent, le rôle de parent, la carrière professionnelle) et, surtout, dans ses interrogations. Manu Larcenet parvient à faire de l'histoire d'une vie somme toute plutôt normale, pas incroyable, une histoire passionnante et émouvante. Car je me suis passionné pour ce héros ordinaire, je m'en foutiste mais sujet à de sérieuses crises d'angoisse, déconneur mais du genre à pas mal cogiter, heureux en général mais torturé en particulier. "Le combat ordinaire" nous offre de belles réflexions sur la vie, et les étapes du passage à la vie adulte telle qu'on la conçoit généralement (en gros un couple, un enfant, la perte de proches, les galères de boulot). Je n'en suis pas encore à cette étape de ma vie, et j'appréhende certaines choses qui sont traitées dans l'oeuvre, ou du moins suis curieux de voir comment elles se dérouleront. Lire cette bd ne permet pas forcément de se préparer, mais au moins de découvrir et d'approfondir un point de vue, celui de Marco, et de l'auteur, qui transparait clairement. Le seul regret que je puisse avoir est le fait que certaines situations n'aient pas ou peu été développées, comme l'arrivée de Maude par exemple. Après, impossible d'en vouloir à Manu Larcenet pour ça, ce n'est pas une erreur ou un défaut, mais plutôt un choix. De la même manière j'aurais aimé rentrer un peu plus dans l'intimité du couple du héros, mais pareil, c'est très personnel, on ne peut pas dire que ça soit vraiment un "défaut". De même, les plus jeunes lecteurs seront peut-être un peu perdus par les références de l'époque, notamment politiques, avec Jean-Marie Le Pen au deuxième tour en 2002, puis Sarkozy contre Ségolène Royal, avec la défaite du FN, qui avait été "tué" par l'UMP. Mine de rien, en 10 ans, pas mal de choses ont changées et il faut pouvoir se mettre à la place du héros quand, comme moi, on en était encore à parler de cartes pokémon en 2002 et de devoir maison de maths en 2007. L'humour est assez présent, suffisamment pour ne pas rendre le tout trop triste et sombre. Car s'il y a beaucoup d'interrogations, il y a pas mal de joie dans Le Combat Ordinaire, et certaines situations m'ont fait sourire, d'autres plaisir. Et j'ai parfois carrément ri à certaines réflexions des personnages. Côté dessin, ça n'a bien sûr rien à voir avec les dernières oeuvres de Manu Larcenet comme Blast ou Le Rapport de Brodeck, mais le trait dégage quand même une certaine puissance, un certain charme (dans un style totalement différent) qui me séduisent et m'ont permis de m'attacher aux personnages. C'est simple mais diablement efficace. Peut-être la meilleure bd du genre, en tout cas la plus connue, et ce n'est certainement pas immérité.
Ben mes aïeux, à lire ici ou là tous ces avis, je m'attendais à beaucoup mieux. Tout d'abord le dessin sympathique mais sans plus, lorsque l'on voit ce qu'a fait Larcenet après ça je me dis qu'il aurait du passer à ces nouveaux styles bien plus tôt. Je pense bien sûr à Blast et au sublimissime Le Rapport de Brodeck. Là ça fait œuvre de jeunesse avec des personnages pas moches mais aux bouilles toutes rondes, moyen pour moi quoi. Pour ce qui est du fond je suis très mitigé, ça alterne entre une chronique de la vie d'un presque trentenaire et des propos un peu plus profonds sur la condition humaine. Bucolique par instants, peu après on se retrouve plongés dans les affres existentielles du héros. En disant cela je ne reproche pas un manque de linéarité mais j'ai ressenti comme une sorte de confusion des genres qui a perturbé ma lecture. Sans doute ne suis je pas dans la cible de cette BD, je ne suis plus trentenaire depuis un bail, ceci explique sans doute cela. Pour autant je comprends que cela puisse plaire.
Un pur moment de poésie, de drame et à la fois de douceur de vivre. Le dessin de Manu Larcenet met tout à fait en avant un monde fait à la fois de gris et de couleurs, pour une histoire hors norme d'un "Combat ordinaire", celui de la vie, du travail, des amis et de la famille.
« Le combat ordinaire « peut faire office de récit charnière dans l’œuvre de Larcenet, entre ses albums « déconne » de chez Fluide Glacial, et les chefs d’œuvres noirs plus récents que sont Blast et Le Rapport de Brodeck. Certes, des albums comme Presque chez Les Rêveurs montraient déjà cette facette de la personnalité de Larcenet, mais de manière sans doute plus confidentielle. Ici, le dessin reste du Larcenet première manière, c’est plutôt l’histoire, son déroulé et les textes, qui font basculer ces albums vers plus de dureté, d’introspection. Je ne sais pas ce que Larcenet a mis d’autobiographique dans ces quatre albums, mais je pense que Marco n’est pas loin d’être son porte-parole – comme chacun peut s’y reconnaître d’ailleurs. Les quatre albums se lisent facilement et rapidement, et Larcenet arrive à captiver le lecteur avec rien, si ce n’est le quotidien. Mais un quotidien bien ancré dans une réalité, que ce soit par des allusions à la politique et aux soirées d’élection, à l’économie avec la désindustrialisation qui touche les chantiers navals. C’est surtout un chouette portrait d’un homme et de ceux qui gravitent autour de lui (ses parents, son frère et sa copine), d’un homme tourmenté, qui ne cesse jamais son analyse, même si le dernier album, qui se déroule plusieurs années après les trois précédents, nous le montre ayant franchi un palier, ayant trouvé des réponses à certaines de ses questions (ou tout simplement arrêtant de se les poser) : un homme épanoui. Ni franche déconne, ni noirceur asphyxiante, « Le combat ordinaire » est donc bien un passage important dans l’œuvre de l’auteur. C’est en tout cas une série dont je recommande vraiment la lecture.
Dans le combat ordinaire, on retrouve les thèmes chers à Larcenet : le rapport avec les enfants (en l’occurrence la fille de Marco) déjà traité dans le retour à la terre, les conflits sociaux, la politique, mais aussi les angoisses du quadra et la place de chacun dans une société de plus en plus globalisante. Bien évidemment, la part d’autobiographie est très présente dans cette histoire, même si Larcenet essaye parfois de s’en détacher. Son dessin semble se faire plus adulte, moins caricatural que ce qu'il faisait pour Fluide Glacial. Cette histoire oscille, sans arrêt, entre les moments d’émotion pure, les petits bonheurs familiaux et les phases de nostalgie. Une très belle série qu'il est toujours agréable de relire.
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