Oleg
20 ans (déjà !) après Pilules bleues, Frederik Peeters revient nous parler de sa vie. Seulement cette fois, Frederik devient Oleg.
Atrabile Auteurs suisses Autobiographie Frederik Peeters Les petits éditeurs indépendants Profession : bédéiste
« Bon, la dégaine du personnage, on verra plus tard… Pour l’instant je l’imagine vaguement avec ma tête, c’est plus facile… » Oleg est dessinateur de bande dessinée. Son quotidien, depuis plus de vingt ans, tourne autour de ça : dessiner, raconter. Et tout ceci coule naturellement, jusqu’à maintenant, jusqu’à ces jours récents, où la création semble patiner, où les projets se succèdent mais la conviction n’est plus vraiment là – comme si quelque part, « l’influx était perdu ». Alors Oleg creuse, cherche et réfléchit. Autour d’Oleg, il y le grand et vaste monde, rapide, changeant, moderne, déstabilisant, inexorable. Ermite assumé mais observateur attentif, Oleg est le témoin malgré lui de ce monde en perpétuelles mutations, un monde qui amène son lot d’événements et de surprises, bonnes comme mauvaises. Et puis surtout il y a son petit monde à lui : la femme dont il partage la vie depuis deux décennies, et leur fille, en pleine adolescence. Tout juste vingt ans après Pilules bleues, Frederik Peeters se raconte à nouveau mais troque le « je » pour le « il », et, en utilisant cet avatar qu’est Oleg, brouille les pistes et esquive le piège de la trivialité. A travers ces chroniques, tour à tour drôles, incisives, touchantes, voire surprenantes, il lève ainsi (partiellement) le voile sur son métier et son quotidien de dessinateur, et se faisant, pointe nombre de contradictions qui hantent notre époque : ultra-modernité technologique et pensée réactionnaire, culte de la superficialité et quête d’authenticité, surabondance et désarroi. Mais on pourra aussi, tout simplement, lire Oleg comme une belle déclaration d’amour que fait l’auteur à celles qui lui sont le plus proches – et comme un rappel, dépourvu de mièvrerie, que c’est cette force-là qui nous permet de sublimer le banal, et de tenir face à l’adversité.
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Date de parution | 14 Janvier 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai beaucoup aimé ce récit intimiste à caractère autobiographique de Frederik Peeters. Je dois dire que je me retrouve dans un grand nombre des observations que l'auteur fait à propos de la société qui l'entoure. J'ai particulièrement apprécié ses réflexion sur cette société sans limite qui s'infantilise dans une immédiateté éphémère. J'ai trouvé la construction du récit très fine et intelligente passant de l'imaginaire créatif à une réalité réduite et souvent déprimante. Peteers observe sans illusion cette accélération du changement de codes qui fragilise le socle commun. L'auteur a l'intelligence de ne pas porter de vain jugements de valeur mais au contraire se met au centre d'épisode humoristiques dans une autodérision très drôle ( la classe, les dédicaces). Les récits intimistes de certains auteurs de BD peuvent vite se montrer ennuyeux quand il s'agit d'une succession de beuveries, de soirée et de malheurs sentimentaux. Au contraire Peeters prend le contrepied de cette tendance en proposant la durée, la routine constructive ou la résilience devant l'adversité. Cela fait de lui et sa famille un ensemble de personnages très attachants et souvent touchants dans leurs tentatives de faire coïncider leurs aspirations existentielles aux contradictions issues de leur présence au monde. L'auteur nous propose un graphisme en N&B très travaillé incluant de nombreuses références en fonction des situations évoquées. Cette narration visuelle équilibre parfaitement le texte . C'est incisif et dynamique dans les deux cas comme si l'auteur avait eu le souci de ne pas privilégier l'une par rapport à l'autre. Il se présente ainsi comme une troisième voie entre un passé où l'écrit dominait et un avenir redouté où on ne saura plus faire trois phrases de suite. Cette narration graphique m'a paru un peu sombre en feuilletant le livre mais à la lecture cela correspond bien aux interrogations internes d'Oleg/Peeters. In fine c'est plutôt un beau message optimiste qui se dégage de cette étude sur l'amour long. Une belle lecture qui m'a touché.
Je pense que je n'ai pas pris l'oeuvre de Peeters par le bon bout. J'ai commencé avec L'Homme gribouillé que j'ai beaucoup aimé mais dans lequel Peeters est au dessin et n'ai pas encore lu Pilules bleues qui a l'air d'être son ouvrage de référence. Cet album suit le quotidien d’un auteur de bande dessinée, avatar de Peeters, qui traverse des questionnements sur sa vie professionnelle et personnelle. Si certains aspects du récit sont intéressants, notamment les scènes familiales pleines d’humour et les réflexions sur la création artistique, j'ai sincèrement trouvé que cela manquait de profondeur. Les réflexions d’Oleg sur la création, la société, ou ses relations, ne vont pas vraiment au fond des choses. Le ton est introspectif, mais j’ai trouvé que cela manquait de substance. Graphiquement, Peeters maîtrise toujours autant son trait, simple et efficace, en noir et blanc. Il y a une certaine fluidité dans la narration, mais au final, il m’a manqué ce petit quelque chose qui fait vraiment vibrer. Peut-être est-ce le fait que l’histoire tourne autour de thématiques très quotidiennes, presque banales, sans véritable enjeu dramatique fort. On suit la vie d’Oleg, mais on a du mal à s’y investir pleinement, comme si l’histoire ne décollait jamais vraiment. Il est clair que Peeters sait raconter des tranches de vie avec un regard lucide et ironique, mais ici, cela donne l’impression de tourner en rond, de ne jamais aller au bout. Les personnages sont attachants, mais l’ensemble manque de profondeur et d’étonnement. Une lecture agréable, mais pas marquante. Vraie note 2,5
Certes il y a vaguement une filiation avec Pilules bleues, notamment sur le format ou le style de dessin, mais on peut tout à fait lire Oleg en tant que tel. C'est un homme, avatar de l'auteur physiquement et sans doute dans les états d'âme, qui est dans la force de l'âge si on peut dire. C'est un artiste établi avec un certain succès et qui s'interroge sur la création. Il évoque ses idées à sa femme et ces pages familiales ont pas mal d'humour. Bizarrement j'avais l'album depuis longtemps dans un coin et l'avais à peine commencé. Je l'ai redécouvert et lu quasi d'une traite, une lecture qui coule naturellement même si on a le sentiment qu'il s'y passe peu de choses.
Je me range aux derniers avis. Je suis un grand admirateur de l’auteur et de son précédent récit intimiste, mais là je suis resté sur ma faim. Pourtant je me faisais une joie de découvrir cette suite déguisée … malheureusement la magie n’a pas opéré, peu d’empathie (ou alors trop ?!), ça m’a beaucoup moins touché niveau thématique, les états d’âmes de l’auteur me sont passés un peu au dessus (remise en question sur son art et tracas de la vie …). Après le savoir faire de l’auteur est là, c’est fluide et pas désagréable à lire mais trop quotidien pour me passionner. Il use de son graphisme actuel, bien plus chargé qu’à ses débuts, la comparaison est frappante. J’aurais préféré un trait un peu plus aéré pour l’exercice, et les dessins interludes oniriques n’apportent pas grand chose à mes yeux. Une petite déception au regard de mes attentes, pour un récit où je me suis senti un peu étranger.
Je ne sais pas trop quoi en penser de « Oleg » de Frédérik Peeters… Autant l’album se lit très bien et sans déplaisir, autant je me suis demandé à maintes reprises ce qu’il m’apporte de plus ? « Oleg » ? Il s’agit tout simplement de la suite de « Pilules bleues », 20 ans après… Une autobiographie de l’auteur… A la différence de « Pilules bleues », Frédérik Peeters y met en place son propre avatar, quel intérêt ? Je n’en sais rien d’autant plus que l’on devine très rapidement que l’auteur se met en scène. Bon, oui, il s’est passé des choses depuis l’époque de « Pilules bleues », Frédérik Peeters est maintenant un auteur connu et reconnu, il a une fille qui a bien grandi et une compagne toujours aussi attendrissante. Bon, ok, il a la quarantaine et la vie quotidienne, ben, c’est la routine quoi… Pas à se plaindre, ils ne sont pas dans le besoin et c’est tant mieux pour eux. Mais alors ? qu’est-ce qu’il a vraiment poussé Frédérik a réalisé cet album ? Quelque part, je pense qu’il y avait la pression des lecteurs dont l’auteur en parle avec humour dans sa bande dessinée et aussi, parce qu’un évènement dans sa vie familiale va le motiver à le faire. Dans « Oleg », le lecteur découvrira comment Frédérik Peeters procède à la création d’une bande dessinée, on y découvre un dessinateur qui cherche à créer de nouvelles choses, on y voit aussi un auteur qui soumet régulièrement ses planches et ses idées à sa compagne qui ne lui fait pas vraiment de cadeaux (ce n’est pas plus mal hein !). On y découvre aussi comment Frédérik Peeters perçoit la société actuelle que ce soit en regardant le comportement de son entourage direct ou indirect, ou en partageant et en participant aux quotidiens de sa fille. Ce qu’on peut dire, c’est que Frédérik Peeters a un regard à la fois lucide et ironique des choses, on le voit se révolter contre le « système » mais sans pouvoir parvenir à convaincre son voisinage… Bref, un peu comme tout le monde quoi… On y découvre enfin un auteur toujours attentif à sa compagne… On peut dire là-dessus qu’ »Oleg » est en quelque sorte un cri d’amour pour elle… Au niveau du graphisme, 20 ans après « Pilules bleues », le trait de Frédérik Peeters s’est vachement transformé, je le trouve plus fouillé. Surtout, l’auteur met davantage en scène des séquences oniriques qui fait désormais partie de sa marque de fabrique. Sa narration est comme d’habitude fluide, inventive… Bref, c’est toujours un régal de découvrir ses albums. Au final, je ne suis pas déçu d’avoir lu « Oleg » qui se révèle être un album très plaisant à feuilleter mais je reste paradoxalement sur ma faim sans pouvoir vous expliquer avec précision mon ressentiment…
Pas aussi dithyrambique que mes collègues. Sûr qu'on se reconnait dans ce type archétype de l'occidental 2022, classe moyenne, 45 ans, pas trop de problème d'argent, qui fait du sport pour se maintenir en forme, (il faut bientôt changer de lunettes) qui fait un boulot qu'il a choisi mais qu'il n'est jamais sur de mériter complètement, qui a une fille unique encore à la maison et qui ne voit pas du tout ce qu'elle pourrait faire dans la vie dans ce monde qui se déglingue... Tout d'un coup sa compagne a un problème de santé, tout son monde s'effondre... Bref on peut largement se reconnaître. C'est bien dessiné, au trait, en noir et blanc, c'est "profil bas", ... Mais so what ? Pas d'étonnement, pas de nouveaux horizons... Bref , là c'est trop proche : contrairement à ce que je dis souvent, il ne suffit pas d'être proche du lecteur : il faut lui apporter de quoi réfléchir, de quoi rêver, de quoi surmonter ses emmerdements, porter le regard là où personne ne voit... Ici on tourne en rond, je trouve. C'est juste mais ce n'est pas neuf.
Frederik Peeters est un auteur que j’aime bien – et dans tous les genres qu’il a touchés. Avec cet album il revient à l’autobiographie (même s’il se donne ici le pseudonyme d’Oleg), et c’est avec plaisir que je l’ai retrouvé dans cet exercice après Pilules bleues. Déjà j’aime son dessin. Un trait réaliste simple, mais très bon, qui utilise bien le Noir et Blanc. Sans fioriture, mais efficace et agréable. Avec quelques pointes d’autodérision et d’humour (séances de dédicace, le running gag de la demande d’une suite à l’un de ses succès), quelques passages fantastiques, Peeters réussit encore une fois le pari de nous intéresser avec ses « petits riens » (ou ses grandes questions plus ou moins existentielles). La maladie de sa compagne (et le regard pas toujours complaisant qu’elle porte sur son travail), ses relations avec sa fille, et les affres de la création (en filigrane sont évoqués plusieurs ouvrages conçus au moment de l’écriture d’Oleg, comme Saccage), autant de sujets « sérieux » et personnels qu’il nous rend accessibles, sans nous ennuyer. Une lecture très agréable.
J’ai emprunté d’un coup, d’un seul les 2 récits annoncés comme autobiographiques de Frederik Peeters, Les Pilules Bleues et Oleg. L’un comme l’autre, il y a une racine commune malgré les 20 ans d’écart. Et je savoure les deux allégrement, car elles ont chacune leur charme. Le socle commun, quel est-il ? Le questionnement perpétuel de l’individu Frederik Peeters, profondément possédé par son métier d’auteur de BD. On retrouve toujours son caractère observateur, sa qualité à raconter la vie quotidienne et à exprimer ses pensées débordantes sur les petites choses « normales », la capacité de retranscrire ses situations par l’image, et j’en passe… Ce qui change ? Le dessin. Quand on vit bien, celui-ci est comme le bon vin qui, avec les années, devient meilleur. Plus réaliste encore, plus crayonné, je suis fan. Et il s’associe super bien avec le ton du récit. Parce-que cette fois, l’auteur ne raconte pas « seulement » un épisode de sa vie : il raconte son présent, résultante de ses 20 ans d’auteur de BD. Oleg, c’est Frederik. Et on sent bien que son statut a changé. Le voilà auteur célèbre. Mais il tente bien de garder son état d’esprit de mec « normal » et quelque part, son récit doit lui permettre de trouver un peu de répit. A en comprendre peut-être la fin, il a dû le trouver puisqu’il est parti dans une aventure avec un sac et l’esprit légers. Ce qui m’a particulièrement plu ? La satisfaction de joindre mon questionnement avec la personne qui se trouve de l’autre côté de la barrière : pourquoi moi, lecteur, apprécie une autobiographie de quelqu’un que je ne connais pas ? Qu’est-ce que j’en tire ? Et pourquoi moi, Frederik Peeters, suis amené à écrire une BD pour raconter ma vie et celle de mes proches, jusqu'à la rendre publique pour des milliers d’anonymes ? A quoi ça rime ? Je gravite toujours autour de ces questions (en tant que lecteur) quand je lis des récits autobiographiques. Et même si ma base de comparaison est encore bien pauvre, je tends à dire que Frederik Peeters doit être parmi les plus doués du genre. Il arrive décidément à transmettre toutes ses pensées confuses de façon clairvoyante, tout en donnant un caractère universel aux problématiques, notamment grâce à son esprit de gars « normal ». C'est d'ailleurs étonnant comme il réussit à garder le même état d'esprit 20 ans plus tard. Après c'est peut-être de la fausse modestie hein... :). En tout cas, comparativement, je me rends compte à quel point je ne me retrouve plus du tout dans les récits comme Blankets, de Craig Thomson. Je comprendrais que certains lecteurs ne voient pas de qualités franches à cette BD. C’est assez étrange et cela peut amener à des interprétations et jugements vraiment différents. Pour d’autres, peut-être que comme moi vous serez un peu frileux au début, en vous demandant pourquoi vous lisez ça et ne captant pas trop le fil conducteur. Et puis, bizarrement, vous vous laisserez embarquer jusqu’à ne plus jamais lâcher le bouquin. J’en reviens à ma critique des pilules bleues, où je confirme qu’avec Frederik Peeters il y a, là encore, une réflexion universaliste qui gravite et qui attire.
Voilà 20 ans que Pilules bleues est sorti... déjà. Frederik Peeters revient ici avec un nouveau récit autobiographique, presque une suite du formidable album cité. Seulement cette fois, il troque sa place avec celle d'un avatar : Oleg. Oleg est un dessinateur de bande dessinée, à la fois nostalgique, doux et critique du monde qui l'entoure. Nous suivons son quotidien professionnel, mais aussi (surtout) sa vie de famille avec sa compagne et sa fille. Çà et là, quelques planches laissent deviner l'opinion d'Oleg sur notre société, les réseaux sociaux ou encore les nouvelles technologies. La narration et la structure de l'histoire démontrent une grande maturité. Le ton est très adulte. D'une certaine manière, ce one shot m'a beaucoup fait penser au Combat ordinaire de Larcenet. Comme ce dernier, Peeters a la capacité de raconter la vie de tous les jours et les choses ordinaires d'une manière captivante. Car oui, malgré 184 pages, l'album se lit d'une traite. Des allusions ou clins d’œil à d'autres œuvres de Peeters, comme RG, apparaissent au fil de l'album, ce qui ancre l'histoire dans la réalité, malgré l'usage d'un alias et le côté fictionnel qui en résulte. Une partie du procédé créatif et de validation du projet Saccage est même raconté, ce qui est savoureux pour un amateur de l'auteur. Les passages évoquant les idées d'Oleg pour son ou ses prochains albums sont particulièrement intéressants et permettent au lecteur de comprendre comment peut naître une bande dessinée, mais aussi d'apercevoir toutes ces idées qui ne donneront jamais rien. L'album étant en noir et blanc, il faut se concentrer sur le trait, à la fois doux, engageant et intense, dans le plus pur style Peeters. Moi, j'aime beaucoup. Après un Saccage très libre et atypique, « Oleg » ramène le lecteur sur terre, d'une manière rassurante mais pas banale, surtout pas. Plus qu'un saut dans les coulisses de l'auteur de bande dessinée, « Oleg » est un vibrant hommage et une déclaration d'amour à sa femme et sa famille. Une belle lecture qui renforce encore un peu mon intérêt pour l'auteur.
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